Régionales 2015, on prend les mêmes et on recommence

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 14, décembre 2015 – p. 1

Le dernier épisode électoral des régionales est clos. Les électeurs ont départagé les candidats et les partis. Vu le système électoral actuel (scrutin majoritaire sur deux tours) le PS et l’alliance LR (ex‑UMP)-UDI-Modem se partagent toutes les nouvelles régions. Cinq pour le PS et sept pour la droite LR-UDI dans la France métropolitaine. Cette rafle se fait au détriment du Front National qui n’est pas parvenu à s’imposer dans les deux grandes régions où il aurait pu l’emporter si le jeu politique entre la droite et la gauche ne l’avait mis en minorité. Au total, la droite sort gagnante, la gauche est en échec, le FN reste coincé au portillon. Ainsi, se réalise le scénario classique de l’alternance droite-gauche tel qu’il est programmé par le système électoral de la 5e république.

Malgré leur caractère ordinaire, ces élections méritent quand même quelques observations, car elles constituent un baromètre des tendances politiques dans la période actuelle.

La première observation, c’est la déroute, au premier tour, des listes du Parti socialiste. Deux ans et demi après la victoire du PS aux présidentielles et aux législatives de 2012, et malgré les postures présidentielles de François Hollande suite aux attentats de janvier et novembre, le PS a déjà perdu une grande partie de sa crédibilité. "Ils n’ont rien changé", "ils ne tiennent pas leurs promesses" sont les réactions des gens du peuple qui avaient espéré un changement en votant Hollande en 2012.

La seconde observation, c’est qu’au premier tour, la droite LR-UDI-Modem n’a pas tiré profit de la déroute du PS en n’arrivant en tête que dans quatre régions. Les électeurs déçus par le PS n’ont pas oublié le temps où c’est Sarkozy qui gouvernait.

La troisième observation, c’est la montée importante du Front National, arrivé en tête dans sept régions, atteignant plus de 41 % des voix en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Côte-d’Azur. C’est le FN le grand gagnant du premier tour. En l’absence d’une alternative anticapitaliste, le FN a rassemblé avec sa démagogie populiste les voix de beaucoup de déçus de l’alternance droite-gauche, sur une base réactionnaire et xénophobe.

La quatrième observation : Au deuxième tour, tout rentre dans l’ordre… institutionnel : Le FN est battu partout. Le PS et l’alliance LR-UDI-Modem se partagent les grandes régions selon leur rapport de force politique actuel.

Que s’est‑il passé entre les deux tours? Tous les partis, de la gauche de la gauche à la droite, toutes les institutions politiques, économiques, médiatiques, religieuses, morales… ont activé leurs forces publiques et occultes pour battre le FN et faire gagner le PS ou l’alliance de la droite et du centre. Le FN a joué son rôle de repoussoir. Les partis qui se partagent le pouvoir politique depuis plus d’un demi-siècle et qui jouissent de la confiance du capital conservent les rênes. Et le FN pourra continuer à attirer les mécontents alors qu’il ne remet jamais en cause le capitalisme et ses conséquences.

Et maintenant?

C’est simple : les gérants du système capitaliste vont poursuivre leurs politiques dictées par le Medef au profit des patrons. Gattaz savait dans quel panier il mettait ses œufs en supportant le camp droite-gauche. De plus, la poussée du FN favorise un glissement vers la droite : acceptation de l’état d’urgence, mesures de sécurité renforcées qui vont s’appliquer au mouvement ouvrier.

La classe ouvrière elle, continuera à subir les politiques de chômage, de licenciements, de casse de ce qui reste de la protection sociale, de dégradation accélérée de ses conditions d’existence. Le tout légitimé par le suffrage universel!

En 1917, dans son ouvrage "L’État et la révolution" Lénine écrivait : "Décider périodiquement, pour un certain nombres d’années, quel membre de la classe dirigeante foulera aux pieds, écrasera le peuple au Parlement, telle est l’essence véritable du parlementarisme bourgeois, non seulement dans les monarchies constitutionnelles parlementaires, mais encore dans les républiques les plus démocratiques."

Ces dernières élections régionales ne font que confirmer cette règle. Ce n’est pas par les urnes que le peuple travailleur imposera sa volonté aux exploiteurs et à leurs fondés de pouvoir. Il y a urgence à ce que la classe ouvrière développe son combat classe contre classe sur le terrain et reconstruise son organisation capable de la mener à la victoire, un Parti Communiste véritable.