Les derniers évènements du mois d’aout 2013 en Égypte

Le 3 juillet 2013, après des manifestations monstres rassemblant des millions de personnes, et suite à des affrontements meurtriers quotidiens entre les Frères musulmans partisans de Morsi (élu président de la république de manière controversée le 30 juin 2012), et ses opposants, l’armée égyptienne a repris toutes les rênes du pouvoir en Égypte.

Cette destitution est le résultat d’une mobilisation massive de la majorité de la population contre le gouvernement des Frères musulmans.

Les Frères musulmans n’ont en effet répondu à aucune des aspirations populaires nationales, économiques, sociales, politiques et morales qui ont entrainé la chute de Moubarak.

Cette destitution répond à la volonté du peuple égyptien. Les communistes marxistes-léninistes de France ne pleureront donc pas le régime réactionnaire des Frères musulmans ni ses dirigeants destitués et arrêtés dans la foulée.

Nous ne nous lamenterons pas non plus sur la méthode utilisée par l’armée pour renverser le gouvernement Morsi. L’islamisme politique radical n’a en effet rien à envier sur le terrain de la démocratie aux autres formes de violence. Ce type de débat n’est qu’un prétexte pour les petits bourgeois humanistes et les médias des pays impérialistes pour condamner le "coup d’État" de l’armée égyptienne contre le gouvernement des Frères musulmans et s’élever contre une atteinte à la démocratie bourgeoise. Les communistes marxistes-léninistes ne les suivront pas sur ce terrain.

En revanche, le ROCML pose la question : Pourquoi l’État-major de l’armée égyptienne a‑t‑il décidé de destituer Morsi, de réprimer dans le sang les manifestations de ses partisans et d’arrêter les dirigeants des Frères musulmans?

Est‑ce pour réaliser les revendications populaires?

Ou n’est‑ce pas plutôt, comme ce fut le cas en février 2011, pour mettre un terme aux désordres provoqués par la révolte populaire et la remise en cause de l’État et du régime bourgeois et entretenir l’illusion qu’elle est du côté du peuple?

La théorie marxiste-léniniste nous nous éclaire à ce sujet. L’armée, en tant que force principale de l’État bourgeois, intéressée matériellement[1] par le maintien de cet État et ses bailleurs internationaux ne peut pas être l’expression des intérêts fondamentaux du prolétariat et des couches populaires exploitées.

Faire confiance à l’armée égyptienne pour faire avancer les intérêts du prolétariat et des couches populaires exploitées est une erreur et une faute politique.

Entre les Frères musulmans et la hiérarchie de l’armée, il n’y a pas de différence de nature, mais des intérêts concurrents. Le peuple égyptien n’a rien à attendre ni des uns ni des autres.

Sur un autre plan, les positionnements internationaux critiques ou favorables aux Frères musulmans ou à l’armée égyptienne ne visent qu’à conforter les intérêts des uns et des autres, à ne pas s’engager trop, pour continuer à tirer profit de ceux qui continueront à exploiter le peuple égyptien et ouvrir les richesses du pays aux appétits impérialistes.

Faute de perspective claire de révolution populaire à court terme, la classe ouvrière et les autres couches exploitées du peuple risquent une fois de plus d’être floués. Tant qu’il n’existera pas de parti communiste fort pour les unir dans la lutte, même s’ils sont des millions à manifester ils resteront soumis à la politique de la bourgeoisie. Seul un tel Parti peut organiser les travailleurs et les exploités autour d’un programme populaire anticapitaliste, antiimpérialiste et de démocratie populaire. C’est une nécessité et c’est notre conviction.

Vive la lutte révolutionnaire du prolétariat et du peuple égyptien contre la misère, contre les affameurs, l’impérialisme et la dictature quelle que soit son nom!

Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes
20 aout 2013



[1]. L’armée égyptienne est aussi une force économique qui contrôle de 25 à 40 % de l’économie du pays et reçoit une manne de 1,3 milliard de dollars des USA (aide maintenue après le "coup d’État").