La Russie capitaliste impérialiste – Aspects théoriques / idéologiques

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 32, 2e semestre 2024 – p. 51-61

Les efforts de la Russie pour renforcer son influence en Afrique

En Afrique c’est dans la zone du Sahel que le contexte politique prend des tournures susceptibles de favoriser les efforts de la Russie pour renforcer son influence.

La situation au Mali est abordée dans l’article "La Russie, pays capitaliste impérialiste", p. 29-43 dans le présent numéro de La Voix des Communistes).

Au Burkina Faso, en janvier 2022, le président Roch Marc Christian Kaboré a été renversé par l’armée. Celle-ci a annoncé avoir suspendu la Constitution et dissout le gouvernement et l’Assemblée nationale, tout en s’engageant au "retour à un ordre constitutionnel" dans "un délai raisonnable". Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), assure désormais le pouvoir. En septembre 2022 Damiba est, à son tour, renversé par un groupe de militaires tous membres du MPSR. À la tête de ce groupe se trouve le capitaine Ibrahim Traoré, alors chef d’une unité des forces spéciales "Cobra", déployée contre les groupes djihadistes[1].

Les troupes russes se sont déployées au Burkina Faso depuis janvier 2024 [2].

Au Niger le président Mohamed Bazoum, élu en 2020, est renversé en juillet 2023 par un coup d’État mené par le général de l’armée nigérienne Abdourahamane Tiani[3]. En octobre le département d’État US reconnait la junte militaire. En mars 2024, les autorités nigériennes de transition dénoncent l’accord de coopération militaire avec les USA, qualifiant la présence militaire US d’illégale et considérant qu’elle violait toutes les règles constitutionnelles et démocratiques. L’accord jugé injuste aurait été imposé unilatéralement au Niger par les USA en 2012, via une simple note verbale.

Dans le cadre d’un accord de coopération sécuritaire signé entre le Niger et la Russie, des instructeurs du ministère russe de la Défense, et du matériel, arrivent à Niamey en avril-mai 2024, notamment un "système de défense antiaérien" capable "d’assurer le contrôle total de l’espace aérien" du Niger. Le média d’État précise que cette arrivée avait été possible grâce un entretien téléphonique "historique" entre Tiani et le président Poutine, le 26 mars. Des soldats russes sont installés dans une base des forces aériennes nigériennes abritant encore des soldats US. Ceux-ci devront partir, de même que les 1.500 soldats français déployés dans le pays.

La propagande menée directement par les instances russes officielles est accompagnée de relais militants qui ont leurs propres motivations, lesquelles toutefois peuvent s’accorder parfaitement avec les objectifs poursuivis par le régime russe. On peut citer deux opérations d’envergure significatives, avec des procédés distincts.

Kemi Seba

Kemi Seba est un activiste, né en France de parents béninois, qui se déclare partisan du panafricanisme.

Son attitude est marquée d’abord par un séjour aux USA entamé en 1999, puis il traverse un parcours sinueux qu’il est inutile d’évoquer dans les détails. On peut se contenter de mentionner la création, en 2015, de l’"ONG Urgences Panafricanistes"[4]. Il s’emploie à diffuser une propagande stéréotypée purement oratoire et dépourvue de réflexion. (Les lecteurs curieux qui voudraient vérifier si ce jugement méprisant de notre part est justifié, peuvent consulter la vidéo publiée par Seba, dont le texte est transcrit plus loin.) Il a coopéré pendant quelque temps avec Prigojine[5]. Selon ses propres dires il s’est distancié de Prigojine quand celui-ci lui a demandé de passer aux actions violentes. Il s’est alors tourné vers Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères chargé des affaires africaines. Une autre relation lie Seba à un idéologue russe, Alexandre Douguine. Les pensées formulées par Douguine constituent un véritable kaléidoscope. Pour faire court[6] : "Mystique orthodoxe, traditionaliste ésotérique, Douguine est le pape du néo-eurasisme, doctrine qui promeut la constitution d’un grand bloc continental eurasien pour lutter contre la puissance anglo-saxonne." Selon Douguine[7] : "À côté de la “droite” et de la “gauche”, il y a une Révolution unique et indivisible, dans la triade dialectique “Troisième Rome – Troisième Reich – Troisième Internationale”." En décembre 2017 Seba a été reçu à Moscou par Douguine. Seba commente la rencontre[8] : "L’échange a porté sur la métaphysique et la géopolitique. On y a partagé nos vues sur le fait que ni le communisme, ni le libéralisme, ni le nationalisme ne pourront apporter le salut à nos peuples respectifs." Pour le livre de Seba intitulé "L’Afrique libre, ou la mort", publié en 2018, Douguine a écrit une préface, dans laquelle on lit[9] : "Dans l’espace des anciennes colonies françaises, depuis la mort des Lumumba et Sankara, nous n’avions pas vu, en Afrique, de jeunes Africains suscitant l’enthousiasme des masses et exprimant le désir de souveraineté totale du peuple comme le fait Seba dans le cadre de son combat pour l’autodétermination des populations d’Afrique francophone."

Voici quelques extraits d’une intervention de Seba diffusée sous forme de vidéo sur Facebook, le 27 février 2022, en réaction à l’invasion de l’Ukraine déclenchée par la Russie[10] :

On nous présente Poutine comme le monstre mais on oublie de nous rappeler que  […] c’est l’Union soviétique  qui a été détruite, dépecée lors de l’effondrement du mur de Berlin. […] Poutine a prévenu qu’il ne fallait pas que l’OTAN et que l’Occident continuent à narguer la Russie qu’ils ont déjà détruite, en entourant les anciens pays qui faisaient partie de l’Union soviétique, en les intégrant et en leur donnant des armes pour menacer la Russie. Poutine a dit, arrêtez ça, respectez nous. Les occidentaux n’ont jamais écouté Poutine et maintenant que Poutine veut commencer à reconquérir les terres qu’on lui a volées, qu’on a volées à son pays, les terres qu’on a déstructurées et qu’on a déconstruites  vous nous dites : Poutine l’impérialiste. […] Je sais pertinemment qu’aucun président africain n’a pris sa responsabilité, […] qu’aucun n’a soutenu la démarche russe alors que les Russes veulent simplement qu’on arrête de les menacer, de les humilier quotidiennement. […] Soumis présidents africains […] notre boussole c’est le droit à la dignité et au respect. Vous ne respectez pas les peuples, vous voulez assujettir les peuples, qu’ils fassent exactement comme vous voulez, et quand ils ne font pas comme vous voulez, vous les présentez comme des dictateurs. […] Barkhane […] Le Mali a pris ses responsabilités […] le ministre Sadio Camara, le ministre de la défense […] un homme un combattant un guerrier […] Ils ont chassé Barkhane […] Nous serons du côté des justes. Et comme l’a dit le président Maduro, aujourd’hui les justes c’est le Venezuela, c’est la Russie, c’est la Chine.

Dans certains pays d’Afrique ayant, ces dernières années, rejeté l’influence historique de la France, on peut observer des expressions correspondant aux discours de Seba. Quelques exemples de slogans apparus dans le cadre de manifestations[11] :

En République Centrafricaine : "Les Centrafricains avec la Russie", "Russie – République Centrafricaine – amitié", "La Russie sauve le Donbass", "La Russie et Centrafrique contre le nazisme", "La Russie c’est Wagner – Nous aimons la Russie et nous aimons Wagner". Et au Mali : "Merci Wagner", "Poutine – La voie de l’avenir".

Avec l’arrivée au pouvoir de la junte au Niger en juillet 2023, ce pays occupe une place de premier choix autant pour Douguine que pour Seba.

Le lendemain, Douguine publie sur son canal Telegram un commentaire enthousiaste[12] :

Le Niger est à nous! La dernière marionnette de la France-Afrique a été renversée lors du forum Russie-Afrique. Le Niger aux Nigériens.

En mai 2024 Seba, en compagnie de Nathalie Yamb, une autre activiste anticolonialiste, a été reçu par le président du Niger, le général Tiani, en présence du Premier ministre Lamine Zeine et de responsables du Conseil national pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSD)[13]. Voici un extrait du message publie à cette occasion sur le Compte Officiel du CNSD[14] :

[…] Les échanges ont été empreints d’une grande solennité et d’une profonde conviction, reflétant la convergence des aspirations et des luttes pour l’affirmation de l’identité africaine et la défense des intérêts vitaux du continent. Kemi Seba et Nathalie Yamb ont réitéré, avec force et passion, leur soutien indéfectible à la vision portée par le CNSP et à la détermination du peuple nigérien à tracer sa propre voie vers un avenir de dignité, de prospérité et de souveraineté.

Le Président Tiani a salué le courage, l’abnégation et l’engagement de ces figures de proue du panafricanisme, qui n’ont de cesse de porter haut et fort la voix de l’Afrique et de mobiliser les consciences pour la renaissance du continent. Il a souligné la convergence des luttes et la nécessité d’une action concertée et solidaire face aux défis multiformes auxquels sont confrontés les peuples africains. […]

La "convergence des luttes" a été formalisée après que le gouvernement français a déchu Seba de sa nationalité française. Le 4 aout celui-ci annonce que "le général révolutionnaire et visionnaire Abdourahamane Tiani, chef de l’État du Niger, […] a décidé de m’octroyer le passeport diplomatique, eu égard au combat que je mène depuis 25 ans pour l’Afrique, ce au péril de ma vie"; le document porte la mention "conseiller spécial"[15].

Plateforme mondiale antiimpérialiste

Selon la propagande russe officielle, le motif principal de l’invasion de l’Ukraine est d’ordre politique. Les arguments se résument comme suit. Le monde entier est menacé par un bloc impérialiste qui réunit les USA, l’Union européenne ainsi que les autres pays adhérents de l’OTAN. Ce bloc constitue l’unique puissance impérialiste existante, tous les autres pays sont à différents degrés dépendants de ce bloc, et l’objectif du bloc est d’instaurer sa domination complète, totale sur l’ensemble de la planète. Conclusion, selon cette vision : il faut établir une alliance aussi large que possible pour empêcher la victoire définitive d’un système impérialiste totalitaire, et cette alliance doit, et peut, s’établir autour de la Russie qui actuellement est la première cible des visées ennemies.

Une campagne publicitaire en faveur de la Russie, reprenant ce raisonnement, a été entreprise de l’intérieur d’un réseau de solidarité connu sous l’intitulé Rencontres internationales de Partis communistes et ouvriers (IMCWP selon les initiales en anglais), actif depuis 1999. Les 27‑29 octobre 2022 s’est tenue la 22e Rencontre de l’IMCWP.

(Voir à ce sujet sur notre site Internet, le dossier "L’Ukraine, enjeu de la rivalité interimpérialiste entre USA, UE et Russie",

https://rocml.org/ukraine-rivalite-interimperialiste-usa-ue-russie/)

Deux résolutions opposées, à propos du déclenchement par la Russie de la guerre sur le territoire de l’Ukraine, ont été soumises à signatures. L’une, proposée par le Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF selon les initiales en russe) et le Parti communiste ouvrier russe (RKRP selon les initiales en russe), expose les justifications mises en avant par le régime russe. Ultérieurement certains partis qui se positionnent en ce sens ont constitué un organisme de propagande dénommé Plateforme antiimpérialiste mondiale qui s’emploie activement à rassembler des forces politiques en soutien au régime russe.

La 1re Conférence internationale de la Plateforme antiimpérialiste mondiale, tenue en octobre 2022 à Paris, a adopté une Déclaration, dont voici des extraits[16] :

La guerre en Ukraine n’est pas le résultat d’une "agression russe" mais de la volonté de guerre de l’impérialisme occidental ‑ en particulier, la volonté de guerre des États-Unis, qui vise à renforcer l’hégémonie déclinante de l’impérialisme américain sur le monde. […] il est clair qu’alors que les impérialistes sont engagés dans une guerre d’agression injuste et criminelle par procuration, la partie russe, dans son alliance avec les peuples du Donbass, est engagée dans une juste guerre d’autodéfense contre l’attaque impérialiste, qui est en même temps une guerre de libération nationale des Russes opprimés en Ukraine.

[…] La Russie d’aujourd’hui est un pays capitaliste, mais son passé socialiste lui a donné la capacité de se défendre contre le contrôle impérialiste […]. Le capital financier russe ne pille pas et ne domine pas le monde. La Russie n’a envahi aucun autre pays et ne s’est montrée agressive envers aucun autre pays, et l’armée russe ne sort de ses frontières que pour venir en aide à ses alliés (par exemple la Syrie, le Kazakhstan), à leur invitation et selon leurs conditions. Aucun pays n’est esclave de la Russie, que ce soit sur le plan militaire ou sur celui de la dette. Il est donc incorrect d’affirmer que la Russie est un pays impérialiste.

L’Union des Communistes d’Ukraine (SKU selon les initiales en russe), dans une intervention durant la 23e Rencontre internationale de Partis communistes et ouvriers tenue en octobre 2023, réfute ces affirmations contraires à la réalité[17] :

Résumons aujourd’hui les "succès" du gouvernement bourgeois de la Fédération de Russie dans sa prétendue "lutte contre le fascisme" et la "protection" du Donbass. Le soulèvement populaire, parti d’en bas, en confrontation aux forces nationalistes extrémistes de l’Ukraine bourgeoise, a été étouffé. Cependant, le régime ukrainien profasciste n’a pas réussi à le réprimer : la population du Donbass est forte, tournée pour la plupart vers le passé soviétique; elle a combattu sans relâche contre des forces ennemies supérieures ‑ à la fois des bataillons nationalistes et des forces de répression régulières. Mais l’initiative des masses a été interceptée par les forces de sécurité et militaires de la Fédération de Russie. […] des administrations bourgeoises furent implantées partout; la propriété a été redistribuée en faveur du capital de la Fédération de Russie. […] Était‑ce le genre de libération qu’attendaient les habitants du Donbass, et des dizaines de milliers de personnes ont-elles donné leur vie sur le champ de bataille, et des centaines de milliers ont-elles sacrifié leur santé pour échanger un exploiteur contre un autre?

Ce qui est évident pour un marxiste-léniniste armé de la dialectique marxiste-léniniste ne l’est absolument pas pour quelqu’un qui ne possède pas cet instrument. […] D’un côté, l’administration de Poutine et l’élite politique de la Fédération de Russie proclament leur antifascisme, de l’autre, ils s’appuient ouvertement sur les idéologues russes du solidarisme[18] les plus réactionnaires Ilyin[19], notre contemporain Douguine [voir plus haut dans l’article] ou le collaborateur nazi Chmelyov[20]. D’un côté, le 23 février 2022, Poutine déclare qu’il enseignera à l’Ukraine une véritable décommunisation[21]; de l’autre, lorsqu’il faut mobiliser les masses au front, il agite un drapeau rouge appelant les gens à répéter l’exploit de leurs grands-pères-soldats soviétiques. Il s’agit d’un mensonge aussi flagrant et évident qu’une vile manipulation. […] Les simulacres bourgeois sont si superficiels et évidents que quiconque se dit marxiste et ne voit pas le caractère prédateur de cette guerre criminelle "vaine", comme nous l’appelons, sur le territoire de l’Ukraine, n’est pas un marxiste. Après tout, selon l’enseignement de Lénine, les guerres de libération nationale à l’ère de l’impérialisme et en l’absence d’un sujet international socialiste perdent leur signification indépendante : elles agiront toujours dans l’intérêt de l’un des prédateurs capitalistes adverses[22].

Entre le vrai et le faux, s’étend le champ du flou, de l’ambigüité, de l’hésitation

Un des maitres-mots dans les questions traitées ici, c’est la souveraineté. En observant la réalité, force est de constater que l’utilisation du terme ne prouve rien. Selon l’Académie française, "Souveraineté" signifie "Autorité suprême". En principe la définition est claire. Dans un régime de dictature, le dictateur dispose de l’autorité suprême. Mais dans un régime dans lequel "le peuple" est censé être souverain, c’est-à-dire être lui-même l’autorité suprême, la souveraineté perd tout caractère palpable, sa consistance se dissout dans la fourmilière des citoyens.

On peut citer un texte intitulé "Mali, Burkina, Niger et Sénégal, des expériences souverainistes complémentaires", signé Roland Fodé Diagne[23].

Le texte expose quelques arguments qui ont le défaut de rester abstraits :

Pour éviter le piège doctrinaire libéral bourgeois néocolonial opposant systématiquement et par principe coups d’États et urnes, il est indispensable de prendre en compte les facteurs suivants : le rapport réel des forces atteint par les luttes populaires contre les pouvoirs néocoloniaux; le contexte et les objectifs pour lesquels la fraction du peuple dans l’armée est intervenue.

Il est exact qu’il faut prendre en compte les facteurs cités. Mais Diagne poursuit :

Au Mali, Burkina, Niger, les peuples se sont insurgés contre la "démocratie multipartite" des corrupteurs et des corrompus engendrée par le prétendu "vent de la démocratie" vendu par l’impérialisme françafricain, eurafricain et usafricain dans les années 90. […] Les militaires de terrain […] ont décidé de parachever la volonté populaire en renversant les apatrides.

Écrire que "les peuples" se sont "insurgés", que c’est "la fraction du peuple dans l’armée" qui a agi, que "les militaires de terrain […] ont décidé de parachever la volonté populaire" ‑ ce sont des affirmations péremptoires nullement appuyées par une quelconque explication.

Diagne se réfère à une réflexion de Thomas Sankara, selon laquelle "un militaire sans formation politique est un criminel en puissance"[24]. Et il semble considérer que les dirigeants des juntes actuelles n’appartiennent pas à cette espèce. Or, pour prendre le cas du Niger, certains indices incitent à douter fortement du degré de conscience politique des nouveaux dirigeants du pays. Ils ont reçu Kemi Seba (voir plus haut) et ont fort positivement apprécié ses engagements politiques ‑ qu’il faut en réalité rejeter catégoriquement. On peut noter d’ailleurs que sur le compte Facebook d’une association dénommée Dynamique Unitaire Panafricaine apparait l’annonce d’une "Formation interne de la DUP, Le matérialisme dialectique" (19/4/2024), présentée par Roland Diagne, et aussi une publicité pour Kemi Seba (17/3/2024).

L’Afrique alliée à la Russie : soumission au système impérialiste mondial

Les arguments pour justifier une recherche de soutien de la part de la Russie ont des motivations purement opportunistes. Vus sous cet angle, opportuniste, ils sont en effet réalistes. C’est le cas en premier lieu de l’assistance russe dans le domaine militaire. Que ce soit en République Centrafricaine, au Niger ou ailleurs, les régimes prétendument souverains ne sont pas en mesure de maitriser les conflits armés sur leur territoire, aussi bien les agressions du dénommé État islamique, que les affrontements internes entre groupes dits rebelles. Diagne (voir ci-dessus) se plait à citer Sankara au sujet des militaires. Voici une autre affirmation de Sankara : "Un peuple conscient ne saurait confier la défense de sa patrie à un groupe d’hommes quelles que soient leurs compétences. Les peuples conscients assument eux-mêmes la défense de leur patrie." En principe Sankara a raison, sauf que le contexte actuel ne permet absolument pas aux populations d’Afrique de s’y conformer. Mais cette réalité ne doit pas être escamotée ‑ c’est pourtant ce que fait Diagne. Il écrit (dans le texte déjà cité) :

Au Mali, Burkina, Niger, la transition militaire peut et doit relever le défi d’associer les vraies forces vives politiques, syndicales, associatives et populaires souverainistes du pays dans le cadre des politiques d’union nationale démocratique des nationalités composant le peuple tout en poursuivant la lutte armée sans concession contre l’insécurité djihado-terroriste et les manigances des impérialistes.

Diagne passe sous silence le fait que les trois pays ont entamé le recours à un soutien militaire de la part de la Russie. Parallèlement il évoque discrètement ‑ sans nommer la Russie ‑ la perspective de développer :

une coopération souveraine avec les BRICS+ contre l’hégémonisme prédateur séculaire de l’impérialisme françafricain, eurafricain, usafricain.

Certes, une coopération avec la Russie, l’Inde et d’autres pays en situation de peser sur les rapports économiques au niveau international peut aider les pays africains de contrer "l’hégémonisme prédateur séculaire de l’impérialisme" français, européen, US. Mais il faut avoir à l’esprit une vision falsifiée de la nature de la Russie pour insinuer que ces rapports pourraient respecter la "souveraineté" du côté de l’Afrique. Ils ne permettront pas aux pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la République Centrafricaine de faire valoir authentiquement leurs propres intérêts intrinsèques. Le cours des choses sera subordonné aux intérêts de la Russie, de façon analogue à ce qui est le cas quand on a recours aux USA, à l’UE, à l’OTAN comme "alliés".

Avant l’impérialisme russe, le socialimpérialisme "soviétique"

La caractérisation de la Russie actuelle comme pays impérialiste rappelle un élément des controverses surgies dans le passé en réaction à la contrerévolution khrouchtchévienne. À différentes étapes de l’histoire du mouvement communiste, des débats importants ont fait intervenir le terme "socialimpérialisme".

Après le développement initial des rapports de production capitalistes, au détriment des empires féodaux, a eu lieu la transformation du capitalisme concurrentiel en capitalisme monopoliste. Le mouvement communiste international a subi alors l’influence antimarxiste du révisionnisme. Dans ce contexte, le terme "socialimpérialisme" vise les orientations révisionnistes telles qu’elles se manifestaient en rapport avec les questions du nationalisme, de la concurrence interimpérialiste et des luttes de libération nationale dans les colonies.

Lénine, La faillite de la II° Internationale (mai 1915)[25] :

L’opportunisme consiste à sacrifier les intérêts fondamentaux de la masse des hommes aux intérêts temporaires d’une infime minorité d’entre eux, ou, en d’autres termes, l’alliance d’une partie des ouvriers avec la bourgeoisie contre la masse du prolétariat. […] La guerre impérialiste est le prolongement direct et le couronnement de cet état de choses, car c’est une guerre pour les privilèges des nations impérialistes, pour un nouveau partage entre elles des colonies, pour leur domination sur les autres nations. Sauvegarder et consolider leur situation privilégiée de "couche supérieure", de petite bourgeoisie ou d’aristocratie (et de bureaucratie) de la classe ouvrière, tel est le prolongement naturel en temps de guerre des espoirs opportunistes petits-bourgeois et de la tactique correspondante, telle est la base économique du social-impérialisme d’aujourd’hui.

Lénine, Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes (juillet 1916)[26] :

Et maintenant les social-impérialistes avérés du genre de Lensch [député du SPD à partir de 1913, il fut exclu du parti en 1922], se dressent ouvertement aussi bien contre l’autodétermination que contre le rejet des annexions. Quant aux kautskistes, ils reconnaissent hypocritement l’autodétermination : c’est la voie suivie chez nous, en Russie, par Trotsky et Martov. En paroles, ils sont tous les deux pour l’autodétermination, comme Kautsky. Mais en fait? En ce qui concerne Trotsky, si vous prenez ses articles : "La nation et l’économie", dans Naché Slovo [quotidien russe, édité à Paris et dirigé par Trotsky et Martov] vous y retrouverez son éclectisme habituel : d’une part, l’économie fusionne les nations, d’autre part, l’oppression nationale les désunit. Conclusion? La conclusion, c’est que l’hypocrisie continue à régner impunément, que l’agitation reste sans vie, car elle ne touche pas au fondamental, au principal, à l’essentiel, à ce qui débouche sur la pratique l’attitude à l’égard d’une nation opprimée par "la mienne".

Lénine, Les tâches de la 3e Internationale – Ramsay Macdonald et la 3e Internationale (juillet 1919)[27] :

"Impérialisme fabien" [Fabian society, un mouvement créé en Grande Bretagne en 1884, et qui a participé à la fondation du Labour Party en 1900] et "social-impérialisme" sont une seule et même chose : socialisme en paroles, impérialisme dans les faits, transformation de l’opportunisme en impérialisme. […] L’opportunisme ou le réformisme devait inévitablement se transformer en impérialisme socialiste ou social-chauvinisme, de portée historique mondiale, car l’impérialisme a promu une poignée de nations avancées richissimes qui pillent le monde entier, et par là même a permis à la bourgeoisie de ces pays d’acheter avec son surprofit de monopole (l’impérialisme, c’est le capitalisme monopoliste) leur aristocratie ouvrière.

Programme de l’Internationale communiste (adopté le 1er septembre 1928)[28] :

La guerre de 19141918 fut accompagnée de la honteuse faillite de la 2e Internationale social-démocrate. En contradiction absolue avec la thèse du Manifeste du Parti communiste de Marx et d’Engels, qui affirme que les prolétaires n’ont pas de patrie en régime capitaliste, en contradiction absolue avec les résolutions adoptées contre la guerre par les congrès socialistes internationaux de Stuttgart et de Bâle, les chefs des Partis social-démocrates nationaux, à quelques exceptions près, votèrent les crédits de guerre, se prononcèrent résolument pour la "défense nationale" de leurs "patries" impérialistes (c’estàdire des États de la bourgeoisie impérialiste) et, au lieu de s’opposer à la guerre impérialiste, devinrent ses fidèles soldats, ses propagandistes et ses thuriféraires (le social-patriotisme se transformait ainsi, par voie de croissance, en social-impérialisme).

La contrerévolution khrouchtchévienne a suscité, de la part du mouvement communiste international, des condamnations qui faisaient intervenir le terme "socialimpérialisme". Les critiques formulées dans un premier temps par le Parti communiste chinois (PCC) et aussi par le Parti du travail d’Albanie (PTA) ciblaient le Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS), mais ultérieurement le PCC lui-même adoptait une orientation de conciliation avec l’impérialisme. La particularité de la signification du terme "socialimpérialisme" provenait toujours du lien avec le révisionnisme.

Dans un article du  23 aout 1968, au lendemain de l’invasion de Prague par les troupes du Pacte de Varsovie, le Renmin Ribao (organe du PCC) écrit[29] : "Il y a longtemps déjà que la clique renégate des révisionnistes soviétiques est tombée dans le socialimpérialisme."

En avril 1971, le PTA publie un article au sujet du 14e Congrès du PCUS[30] :

Comme on s’y attendait, les révisionnistes soviétiques, à leur 24e Congrès, n’ont pas ménagé les déclarations et les critiques contre l’impérialisme. À les en croire, il semble que la direction soviétique s’oppose par tous les moyens à la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme, l’impérialisme américain en tête. L’"anti-impérialisme" des révisionnistes soviétiques a été et demeure un slogan vide de sens et démagogique, destiné à tromper les peuples et à torpiller leur lutte. Il y a longtemps que l’Union soviétique n’est plus une puissance révolutionnaire et anti-impérialiste. Non seulement elle ne mène pour sa part aucune lutte véritable contre l’impérialisme, mais elle sabote tout mouvement révolutionnaire et de libération nationale. […]

C’est la ligne et la nature du révisionnisme qui conditionnent les attitudes et les actions pro-impérialistes et contre-révolutionnaires de la direction soviétique. Tout véritable mouvement révolutionnaire et de libération, quel que soit le pays où il éclatera, sera en contradiction ouverte avec les révisionnistes soviétiques. […] Objectivement elle est donc obligée d’étouffer la révolution dans l’oeuf ou de la réprimer lorsqu’elle éclate. La trahison à l’égard du marxisme-léninisme et de la révolution a pris les révisionnistes à la gorge et les empêche de manoeuvrer. Elle les contraint à se faire les sapeurs-pompiers de la révolution.

Dans l’ouvrage "L’impérialisme et la révolution", Enver Hoxha analyse l’orientation du PCUS[31] :

À peine se furent-ils emparés du pouvoir en Union soviétique, les khrouchtchéviens se fixèrent pour principal objectif de détruire la dictature du prolétariat, de restaurer le capitalisme et de faire de 1’Union soviétique une superpuissance impérialiste. […]

Devenue un pays révisionniste, un État social-impérialiste, 1’Union soviétique édifia sa propre stratégie et sa propre tactique. Les khrouchtchéviens mirent au point une politique qui leur permit de masquer toute leur activité à l’aide d’une phraséologie léniniste. Ils élaborèrent leur idéologie révisionniste de façon à la faire passer aux yeux du prolétariat et des peuples pour un "marxisme- léninisme de 1’époque nouvelle", de façon à dire aux communistes, à 1’intérieur comme à 1’extérieur du pays, qu’"en Union soviétique se poursuivait la révolution dans les nouvelles conditions politiques, idéologiques et économiques de 1’évolution mondiale" et que non seulement cette révolution s’y poursuivait, mais que ce pays en était soi-disant à la phase de 1’édification d’une société communiste sans classes, où le parti et 1’Etat étaient en passe de s’éteindre. […]

À leur avènement au pouvoir, les khrouchtchéviens préparèrent aussi la plate-forme de leur politique extérieure. Tout comme 1’impérialisme américain, le social-impérialisme soviétique a fondé sa politique extérieure sur 1’expansion et 1’hégémonisme, à travers la course aux armements, les pressions et les chantages, 1’agression militaire, économique et idéologique. Cette politique visait à établir la domination social-impérialiste dans le monde entier.

Finalement, au bout de la période mouvementé de la révolution culturelle et de ses séquelles, le PCC se range lui-même ouvertement du côté du socialimpérialisme. Seul le PTA maintenait les orientations marxistes-léninistes. En 1977 le PTA critique la "théorie des trois mondes". Désormais la Chine également est caractérisée comme socialimpérialiste.

Toujours dans l’ouvrage "L’impérialisme et la révolution", Enver Hoxha analyse également l’orientation du PCC[32] :

Le cours des évènements et les faits témoignent de plus en plus clairement que la Chine s’enfonce chaque jour davantage dans le révisionnisme, le capitalisme et 1’impérialisme. Dans cette voie, elle s’emploie à mener à bien une série de tâches stratégiques, à l’échelle nationale et internationale.

À partir des années 1990, la nature capitaliste du régime en Russie se présente sans aucun maquillage propagandiste, la qualification de révisionniste est devenue obsolète. Désormais la Russie est un pays capitaliste impérialiste, un point c’est tout.

Dans le numéro 31 de La Voix des Communistes, figure un article intitulé "La guerre en Ukraine et les communistes", qui a pour sujet l’influence du révisionnisme et du nationalisme sur le mouvement communiste, en examinant le cas de la Russie[33].

Concernant la période de 1956 à 1991, il constate :

Après le 20e congrès du PCUS l’orientation de ce parti opère un violent tournant à droite tant sur le plan économique que politique. À travers un certain nombre de revirements cette politique révisionniste a pour caractéristique principale de dénaturer les liens d’intérêts précédemment énoncée. À partir de ce moment-là chaque lutte, révolution, guerre ou même élection où les alliés de la Russie sont présents (y compris s’ils n’ont rien de communiste) est soutenue dans la mesure où elle renforce la position ou sert les intérêts de l’URSS face aux USA, non plus en tant que dirigeant du camp capitaliste mais en tant que principale puissance concurrente. […] C’est cette phase et ce renversement qui voient naitre le social-impérialisme comme un reniement du socialisme au profit du capitalisme monopoliste d’État en matière économique; un reniement de l’internationalisme prolétarien au profit de "l’intérêt national", du nationalisme "de gauche".

Les épisodes qui témoignent des agissements de la Russie au niveau international à cette époque sont multiples.

Dans le domaine politique :

– en Afghanistan[34];

– en Afrique (Angola, Mozambique, Éthiopie, Somalie)[35];

– en Angola en particulier, avec l’intervention de soldats cubains[36].

Dans le domaine économique :

– en Europe de l’’Est, avec le Conseil d’aide économique mutuelle (Comecon, ou CAEM)[37];

– à Cuba (qui a été membre du Comecon et subissait une dépendance entre autre en rapport avec la culture de la canne à sucre)[38];

– en Angola, présence dans l’industrie diamantaire angolaise depuis le début des années 1980

(voir l’article "Quelques groups monopolistiques russes", p. 44‑51).

Combattre la propagande mensongère, une nécessité impérieuse

C’est en permanence que les luttes de la classe ouvrière et des peuples dominés par l’impérialisme, pour avancer vers la victoire, doivent être guidées par une conscience claire des circonstances dans lesquelles elles se déroulent ‑ conscience qui doit porter autant sur l’aspect théorique que sur l’aspect pratique. Les combats se mènent par divers moyens, dont les armes, mais aussi la compréhension concernant l’identification de l’ennemi et de ses objectifs.

Le cas de la guerre en cours sur le territoire de l’Ukraine constitue une actualité immédiate, c’est pourquoi nous accordons de l’importance aux analyses exposées dans le présent article.

 



[1]https://www.opex360.com/2022/10/01/le-capitaine-ibrahim-traore-prend-le-pouvoir-au-burkina-faso-apres-un-deuxieme-putsch-en-huit-mois/

[2]https://www.agenceecofin.com/actualites/1204-117821-lutte-anti-terroriste-des-instructeurs-et-des-equipements-militaires-russes-sont-arrives-au-niger

[3]https://www.courrierinternational.com/article/sahel-coup-d-etat-au-niger-washington-adoube-les-nouvelles-autorites

https://www.jeuneafrique.com/1558185/politique/au-niger-la-junte-accueille-les-russes-fait-pression-sur-les-americains/

https://www.agenceecofin.com/actualites/0605-118423-niger-la-russie-envoie-un-deuxieme-contingent-d-instructeurs-et-de-nouveaux-equipements-militaires

[4]https://urpanaf.org/qui-sommes-nous/

[5]https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230403-le-militant-panafricaniste-kemi-seba-répond-à-une-enquête-journalistique-sur-ses-liens-avec-wagner

[6]https://www.lemonde.fr/international/article/2022/08/25/alexandre-douguine-inspiration-ideologique-de-l-extreme-droite-francaise-prorusse_6138943_3210.html

[7]http://nbf.org.ru/ideo/met

[8]https://www.senenews.com/actualites/societe/russie-kemi-seba-recu-par-alexandre-douguine-lideologue-de-vladimir-poutine_213066.html

[9]https://www.geopolitika.ru/fr/article/alexandre-douguine-kemi-seba-espoir-africain-dun-monde-multipolaire

[10]https://www.facebook.com/CongoMorning/videos/la-position-de-kemi-seba-sur-le-conflit-entre-lukraine-et-la-russie-ainsi-que-su/325817612684186/

[11]https://www.lexpress.fr/monde/a-bangui-on-remercie-les-russes-d-avoir-sauve-la-centrafrique_2168617.html

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20220305-guerre-en-ukraine-à-bangui-manifestation-de-soutien-à-la-russie

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/06/08/comment-la-centrafrique-est-devenue-le-laboratoire-de-la-propagande-russe-en-afrique_6129431_3212.html

https://actucameroun.com/2022/03/06/crise-en-ukraine-manifestation-de-soutien-a-la-russie-en-rca/

https://www.bbc.com/news/world-africa-68322230

https://www.bbc.com/afrique/articles/c8750xp0d1zo

[12]https://t.me/Agdchan/11201

[13]https://www.aib.media/kemi-seba-appelle-le-benin-et-le-niger-a-la-paix/

[14]https://www.facebook.com/Nigercnsp/posts/pfbid038P9FZX7oiduYGmGpibv7bzMfA2GMz4Nnm1ige3yLET2je5wUPAuAfrhCMv7i462pl

[15]https://francais.rt.com/afrique/112850-dechu-nationalite-francaise-kemi-seba

[16]https://rocml.org/imcwp-22e-2022-10-27-29-usa-otan/

[17]https://rocml.org/imcwp-wap-2022-2023-discours-sku/

[18]. En France, la notion de "solidarisme" est associée à des idées formulées par Léon Bourgeois à partir de 1896 (il a été ministre du Travail en 1912). Dans le contexte de la Russie, il s’agit des positions incarnées en particulier par des émigrés hostiles au pouvoir soviétique, voyant favorablement la doctrine du régime national-socialiste en Allemagne et celui du fascisme en Italie. Sous cet angle, la notion de solidarisme est à rapprocher à celle de corporatisme préconisée en particulier par Benito Mussolini.

[19]. Ivan Ilyin (1883-1954), philosophe.

Né à Moscou, décédé en exil en Suisse en 1954. Il était le principal idéologue du Mouvement blanc anticommuniste russe dont les fidèles ont émigré hors de Russie à la suite de la révolution bolchévique. Ilyin s’est opposé au bolchévisme et a plaidé pour une forme d’autoritarisme chrétien similaire à celui du régime de Francisco Franco en Espagne. Ilyin estimait que la Russie avait le devoir de préserver son autocratie traditionnelle et de résister au libéralisme occidental.

[20]. Ivan Chmelyov (1873-1950), écrivain.

Né à Moscou, il voit favorablement la révolution de février 1917mais rejette celle d’Octobre. En 1918 il s’installe en Crimée, occupée à l’époque par les troupes contrerévolutionnaires. Après la reprise du territoire par les Bolcheviks, Chmelyov part en exil à Berlin en 1922 et s’installe en France en janvier 1923.

Sous l’occupation de la France par l’Allemagne, il a collaboré avec le journal russe pro-hitlérien Le Courrier de Paris (Парижский вестник).

Il a activement soutenu l’attaque de l’Allemagne nazie contre l’URSS. Voici un extrait d’une lettre de Chmelyov datée du 30 juin 1941, Paris :

"Je suis tellement illuminé par l’évènement du 22 juin, par le grand exploit du Chevalier qui a levé son épée contre le Diable. Je crois fermement que des liens de fraternité solides uniront désormais les deux grandes nations. Une grande souffrance purifie et élève. Seigneur, comme mon coeur bat d’une joie indescriptible."

https://beloedelo.com/researches/article?24

https://www.cimetiere-russe.org/fr/ivan-chmelev-1665

[21]. Dans un discours prononcé le 21 février 2022, Poutine présente sa vision concernant l’existence de l’Ukraine comme État indépendant incluant le Donbass : "À la suite de la politique bolchévique est née l’Ukraine soviétique, que l’on peut encore aujourd’hui à juste titre appeler l’Ukraine de Vladimir Ilitch Lénine. Il en est l’auteur et l’architecte." Évoquant le fait que dans le période récente en Ukraine les autorités procèdent à détruire les monuments de Lénine, Poutine poursuit : "Ils appellent cela la décommunisation. Voulez-vous la décommunisation? Eh bien, nous en sommes très satisfaits. Mais il n’est pas nécessaire, comme on dit, de s’arrêter à mi-chemin. Nous sommes prêts à vous montrer ce que signifie une véritable décommunisation pour l’Ukraine."

https://www.interfax-russia.ru/rossiya-i-mir/putin-zayavlyaet-o-gotovnosti-pokazat-chto-znachit-dlya-ukrainy-nastoyashchaya-kommunizaciya

[22]. L’affirmation est exacte en supposant qu’elle se réfère au statut de l’Ukraine en tant qu’État constitué dans des frontières établies.

[23]https://lepcf.fr/Mali-Burkina-Niger-et-Senegal-des-experiences-souverainistes-complementaires

[24]https://www.thomassankara.net/thomas-sankara-lofficier-politique/

[25]https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/05/19150500h.htm

[26]https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/07/19160700l.htm

[27]https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/07/vil19190714ti.htm

[28]http://321ignition.free.fr/pag/fr/lin/pag_003/1928_09_01_IC_VI_Programme.htm

[29]Pékin Information, no 34, 1969, p. 9.

[30]. "Congrès de la restauration du capitalisme, congrès du social-impérialisme", Zéri i popullit, 17 avril 1971.

[31]https://rocml.org/wp-content/uploads/2024/07/Hoxha_L-imperialisme-et-la-revolution.pdf

p. 10‑12.

[32]idem, p 12‑16.

[33]https://rocml.org/wp-content/uploads/2023/08/VdC_2023-09_31.pdf

https://rocml.org/vdc-2023-09-no-31-p-25-33/

[34]. Voir par exemple:

https://www.irsem.fr/data/files/irsem/documents/document/file/2109/25_decembre_1979_deploiement_soviets_kaboul.pdf

[35]. Voir par exemple:

https://www.repository.utl.pt/bitstream/10400.5/9676/1/ee-ccv-1986.pdf

[36]. Voir par exemple:

https://www.cairn.info/revue-mondes-2018-1-page-175.htm

[37]. Voir par exemple:

https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2011-1-page-45.htm

[38]. Voir par exemple:

https://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2007_num_94_354_4251