Alain Soral : derrière le masque anticapitaliste et antisioniste
un démagogue d’extrême droite

Alain Soral est un "idéologue" de l’extrême droite française, ancien cadre au CC du Front National de 2007 à 2009 et aujourd’hui président du collectif "Égalité & Réconciliation". Il est avec l’humoriste Dieudonné la figure de la droite extrême à droite du FN. Son programme politique qui selon lui n’en est pas un mais seulement un ensemble de propositions, est issu de la plus pure tradition de l’extrême droite. En témoigne le slogan d’Égalite & Réconciliation : "Gauche du travail, droite des valeurs" qui réunit sur son site Internet des personnages sans liens politiques comme Poutine, Chávez, Guevara, Castro, pour le "travail", et Alain Soral lui-même (!) et Jeanne d’Arc pour les "valeurs".

"Gauche du travail et droite des valeurs", rien de moins qu’une rénovation des termes fascistes des années 1920 et 1930. En témoigne le "Parti National-Socialiste" d’Adolf Hitler qui dans la même veine a cherché à unir le nationalisme prussien et le socialisme prolétarien pour tromper les masses et les détourner du mouvement prolétarien communiste, se posant là comme l’ultime rempart de la bourgeoisie contre la révolution et le socialisme.

De la même manière Soral utilise la phraséologie fasciste dans ses livres et lors de ces interventions sur Internet ou dans ses conférences, il pratique une analyse pseudo-matérialiste de l’actualité et de l’histoire qui en font un révisionniste compulsif. Il peut aussi compter sur sa maison d’édition "KontreKulture" qui réédite des classiques de la littérature fasciste. On peut définir les principaux traits de son idéologie comme étant :

– L’antisémitisme, maquillé en antisionisme antiisraélien qui est un instrument pour lui. En effet sous couvert "d’antisionisme" il attire à lui les jeunes musulmans français solidaires avec la cause palestinienne alors même qu’il est profondément contre l’islam en France et l’immigration. Mais il cultive aussi la haine des élites financières, médiatiques etc. parce que "juives". Que ces élites soient des capitalistes/impérialistes oppresseurs des peuples et des nations, cela Alain Soral n’en dit pas un mot.

– Le nationalisme bourgeois antipopulaire qui défend la France des "valeurs" qui seront selon lui portées par de nouvelles élites "nationales" de braves capitalistes chrétiens et patriotes antiimmigration et antieuropéen. Un nationalisme qui assoit l’exploitation de l’impérialisme français sur l’Afrique et le Moyen-Orient face à l’impérialisme américain qui, lui, serait moins humain (puisque juif apatride et mondialiste selon ses mots) et qui se servirait de l’UE pour affaiblir la France. Il oublie un peu vite la Lybie, le Mali, la Syrie qui sont des preuves de l’agressivité de notre impérialisme "national". La défense de la France de De Gaulle, le Maréchal Pétain présenté comme un patriote, l’OAS et les bourreaux colonialistes comme des héros, voilà le modèle français à la Soral.

– L’anticommunisme comme tous les fascistes. Il nie la doctrine de Marx sur le capitalisme et se raccroche aux théories fausses et réactionnaires de Proudhon sur le fédéralisme et la banque du peuple pour se donner un côté socialiste de défenseur du "travail". Pour lui c’est le capital financier (toujours lié aux Juifs) qui est à l’origine du mal et que nos politiciens défendent. La crise de 2008 présentée comme étant financière par les économistes et les médias bourgeois afin de cacher son caractère systémique propre au capitalisme en lui‑même a d’ailleurs beaucoup contribué à la crédibilité de ces thèses de Soral sur le mal financier. Le peuple ne peut pas prendre son destin en main, il ne peut pas se débarrasser du capitalisme et instaurer la société nouvelle socialiste puis communiste. Il doit attendre son salut par en haut de la part de nouvelles "élites" qui les guideraient sur le bon chemin, sans toutefois remettre en cause l’exploitation de l’homme par l’homme que Alain Soral et Cie considèrent comme immuable. Il se refuse à une analyse du socialisme en URSS et dans les pays socialistes qu’il considère comme une forme de dictature militaire : "juif dans l’idée de domination, chrétien dans l’idée de partage". Il est vrai qu’il est plus simple d’éclipser des faits historiques qui feraient tomber à l’eau toutes ses théories d’une simple phrase.

Mais une fois cet aspect idéologique abordé, il faut analyser pourquoi le discours d’Alain Soral trouve autant d’échos dans la société française et notamment auprès des jeunes.

Il faut tout d’abord rappeler la situation dans laquelle notre pays et notre jeunesse se trouvent aujourd’hui. Nous vivons dans un pays capitaliste impérialiste en crise de son propre système économique, crise qui accélère le pourrissement de notre société. Au stade actuel du développement du capitalisme, ce pourrissement entraine une destruction de l’emploi qui jette à la rue des millions de travailleurs, une suppression des aides sociales (santé, éducation…) et une dégénérescence de la culture bourgeoise; les monopoles freinent le progrès technique de l’humanité et affament plus de la moitié de la population du monde. L’immigration économique accentuée avec le développement du marché capitaliste mondial voit se presser une grande quantité de travailleurs étrangers dans les pays de l’impérialisme dont la France fait partie et où le niveau de vie est plus élevé qu’ailleurs. De fait, ils viennent à l’appel indirect des capitalistes pour grossir "l’armée de réserve du travail" et aggraver le chômage, qui est un instrument des capitalistes pour pressurer encore plus les travailleurs et qui prive d’avenir l’ensemble des travailleurs, tant français qu’immigrés, d’un travail et d’une vie digne.

Dans cette situation l’extrême droite se renforce parmi la petite bourgeoise (commerçants, petits patrons, etc.) – qui est fragilisée par la concurrence des grands capitalistes et qui se voit par la force des choses rejetée dans le prolétariat -, et une partie du prolétariat lui-même. Avec son discours populiste fascisant Alain Soral leur trouve les parfaits boucs émissaires en les personnes des "juifs financiers et mondialistes" et des "immigrés" surtout arabes et musulmans. Il profite des œillères naturelles que porte cette classe intermédiaire pour s’implanter durablement auprès d’eux, leur faisant miroiter une France d’un autre temps, quand à son stade antérieur développement le capitalisme laissait encore une place à cette petite bourgeoisie.

Ces bases de l’extrême droite sont historiquement connues et Soral et "E&R" ne font que les utiliser à leur tour. Ce qui est nouveau, c’est l’intérêt que les idées d’Alain Soral trouvent auprès de la jeunesse. Il faut dire qu’au milieu de la crise générale dans laquelle le capitalisme nous plonge, la jeunesse, surtout populaire, se voit tout simplement aujourd’hui sans avenir ou du moins celui‑ci est sévèrement compromis. Là-dessus Soral utilise les arguments traditionnels et le fait qu’ils trouvent un fort écho vient de sa manière de faire, marquée effectivement par un important changement dans la forme qui donne une certaine crédibilité de façade à son "renversement des élites corrompues et cosmopolites". Les références à Che Guevara où encore Fidel Castro montrent bien le changement de forme qu’apporte son discours d’extrême droite, car il n’hésite pas à faire appel à ces figures révolutionnaires communistes et progressistes connues de tous pour rallier à lui les jeunes qui reconnaissent en eux de vrais amis du peuple. En cela il est plus attractif pour les jeunes qu’un FN à l’image plus franco-française et paternaliste. Dans ses vidéos par exemple il attaque non sans succès ces adversaires bourgeois républicains avec des lieux communs contre la disparition de la nation et de notre culture "nationale" qui restent, malgré la critique qu’en fait Soral, un maigre repère pour une jeunesse coupée de toute culture et que l’on enferme dans le divertissement stérile. Face à ces stratagèmes fascistes, le manque de culture et d’intérêt d’une part, le mensonge et la révision de l’histoire par l’ensemble de la bourgeoisie de l’autre, font naitre une jeunesse désabusée qui se retrouve en partie dans la pensée fasciste de Soral qui prêche du vrai pour répandre le faux.

Un exemple : "le capital financier oppresse les peuples" – vrai; "les élites juives sionistes et mondialistes en sont la cause" – faux. C’est le capitalisme en tant que système qui divise le monde en exploités et en exploiteurs et cela peu importe la nationalité, la religion et les "valeurs".

À un fait matériel réel que la caste au pouvoir cache aux masses laborieuses et à la jeunesse, Soral apporte une réponse qui détourne le coup de glaive de la véritable cible. En cela Alain Soral et ses compères d’extrême droite confirment pleinement la définition de l’Internationale Communiste sur le fascisme en tant qu’agent direct du pouvoir des monopoles, dernier rempart de la bourgeoisie face au mouvement ouvrier.

Sur le plan pratique "E&R" organise peu de militants actifs et joue plutôt un rôle de pôle idéologique et théorique dans la société. Ses adeptes ne sont en effet présents dans aucune manifestation ou mouvement ni étudiant ni ouvrier. Face à cela on peut en déduire que le travail d’Alain Soral, bien qu’ayant un caractère principalement idéologique, sert les organisations "pratiques" et en premier lieu le Front National. Il n’est d’ailleurs pas le seul à travailler sur ce créneau puisque des "groupements" et autres "collectifs" gravitant autour de personnalités et intellectuels comme Éric Zemmour servent d’éclaireurs et de soutiens idéologiques à l’extrême-droite "classique" représenter par le FN.

Si les communistes du ROCML s’accordent à dire qu’il n’y a pas actuellement de danger d’un système fasciste en France, et ce malgré les récents succès du Front National aux élections européennes entre autres, il n’en est pas moins important de s’intéresser à cette face cachée de l’extrême droite française qui a toujours existé mais qui agit chaque jour un peu plus ouvertement et gagne en influence particulièrement auprès de la jeunesse. Cette offensive idéologique fasciste est caractéristique du capitalisme/impérialisme à un stade critique de son développement. La putréfaction du système capitaliste/impérialiste en France et dans le monde entier a atteint un tel degré que les contradictions dans lesquelles il est empêtré deviennent chaque jour plus visibles aux yeux des peuples. Face à cela la bourgeoisie doit trouver un moyen de cacher les origines de la faillite de son système économique et, à défaut de pouvoir le guérir elle invente un faux diagnostic qui doit être développé par messieurs les "médecins" Soral et consorts de la réaction internationale. Leur analyse erronée de la situation sert à détourner les peuples du monde du seul remède capable de les libérer de la misère engendrée par le capitalisme/impérialisme et ses contradictions : la Révolution prolétarienne, la construction du socialisme et du communisme, seul système capable d’éradiquer les contradictions inhérentes au capitalisme et à donner les pleins pouvoirs aux prolétaires. En France l’absence d’un mouvement ouvrier communiste marxiste-léniniste depuis des décennies donne la possibilité à l’idéologie fascisante d’infiltrer la classe ouvrière et sa jeunesse qui n’ont pourtant aucun intérêt objectif à suivre les fascistes "bons français" de "E&R" et du Front National.