Contacts de médiation entre les groupes de résistance palestiniens
juin-juillet 2024

Du 20 au 22 juillet 2024 s’est tenue à Pékin une réunion incluant tous les groupes palestiniens dans le cadre des efforts déployés pour mettre fin aux divisions internes, précédée d’une réunion entre le Hamas et le Fatah.

Ci-après quelques informations publiées à cette occasion. (Traductions de l’anglais.)

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Les factions palestiniennes conviennent de parvenir à une unité nationale globale[1]
Le 23 juillet 2024 à 8h40

Les factions palestiniennes ont annoncé hier leur accord pour parvenir à une unité nationale globale incluant toutes les forces au sein de l’OLP, et pour former un gouvernement de consensus national intérimaire.

Ces déclarations figurent dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion entre 14 factions palestiniennes à Pékin, la capitale chinoise, à l’invitation officielle de la Chine.

Le Fatah, le Hamas, le Jihad islamique, le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), le Parti du peuple palestinien (PPP), le Front de lutte populaire palestinien (FPLP) et l’Initiative nationale palestinienne (PNI) figuraient parmi les parties prenantes aux négociations.

Le Front populaire de libération de la Palestine – Commandement général (FPLP-CG), l’Union démocratique palestinienne (FIDA), le Front de libération de la Palestine, le Front de libération arabe, le Front arabe palestinien et les Forces de la Foudre[2] ont également participé à la réunion.

Les factions ont déclaré dans un communiqué : "Lors de leurs réunions en Chine, les factions nationales ont convenu de parvenir à une unité nationale palestinienne globale incluant toutes les forces et factions palestiniennes au sein de l’OLP, et de s’engager à établir un État palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale, conformément aux résolutions de l’ONU, et à garantir le droit au retour conformément à la résolution 194."

"Sur la base de l’Accord national signé au Caire le 4 mai 2011 et de la Déclaration d’Algérie signée le 12 octobre 2022, les factions ont décidé de poursuivre la mise en oeuvre des accords visant à mettre fin à la division avec l’aide de l’Égypte, de l’Algérie, de la Chine et de la Russie", ont-elles ajouté.

Dans le communiqué, les factions ont défini quatre clauses relatives à la mise en oeuvre des accords visant à mettre fin à la division, la première étant l’engagement à établir un État palestinien indépendant. La seconde stipule "le droit du peuple palestinien à résister à l’occupation et à y mettre fin conformément au droit international et à la Charte des Nations Unies, ainsi que le droit du peuple à l’autodétermination et à lutter pour y parvenir par tous les moyens disponibles".

La troisième clause repose sur la "formation d’un gouvernement intérimaire de consensus national […] afin que le gouvernement ainsi formé exerce ses pouvoirs et son autorité sur l’ensemble des territoires palestiniens, confirmant ainsi l’unité de la Cisjordanie, de Jérusalem et de la bande de Gaza", selon le communiqué.

"Le gouvernement entreprendra l’unification de toutes les institutions sur l’ensemble des territoires de l’État palestinien et entamera la reconstruction de la bande de Gaza en vue de la tenue d’élections générales sous la supervision de la Commission électorale centrale palestinienne, dans les meilleurs délais et conformément à la loi électorale approuvée", poursuit le communiqué.

La quatrième clause stipule qu’afin d’approfondir le partenariat politique dans la prise de responsabilité nationale et de développer les institutions de l’OLP, l’accord a confirmé la nécessité d’activer et de normaliser le cadre de direction temporaire unifié pour le partenariat dans la prise de décision politique, conformément aux dispositions du document de réconciliation signé le 4 mai 2011. Ceci jusqu’à la mise en oeuvre des mesures concrètes pour la formation du nouveau Conseil national, conformément à la loi électorale approuvée.

Dans ce contexte, les factions à Pékin ont convenu de "résister et de contrecarrer les tentatives de déplacement des Palestiniens de leurs terres […], et de souligner l’illégalité des colonies et de leur expansion, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations Unies, ainsi qu’à l’avis consultatif de la Cour internationale de justice".

Ils ont également convenu de "travailler à la levée du siège barbare de Gaza et de la Cisjordanie, et de souligner l’importance de fournir une aide humanitaire et médicale sans restrictions ni conditions", ainsi que de "soutenir les familles des martyrs, des blessés et de tous ceux qui ont perdu leurs maisons et leurs biens".

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Le Hamas et le Fatah s’entretiennent en Chine[3]
22 juillet 2024 à 1:45 pm

Le Hamas et le Fatah organisent trois jours de discussions dans la capitale chinoise, Pékin, pour discuter de la réconciliation intra-palestinienne.

 "La Chine accueille une réunion à laquelle participent tous les groupes palestiniens dans le cadre des efforts déployés pour mettre fin à la division interne, et qui sera précédée d’une réunion entre les groupes du Hamas et du Fatah", a déclaré Abdel Fattah Dawla, l’un des principaux dirigeants du Fatah.

Les réunions commencent le 20 juillet et doivent se terminer aujourd’hui.

 "Nous, au sein du mouvement du Fatah, sommes prêts à résoudre et à démanteler tous les obstacles à la réconciliation dans les conditions difficiles que traverse la cause palestinienne avec la guerre génocidaire contre Gaza", a ajouté M. Dawla.

Pour sa part, Azzam Al-Ahmad, membre du comité central du Fatah, a souligné que son mouvement participerait à la réunion de Pékin avec une ouverture d’esprit visant à mettre fin à l’état de division.

Le groupe Hamas n’a pas encore commenté la réunion.

À Pékin, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré la semaine dernière que la Chine avait "toujours soutenu les factions palestiniennes dans leurs efforts de réconciliation et d’unité par le dialogue et la consultation".

En avril, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que des représentants du Fatah et du Hamas avaient tenu à Pékin des "consultations sur l’avancement de la réconciliation intra-palestinienne et sur un dialogue approfondi et franc".

Avant les pourparlers de Pékin en avril, les deux groupes se sont également entretenus à Moscou en février.

Des cycles de négociations similaires ont eu lieu ces dernières années en Turquie, en Algérie et en Égypte, mais tous n’ont pas permis de faire avancer le dossier de la réconciliation palestinienne.

Les territoires palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza sont politiquement divisés depuis juin 2007 en raison de désaccords profonds entre les mouvements Fatah et Hamas.

Le Hamas a remporté la majorité lors des élections législatives de 2006. Depuis, il gouverne la bande de Gaza et le Fatah la Cisjordanie.

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Le Hamas et le Fatah affirment tous deux leur attachement à la médiation de la Chine en vue d’une réconciliation [4]
Le 25 juin 2024 à 9h52

Les mouvements Hamas et Fatah ont tous deux déclaré lundi qu’ils s’engageaient à assurer le succès de la médiation de la Chine pour parvenir à la réconciliation palestinienne. Ces commentaires distincts font suite à un échange d’accusations entre les deux mouvements, chacun affirmant que l’autre tente d’entraver l’accord de dialogue national élargi, qui devait se tenir hier à Pékin.

"Nous avons répondu à l’appel de nos amis chinois concernant la réalisation de l’unité nationale palestinienne, et nous nous y sommes engagés avec beaucoup de positivité et de responsabilité", a déclaré Hossam Badran, chef du bureau des relations nationales du Hamas. "Les étapes de cet appel étaient claires dès le départ : la première réunion était bilatérale entre le Hamas et le Fatah, ce qui a eu lieu en avril, suivie d’une réunion élargie incluant les factions palestiniennes, qui devait avoir lieu [lundi].

Il a souligné qu’alors que les délégations se préparaient à partir, le président de l’Autorité palestinienne [Mahmoud Abbas, qui est également le chef du Fatah] a contacté les Chinois et les a informés qu’ils refusaient de participer à la réunion élargie. "Il n’a fourni aucune justification logique à cela", a affirmé M. Badran.

Le responsable du Hamas a exprimé son "regret" face à cette position. Il s’agit d’une obstruction à l’obtention d’un consensus national à un moment sensible et critique que vit notre peuple, et à la lumière de la bataille du déluge d’Al-Aqsa [qui a commencé le 7 octobre], au cours de laquelle notre peuple présente une image idéale".

Le Hamas, a-t-il souligné, insiste sur l’importance de la tenue de la réunion nationale élargie. "Tout le monde a le droit de participer aux discussions sur les mécanismes permettant de remettre de l’ordre dans la maison palestinienne. Perturber la réunion élargie de Pékin est injustifié et inacceptable, et ne sert pas l’intérêt supérieur du peuple palestinien."

Parallèlement, selon l’agence de presse palestinienne officielle Wafa, le Fatah a exprimé sa "grande satisfaction" pour les efforts chinois visant à accueillir le dialogue national entre les mouvements du Fatah et du Hamas en République de Chine. "Le Fatah veut s’assurer du succès des efforts chinois, a déclaré le mouvement. "Nous tenons le Hamas pour responsable de l’échec de tous les dialogues précédents.

En ce qui concerne la nouvelle selon laquelle Abbas aurait décliné l’invitation à se rendre à Pékin, le Fatah a réaffirmé qu’il restait "engagé" à s’asseoir à la table du dialogue national en Chine. "Nous nous efforçons d’achever tous les préparatifs afin de créer un climat propice au succès de la médiation chinoise, qui est appréciée et respectée par nos dirigeants et notre peuple.

Fin avril, la porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que les factions palestiniennes s’étaient rencontrées à Pékin sous la médiation chinoise, sans préciser la date des réunions. Elle a expliqué que les parties palestiniennes ont tenu "un dialogue approfondi et sincère et ont exprimé leur volonté de parvenir à un consensus politique par le dialogue et la consultation". Des "progrès encourageants ont été réalisés sur de nombreuses questions", ainsi qu’un accord pour "poursuivre le dialogue afin d’assurer la réalisation de l’unité palestinienne dès que possible".

La rencontre Hamas-Fatah à Pékin fait suite à une réunion similaire à Moscou en février.

L’arène palestinienne souffre d’une division politique et géographique depuis 2006, lorsque le Hamas a remporté les élections législatives et formé le gouvernement. Le Fatah, ainsi qu’Israël, les États-Unis et la plupart des États européens, ont refusé d’accepter le résultat de l’élection, qui avait été déclarée "libre et équitable" par les observateurs étrangers. Abbas a continué à diriger l’AP basée à Ramallah, tandis que le Hamas a dirigé les institutions de l’autorité dans la bande de Gaza, même si le Fatah a ordonné aux fonctionnaires de l’enclave de rester chez eux avec leur plein salaire et de refuser de travailler dans l’administration dirigée par le Hamas.

 



[1]https://www.middleeastmonitor.com/20240723-palestinian-factions-agree-to-reach-comprehensive-national-unity/

[2]. Dans l’original "Thunderbolt Forces". Il s’agit du groupe Al-Saïka (ce qui signifie "foudre"), présent au Liban.

[3]https://www.middleeastmonitor.com/20240722-hamas-fatah-holding-talks-in-china/

[4]https://www.middleeastmonitor.com/20240625-hamas-and-fatah-both-claim-commitment-to-chinas-mediation-for-reconciliation/