Élections présidentielles et législatives
Les gouvernements se succèdent
Le pouvoir de la bourgeoisie demeure
LA VOIX DES COMMUNISTES, no 20, juin 2017 – p. 1-2
Toutes les luttes historiques ne sont en fait que le reflet plus ou moins net des affrontements de classes conditionnés en dernière analyse par l’évolution de la situation économique de ces classes[1]. La détérioration de la situation économique du capitalisme, les difficultés du capital à s’investir productivement[2] ont conduit la bourgeoisie en France et dans d’autres pays impérialistes à faire porter le fardeau de sa crise au prolétariat et certaines couches petites bourgeoises. L’objectif de la bourgeoisie et de son pouvoir politique est de rétablir une rentabilité du capital la plus élevée possible.
Le nouveau pouvoir politique continuera d’appliquer la même politique de régression sociale que les partis politiques de l’ex alternance PS-LRUMP discrédités aux yeux des travailleurs.
Il était urgent pour la bourgeoisie de trouver une solution de remplacement. En république démocratique bourgeoise les élections au suffrage universel sont un des moyens pour maintenir la domination politique et économique de la bourgeoisie sur le prolétariat.
L’alternance droite-gauche mise à mal, on la jette provisoirement aux orties et on organise une opération de blanchiment du personnel politique : Faire du neuf avec du vieux – telle est la solution Macron avec EN MARCHE, qui conduit à réaliser une nouvelle alliance gauche-droite au sein d’un même parti pour poursuivre la politique de la bourgeoisie monopoliste!
Tout l’appareil idéologique et politique s’est mobilisé pour faire gagner Macron, des grands médias aux grands patrons du CAC40 et des milieux d’affaires, économiques et financiers[3].
L’affaire était entendue, Macron devait être élu et il l’a été. C’est la victoire au sein de la bourgeoise des partisans du « recyclage » de l’ancien personnel politique discrédité.
Les autres prétendants n’ont en fait servi que de caution au pseudo caractère démocratique des élections et seront tenus en réserve de la république. Marine Le Pen a servi comme d’habitude de repoussoir « fasciste ». Mélenchon a pour tâche de reconstituer un pôle réformiste afin de maintenir l’illusion chez les travailleurs qu’il serait possible par les élections de répondre à leurs aspirations et de « réformer le capitalisme ».
Certains s’imaginent que si « les insoumis », le PCF et le Parti socialiste (maintenu) obtenaient un nombre important de députés à l’assemblée nationale, cela créerait des difficultés à Macron pour imposer sa politique antiouvrière et antisociale. Ces ouvriers ou ces militants politisés sont influencés par ces partis qui font miroiter le rêve qu’une majorité « de gauche » anti-Macron est possible et que si cela se produisait, Macron ne pourrait pas appliquer son programme réactionnaire. Cette illusion a déjà été expérimentée lors des précédents gouvernements. Qu’ont fait les députés de gauche pour s’opposer aux mesures réactionnaires de la bourgeoisie? Les milieux politiques qui diffusent de telles illusions dévoient les travailleurs de leurs véritables moyens de lutte qui se trouvent sur le terrain extraparlementaire, dans la lutte de classe pour les revendications immédiates, dans la perspective d’un véritable changement de société, et dans la lutte pour la prise du pouvoir politique hors du cadre électoral contrôlé par la bourgeoisie.
Les élections législatives qui suivent l’élection présidentielle vont consolider la « légitimité électorale » de ce nouveau pouvoir. Les travailleurs devront se soumettre au verdict des urnes jusqu’aux prochaines élections présidentielles.
Fort de cette analyse, aux législatives comme aux présidentielles, le ROCML n’appellera à voter pour aucun candidat et combattra les illusions électorales en argumentant ses positions auprès des camarades ouvriers qui ne les ont pas encore rejetées.
Aujourd’hui, l’ illusion que l’on peut améliorer le capitalisme est encore forte chez les travailleurs les plus combattifs et les plus politisés, même si la lutte contre la loi travail a permis chez les syndicalistes de la CGT de faire bouger les lignes et entamé la domination de l’idéologie et de la politique bourgeoise dans les syndicats.
Mais le mode de production capitaliste impérialiste est miné par des contradictions qui l’amènent surement et inévitablement vers des crises politiques et économiques de plus en plus graves.
Elles obligeront le prolétariat à lutter et à prendre conscience de sa mission historique en tant que classe : renverser le capitalisme et construire une société nouvelle, le socialisme libéré de l’exploitation capitaliste et de toutes ses conséquences qui mettent en péril l’existence de la société humaine et de son environnement.
Les marxistes léninistes partout où ils sont, participeront à l’organisation des luttes, à promouvoir leur convergence au niveau national contre la politique de la bourgeoisie, à l’organisation syndicale des travailleurs pour l’affrontement quotidien capital-travail. Ils aideront les éléments les plus conscients de la classe à édifier leur parti politique indépendant de la bourgeoisie défendant leurs intérêts de classe sans lequel ils ne pourront, le moment venu, s’emparer du pouvoir. Ils défendront la nécessité du soutien actif des travailleurs de France aux travailleurs et des peuples du monde dans leur lutte pour leur émancipation sociale et nationale contre l’impérialisme.
ROCML
04 Juin 2017
[1]. Voir F. Engels – préface au « 18 brumaire de Louis Bonaparte ».
[2]. La reproduction élargie du capital avec profit se heurte aux limites que cette reproduction génère inévitablement (crise de surproduction, concurrence exacerbée, exploitation accrue des travailleurs…).
[3]. Voir à ce sujet dans ce même numéro de la VdC, p. 2-4, l’article qui décortique cette opération.