Déclaration commune
sur les élections présidentielles
Aux travailleurs qui subissent les conséquences de la crise du système capitaliste, aux syndicalistes qui se sont battus contre la loi El Khomri, à tous les communistes qui aspirent à une société débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme, à tous les progressistes :
Nous, communistes marxistes-léninistes organisés dans
le Collectif Défense et le Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes,
vous invitons fraternellement à participer à une réunion publique sur le thème :
Les élections présidentielles
Quel enjeu pour les travailleurs ?
Le vendredi 7 avril 2017 à 18h30 – à l’ACTIT, 54 rue d’Hauteville
75010 Paris (Métro Bonne nouvelle ou Château d’eau).
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Les organisations ci-dessus soumettent à votre réflexion la résolution qu’elles ont adoptée.
Résolution
Les élections sont, dans la République bourgeoise, un moyen essentiel pour maintenir les travailleurs sous la domination politique de la classe exploiteuse.
Le régime bourgeois se présente comme un régime démocratique et donne l’illusion aux travailleurs et aux citoyens, quelle que soit leur classe sociale, qu’ils élisent le représentant de leur choix. Le système électoral a été perfectionné au long des années de domination de la bourgeoisie sur la vie politique de la société. Tout est fait pour qu’en définitive seuls des représentants garants du système capitaliste soient en mesure de diriger l’État, garant et organisateur de la domination politique et économique de la classe bourgeoise. L’élection présidentielle est organisée pour écarter ou marginaliser tout autre candidat : nécessité d’obtenir un certain nombre de signatures d’élus déjà en place, discrimination par l’argent, difficultés d’obtenir des salles de réunions, contrôle des médias etc. Les travailleurs sont ainsi appelés à "décider périodiquement, pour un certain nombre d’années, quel membre de la classe dirigeante foulera aux pieds, écrasera le peuple au Parlement, telle est l’essence véritable du parlementarisme bourgeois, non seulement dans les monarchies constitutionnelles parlementaires, mais encore dans les républiques les plus démocratiques[1]." L’État est le garant et l’organisateur de la domination politique, économique et idéologique de la classe dominante.
Des candidats au service du capital
L’élection présidentielle de 2017 voit s’affronter une multitude de candidats au poste de premier représentant de la bourgeoisie monopoliste au pouvoir. La classe possédante et exploiteuse, qui dirige l’État, a besoin d’un Exécutif capable de mener à leur terme les contreréformes engagées par les gouvernements successifs, qu’ils soient de "gauche" ou de "droite", (destruction du Code du Travail, privatisation-liquidation des services publics, démantèlement de la Sécurité Sociale, restriction des libertés démocratiques…), d’organiser la société au bénéfice exclusif du capital et de ses représentants. La politique du gouvernement PS a prolongé celle de Sarkozy au service du capital.
Les candidats du capital veulent tous restaurer la compétitivité (c’est à dire le profit) des entreprises sur le marché mondial, faire baisser le "cout du travail" et les dépenses publiques. Fillon, qui avait emporté la primaire à droite, avait les préférences du Medef, mais sa campagne est décrédibilisée suite aux révélations sur les rémunérations scandaleuses de son entourage qui contrastent avec le programme d’austérité qu’il réservait aux travailleurs. La bourgeoisie mise donc sur Macron qui annonce 60 milliards d’économies qui porteront bien sûr essentiellement sur les dépenses sociales, les salaires, les services publics: allègement des cotisations salariales pour la branche maladie et chômage, compensées par l’augmentation de la CSG d’1,75 point, ce qui revient à faire payer par les travailleurs (via l’impôt que constitue la CSG) la partie indirecte du salaire qu’il prétend leur rendre, transformation du CICE en allègement durable des "charges"… La dérèglementation du travail, façon El Khomri, est bien sûr maintenue, avec la primauté des accords d’entreprise sur la loi, plus de flexibilité… Macron a un large soutien venant de la droite, de l’aile (majoritaire) social-libérale du PS, de Bayrou, d’écologistes… Quant à la fille Le Pen, son programme correspond à un capitalisme national-protectionniste. Sa candidature, son discours démagogique, constituent une diversion face au dégout devant la politique (le "tous pourris") ressenti par la population travailleuse. Son rôle est de servir de repoussoir en faveur des candidats du "système" grâce au fameux "front républicain". La social-démocratie, dont le rôle est d’accompagner les contreréformes avec un discours de gauche sur une soi-disant autre politique possible en faveur du monde du travail, est incarnée par Mélenchon, avec ses propositions keynésiennes, par les soi-disant frondeurs du PS, par Hamon. Leurs programmes n’ont rien de révolutionnaire et ne sont pas de nature à soulager le sort de la majorité de la population. Par exemple, la mesure phare proposée, le revenu universel, qu’il soit porté par Hamon ou tel autre, est une attaque contre les garanties sociales puisqu’il vise à se substituer aux allocations existantes, à encourager l’auto-entrepreneuriat qui laisse le travailleur, soi-disant libre, à la merci de grands monopoles qui lui imposent leurs conditions, et qui a déjà entrainé des milliers de faillites personnelles. C’est une remise en cause du salaire, de la protection sociale. Inscrite dans la durée, cette mesure révèle, de la part de ses partisans, leur acceptation d’un volant permanent de chômage.
La République bourgeoise est une démocratie pour une classe
Le système bourgeois ne pratique point la démocratie populaire. Les électeurs n’ont aucun moyen de destituer un élu s’il ne respecte pas ses promesses sociales. Quand sa domination est en danger, la bourgeoisie n’hésite pas à violer ses propres règles "démocratiques". Des expériences historiques dramatiques nous le rappellent, au Chili d’Allende, en Indonésie en 1965 où une répression sanglante a couté de la vie de plusieurs milliers de communistes. Plus récemment, le diktat de l’Europe sur la Grèce avec la complicité de Syriza sont d’autres exemples de la dictature de la bourgeoisie. Par ailleurs, on se souvient des dernières utilisations du § 49.3 pour passer outre l’opposition d’une majorité de la population. La démocratie ne doit plus se restreindre à un élitisme électoral de classe; c’est pourquoi nous rejetons le présidentialisme qui conforte le crétinisme électoral et parlementaire. Dans tous les pays dits "démocratiques", quand les luttes deviennent une menace pour sa domination, l’État réagit par la répression : chasse aux communistes aux USA en 1930, en France interdiction de certaines organisations révolutionnaires en 1968, aujourd’hui répression dans plusieurs pays de l’UE, en Ukraine, en Turquie,… Nous rejetons aussi la "6e République" prônée par Hamon et Mélenchon qui offrent des institutions nouvelles au capitalisme. Il faut une révolution socialiste, seul moyen pour les travailleurs d’avoir le pouvoir dans une société socialiste dirigée par les organisations du prolétariat, et où l’Assemblée ne peut ni ne doit décider sans celles‑ci.
S’organiser pour lutter
La lutte de classe se mène par de multiples moyens : de la pétition à la grève générale, et, moyen suprême, la révolution qui permet d’arracher le pouvoir à la classe exploiteuse. Nous n’avons aucune illusion sur la possibilité de satisfaire les revendications par la voie parlementaire. Par contre les communistes révolutionnaires n’hésitent pas à utiliser tous les moyens de lutte possibles, y compris la lutte parlementaire, pour renforcer celles des travailleurs. Mais le communiste insiste : la nécessité de conquérir l’indépendance politique du prolétariat est à l’ordre du jour. C’est dans cette esprit que différentes forces communistes entendent agir ensemble et poser les fondements pour que le prolétariat ait son propre parti. Nous agissons pour que la classe ouvrière et les couches populaires comptent sur leurs propres forces et s’organisent politiquement pour mener la lutte pour leur objectif stratégique (arracher le pouvoir à la bourgeoisie) et les objectifs de lutte immédiats comme :
– L’abrogation des lois réactionnaires (lois Rebsamen, Macron, El Khomri…)
– Le droit de vote pour les populations dites immigrées, la protection des réfugiés, la solidarité internationale. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!
– Pour que tous les droits démocratiques et syndicaux qui ont été bafoués soient rétablis. Les militants syndicaux et progressistes poursuivis doivent être relaxés et libérés sans condition! Libération de tous les prisonniers politiques!
– Contre les discriminations et la violence contre la jeunesse des quartiers populaires.
– Pour la retraite à 60 ans pour tous!
– Non aux guerres et aux interventions impérialistes de la France.
Pour s’opposer au racisme, à la xénophobie, au chauvinisme, il faut combattre toutes les politiques protectionnistes, souverainistes, qui nient le caractère impérialiste de la France, qu’elles soient portées par le FN ou tout autre parti. Il faut lutter contre la dépolitisation des travailleurs, pour qu’ils mènent une action politique indépendante de celle de la bourgeoisie. N’oublions pas que tant que le capitalisme ne sera pas renversé, aucune revendication des travailleurs ne peut être acquise définitivement.
Le capitalisme est incapable d’assurer les besoins élémentaires de la population en matière de logement, d’éducation, de santé, de fournir un travail à chacun. Seule une société socialiste, basée sur la propriété collective des grandes entreprises, le pouvoir des travailleurs et de ses alliés, la planification démocratique tenant compte de la préservation de la nature, peut satisfaire les revendications. La Commune de Paris en 1871 et la Révolution d’Octobre 1917, dont on fête cette année le 100e anniversaire, la construction du socialisme en URSS, ont démontré qu’une autre société est possible et nécessite, pour être édifiée, le renversement du capitalisme par la révolution.
Organisons-nous dans un véritable parti communiste !
Vive le socialisme !
À bas le capitalisme !
Contact :
Collectif Défense : Collectifdefense@gmail.com
ROCML : roc.ml@laposte.net