53e Congrès de la CGT – document d’orientation

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 31, 2e semestre 2023 – p. 22-24

* p. 23 : Un amendement qui avait été soumis, remplaçant globalement les Paragraphes 504 à 511 du projet.

Dans la présentation ci-après :

– en caractères rouges : des passages ajoutés

– en caractères barrés : des passages supprimés

– pour les autres passages, il s’agit de libellés repris du projet (dont certains se trouvent déplacés)

 

La force de l’unité, un syndicalisme qui rassemble

Malgré notre volonté d’unité, nos relations avec les autres organisations syndicales ne sont pas de même nature d’une profession à l’autre, d’un territoire à l’autre, d’une entreprise à l’autre… Nous ne sommes pas la seule organisation à travailler à la syndicalisation, à viser la conquête électorale dans tous les scrutins syndicaux, à vouloir peser dans la conduite des luttes et dans les négociations.

Cette réalité soulève des interrogations parmi les travailleur.euse.s qui peuvent être tentés par l’aspiration à un "tous ensemble". En effet, nous n’existons pas pour nous-mêmes, mais pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de celles et ceux qui vivent de leur travail. Nous sommes ainsi amenés à poser la question de l’unité syndicale tout comme de l’unification du syndicalisme.

Il faut soigneusement distinguer ces deux notions, de l’unité syndicale et de l’unification du syndicalisme.

L’unification du syndicalisme concerne le principe selon lequel fondamentalement les travailleurs, pour la défense de leurs intérêts, doivent autant que possible se rassembler dans une seule et unique organisation syndicale. Mais l’histoire du mouvement ouvrier montre que cet objectif reste un idéal dans la mesure où cette lutte doit être menée sur la base de la reconnaissance de l’opposition irréductible entre travailleurs et capitalistes, entre classe exploitée et classe exploiteuse. L’unification du syndicalisme constitue donc actuellement une perspective utopique, face à la présence des syndicats réformistes tels que la CFDT et FO.

Quant à l’"unité syndicale", il vaut mieux parler plus précisément de l’unité d’action dans la défense des intérêts des travailleurs. Cette unité d’action peut se déployer sous des formes variées, faisant intervenir autant les organisations syndicales que les travailleurs individuellement, qu’ils soient syndiqués ou non, et sans que leur appartenance à des organisations syndicales différentes fasse obstacle à leur action en commun. Cependant il faut être clair : cette "démarche unitaire" en tant que telle ne pourra nullement conduire par une progression pas à pas à la constitution d’une seule et unique organisation syndicale sur la base des intérêts de la classe ouvrière.

Le plus Souvent côte à côte dans les mobilisations et dans le partage de valeurs essentielles certaines revendications et objectifs, un travail en commun a débuté depuis plusieurs années, avec la FSU notamment. À l’heure où les enjeux revendicatifs revêtent une importance essentielle et où le syndicalisme est fortement interrogé, cette démarche partagée connait un regain nouveau. Au-delà des rencontres et des échanges réguliers, des démarches partagées sont initiées sur la formation, les services publics, etc. Notre ambition est de dépasser faire la part entre ce qui de manière marginale nous distingue pour et de nous appuyer sur ce qui majoritairement et fondamentalement nous est commun.

La perspective des contacts avec la FSU ne doit être traitée ni comme un pas vers l’"unification du syndicalisme" ni comme une question de nombre. La CGT serait numériquement grandie, mais n’en serait pas forcément mieux armée pour jouer son rôle de syndicat de la classe ouvrière. Et fixer comme objectif "une recomposition syndicale" indique une voie fondamentalement erronée, qui impliquerait des adaptations mutuelles, c’est-à-dire l’abandon de la CGT comme socle (ébranlé, certes…) du mouvement ouvrier en France. Ce qu’il faut examiner, c’est la possibilité d’une éventuelle intégration (totale ou partielle) à la CGT des adhérents de la FSU.

 

Les passages suivants figurant dans le projet ont été supprimés pour la rédaction de l’amendement :

 

* Nous sommes parfois plus en concurrence qu’en coopération. Il nous revient de dépasser cette contradiction afin de renforcer à la fois notre capacité à agir et notre propension à gagner les revendications.

* C’est aussi une aspiration forte des travailleur.euse.s qui, majoritairement, ne comprennent pas la division syndicale.

* Le 53e Congrès décide d’aller plus loin dans sa démarche unitaire afin de déjouer le piège de la division, qui ne profite qu’au camp capitaliste. Il s’inscrit dans une démarche de réunification du syndicalisme.

* Dans un cadre ouvert et constructif, ce travail doit être poursuivi et renforcé, il doit aboutir à une recomposition syndicale. Le syndicalisme de transformation sociale, de lutte et de propositions ne peut se satisfaire de ses divisions, il doit mettre en oeuvre sa recomposition.

* L’unification du syndicalisme est une dimension identitaire de la CGT qui, dans l’article 5 des statuts confédéraux, indique que la CGT promeut un syndicalisme unifié et se prononce pour l’édification d’une seule organisation de salariés. C’est donc bien une unification que nous visons. Elle nécessite un travail commun avec les organisations syndicales qui souhaitent en finir avec l’éparpillement syndical. Les échanges réguliers et déjà anciens entre la CGT et la FSU forment un socle solide pour avancer. Solidaires est aussi engagé dans cette réflexion unificatrice.

* Par cette stratégie, le 53e Congrès affirme son choix d’unité et de rassemblement du syndicalisme dans une recherche d’élargissement et d’amplification du rapport de force.

 

 

* p. 24 : Comparaison entre le projet de document et le document adopté

Dans la présentation correspondant au document adopté (colonne de droite dans le tableau) :

– Certains passages figurant dans le projet ont été déplacés. Ils figurent en face de l’emplacement d’origine, et avec une numérotation pour indiquer leur succession dans le document adopté.

– En caractères rouges gras : une formulation introduite par l’amendement et reprise dans le document adopté.

– Les notions d’"unité syndicale" et de "recomposition syndicale" n’apparaissent plus dans le document adopté. La notion de l’"unification du syndicalisme" n’apparait plus que dans le passage repris du paragraphe 510.

 

53e Congrès de la CGT, mars 2023
La "recomposition syndicale" dans le document d’orientation

Projet soumis à amendement [note 1]

Document adopté [note 2]

504. La force de l’unité, un syndicalisme qui rassemble

La force de l’unité, un syndicalisme qui rassemble

505. Malgré notre volonté d’unité, nos relations avec les autres organisations syndicales ne sont pas de même nature d’une profession à l’autre, d’un territoire à l’autre, d’une entreprise à l’autre… Nous ne sommes pas la seule organisation à travailler à la syndicalisation, à viser la conquête électorale dans tous les scrutins syndicaux, à vouloir peser dans la conduite des luttes et dans les négociations. Nous sommes parfois plus en concurrence qu’en coopération. Il nous revient de dépasser cette contradiction afin de renforcer à la fois notre capacité à agir et notre propension à gagner les revendications.

[1] Malgré notre volonté d’unité, nos relations avec les autres organisations syndicales ne sont pas de même nature d’une profession à l’autre, d’un territoire à l’autre, d’une entreprise à l’autre … Nous ne sommes pas la seule organisation à travailler à la syndicalisation, à viser la conquête électorale dans tous les scrutins syndicaux, à vouloir peser dans la conduite des luttes et dans les négociations. Nous sommes parfois plus en concurrence qu’en coopération. Il nous revient de dépasser cette contradiction, de travailler toujours plus nos arguments afin de renforcer à la fois notre capacité à agir et notre propension à gagner les revendications dans le cadre d’une unité d’action.

506. L’unité syndicale tout comme l’unification du syndicalisme est un combat que nous menons, car nous n’existons pas pour nous-mêmes, mais pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de celles et ceux qui vivent de leur travail. C’est aussi une aspiration forte des travailleur.euse.s qui, majoritairement, ne comprennent pas la division syndicale.

 

507. Le 53e Congrès décide d’aller plus loin dans sa démarche unitaire afin de déjouer le piège de la division, qui ne profite qu’au camp capitaliste. Il s’inscrit dans une démarche de réunification du syndicalisme.

 

508. Le plus souvent côte à côte dans les mobilisations et dans le partage de valeurs essentielles, un travail en commun a débuté depuis plusieurs années, avec la FSU notamment.

 

À l’heure où les enjeux revendicatifs revêtent une importance essentielle et où le syndicalisme est fortement interrogé, cette démarche partagée connaît un regain nouveau. Au-delà des rencontres et des échanges réguliers, des démarches partagées sont initiées sur la formation, les services publics, etc. Notre ambition est de dépasser ce qui de manière marginale nous distingue pour nous appuyer sur ce qui majoritairement et fondamentalement nous est commun.

[3] À l’heure où les enjeux revendicatifs revêtent une importance essentielle et où le syndicalisme est fortement interrogé, les démarches intersyndicales connaissent un regain nouveau. Au-delà des rencontres et des échanges réguliers, des démarches partagées sont initiées sur la formation, les services publics, etc. Notre ambition est de faire la part entre ce qui nous distingue et de nous appuyer sur ce qui nous est commun. Cette base commune doit être clairement établie, sur le plan des valeurs et de la stratégie, en s’appuyant notamment sur les expériences locales.

509. Dans un cadre ouvert et constructif, ce travail doit être poursuivi et renforcé, il doit aboutir à une recomposition syndicale. Le syndicalisme de transformation sociale, de lutte et de propositions ne peut se satisfaire de ses divisions, il doit mettre en oeuvre sa recomposition.

 

510. L’unification du syndicalisme est une dimension identitaire de la CGT qui, dans l’article 5 des statuts confédéraux, indique que la CGT promeut un syndicalisme unifié et se prononce pour l’édification d’une seule organisation de salariés. C’est donc bien une unification que nous visons. Elle nécessite un travail commun avec les organisations syndicales qui souhaitent en finir avec l’éparpillement syndical.

[2] L’unification du syndicalisme est une dimension identitaire de la CGT qui, dans l’article 5 des statuts confédéraux, indique que la CGT promeut un syndicalisme unifié et se prononce pour l’édification d’une seule organisation de salariés. C’est donc bien une unification que nous visons, respectueuse du fédéralisme, des principes et objectifs visés dans les statuts de la CGT. Elle nécessite un travail commun et démocratique avec les organisations syndicales qui souhaitent en finir avec l’éparpillement syndical. Afin de déjouer le piège de la division, qui ne profite qu’au camp capitaliste.

Les échanges réguliers et déjà anciens entre la CGT et la FSU forment un socle solide pour avancer. Solidaires est aussi engagé dans cette réflexion unificatrice.

 

511. Par cette stratégie, le 53e Congrès affirme son choix d’unité et de rassemblement du syndicalisme dans une recherche d’élargissement et d’amplification du rapport de force.

[4] Par cette stratégie, la CGT affirme son choix d’unité dans une recherche d’amplification du rapport de force. La déclinaison de cette stratégie sera mise en débat dans nos organisations et nécessitera des étapes partagées avec les syndiqué.es.

 

1. https://53congres.cgt.fr/le-document-dorientation

2. https://www.cgt.fr/sites/default/files/2023-05/DOC%20d%27orientation%2053e.pdf