Pour maitriser la dérive climatique il faut changer de société
Ce mois de décembre, la France a accueilli la conférence sur le climat de l’ONU (COP21). Cette conférence a été précédée d’une intense campagne médiatique et idéologique. Les dirigeants politiques et les classes dirigeantes ne peuvent plus gouverner sans tenir compte de l’inquiétude grandissante qui affecte de larges couches et classes de la société concernant les dérèglements écologiques à l’échelle de la planète qui mettent en danger l’existence même de l’humanité à plus ou moins long terme. Ils ne cachent plus la gravité du problème et même savent se montrer alarmistes. Nous serions dans le même bateau, tous responsables, nous devrions tous faire des efforts, prendre des mesures au niveau de chaque individu, oublier la lutte de classe, la lutte des travailleurs contre les remises en cause de leur conditions de vie et de travail, car il y aurait plus grave à régler…
Au cours des dernières décennies se sont organisées de nouvelles forces politiques, les "verts", mettant la défense de l’environnement comme prioritaire, reléguant au second plan les problèmes sociaux. Mais dans les pays où ils ont participé au pouvoir, en particulier en France et en Allemagne, respectueux de l’ordre établi, leur influence a été quasi nulle sur les questions environnementales. Certains écologistes "plus radicaux" désignent clairement le capitalisme comme étant à l’origine des dérèglements environnementaux. Mais ils ne vont pas jusqu’au bout de leur raisonnement, ils n’envisagent pas la seule solution possible : abattre ce système économique qui entraine l’humanité dans la barbarie sur tous les plans. Leur propositions morales, sont inapplicables, inacceptables pour le capital, ou alors le capitalisme n’est plus le capitalisme!
Le mode de production capitaliste porte fondamentalement en lui (dans son ADN pourrait‑t‑on dire) les causes de la destruction du milieu naturel qui abrite l’humanité. Dans sa quête sans trêve de son auto-expansion pour toujours plus de profits, le capital, aiguillonné par la concurrence, pour le contrôle des marchés doit produire toujours plus à grande échelle, donc gaspiller d’énormes quantités de ressources naturelles, polluer les sols, les océans et l’atmosphère. Et avec comme autre conséquence inévitable de jeter dans la pauvreté de plus en plus d’êtres humains.
C’est pour tenter de résoudre la quadrature du cercle : sauver le capitalisme tout en préservant l’environnement que les dirigeants de la planète se réunissent régulièrement en conférences internationales. La COP21 est la dernière en date mais ne sera surement pas la dernière. Pour les dirigeants de la planète qui se sont réunis à Paris il s’agit en fait de trouver un accord qui ne remette pas en cause le capitalisme.
Le rêve d’un "capitalisme vert" hante les grands de ce monde. Ils seront inventifs à trouver une solution pour utiliser "l’écologie" à des fins mercantiles, pour faire de l’argent. Rappelons l’accord de Kyoto qui visait à la réduction de 5 % de la concentration de gaz à effet de serre en 2012, or depuis 1990 année de référence de l’accord il a augmenté de 45 % selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Et il ne pouvait en être autrement car le mécanisme de taxe carbone mis en place permet aux monopoles et aux pays pollueurs d’acheter sur le marché le droit à polluer. Ainsi, la spéculation sur ce marché de la taxe carbone peut rapporter des milliards de dollars. Ce principe du commerce d’émissions permet de produire plus de CO2 dans sa propre entreprise en rachetant des droits d’émissions à une autre entreprise ou encore en mettant en place un "projet écologique" dans les pays sous-développés. L’auteure du livre "Le mythe de l’économie verte"[1] cite l’exemple de la société Camco[2], spécialisée dans la production de biogaz à partir des déchets de plantations de palmiers en Asie du Sud‑Est ‑ plantations entre autre responsables d’une déforestation énorme ‑ "qui a obtenu tellement de droits d’émission qu’elle les revend en bourse en engrangeant ainsi de très gros bénéfices".
La course aux profits implique l’augmentation de la productivité qui conduit à produire toujours plus et donc à utiliser sans limite toutes les ressources humaines et de la nature. Le capitalisme ne peut exister que par la destruction systématique de l’environnement.
Faut-il se résigner à ce que le capitalisme décadent entraine l’humanité dans une course accélérée vers sa fin?
Ce sont les ouvriers, les prolétaires qui détiennent la solution. Seuls les travailleurs, à cause de leur position économique spécifique au sein du capitalisme, ont le pouvoir de changer le monde. Dans le contexte du changement climatique, ce sont seulement eux qui, en s’engageant dans leur lutte pour un monde nouveau, socialiste, débarrassé de la course au profit, ont le pouvoir de sauver notre planète et notre avenir. Les communistes mettent toute leur énergie pour que le socialisme s’impose sur la planète avant que l’irréversible se produise, la destruction de l’humanité.
[1]. Anneleen Kenis : De mythe van de groene économie; 2012, éditions EPA, en néerlandais.
[2]. En 1989 avait été fondé au Kenya le groupe Camco (l’acronyme est dérivé de "carbon management"). En 2015 le groupe s’est divisé en deux branches, dont l’une est Camco Management Limited, basée à Londres. En 2017 le capital de cette dernière a été acquis par le management.