Kolomann-Wallisch-Cantate
Bertolt Brecht (1898 1956).
Fragment pour une pièce de théâtre restée inachevée, 1934/1947.
La trame de la pièce est inspirée par les combats qui se sont déroulés en Autriche, à Vienne et ailleurs, en février 1934. À partir de 1933 le gouvernement réactionnaire-fasciste avait mis hors-jeu le parlement et renforcé la répression contre le Parti ouvrier social-démocrate d’Autriche (Sozialdemokratische Arbeiterpartei Österreichs, SDAP). Le 14 février 1934 le SDAP est frappé d’interdiction, ses organisations sont dissoutes. Les combats sont déclenchés malgré l’attitude attentiste des principaux dirigeants du Parti.
Il se trouve que depuis longtemps circule une pseudo-citation tirée de ce texte de Brecht, qui en dénature la signification.
En Allemagne a été fabriqué le libellé suivant:
Wer kämpft kann verlieren.
Wer nicht kämpft hat schon verloren.
Par la suite a été reprise en France la traduction textuelle de ce "dicton":
Qui lutte peut perdre.
Qui ne lutte pas, a déjà perdu.
Or, la formulation de Brecht est on ne peut plus clair:
Celui qui n’a pas combattu pour sa propre cause
Se battra pour la cause de l’ennemi
Autrement dit, se tenir à l’écart du combat par inconscience ou par lâcheté conduira tôt ou tard à passer du côté de l’ennemi.
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Kolomann-Wallisch-Cantate * |
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Kolomann-Wallisch-Kantate |
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Celui qui reste à la maison quand le combat commence |
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Wer zu Hause bleibt, wenn der Kampf beginnt |
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et qui laisse les autres se battre pour sa cause, |
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Und lässt andere kämpfen für seine Sache |
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celui-là doit prendre garde; car |
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Der muss sich vorsehen; denn |
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celui qui n’a pas partagé le combat |
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Wer den Kampf nicht geteilt hat |
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partagera la défaite. |
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Der wird teilen die Niederlage. |
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Celui qui veut éviter le combat, |
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Nicht einmal den Kampf vermeidet |
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n’arrivera même pas à éviter le combat; car |
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Wer den Kampf vermeiden will; denn |
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celui qui n’a pas combattu pour sa propre cause |
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Es wird kämpfen für die Sache des Feinds |
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se battra pour la cause de l’ennemi |
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Wer für seine Sache nicht gekämpft hat. |
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* Koloman Wallisch, né en Hongrie en1889. En 1905 il adhère au Parti social-démocrate de Hongrie (SDPU). À partir de mai 1914 il est membre du conseil d’administration du Parti. En mai 1917 il est emprisonné puis traduit devant un tribunal militaire. mais gracié. Il a joué un rôle de premier plan lors de la République soviétique proclamée en Hongrie en mars 1919. La tentative d’instaurer un pouvoir révolutionnaire échoue et se termine en aout. Au milieu des années 1920, Wallisch doit fuir, il arrive en Autriche. Il adhère au Parti social-démocrate (SDAP) et assume des postes de secrétaire local dans la province de Steiermark (Styrie). De 1924 à 1928 il siège au Landtag (parlement de la province) de Styrie, de 1930 à 1934 au Nationalrat (parlement national). À l’automne 1933, il assume au SPÖ le poste de secrétaire pour la province de Styrie. En 1934, il dirige le soulèvement de février à Bruck an der Mur. Après de violents combats, les insurgés doivent abandonner et fuir dans la nuit du 13 février. Wallisch est arrêté quelques jours plus tard, et exécuté. |
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