Pour réaliser l’unité de la classe ouvrière il faut combattre
le capitalisme sur le plan idéologique et politique

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 32, 2e semestre 2024 – p. 9-14

La classe ouvrière est parcourue de divisions

Dans notre journal, nous avons déjà examiné le rôle fondamental de classe ouvrière sur la voie de la révolution, ce qui la distingue des autres classes et couches sociales, les difficultés liées à sa situation… Dans le présent article, nous tenterons de montrer que l’unité de la classe ouvrière ne pourra pas être atteinte tant que sa vision et son action resteront limitées à des revendications strictement économiques. Le fait est que, malgré tous les efforts des travailleurs, les obstacles persistent sur les plans de l’organisation et des opinions, ‑ obstacles, en dernière analyse, d’ordres politique et idéologique.

L’état des lieux concernant l’organisation politique de la classe ouvrière montre aujourd’hui (et depuis longtemps) l’absence, en France, d’un parti communiste véritablement marxiste-léniniste. Idéologiquement et politiquement les courants révisionnistes/réformistes, et même bourgeois (en lien avec le PS) dominent au sein des organisations de la classe ouvrière. C’est vrai aussi pour la CGT. À partir de la division de la CGT, avec la création de FO en 1947, l’influence du Parti communiste a commencé à diminuer. La signification de cet évènement est très importante, en ce que FO a été fondé sous l’influence de la bourgeoisie exercée à l’intérieur même de la classe ouvrière et que l’enjeu de casser le front syndical qui liait la classe ouvrière de France à l’URSS était une préoccupation pour la bourgeoisie internationale.

Dès le départ, différents courants étaient présents au sein de la classe ouvrière. La CGT comprenait des réformistes, des anarchistes, et ‑ après la révolution soviétique (bolchévique) en Russie ‑ des communistes. L’adoption de la Charte d’Amiens (au 9e congrès de la CGT en 1906) constituait un compromis entre les représentants de la tradition communiste telle qu’elle existait à l’époque et les anarchistes. Sa signification est aujourd’hui interprétée de façon totalement déformée. Celle-ci formulait expressément comme objectif l’abolition du salariat[1], or, actuellement, tous les syndicats, hormis la CNT-SO[2], ont abandonné ce but.

Un premier facteur déterminant les difficultés en rapport avec la construction de l’unité de la classe ouvrière, c’est que les divisions politiques qui affectent la classe ouvrière alourdissent les conséquences provenant des divisions au niveau syndical. Or seul un parti politique propre à la classe ouvrière peut réunir celle-ci autour d’une ligne politique conséquente et cohérente, aux plans national et international. Le fondement de cette ligne doit être le suivant : les intérêts de la classe ouvrière ne peuvent être défendus correctement et efficacement qu’en opposition totale à la classe capitaliste.

Deuxième facteur important : la classe ouvrière n’est pas homogène par nature. En pratique, la division du travail intervient à tous les niveaux de la société, dans sa globalité, jusqu’à l’atelier d’usine en passant par les grands groupes et les entreprises. Il en résulte naturellement des divisions entre les travailleurs, selon leur situation, leur profession, leur lieu d’activité. Mais surtout, la société capitaliste développe fondamentalement des inégalités : évidemment entre capitalistes et travailleurs, mais aussi parmi les travailleurs eux-mêmes. Sans cesse toutes sortes de mesures sont mises en oeuvre pour permettre aux capitalistes d’obtenir le plus de profit possible, ce qui implique l’accentuation continue de l’exploitation des travailleurs. Pour survivre chaque membre de la classe ouvrière, le prolétaire, se trouve en concurrence permanente avec les autres, – eux aussi dans la même situation, – pour trouver du travail, un emploi relativement convenable, avec un salaire pas trop maigre… Car, spontanément, chacun agit individuellement, selon une vision restreinte. Même les syndicalistes ont tendance à ne pas regarder au-delà de leur proche périmètre, tendance favorisée par une culture corporatiste : ignorer les intérimaires, ou les salariés d’autres entreprises. Il suffit de regarder la quantité de conventions collectives aux contenus variés, sans parler des ouvriers chômeurs ou de ceux qui occupent un emploi précaire, dont le nombre ne cesse d’augmenter. La loi capitaliste fondamentale consiste à investir pour obtenir la plus-value qui se transforme en profit. Si le capitaliste constate que son investissement actuel n’aboutit pas en ce sens, il cherchera une autre "affaire" rentable, et s’il n’en trouve pas, il mettra sa fortune de côté plutôt de l’employer à perte. Et au-delà des circonstances individuelles momentanées, surviennent périodiquement des périodes de crise qui entravent globalement le fonctionnement du système capitaliste.

La bourgeoisie détient le pouvoir décisionnel et exécutif

Ces explications doivent être bien comprises pour surmonter un manque de conscience essentiel parmi le mouvement ouvrier : l’ignorance du fait que dans le système économique capitaliste la classe ouvrière n’est pas simplement opposée à la classe des capitalistes, mais cette dernière détermine le cours des évènements. Les travailleurs, la classe ouvrière, ne contrôlent pas les mécanismes ni les prises de décision de la part de la classe capitaliste dominante. C’est en cela que l’attitude des réformistes consistant à faire des propositions de grande portée apparente, comme par exemple la "réindustrialisation", est nuisible. Cela détourne l’espoir des travailleurs vers des perspectives illusoires. Ces "solutions" fictives ne s’accordent pas avec les intérêts des capitalistes. Soit ils les ignorent tout simplement, soit ils les intègrent dans leurs discours mais prennent des décisions qui se retournent quand-même contre les travailleurs.

Une analyse globalement erronée entraine des arguments erronés. On vise les actionnaires qui n’investissent pas en France, on défend l’esprit d’entrepreneur (on laisse de côté ici la question de l’adhésion éventuelle à la CGT, à titre individuel, d’un entrepreneur), car pour réindustrialiser on aurait besoin de ce "bon patriote". Avec des tels discours il ne faut pas s’étonner que les travailleurs ne fassent pas la différence entre ces propositions et celles du Rassemblement national (RN).

Pour revenir sur la question de la division du travail, il faut examiner le salariat autant sur le plan quantitatif que celui qualitatif. La distinction entre ouvrier et salarié peut introduire des confusions. Certaines tendances partielles vont vers une diminution du nombre d’ouvriers. Mais il n’y a pas une évolution globale en ce sens. Ce qui a changé depuis quelques décennies, c’est surtout l’organisation et la hiérarchisation des emplois. On peut situer un tournant vers les années 1980-1990. La "gestion de la main-d’oeuvre" se fait à travers la sous-traitance, l’intérim, les vacations, jusqu’aux contrats dits de "prestation de service". Les capitalistes veulent naturellement toujours plus exploiter les travailleurs, en prolongeant la journée du travail, avec en plus le travail le samedi, dimanche, etc. Ce qui compte pour eux, c’est d’augmenter au maximum la proportion globale de temps pendant laquelle un salarié travaille pour eux durant un jour, une semaine, un an,… sa vie. L’idéal serait 24h sur 24h, 7j sur 7j.

S’opposer à cette volonté du capital est une lutte qui restera permanente, tant que la société capitaliste ne sera pas renversée. Dans certains textes et colloques syndicaux, on parle de "mutation du travail". Souvent les débats tournent autour de l’organisation du travail, de la gestion de l’économie. Mais le lien de subordination des travailleurs vis-à-vis des employeurs et les rapports entre eux-mêmes ne sont pas correctement abordés.

Alors l’unité de classe peut être atteinte uniquement par la lutte idéologique, politique et organisationnelle. Pour que la classe ouvrière devienne une classe "pour soi" ‑ c’est-à‑dire, pour que les travailleurs prennent conscience subjectivement du fait qu’ils constituent objectivement une classe ‑, l’impulsion doit venir d’une avant-garde organisée. En dehors d’un tel contexte, des luttes partielles ni même des mouvements organisés, à caractère économique spontané, n’aboutissent pas à une unité de classe. (Voir nos analyses dans la brochure "Notre combat"[3]). Rappelons que, depuis les années 1980 malgré plusieurs mouvements importants d’envergure nationale ou régionale qui ont surgi, politiquement la classe ouvrière reste divisée.

L’approche courante concernant l’unité des travailleurs est défectueuse

Gardant à l’esprit les analyses exposées ci-dessus, on peut tenter de souligner quelques aspects de la façon erronée de traiter le problème de l’unité des travailleurs.

Actuellement un débat a lieu au sein de la CGT, à plusieurs niveaux, à propos de la mobilisation insuffisante des travailleurs sur le lieu de travail. Entre autres explications, il a été avancé ceci : on ne réussit pas à imposer nos projets parce qu’on n’a pas assez de grévistes pour "bloquer l’économie". En effet, on peut souligner la faible participation active des ouvriers à des actions revendicatives. Mais cela ne doit pas servir de prétexte pour attribuer la faute à la classe ouvrière, la rendre coupable de "ne pas comprendre" ce qu’on lui explique et ce qu’on lui "demande". Ainsi la CGT élude sa propre responsabilité, tandis que tous les courants de la bourgeoisie, petite ou grande, essayent de maintenir des illusions sur leur rôle dans la société. Par conséquent les tentatives de délimitation avec le RN restent floues. Quand la CGT, face aux problèmes posés, prétend pouvoir trouver des solutions, elle ne fait que jouer au gestionnaire qui respecte tout de même ‑ comme les autres partis bourgeois ‑ le cadre de la société capitaliste. Alors, évidemment, les travailleurs ne peuvent pas faire une distinction tranchée entre les orientations proposées par les uns et les autres.

Un défaut complémentaire consiste à accompagner la "dépolitisation" de la classe ouvrière, en supprimant, dans les statuts du syndicat, la référence à l’"abolition du salariat"; en restant dans la cadre de légalité imposée par la bourgeoisie; en n’incitant pas la classe ouvrière à s’intéresser à la vie de tous les victimes du système capitaliste. Depuis des décennies à la CGT il n’y a pas des formations sur le fonctionnement du capitalisme. Traditionnellement, la CGT faisait passer aux adhérents un cycle de formation dite de "niveau 1", ce qui n’est plus pratiqué systématiquement. La présentation de la naissance du syndicalisme en tant qu’instrument de lutte contre le capitalisme a été réduite à quelques dates historiques de la CGT. Il n’est donc pas étonnant que les travailleurs, malgré des conditions de travail de plus en plus dégradées, n’acquièrent pas une conscience de classe par le simple fait d’agir/réagir spontanément.

En outre, un manque de syndicalisation est évident dans plusieurs secteurs, surtout pour des emplois précaires, où il peut y avoir jusqu’à absence totale d’organisation syndicale. (Plus de 80 % des travailleurs se trouvent aujourd’hui soumis à des emplois précaires, et le chiffre d’affaires des grands groupes se réalise au moins à 60‑70 % sur le dos des sous-traitants et intérimaires.) Le degré de syndicalisation est très marginal chez les intérimaires, les aides à domicile, les milliers de sous-traitants…

Les informations diffusées par les média bourgeois et les réseaux sociaux ne sont pas faits pour conscientiser la classe ouvrière, et ne peuvent même pas servir de base à cet effet. Il n’y a pas de débats de fond impulsés de l’intérieur de la classe ouvrière, les débats souvent tournent aux échanges stériles ou se réduisent à des phrases creuses, de circonstance. Il manque la volonté d’écouter les travailleurs et de réfléchir à leurs critiques et à leurs propositions. Quand, tant bien que mal, des débats ont lieu, comme à l’occasion des congrès, ils restent confinés au niveau des dirigeants, avec un écho très limité.

En résumé, il n’y a pas de propagande permanente d’opposition au système capitaliste, qui seule permettrait de faire comprendre à un ouvrier ou un syndicaliste sincère ce qu’il se passe dans son entreprise, son milieu professionnel. Dans ce contexte évidemment les syndicalistes en face de leurs employeurs ne sont pas armés comme il le faudrait. De fait, la classe dirigeante bourgeoise a pleinement conscience de la réalité, tandis que les syndicalistes sont dépourvus des capacités de lui opposer une vision réfléchie réaliste du monde dans lequel vivent les travailleurs.

La mise en  cause du système économique et du pouvoir de la bourgeoisie est indispensable

Pour une analyse détaillée de cette situation, il faut répondre clairement à certaines questions. Quelles sont les insuffisances de notre travail politique? Quelles sont les démarches nécessaires en direction des travailleurs? Dans quelle mesure et sous quelles formes le travail en faveur de l’unité syndicale pourrait favoriser l’unité de classe? Par principe les communistes marxistes-léninistes postulent la nécessité de l’unité syndicale, mais cela ne peut et ne doit être un objectif à réaliser de façon formelle sans déterminer le contenu et sans analyser les conditions réelles. (Voir les amendements au document d’orientation, au 53e congrès de la CGT[4].)

L’unité de classe ne s’obtient pas comme une opération arithmétique, en additionnant simplement des nombres. Comme indiqué plus haut, il faut un parti qui réunisse l’avant-garde de la classe ouvrière et qui impulse la lutte idéologique, politique et organisationnelle. Concrètement ce parti doit se baser entièrement sur l’idéologie et sur la théorie marxiste-léninistes ainsi que sur toute l’expérience historique du marxisme-léninisme, et il doit s’efforcer continuellement à s’implanter au sein de la classe par tous les moyens appropriés (cellule de parti, syndicat, association et jusqu’au travail de quartier…). En dehors de son activité propre, il doit être attentif aux actions entreprises par les travailleurs de façon spontanée sur leur propre initiative et il doit s’efforcer à mettre en évidence les perspectives révolutionnaires véritables qu’il incarne.

Après avoir affirmé cela, il faut déterminer comment agir selon l’orientation retenue. Pour les marxistes-léninistes il n’y a pas baguette magique. Le travail théorique/politique doit prendre la première place. Si ces dernières décennies toutes les tentatives d’unité entre les groupes dits "communistes ml" ont échoué, une des principales raisons en était leur insuffisante connaissance de la théorie marxiste-léniniste. Lesdits groupes, "communistes" ou "ml", de différents courants (le révisionnisme moderne ‑ le PCF ‑ et ceux qui en sont sortis durant les années 1960 ‑ essentiellement le PCMLF, les maoïstes et le courant proche du PTA) sont loin, sur le terrain, des luttes de la classe ouvrière. Une attitude répandue consiste à chercher des "solutions rapides et immédiates", ce qui revient à s’adresser au mouvement ouvrier avec une pratique empirique et spontanéiste. Par ailleurs certains pensent que l’obstacle principal est "l’esprit de chapelle", se traduisant par la juxtaposition de groupes figés et renfermés sur eux-mêmes. Or les "chapelles" visées n’ont pas véritablement d’influence dans la classe ouvrière : comment pourraient-elles, alors, être l’obstacle principal…!

En 1956, la prise du pouvoir par les révisionnistes en URSS et les divisions idéologique/politique et organisationnelle qui en ont découlé, ont été le premier grand revers du mouvement communiste international. Depuis, malgré certaines luttes et victoires importantes, au niveau mondial la classe ouvrière n’a pas pu refouler cette vague réactionnaire. La résistance du PTA, sous la direction d’Enver Hoxha, n’a pas été suffisante.

En Europe, l’eurocommunisme a ravagé l’esprit de la classe ouvrière. En France le PCF a été le premier responsable de l’apparition et du développement de ce courant. À partir des années 1980, le PCF a sans cesse perdu en influence, le PS s’est converti en nouveau représentant de la grande bourgeoisie. Dans des secteurs où le terrain était libre certains groupes trotskistes (NPA, LO et PT) ont pris le relais.

Ces dernières décennies toutes les luttes ont été défensives et uniquement économiques. Les mesures de destruction massive de l’industrie, de délocalisation, de précarisation, ont provoqué plusieurs luttes importantes. Chez Talbot, à Longwy, chez Peugeot, chez Danone, face au démantèlement de la SNCF et des autres secteurs publics, à la désarticulation des régimes de sécurité sociale et de retraite, etc., toutes ces luttes n’ont pas dépassé les revendications économiques en vue d’obtenir des réponses restant dans le cadre de la société capitaliste.

Les forces qui ont dirigé ces mouvements n’ont jamais cherché la confrontation avec la société capitaliste-impérialiste. Sans mettre en cause le système économique et le pouvoir de la bourgeoisie, il n’est pas possible de créer l’unité de classe autour d’un projet politique et de mener une lutte susceptible d’unifier et mobiliser la classe ouvrière en tant que telle.

Tous les courants réformistes érigent en exemples certaines conquêtes obtenues par des luttes à caractère politique, associées à des conditions particulières (la Résistance à l’occupation national-socialiste, l’existence de l’URSS, pays socialiste) ‑ mais ils escamotent justement l’importance primordiale de la politique à cet égard. Ils alimentent ainsi l’illusion qu’on pourrait obtenir des victoires ou maintenir les "acquis", alors que le contexte n’est pas comparable et qu’eux-mêmes se placent dans une perspective purement électoraliste.

Les réformistes prétendent que l’influence croissante du RN et de l’extrême droite serait due à l’abstentionnisme. C’est la politique de l’autruche. L’abstention électorale, notamment dans les quartiers populaires, s’explique entre autre par l’écart marqué entre les thèmes mis en avant par la propagande électoraliste des diverses forces de "gauche" et les souvenirs au sujet des mesures dommageables pour les travailleurs que ces mêmes forces ont mises en oeuvre ou cautionnées. Il suffit de donner l’exemple du Traité de Maastricht concernant l’Union européenne. Les lois réactionnaires que subissent les travailleurs ont été mise en place, certaines par des gouvernements de droite, d’autres par des gouvernements de "gauche". Les reformes du code du travail et de la retraite ont été conduites par le PS. Ces manoeuvres donnent facilement prise aux arguments manipulatoires du RN et de l’extrême droite en général. La politique du "bloc républicain" contre les "ennemis de la république" n’offre aucune perspective pour le mouvement ouvrier.

Nous, marxistes-léninistes, ne rejetons pas les luttes économiques revendicatives, syndicales, mais nous combattons l’illusion que de telles luttes puissent aboutir à l’unité de classe et au changement de société. Par ailleurs la focalisation sur les luttes économiques s’accompagne souvent d’une attitude hypocrite vis-à‑vis des partis politiques. Il est dit qu’un syndicat ne doit pas, dans son fonctionnement, être associé à un parti politique (cela vise notamment, présenté comme exemple négatif, la pratique autrefois appliquée par les marxistes-léninistes). Toutefois, implicitement ou explicitement, les syndicalistes qui défendent cette position préconisent quand même de se tourner vers tel ou tel parti "moins mauvais que les autres", et de courir ainsi derrière les partis de la bourgeoisie.

L’unité de la classe ouvrière est liée à son objectif politique fondamental

On peut résumer les affirmations principales exposées ici comme suit : L’organisation primordiale de la classe ouvrière n’est pas le syndicat; c’est le Parti politique qui manque aujourd’hui. Toutefois les forces (les militants) les plus avancées au sein de la classe se trouvent dans les syndicats. Cependant, accorder d’une part de l’importance au travail syndical ne doit pas, d’autre part, nous éloigner de notre tâche fondamentale.

Pour ces raisons, il nous parait, à nous marxistes-léninistes, important de rencontrer d’autres militants marxistes-léninistes, ou proches de cette orientation, qui accordent de l’importance au rôle de la classe ouvrière et à sa future organisation politique. Il faut chercher les moyens d’agir ensemble.

Pour formuler des propositions efficientes, il faut ‑ comme on l’a dit au début du présent article ‑ comprendre ce qu’est la classe ouvrière et appréhender son niveau de conscience. Le fond du problème, c’est que les travailleurs sont objectivement la classe révolutionnaire "en soi", mais ils ne se perçoivent pas ainsi, en tant que classe "pour soi"[5]. Tant qu’on n’a pas déterminé quelle classe va changer la société en abolissant le capitalisme et en construisant le socialisme, aucune avancée n’est possible en ce qui concerne la création d’un parti politique de la classe ouvrière.

Les membres de notre classe sont évidemment sous l’influence de l’idéologie bourgeoise. Cela se manifeste notamment par une attitude individuelle prononcée (l’individualisme). À cet égard la bourgeoisie cherche régulièrement à corrompre les militants, elle conseille fortement à chacun des suivre un chemin individuel. Au bout du compte le manque de confiance en la classe ouvrière peut résulter en une déstabilisation plus générale de l’attitude individuelle, jusqu’à la méfiance envers tout le monde. Les travailleurs dans ce contexte ont tendance à se tenir à l’écart de la collectivité. Lutter contre l’idéologie bourgeoise et petite bourgeoise et construire la solidarité entre les membres de la classe ouvrière est primordial en vue de la construction d’une organisation politique.

Cette solidarité et l’unité de classe seront construites durant un processus prolongé, par un  travail constant au sein de la classe ouvrière. Au contraire de la propagande diffusée par la bourgeoisie qui veut faire croire qu’il n’y a pas de contestation significative, la classe ouvrière montre tous les jours sa résistance et sa solidarité, même si elle est contrainte de lutter "avec les moyens du bord". Au-delà de la lutte de classe quotidienne, certains évènements montrent que la solidarité persiste également entre les peuples du monde entier : en 2014 avec le peuple kurde au Rojaïa, aujourd’hui avec le peuple palestinien. Il faut souligner que les positions que prennent les bourgeoisies de tel ou tel pays à l’égard de ces conflits sont fortement influencées par la mobilisation des peuples.

Que faire à court terme?

Pour passer à un niveau supérieur et réaliser la création du parti d’avant-garde révolutionnaire de la classe ouvrière, il faut dans l’immédiat mettre en place une forme d’organisation intermédiaire. Cela est indispensable, mais il reste à déterminer ses caractéristiques et les moyens associés. La priorité sera toujours de chercher à rassembler les militants communistes marxistes-léninistes dans une organisation. Tous les moyens seront les bienvenus, pour autant qu’ils respectent les principes de la théorie marxiste-léniniste.

Il faut chercher un lieu et des moyens pour ouvrir des débats (pour créer des liens) avec d’autres militants. Parmi les moyens existants : continuer la publication de notre journal et l’alimentation de notre site Internet, chercher à donner à celui-ci plus de visibilité; participer aux débats que d’autres groupes organisent.

Les camarades qui travaillent au sein de la classe ouvrière doivent agir sur la base des mouvements actuels, dans l’objectif d’atteindre un niveau supérieur. Parfois les travailleurs ne s’ont pas prêts à se mobiliser pour une revendication nationale, comme la question du code du travail ou la retraite. Cependant une lutte partielle ou économique pourra aider, en leur faisant voir dans la pratique qu’ils ne trouveront pas la réponse à leurs préoccupations en se limitant au domaine économique. Les marxistes-léninistes n’ont jamais pensé qu’on pourrait transformer la lutte économique en lutte politique, mais on peut intervenir à partir de l’expérience des travailleurs pour les aider à développer leur conscience de classe. Il s’agit là d’un travail régulier, continu et de longue haleine.

Vive le marxisme-léninisme

Vive le socialisme

Le capitalisme n’a pas d’avenir

 



[1]https://www.marxists.org/francais/cgt/works/1906/10/cgt_190610000.htm

[2]. CNT-Solidarité ouvrière, créée en novembre 2012. Voir :

https://unioncommunistelibertaire.org/CNT-Apres-la-scission-quel-futur-5164

[3]. "Notre combat", Recueil d’articles publiés dans La Voix des Communistes (Journal central du ROCml), 2009‑2022.

https://rocml.org/wp-content/uploads/2022/12/VdC_recueil_2009-2022_Notre_combat.pdf

[4]. "53e Congrès de la CGT – document d’orientation"

La Voix des Communistes, no 31, 2e semestre 2023 – p. 22‑24.

https://rocml.org/vdc-2023-09-no-31-p-22-24/

[5]. Cette problématique a été abordée dans des articles inclus dans le recueil "Notre combat" (voir note 2). Notamment :

"Aujourd’hui comme hier seul le prolétariat est capable d’abattre le capitalisme et de construire le socialisme"

La Voix des Communistes, no 5, septembre 2011 – p. 10‑14.

https://rocml.org/vdc-2011-09-no-05-p-10-14/