Déclaration du ROCML
sur les évènements à Air France le 5 Octobre 2015
Lundi 5 octobre, les travailleurs d’Air France ont mené une action au siège de la compagnie aérienne où a été annoncé un plan de suppression de 2.900 emplois, soi-disant nécessaire pour maintenir les emplois des autres salariés. Pour rappel : Au cours de cette action, plusieurs dirigeants d’Air France ont été molestés par les travailleurs, et en particulier le DRH (Responsable des Ressources Humaines), c’est‑à‑dire celui qui ajuste le niveau de la main d’œuvre en fonction des intérêts des actionnaires. Aucun coup physique n’a été donné. Ils ont été simplement déshabillés de leur chemise blanche. Même en colère, les travailleurs savent encore (difficilement) se retenir.
Malgré leur retenue, les médias et les partis de la bourgeoisie ont condamné la "violence des travailleurs d’Air France" et des plaintes en justice ont été lancées contre eux.
Devant cette situation le Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes Léninistes :
● Déclare son soutien à la lutte des travailleurs d’Air France contre les licenciements.
● Considère que les formes de l’action des travailleurs sont légitimes quand on les compare aux conséquences désastreuses sur des milliers de familles, programmées par les dirigeants d’Air France.
● Soutient les travailleurs qui pourraient être traduits devant la justice bourgeoise pour avoir participé à cette action.
● Appelle tous les militants ouvriers, politiques et syndicalistes de France à exprimer concrètement leur soutien à leurs camarades d’Air France.
Le ROCML considère cet évènement comme un révélateur de l’accumulation de la révolte des travailleurs face à la loi d’airain du capitalisme, la recherche du profit, rendue plus dure encore dans les conditions de la crise générale dans laquelle ce système s’est lui‑même embourbé et dont il ne sait pas sortir. Dans leur tentative d’enrayer la baisse des taux de profit et d’affronter la concurrence, les entreprises capitalistes recourent systématiquement à la baisse du "cout du travail" comme ils disent, en réduisant la masse salariale, c’est‑à‑dire en diminuant les salaires réels, en comprimant les effectifs (d’où les licenciements), et en accroissant la productivité. Les dirigeants de ces entreprises imposent volontairement et consciemment ces politiques. Ils perçoivent pour cela des salaires faramineux. Ils sèment la misère, ils ne doivent pas s’étonner ni se plaindre de récolter la colère des travailleurs. Ils le méritent.
Parallèlement à l’exploitation accrue du travail salarié, les entreprises capitalistes, et en particulier les plus grosses, bénéficient de la part de l’État de l’injection de capitaux sous des formes directes et indirectes. Air France a ainsi bénéficié de 97 millions d’euros de remise d’impôts au titre de la CICE en 2013 et 2014. Notons au passage que CICE signifie Crédit d’Impôt Compétitivité EMPLOI! En fait d’emplois, Air France veut rajouter 2.900 suppressions aux 8.000 déjà effectuées depuis trois ans!
La mission de l’État au service du capital est flagrante. L’État détient au demeurant 16 % des actions d’Air France. On comprend le soutien politique et moral apporté par Hollande aux hauts dirigeants de la compagnie aérienne.
Le cas d’Air France n’est pas le seul. Depuis des dizaines d’années, les monopoles et l’État à leur service (aussi bien par les gouvernements de droite que par les gouvernements de gauche) appliquent les mêmes méthodes. Les capitalistes frappent, les gouvernements les soutiennent et enfument les travailleurs par leurs promesses mensongères.
Jusqu’à aujourd’hui, la colère des ouvriers et des autres couches travailleuses de l’industrie, du commerce et des transports s’est exprimée de manière ponctuelle, dispersée. Ni les directions des syndicats ni les partis qui se réclament des travailleurs n’ont agi pour faire converger leurs luttes dans l’objectif de renverser le système capitaliste qui est la cause de tous les maux subis par les travailleurs, et son pouvoir politique d’État. Mais, d’expériences en expériences, lorsqu’il deviendra évident que le broyeur social capitaliste ne peut plus être arrêté en se battant corporation par corporation, branche par branche, entreprise par entreprise, alors naitra et s’étendra la nécessité d’un mouvement général anticapitaliste pour prendre le pouvoir dans le but de renverser l’ordre capitaliste et d’imposer le pouvoir du peuple ouvrier et travailleur nécessaire pour construire une société sous sa direction. Aujourd’hui, il n’y a rien à attendre du dialogue avec le patronat. Les syndicats et les travailleurs ne peuvent pas convaincre les capitalistes d’écouter les salariés. Le capital agit en fonction des profits qu’il peut faire. Si les capitalistes agissaient autrement, ce ne serait plus le capitalisme. Toutes les énergies du mouvement ouvrier doivent être consacrées à faire grandir le rapport de force, à convaincre les travailleurs de la nécessité de la lutte, pour imposer ses intérêts de classe au capital. C’est cela que ne comprennent pas encore ceux qui demandent au gouvernement d’agir, ou qui réclament une autre direction à la tête d’une entreprise capitaliste.
Cela se fera‑t‑il pacifiquement? Tout dépendra de la nature des moyens que la bourgeoisie utilisera face à la volonté du peuple, de la classe ouvrière et des autres couches de travailleurs exploités… mais ne nous faisons pas d’illusions elle n’hésitera pas à utiliser la violence pour défendre son pouvoir.
La bourgeoisie crie au scandale et appelle à la répression contre les travailleurs qui occasionnellement franchissent la ligne rouge de la légalité bourgeoise. Elle devrait se souvenir de sa propre Révolution, celle de 1789, et méditer dans ses salons les paroles du chant entonné durant ces journées révolutionnaires par le peuple de Paris, La Carmagnole :
Ah ça ira, ça ira, ça ira, Les aristocrates à la lanterne !
An ça ira, ça ira, ça ira les aristocrates on les pendra !
Et si on’les pend pas, on leur cass’ra la gueule,
et si on’les pend pas, la gueule on leur cassera !
Soutenons les travailleurs d’Air France contre tout licenciement et contre toute velléité politique et juridique de répression!
Faisons grandir l’alternative révolutionnaire anticapitaliste et pour un nouvel ordre économique, politique et social, le socialisme!
Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes
6 octobre 2015