Les objectifs de la Conférence nationale ouvrière du ROC ML

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 7, juin 2012 – p. 6-7

Le ROC ML a décidé de tenir une conférence nationale, réunissant dans un premier temps l’ensemble de ses adhérents, puis ses sympathisants et contacts, sur des questions liées à la classe ouvrière aujourd’hui. Plus que des réunions, cette perspective est celle d’un chantier de longue haleine visant à comprendre la situation actuelle de la classe ouvrière dans le mouvement de toute la société et de ses classes. Ceci afin de déterminer une politique offensive pour rapprocher les ouvriers de la conscience de leur intérêt historique. Étudier, analyser, pour agir.

L’idée a déjà une certaine maturité et les adhérents du ROC ML y travaillent depuis plusieurs mois pour élaborer les documents servant de supports à la conférence et aux résolutions qu’elle prendra.

Connaitre la classe ouvrière, dans son mouvement.

Aujourd’hui beaucoup de groupes politiques ou de penseurs de la bourgeoisie professent que la classe ouvrière n’est pas (ou plus) la classe révolutionnaire et attirent l’attention sur d’autres classes ou des (supposées) catégories particulières traversées par toutes les classes (« citoyens » dans leur ensemble, bloggeurs et réseaux sociaux, « société civile »…). Quelle étude de l’évolution des rapports de production ont-ils fait pour aboutir à ces conclusions? Qu’est-ce qui aurait donc changé pour que le prolétariat, qui compte de plus en plus de membres, et pour que la classe ouvrière ne soient plus les porteurs les plus résolus du changement révolutionnaire? Qu’est-ce qui dans l’évolution, la marche en avant de la société capitaliste aurait donc changé à ce point de ne plus voir en la classe ouvrière – seule classe productrice des richesses – et de plus en plus productrice, en France comme au niveau mondial, la classe la plus hostile au maintien du capitalisme et la plus à même de diriger d’autres éléments d’autres classes dans une révolution?

« Tant que l’on a pas été capable d’aborder l’étude des faits, on a toujours inventé a priori des théories générales, qui sont toujours restées stériles »[1], aurait pu répondre Lénine aux penseurs répandant des inepties et ne basant pas leur étude sur une analyse matérialiste de la société.

Les communistes ont une conception claire du rôle de la classe ouvrière dans le passage de la société capitaliste à la société communiste, ce depuis qu’une analyse matérialiste, scientifique, a été produite par Marx et Engels, notamment. De plus, ils disposent aussi des expériences révolutionnaires du vingtième siècle. Mais pour réaffirmer avec force le rôle historique de la classe ouvrière et pour déterminer une politique précise dans la classe ouvrière aujourd’hui, les communistes doivent procéder à une analyse concrète de la situation actuelle.

Cette analyse, c’est l’étude des faits, en matérialistes, c’est-à-dire en ne se basant pas sur les idées en vogue mais sur la base matérielle de la société : les rapports de production et la situation des forces productives (conflit qui en fin de compte permet de comprendre le choc des différentes idées).

Ils doivent connaitre la classe ouvrière dans son mouvement, ses influences, ses luttes et ses limites actuelles pour déterminer une politique. Ce travail n’est aujourd’hui que peu ou pas du tout assumé par les organisations se disant communistes.

La classe ouvrière : classe d’avant-garde

Nous le réaffirmons car ce n’est pas qu’une affirmation de principe: la conception que l’on a de la classe ouvrière a une incidence dans la politique des communistes.

En effet les communistes, s’ils militent dans toutes les classes de la société, n’ont d’autre intérêt que ceux, historiques, du prolétariat. Avec un prolétariat politiquement faible, c’est à dire sans conscience de son intérêt et de son rôle, non seulement sa capacité d’organisation et d’action sera faible, mais aussi son influence sur d’autres classes de la société. La classe ouvrière doit reprendre conscience de son rôle d’avant-garde.

Aussi les communistes se fixent-ils pour objectif de promouvoir, dans la lutte, cette conscience révolutionnaire, communiste, qui seule donnera du poids et de la consistance au mouvement ouvrier.

Déterminer la politique des communistes dans la classe ouvrière

Les communistes du ROC ML ont pour objectif de renforcer leur pratique dans la classe ouvrière. Pour cela il s’agit de se doter d’un programme qui correspond à la position des communistes sur les questions soulevées par la nécessité faite à la classe ouvrière de prendre le pouvoir et d’édifier le socialisme.

Concernant le rôle d’un programme, Lénine disait, reprenant d’abord une citation de Karl Marx: « Tout pas en avant, toute progression réelle importe plus qu’un douzaine de programmes, a dit Karl Marx. Mais, ni Marx, ni aucun autre théoricien ou praticien de la social-démocratie n’a nié l’importance considérable que présente un programme pour l’activité cohérente et continue d’un parti politique. » (Lénine, Projet de programme de notre parti).

Découlant d’un travail théorique et d’une analyse de la situation des classes, le programme est pour les communistes un outil pour mobiliser les éléments avancés de la classe ouvrière autour des objectifs politiques qui correspondent à son intérêt de classe. Ce sera une des questions centrales de notre conférence ouvrière.

Le ROC ML est conscient de ses forces : il sait qu’elles sont limitées. C’est la situation objective du mouvement communiste aujourd’hui. À sa faiblesse numérique s’ajoute des limites qualitatives objectives : jeunesse de l’organisation, hégémonie écrasante du révisionnisme dans le mouvement ouvrier depuis des décennies… Aussi, est-il clair qu’il n’existe pas de recette miracle pour disposer aujourd’hui d’un prolétariat armé, organisé, prêt au combat révolutionnaire, en ordre de marche. Mais cela étant posé, les communistes ont un rôle à jouer pour que cette situation évolue. Pas de recette miracle mais une théorie et une pratique politiques, un ordre du jour posant les bonnes questions. Notre conférence s’inscrit dans cet ordre du jour.

Chaque communiste doit participer à améliorer collectivement la connaissance de la classe ouvrière et de son environnement. Chaque communiste doit utiliser ces connaissances pour rendre plus efficace son rôle pratique actuel parmi les prolétaires, dans les luttes, dans la réalité de la vie : affermir la conscience révolutionnaire des ouvriers et de l’ensemble du prolétariat. Les convaincre de leur rôle, à partir de leur propre expérience, dans le renversement du capitalisme et dans l’édification de la société nouvelle, socialiste. Les convaincre de leur rôle dans l’édification ou le renforcement des formes d’organisation nécessaires à ces objectifs, en premier lieu la création d’un parti communiste. Enfin, lutter avec eux pied à pied, dans la lutte quotidienne, contre les capitalistes et leurs représentants politiques de tous bords, et apporter notre vision pour les démasquer à leurs yeux.

Renforcer l’unité du mouvement communiste et du mouvement ouvrier, tel est l’objectif actuel des communistes, car c’est la condition pour avancer concrètement vers la révolution. Que notre conférence ouvrière soit un pas en avant vers cet objectif!

 



[1]. Lénine, "Ce que sont les amis du peuple", Oeuvres, t. 1, p 158-159.