Assez de reculs
Luttons classe contre classe
pour l’abrogation des lois antisociales
LA VOIX DES COMMUNISTES, no 23, avril 2018 – p. 2
L’année 2017 aura vu la disqualification des partis traditionnels qui se partageaient alternativement le pouvoir, les Républicains et le PS. L’alternance gauche droite qui a dominé la vie politique lors des dernières années n’était plus capable de répondre aux attentes économiques et politiques de la bourgeoisie. Les travailleurs et une partie de la petite bourgeoisie se détournaient des représentants politiques de gauche comme de droite. Pour éviter une crise politique qui aurait ébranlé le pouvoir bourgeois, fut mise sur pied une « nouvelle force » censée rénover le pouvoir politique et capable d’appliquer les « réformes » attendues par le capital. Macron a reçu cette mission et a été « démocratiquement » élu et il a engagé son gouvernement à entreprendre au pas de course une série de contre réformes qui touchent directement ou indirectement les travailleurs.
L’unique but de la production capitaliste est de reproduire le capital investi avec une plus-value, un profit. Or le développement du capitalisme dans le monde entier a, ces dernières années, rendu plus difficile pour chaque capital investi la réalisation d’un profit. La division internationale du travail a été bouleversée. La concurrence et les contradictions se sont aggravées entre les états capitalistes et impérialistes, ponctuées par des crises périodiques de surproduction de plus en plus graves. Comment toutes les bourgeoisies du monde pensent-elles pouvoir, dans cette situation, tirer leur épingle du jeu? En exploitant encore plus les travailleurs!
Dans le monde et en Europe, la bourgeoisie française a pris du retard par rapport aux politiques d’austérité et de restructuration des relations capital travail, menées dans les autres pays européens, allemand ou anglais (développement des travaux précaires, contrats à zéro heure en Angleterre ou en Grèce, Espagne, Portugal où les salaires ont baissé jusqu’à 25 %).
La bourgeoisie française ne peut plus désormais reculer pour réduire le prix de la force de travail. Elle doit augmenter par tous les moyens le temps de travail sans accroitre les salaires, diminuer les retraites par l’augmentation des impôts, rogner sur le salaire indirect (les fameuses « charges sociales »), sur les frais de santé et sur l’entretien de la force de travail au chômage qui ne produit plus de plus-value, et cela tout en évitant une explosion sociale. Cela suppose un recours accru à la répression policière et judiciaire dont l’incorporation de mesures propres à l’état d’urgence dans la loi, aux mesures contre l’expression publique bref un renforcement du contrôle de l’État sur la société. S’ajoute à cela l’action impérialiste de la France pour préserver sa zone d’influence en Afrique et dans d’autres parties du monde face aux empiètements des autres impérialismes et qui engloutit d’énormes ressources financières.
Les travailleurs ont tenté de résister à cette offensive de la bourgeoisie, mais la mobilisation syndicale n’a pas été en mesure seule de l’arrêter. Les échecs répétés de la mobilisation contre les attaques du pouvoir au cours des années 2016-2017 ont conduit les travailleurs les plus combattifs à chercher les raisons de cette inefficacité de leurs mobilisations nationales.
Certains mettent en cause les méthodes de lutte, les journées de mobilisation répétées et inefficaces et préconisent la grève générale. En vérité les causes sont plus profondes. Les luttes nationales ne pourront gagner en efficacité que si la classe des exploités se débarrasse de l’influence idéologique et politique du « réformisme de gauche » qui cantonne les luttes à un moyen de pression dans les négociations pour obtenir quelques concessions à la marge des « partenaires sociaux ». La bourgeoisie sait que les centrales syndicales ne déborderont pas de ce cadre.
L’illusion de pouvoir régler les problèmes en tant que partenaires sociaux s’oppose à la claire conscience que patronat et salariés ont des intérêts antagonistes. L’illusion d’un État au-dessus des classes et qui pourrait trouver des solutions en faveur des travailleurs est en opposition à la réalité d’un État au service de la classe bourgeoise. Tout cela freine la prise de conscience de la classe, la solidarité entre les travailleurs, la lutte commune et la construction de leur organisation politique et syndicale indépendamment de la bourgeoisie. La bourgeoisie, même si elle en a de moins en moins les ressources pour le faire, continuera à entretenir ces illusions, en s’appuyant sur les forces conciliatrices dans les syndicats et partis de « gauche ». Elle cherchera à dissimuler le caractère de classe des mesures qu’elle prend.
Pour vaincre il faut rompre avec la politique de conciliation de classe. Les communistes et les syndicalistes combattifs doivent dans toutes les occasions, quotidiennement dans leurs syndicats, dans les luttes locales, défendre et préconiser une autre politique. Une politique clairement anticapitaliste qui mette en avant la revendication d’abrogation de toutes les lois anti sociales imposées par les gouvernements successifs de droite comme de gauche, et passer des luttes de résistance aux batailles pour arracher le pouvoir à la bourgeoisie.
Les marxistes léninistes appellent tous les travailleurs combattifs, les syndicalistes qui se sont mobilisés dans les dernières grandes luttes, à défendre cette revendication pour l’imposer dans leurs syndicats.
Assez de reculs ! Classe contre classe !
Luttons pour l’abrogation des lois anti sociales !