Les travailleurs arabes et juifs en Palestine, 1906-1948

Annotations

Sionisme

En février 1896 apparait le livre "Der Judenstaat, Versuch einer Modernen Lösung der Judenfrage"(L’État des Juifs, recherche d’une réponse moderne à la question juive), de Theodor Herzl. Celui-ci préconise la création d’un "État pour les Juifs" qui offrirait un refuge à tous les juifs. Dans les mois qui suivent, Herzl ainsi que Max Nordau et Israël Zangwill décident de réunir un congrès. Il se tient en aout 1897 à Bâle, en Suisse.

Durant les décennies qui suivent, au cours des efforts pour réaliser les objectifs formulés, des différences d’approche se concrétiseront. La variante prépondérante ‑ celle qui précisément se trouve au centre du livre de Zachary Lockman ‑ est désignée couramment comme "sionisme socialiste".

Il faut noter que cette désignation implique l’ambigüité inhérente au terme "socialiste". Plus encore qu’en français, c’est le cas en anglais : outre "socialist zionism", l’expression "labour zionism" est d’usage comme équivalente. Formellement un rapport intrinsèque existe entre "socialisme" et "travail"/"travailleur". Cependant, dans le contexte de la Grande-Bretagne, "labour" est associé entre autres cas de figure au Labour Party (Parti travailliste) et, de fait, durant le Mandat exercé par la Grande-Bretagne en Palestine le mouvement sioniste s’appuyait substantiellement sur les "travaillistes". Cependant, le courant "socialiste" du sionisme intègre ‑ à sa manière ‑ les caractéristiques du "socialisme" de façon plus fondamentale. Afin de marquer la distinction nécessaire, nous avons systématiquement traduit "Labor zionism" par "sionisme du travail".

D’ailleurs, le terme anglais (en orthographe US ‑ le livre est édité aux USA) "labor" (en orthographe UK : "labour") pose un problème de traduction quand il est question de "labor movement". En principe "mouvement ouvrier" se traduit par "workers’ movement". Mais inversement, "labor movement" est entaché d’ambigüité : selon le contexte, il n’est pas toujours clair s’il faut traduire "mouvement ouvrier" ou "mouvement syndical".

Éléments de glossaire

* Yishouv [1]

Yishouv est un terme hébreu (qui signifie localité, agglomération, peuplement) utilisé pour désigner l’ensemble des Juifs présents en Palestine. L’expression complète est : "Haʼyishuv haʼyehudi beʼEretz Yisraʼel" – "peuplement juif en terre d’Israël").

On distingue le "Yishouv ancien" et le "Yishouv nouveau".

L’ancien Yishouv comprend notamment la population séfarade arrivée à partir du 15e siècle avec l’expulsion des Juifs d’Espagne (Sefarad, en hébreu, désigne la péninsule Ibérique) et, par la suite, intègre d’autres immigrants. Un lien existe avec les communautés juives d’Afrique du Nord. L’ancien Yishouv se compose essentiellement de quatre villes, les "villes saintes" de Jérusalem, Hébron, Tibériade et Safed, avec, durant diverses périodes, des zones de peuplement autour de ces villes. Ainsi naissent les quartiers juifs de Shfa’ram, Kfar Yassif, Peki’in, Meirón, Acre, Jaffa, Haïfa, Gaza, et Sichem (à proximité de Naplouse).

Le "nouveau Yishouv" désigne le peuplement de la Palestine à partir de la décennie 1880.

À la veille de la 1re guerre mondiale la population totale en Palestine comptait 800.000 personnes, avec 85 à 90.000 Juifs : 55.000 habitent dans l’ancien Yishouv et 30.000 dans le nouveau Yishouv, dont 12.000 répartis dans des villages agricoles. Le nouveau Yishouv n’a cessé de se développer de 1882 à 1917 et devient ainsi prédominant par rapport à l’ancien Yishouv. Jérusalem est devenue la communauté la plus connue de l’ancien Yishouv, comptant 45.000 personnes pour une population totale qui, avec 12.000 musulmans et 13.000 chrétiens, s’élève à 70.000 habitants. Les circonstances de l’histoire réduisent la carte du peuplement juif à la Palestine occidentale et à quelques zones de peuplement agricoles, soit : d’une part 42.000 hectares en Galilée du nord et du sud où se trouvent des Juifs d’origine orientale, dans le périmètre délimité par Hedera/Atlit, Petah-Tikva/Kfar Saba et la plaine de Judée, de Beer-Touvia à Rishon-Letzion; ainsi que d’autre part dans quelques régions de peuplement urbain à Jérusalem à l’extérieur des murailles, Jaffa et Tel-Aviv. Proportionnellement au reste de la population générale en Palestine, la population juive diminue sous l’effet de la 1re guerre mondiale : elle regroupait 85.000 personnes avant la guerre, elle en compte 50.000 à 56.000 à l’issu, alors que la population totale de la Palestine est passée de 800.000 à 700.000 personnes.

* Aliyah [2]

Le terme "Aliyah" désigne le fait, pour un Juif, d’aller s’installer en Israël. Au‑delà des immigrations individuelles, on distingue couramment certaines périodes particulières marquées par des courants d’immigrations massives, déclenchés par des contextes historiques particuliers.

La "première Aliyah" remonte aux années 1881-1903 après l’assassinat du tsar russe Alexandre II en 1881. Une seconde vague d’immigration s’organise entre 1904 et 1914 avec l’arrivée d’Europe orientale de nombreux Juifs marqués notamment par les idées considérées comme "socialistes". En 1914, la population juive est de 80.000 en Palestine. Durant la période 1919-1923 interviennent de nombreuses immigrations de populations juives quittant la Russie (plus de 35.000 personnes). Puis suivent entre 1924 et 1929 des immigrations motivées par les difficultés économiques que connait la Pologne. L’instauration en Allemagne de la dictature national-socialiste a pour conséquence la venue en Palestine de 30.000 Juifs par an entre 1932 et 1939.

En 1939, les Juifs représentent 28 % de la population palestinienne (soit 429.605) et ce nombre augmente tout au long de la guerre, de manière souvent clandestine suite aux restrictions mises en place par l’administration mandataire britannique. Avec la création de l’État d’Israël, le 14 mai 1948, on y compte au départ 650.000 juifs. En 1951, la population atteint 1.400.000 habitants.

* Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie [3]

1897 ‑ l’année même du 1er congrès sioniste ‑ se constitue l’Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie, plus généralement connu sous le nom du Bund qui signifie "alliance" ou "union". C’est le premier parti politique juif socialiste et laïc destiné à représenter la minorité juive de l’Empire Russe (qui comprend alors la Lettonie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Lituanie et une partie de la Pologne). Ses membres le considèrent comme un détachement du mouvement socialiste russe et non comme un parti exclusivement juif. Idéologiquement, le Bund se rapproche du Parti Ouvrier Social-Démocrate Russe (POSDR) et s’oppose au sionisme et au communisme dont il critique les visées centralisatrices. Plutôt qu’un parti politique, le Bund est un mouvement culturel très attaché à la culture et à la langue yiddish. C’est aussi un syndicat qui défend les intérêts des travailleurs juifs, et plus largement de tous les ouvriers. Le Bund connait en Europe un développement rapide. En 1905, à l’heure de la première révolution russe, ils comptent 30.000 adhérents. Puis intervient le repli du Bund sur la Pologne indépendante de 1918 à 1939. Militant pour une république démocratique accordant une forme d’autonomie culturelle et linguistique pour les juifs, il devient le plus important parti juif de Pologne lors des élections municipales de 1939. Le début de la 2e Guerre mondiale viennent anéantir le mouvement et sa base militante.

* Dénominations d’organisations

Ahdut Ha’avoda (Union du travail)

Ha’poel Hatza’ir (Le jeune travailleur)

Ha’Histadrut Ha’Klalit shel Ha’Ovdim Ha’Ivriim B’Eretz Yisrael (Organisation générale des travailleurs hébreux en Terre d’Israël)

Po’alei Tziyon (Travailleurs de Sion) (Tziyon : synonyme de Jérusalem)

Po’alei Tziyon Smol (Travailleurs de Sion, de gauche)

Ha’shomer Ha’tzair (Le jeune gardien)

Remarque : Les transcriptions qu’on rencontre pour les termes hébreux suivent des règles plus ou moins rigoureuses selon les cas. Par exemple : Po’alei Tziyon/Poalei Tziyon/Poaley Syjon/Poaley Zion.

* Po’alei Tziyon [4]

Le premier groupe sioniste à s’appeler Po’alei Tziyon a été fondé à Minsk, en Ukraine, en 1897 (ou 1899 selon certaines indications); d’autres groupes du Po’alei Tziyon se sont formés en Biélorussie et en Lituanie. Dans les "Règlements de l’Union Po’alei Tziyon à Minsk", l’objectif de l’union était défini comme suit : "Encourager l’idée sioniste, telle qu’elle a été introduite dans le Programme de Bâle de 1897; renforcer le sentiment national juif dans le coeur des travailleurs juifs; élever l’état spirituel des travailleurs juifs et améliorer leurs conditions matérielles." Un congrès de groupes sionistes de travailleurs s’est tenu à Minsk en 1901, puis un congrès de toutes les associations Po’alei Tziyon de Russie s’est tenu en 1903 à Vilna, en Lituanie.

À ce stade, l’orientation formulée donnait la priorité absolue à la création d’un foyer en Palestine pour accueillir les immigrants juifs. Elle n’envisageait pas de participation aux activités politiques dans les régions de peuplement juif existantes ‑ les questions politiques devraient être abordées en Palestine après la réalisation de l’objectif préalable. Par la suite deux autres courants se différenciaient de cette vision. Une position intermédiaire reconnaissait les divisions de classe et les intérêts contradictoires entre les classes parmi les populations juifs dans le contexte existant; elle adoptait une attitude favorable aux mouvements politiques révolutionnaires de l’époque, mais s’abstenait de préconiser une participation du prolétariat juif à ces luttes. La troisième tendance était plus conséquente, ancrée dans la lutte politique en Russie même.

Un des personnages qui ont joué un rôle important dans le développement du sionisme était Nahman Syrkin. En 1898 il publiait une série d’essais et en 1904 il a créé à Berlin le groupe sioniste socialiste Heirut. Il pensait que la situation économique particulière des masses juives dispersées, qui se traduisait par leurs migrations fréquentes, allait les conduire directement à se rallier à l’idée du sionisme ‑ que la solution à leur problème pouvait se trouver uniquement dans le cadre d’un territoire propre à l’ensemble des Juifs, dans une société fondée sur le travail et le socialisme.

Un tournant décisif dans l’évolution des idéologies a été provoqué par la proposition faite par l’Angleterre, lors du sixième congrès sioniste à Bâle en 1903, de créer un foyer national juif en Ouganda (selon les frontières actuelles, la zone concernée est localisé au Kenya). Cette proposition fut rejetée en raison notamment des vives objections des sionistes russes.

Du point de vue organisationnel, s’est produit un processus qu’on peut résumer schématiquement comme suit. Autour de 1905-06 trois partis étaient nés :

a) Parti ouvrier sioniste socialiste (Sionistsko-sotsialisticheskaia rabochaia partiia, SSRP) (ou Z.S. selon les initiales en anglais);

b) Parti ouvrier socialiste juif (Sotsialisticheskaia Evreiskaia Rabochaia. Partiia, SERP) (dit Parti sejmiste);

c) Po’alei Tziyon (Evreiskaia Sotsial Demokraticheskaia Rabochaia Partiia, ESDRP)

En février 1906 le Po’alei Tziyon tient à Poltava, en Ukraine, un congrès. Ber Borochov présente un texte programmatique intitulé "Notre plateforme", et le "Parti des Ouvriers social-démocrates juifs" est fondé.

Le parti Z.S. (sioniste socialiste) devint le groupe le plus puissant parmi ceux qui avaient pour objectif l’installation des juifs sur un territoire propre commun, dans un cadre permettant le développement d’un prolétariat juif. Il considérait que la réalisation du socialisme ne pouvait se faire qu’à travers l’existence d’un stade de production très avancé et d’un prolétariat en pleine ascension culturelle, conscient de son rôle dans la conduite de la lutte des classes. Selon la vision sioniste-socialiste, les masses juives, dans le cadre des sociétés où elle se trouvaient historiquement, ne pouvaient être ni prolétarisées ni industrialisées, elle ne pouvaient déployer une lutte de classe effective. Le mouvement d’émigration devait être converti en un mouvement de colonisation d’un territoire libre, où la lutte des classes pourra s’exprimer normalement.

Parti sejmiste a développé un concept de travail exclusif dans les territoires où existent des populations juives. Le salut pour les nationalités soumises serait la transformation de tous les États multinationaux en fédérations de nations libres, gouvernées par un parlement composé des représentants des différentes nationalités qui les composent. Chaque nationalité aurait son propre parlement (Sejm est le terme polonais pour Parlement ‑ de là découle la dénomination "sejmistes") avec des droits législatifs et fiscaux. La tâche du prolétariat juif serait de contraindre, au sein du parlement juif, les représentants de la bourgeoisie à suivre une politique conforme aux intérêts des masses.

Des partis Po’alei Zion nationaux ont été créés en Russie, dans l’Empire autrichien, aux USA, en Grande-Bretagne, en Argentine, en Roumanie et en Palestine. En 1907, une Union mondiale des Po’alei Zion a été fondée.

En 1916, Borochov commente rétrospectivement[5] :

Le parti existait en réalité depuis cinq ans et avait organisé plusieurs conférences pendant cette période. L’idée du Poale Zion, le concept d’unité organique entre le socialisme et le sionisme, avait déjà atteint un âge respectable. Notre idée n’est pas beaucoup plus jeune que le socialisme proprement dit. Elle a été formulée à l’origine par le célèbre socialiste allemand et membre de la Première Internationale, Moses Hess. Une forme plus concrète et plus moderne de sionisme socialiste a d’abord été proposée par notre camarade Nahman Syrkin, qui est considéré à juste titre dans notre mouvement comme son père spirituel. […] les Z.S. et les Seimistes, qui au début surpassaient de loin le Poale Zion tant sur le plan numérique qu’intellectuel, ont rapidement disparu. Leur influence sur la communauté juive s’est rapidement évaporée, car tout ce qui était essentiel dans leurs programmes figurait déjà dans celui du Poale Zion. Nous avons continué à croitre en nombre et encore plus en influence. […] Le jour n’est pas loin où le Poale Zion assumera la direction de toute la classe ouvrière juive.

Po’alei Tziyon Smol (une faction de Po’alei Tziyon) a cherché à s’affilier à l’Internationale communiste; en 1924, elle a abandonné cette tentative et s’est réorganisée sur une base indépendante.

* Évolution des organisations sionistes

Organisation sioniste mondiale

En 1897, lors du congrès de Bâle, a été fondée l’Organisation sioniste mondiale (OSM). Son but était de concrétiser le projet de fonder "un foyer national juif sur la terre d’Israël". À cet effet, l’OSM a constitué trois branches : le Keren Kayemeth Le Israël (Fonds perpétuel pour Israël, KKL) (Fond national juif – FNJ) en 1901, le Keren Hayessod en 1920, l’Agence juive (Sochnout HaYehoudit) en 1929.

Le KKL-FNJ est chargé d’acheter des terres et les mettre en valeur pour les colons juifs dans la Palestine ottomane et mandataire[6]. Après la guerre de 1967, le KKL a reçu des instructions de commencer à acquérir des terres en Cisjordanie; dans un premier temps, la plupart de ces activités étaient menées en secret, mais depuis 2021 elle sont effectuées officiellement. Selon des données de 2020-21, le KKL-FNJ possède 13 % des terres d’Israël.

Le Keren Hayessod (dénommé aussi Appel unifié pour Israël) a été fondé à Londres en 1920, avec pour objectif le recueil de fonds pour financer la colonisation en Palestine.

La même année, Chaim Weizmann, en tant que président de l’OSM, présentait l’idée de créer une nouvelle entité, composée de sionistes et de non-sionistes, pour représenter le peuple juif auprès des autorités britanniques et concentrer entre ses mains les responsabilités qui incomberaient au côté juif[7]. Les dirigeants sionistes US se sont opposés à cette idée. Ils affirmaient qu’à partir du moment où la Société des Nations avait chargé les Britanniques de mettre en oeuvre la Déclaration Balfour en Palestine, le travail de l’OSM devrait désormais s’articuler autour d’un sionisme pratique, agissant sous les auspices de la puissance mandataire anglaise. Tous les juifs, sionistes ou non, qui souhaitent participer à la construction du Foyer national juif devraient rejoindre les rangs de l’OSM, une entité qui devrait devenir apolitique. Il a été décidé que l’exécutif sioniste lui-même représenterait les intérêts juifs auprès de la Grande-Bretagne. Le projet d’une Agence juive élargie n’avait pas été abandonné par Weizmann. Le Congrès sioniste de 1925 a élaboré une formule qui établit les objectifs de l’Agence à créer comme suit : l’augmentation continue de l’immigration juive, l’achat de terres comme propriété publique des Juifs, la colonisation agricole basée sur leur travail, le rétablissement de la langue et de la culture hébraïques. Son Conseil comprendrait, en nombre égal, des représentants de l’OSM et d’autres organisations juives au niveau international. Finalement l’"Agence juive pour Israël" a effectivement tenu son Assemblée constituante en 1929.

Organisations sionistes en Palestine

Ha’poel Hatza’ir a été fondé en 1905. Le mouvement Ha’shomer Ha’tzair a été créé en Galicie en 1913. Le parti Ahdut Ha’avoda a été créé en 1919 à la suite de la fusion entre la faction de droite du parti Po’alei Tziyon sous la direction de David Ben Gourion et un groupe de socialistes issus de la deuxième Aliyah autour de Berl Katznelson. En 1930 Ahdut Ha’avodah s’est réuni avec Ha’poel Hatza’ir pour former le Mapai. Mapai devenait le parti dominant dans le yishouv, puis, à partir de 1933, aussi dans l’Organisation sioniste.

En 1944, Siah Bet, une faction qui s’était séparée du Mapai, utilisait le nom d’Ahdut Ha’avodah en formant un nouveau parti politique en association avec le Ha’Kibbutz Ha’Meuhad (Mouvement kibboutz uni).

Le Mapam (Mifleget HaPoalim HaMeuhedet, le Parti ouvrier uni) a été fondé en 1948 à la suite de la fusion entre l’organisation HaShomer HaTzair et l’Ahdut HaAvoda-Poalei Tzion.

En 1954, certains membres du Mapam quittaient ce parti et rejoignaient le Ha’Kibbutz Ha’Meuhad. Dès lors Ha’avodah a été reconstitué et a continué à fonctionner séparément. De 1965 à 1968, cet Ahdut Ha’avodah s’est aligné sur le Mapai et a finalement été absorbé par ce parti.

* Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie

1897 ‑ l’année même du 1er congrès sioniste ‑ se constitue l’Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie, plus généralement connu sous le nom du Bund qui signifie "alliance" ou "union". C’est le premier parti politique juif socialiste et laïc destiné à représenter la minorité juive de l’Empire Russe (qui comprend alors la Lettonie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Lituanie et une partie de la Pologne). Ses membres le considèrent comme un détachement du mouvement socialiste russe et non comme un parti exclusivement juif. Idéologiquement, le Bund se rapproche du parti social-démocrate russe et s’oppose vigoureusement au sionisme et au communisme dont il critique les visées centralisatrices. Le Bund intervient aussi dans le domaine culturel, en étant attaché à la culture et à la langue yiddish. Le Bund connait en Europe un développement rapide. En 1905, à l’heure de la première révolution russe, il compte 30.000 adhérents. Puis intervient son repli sur la Pologne indépendante de 1918 à 1939. Militant pour une république démocratique accordant une forme d’autonomie culturelle et linguistique pour les juifs, il devient le plus important parti juif de Pologne lors des élections municipales de 1939. Avec le début de la 2e Guerre mondiale le mouvement et sa base militante se trouvent anéantis.

 



[1]. Les chiffres cités sont évidemment approximatifs. Ils proviennent des textes suivants :

https://journals.openedition.org/tsafon/9691
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Aliya.html
https://books.openedition.org/ifpo/502

[2]. Voir note précédente.

[3]https://libcom.org/article/le-bund-et-le-sionisme-john-bunzl
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-Bund-d-Israel-un-mouvement-dissident.html

[4]https://www.jewishgen.org/yizkor/minsk/min1_407.html

[5]https://www.marxists.org/archive/borochov/1916/reminiscences.htm

[6]https://www.middleeasteye.net/news/israel-palestine-west-bank-settlements-jewish-national-fund-approves

[7]https://www.morasha.com.br/fr/Isra%C3%ABl-aujourd%27hui/la-force-du-libre-arbitre-juif.html