Maurice Romier

Sur le plan de la C.G.T. [1]

La C.G.T., comme toute organisation réformiste digne de ce nom, a son propre plan de rénovation économique [2]. Ce plan a pour but de faire disparaître à jamais les insuffisances du capitalisme et d’assurer le bonheur de l’humanité.

À la politique destructive du capitalisme, la C.G.T. oppose « une politique constructive et largement sociale, seule capable de résorber le chômage, de conjurer la crise et d’en éviter le retour » (p. 4 du Plan de la C.G.T.).

Ce but, louable en soi, présidait à l’élaboration du Plan qui fut l’œuvre d’une commission spéciale constituée par la C.G.T. On pourrait croire que cette commission se composait de représentants des organisations ouvrières, de militants éprouvés du prolétariat, de représentants des intérêts de la classe ouvrière. Mais détrompons-nous vite.

Le Comité d’études était « composé de personnalités compétentes de la banque, de l’économie, de la jurisprudence, de la technique administrative… » (p. 2). C’est la C.G.T. elle‑même qui l’avoue carrément. On se doute bien quel pourrait être le résultat des études de ces techniciens du capitalisme, de ces « personnalités compétentes » en exploitation des ouvriers. Cette commission montre déjà par sa composition que le Plan qu’elle a élaboré n’a pas été inspiré par les intérêts de la classe ouvrière.

En effet, ce ne sont pas les intérêts des ouvriers qui forment la base du plan. Ses auteurs préfèrent de s’occuper des « besoins généraux de l’économie » (p. 13), de « l’ensemble des forces économiques », en un mot des « intérêts généraux » de la société. Mais les besoins généraux de l’économie, tant que cette économie reste capitaliste, ne peuvent signifier autre chose que les intérêts des capitalistes. Il est impossible, dans une société basée sur l’exploitation, d’intervenir dans la vie économique autrement que dans l’intérêt des exploiteurs ou des exploités. La liquidation de la crise n’est possible qu’aux frais du prolétariat ou de la bourgeoisie, et la situation actuelle est précisément caractérisée par la lutte des classes pour l’issue prolétarienne ou capitaliste de la crise.

Mais les chefs de la C.G.T. et leurs inspirateurs se croient au‑dessus de la lutte des classes. Ils proposent une issue de la crise qui devrait contenter tout le monde, aussi bien les exploiteurs que les exploités, aussi bien les maîtres que les esclaves.

Économie dirigée

L’idée fondamentale du Plan de la C.G.T. c’est l’économie dirigée. Le fait que les réformistes de toute sorte et même une partie de la bourgeoisie parlent de plus en plus de la nécessité des « réformes de structure », de « la direction de l’économie ». etc., est le résultat de la crise profonde du capitalisme. Il est une confirmation indirecte du fait que les forces productrices brisent déjà les cadres des rapports de production, que la société est mûre pour sa transformation sociale complète. L’influence énorme exercée sur les masses travailleuses par les résultats obtenus par l’économie dirigée socialiste en U.R.S.S. a joué ici un rôle très important.

Mais les chefs de la C.G.T. ne veulent pas du tout le socialisme. La suppression de l’exploitation capitaliste n’est même pas mentionnée dans le Plan. Ils veulent l’impossible: l’économie dirigée sans le socialisme, sans la dictature du prolétariat, sans la révolution.

Regardons donc de plus près comment ils s’y prennent.

La démocratie économique

Une des conditions de la réalisation du Plan, c’est la réforme de l’État. Le régime parlementaire actuel n’est pas suffisant. Créé pour des tâches politiques, il ne peut pas remplir les fonctions de direction économique qui lui incombent. C’est pourquoi la C.G.T. demande la création d’un « Conseil Supérieur de l’Économie investi de tous les pouvoirs nécessaires à l’accomplissement de sa fonction et devenant rouage essentiel et constitutionnel du pays » (p. 5). Ce conseil ne sera pas du tout l’émanation du suffrage universel. Les partisans de la « démocratie économique » sont moins démocrates qu’on ne pouvait le croire.

« L’Assemblée économique sera composée de représentants qualifiés désignés par les organisations patronales et ouvrières les plus représentatives de l’industrie, du commerce, de l’agriculture ainsi que des travailleurs indépendants, des artisans, des professions libérales, des consommateurs, des coopératives » (p. 5).

Cette « démocratie industrielle » ressemblera, dans le meilleur cas, à quelque chose dans le genre du Conseil Supérieur des Chemins de fer. Elle sera pourtant moins démocratique. En effet les délégués ouvriers du Conseil des chemins de fer ne sont pas désignés comme dans la « démocratie de la C.G.T. », par les organisations que le gouvernement capitaliste a qualifiées les plus représentatives, mais ils sont élus au suffrage universel des cheminots.

Quant aux compétences de cette assemblée économique, elles ne seront pas plus étendues que celles du Conseil des chemins de fer.

« Elle aura mission de s’informer des ressources et des besoins du pays et à cet effet recevra tous droits d’enquête ». Sur la base de ces données, « elle dressera un plan de développement de l’économie nationale en vue d’assurer l’utilisation complète et ininterrompue de la main‑d’œuvre et de toutes les forces productives du pays. Ce Plan sera soumis à l’approbation directe ou indirecte du suffrage universel » (p. 5).

En définitive, la « démocratie économique » se réduit à la création d’un conseil composé de capitalistes et de « représentants » ouvriers (dans le genre des docteurs ès planisme Duret et Laurat [3]) désignés par l’État capitaliste, qui pourra donner des avis, des suggestions, des projets et des plans que le gouvernement pourra adopter ou rejeter. La seule obligation du gouvernement consiste en ce que les avis de l’assemblée économique « seront obligatoirement soumis au Parlement dans les délais et conditions déterminés ».

Comme on voit « les personnalités compétentes de la banque, de la jurisprudence et de la technique administrative » ont bien travaillé. Ils ont réuni toutes les capacités diverses pour accoucher d’un avorton, une « démocratie économique » qui n’est qu’un organisme consultatif, sans aucun pouvoir réel.

Nationalisation du crédit

Mais si les conseils, avis et plans de l’assemblée sont acceptés par le Parlement et l’État, c’est cette assemblée qui « recevra le droit de contrôle sur l’application de toute règlementation ou législation d’ordre économique ». Ce sera donc elle qui aura pour tâche de diriger pratiquement l’économie.

Le moyen essentiel de la direction de l’économie est, selon la C.G.T., le crédit. On pouvait donc s’attendre que nos syndicalistes soient partisans de la nationalisation des banques. Mais c’est en vain que nous avons cherché dans le plan une indication quelconque concernant la nationalisation des banques. Si le mot nationalisation y est largement employé il n’y a aucune trace des mesures ayant pour but de nationaliser.

Les deux mesures essentielles dans ce domaine que la C.G.T. propose de réaliser sont les suivantes. Elle se propose:

« a) de réformer, de compléter et d’amalgamer les organismes publics ou semi‑publics existants en vue de constituer un appareil d’État propre à satisfaire les besoins bancaires de l’État et les besoins du secteur dirigé de l’industrie;

« b) de contrôler efficacement l’ensemble de l’appareil bancaire français » (p. 11).

Et c’est cela que les dirigeants de la C.G.T. osent appeler la nationalisation du crédit. Il n’est pas nécessaire d’expliquer ici que ces « reformes et amalgames » des organismes publics et semi-publics ne peuvent en rien changer leur régime de propriété et que le contrôle des banques privées même s’il pouvait servir à quelque chose ne serait qu’illusoire.

Nous nous abstenons de parler ici de toute une série de mesures ayant pour but « d’accroître la confiance des épargnants dans les banques et de diminuer par ce moyen la thésaurisation privée ». Certaines de ces mesures jettent une singulière lumière sur la compétence des membres du Comité d’études. En effet, leurs résultats s’ils étaient réalisés seraient tout opposés au but poursuivi.

L’obligation de réescompte des effets des banques a la Banque de France aurait par exemple renchéri le crédit; la décentralisation des banques, leur spécialisation obligatoire, etc., etc., aurait pour effet l’accroissement des risques de leur faillite. Toute cette « réforme » du crédit « a pour but le développement de l’activité et du bien‑être général et non pas l’accroissement des dividendes des établissements qui les distribuent » (p. 13).

Les économistes éminents et les techniciens de la C.G.T. ont simplement oublié que le profit, le dividende constituent le but et le seul stimulant de l’activité économique des capitalisas; l’accroissement ou la diminution des dividendes joue le rôle de régulateur indispensable dans la société capitaliste, attirant les capitaux là où le dividende est plus élevé, les repoussant des branches d’économie où ils sont en excédent et où par conséquent le dividende est plus bas.

Il est donc stupide de vouloir remplacer le profit par des considérations sur le bien‑être général comme but de la distribution du crédit, tant que la propriété capitaliste n’est pas abolie. Les planistes de la C.G.T. se montrent en général comme défenseurs de l’économie contre la banque.

Cette opposition des banques à l’économie dans le sens où le font les planistes relève d’un esprit nettement petit-bourgeois, elle n’a rien de commun avec la réalité. En effet, il est impossible de séparer les banques de l’économie, comme quelque chose d’extérieur. Les banques forment une partie intégrante de l’économie capitaliste, et le trait caractéristique de l’époque actuelle du capitalisme, c’est la fusion du capital bancaire avec le capital industriel, ce qui a créé le capital financier. Cette fusion rend absolument impossible la lutte contre les banques sans une lutte contre les maîtres capitalistes de l’industrie, et c’est pourquoi tous les contes sur la soumission des banques « aux besoins généraux de l’économie » sont ineptes.

Nationalisation de l’industrie

La nationalisation de crédit n’était dans le Plan de la C.G.T. qu’un vain mot, par contre on y prévoit le rachat (qualifié à tort nationalisation) de certaines branches d’industrie. Mais le Plan se garde bien de préciser quelles industries seront « nationalisées ». Nous savons seulement que leur nombre sera très limité. Les actions et les obligations de ces entreprises devront être échangées contre les rentes de l’État amortissables pendant une période de 40 à 50 ans. L’État va donc payer aux anciens capitalistes une rente dont les sommes seront prises sur le profit tiré par l’État de l’exploitation des ouvriers des usines nationalisées.

Ces industries nationalisées seront dirigées par un conseil tripartite qui sera composé par les trois groupes suivants:

1) Producteurs: main‑d’œuvre, maîtrise, agents de gestion. Leurs délégués seront nommés par l’organisation la plus représentative reconnue comme telle par le pouvoir.

2) Consommateurs: délégués des consommateurs, usagers et fournisseurs qui seront nommés suivant le même principe que les délégués du groupe producteurs.

3) « Collectivité »: « les représentants de la collectivité seront choisis par le pouvoir politique sur des listes présentées par les grands corps de l’État et affectées chacune d’un nombre triple au nombre des représentants à pourvoir ».

Nous nous dispensons de prolonger cette description des organes de direction de l’industrie nationalisée. Son principe reste le même à tous les degrés de l’échelle. Nous voulons seulement ajouter que le personnel dirigeant, le directeur, sera élu par « un collège électoral composé des chefs de services » (p. 16).

Tout cela nous montre le véritable esprit de la « démocratie économique » qui même dans les industries nationalisées écarte pratiquement les ouvriers de la direction des usines.

Utopie réactionnaire

En résumé, le Plan de la C.G.T. se pose pour but la création d’une économie dirigée, basée sur l’exploitation de l’ouvrier. Il veut maintenir le capitalisme intégral, mais il croit possible de supprimer les crises par la direction étatique de crédit et de quelques branches étatisées.

Un tel régime, s’il était possible, pourrait‑il réellement supprimer les crises?

Il est clair, pour quiconque a étudié un peu les lois de l’économie capitaliste, que cela est impossible. Tant que l’économie est basée sur l’exploitation de l’ouvrier, tant que les moyens de production restent entre les mains de la bourgeoisie, il est impossible de diriger l’économie.

Supposons le plan de la C.G.T. réalisé. Mais le profit comme stimulant de l’activité économique et comme régulateur ne disparaîtra pas du fait que la banque d’État va distribuer les crédits suivant les conseils de l’assemblée économique. Les périodes de la haute conjoncture qui consistent dans le développement fiévreux du capital de base doivent nécessairement produire les crises tant que le travail est exploité, tant que la consommation ne croit pas avec la même vitesse que la production, ce qui est une loi fondamentale du régime capitaliste. Les restrictions du crédit imposées aux banques par la banque d’émission pousseront les capitalistes à placer leurs capitaux par mille autres voies possibles dans les industries en état de croissance, qui pressés par les besoins de crédit paieront un taux d’intérêt plus élevé. Si même les limitations étaient possibles, l’œuvre de l’État serait donc dans ce cas profondément réactionnaire parce qu’elle aurait pour effet la diminution du rythme de développement avec le chômage chronique et autres phénomènes analogues.

La seule voie pour supprimer les crises, c’est l’expropriation des expropriateurs et la direction immédiate de tonte l’industrie par l’État prolétarien. La suppression de l’exploitation permettrait l’accroissement continu de la consommation populaire; la suppression du profit et l’organisation de toute la production selon un plan général permettraient seules de supprimer définitivement les crises. Mais toutes ces mesures socialistes sont totalement étrangères aux dirigeants de la C.G.T. et aux « personnalités compétentes de la banque, et de l’économie » qui les ont inspirées.

Nous voyons donc que le Plan de la C.G.T. ne peut en aucune manière supprimer les crises puisqu’il ne touche même pas aux causes qui les engendrent fatalement.

Le néo-réformisme

Par quels moyens la C.G.T. entend réaliser et obliger l’État à accepter quelques revendications ouvrières positives comprises dans le plan et destinées à le faire acceptable pour les ouvriers? Ce problème essentiel intéresse peu les auteurs du plan et les chefs de la C.G.T. Essayons de conclure sur la base de la partie politique du plan.

Vu que la réforme de la Constitution envisagée par le Plan laisse intacte la démocratie parlementaire, on peut en conclure que les syndicalistes veulent réaliser leur Plan par la voie parlementaire. Bien sûr, un Jouhaux [4] tâchera probablement de laisser sa virginité antiparlementaire intacte. Mais il a assez d’amis qui, comme [Marcel] Déat ou [Barthélemy] Montagnon, n’ont rien contre les splendeurs et les misères de la vie parlementaire et gouvernementale. Et, comme on le sait le Parti néo [5] s’est déclaré complètement d’accord avec le Plan de la C.G.T.

C’est donc par la voie parlementaire que le syndicalisme réformiste « indépendant », plein de mépris pour les politiciens, veut réaliser ses « réformes de structure ». Comme nous sommes loin du temps où le mot d’ordre de la grève générale était représenté comme un moyen, le seul efficace de la lutte de la classe ouvrière. Aujourd’hui, on n’en parle plus. Ainsi le néo-réformisme apparaît comme une simple réédition du vieux réformisme parlementaire. Il n’est pas moins illusoire que l’autre.

Peut‑on vraiment croire que « l’oligarchie financière » toute-puissante se laissera déposséder ou simplement limiter dans ses droits par la voie du suffrage universel dans la mesure où les néo-réformistes voulaient, sous la pression de leurs troupes, introduire quelques réformes sérieuses dans l’intérêt des ouvriers ?

Il faut tomber dans un enfantillage complet et ne rien avoir compris à toute l’histoire de la lutte des classes et en particulier des années d’après-guerre pour croire ces capitalistes capables de céder devant les bulletins de vote. Si même il était possible d’obtenir cette majorité, malgré tous les moyens de propagande employés par la bourgeoisie, les néo-réformistes se trouveraient en face de toute la puissance de classe de l’État, de l’armée, de l’appareil bureaucratique, des organisations militaires fascistes qu’ils ne pourraient briser sans une lutte intransigeante du prolétariat contre le Capital.

Mais pour vaincre dans une telle lutte il faut préparer les masses au combat, leur montrer inlassablement la nécessité de la grève générale et de l’insurrection armée comme moyens de la prise du pouvoir par le prolétariat. Cette tâche exige le renforcement de la lutte contre toutes les utopies planistes de Jouhaux, de de Man, de Déat, qui représentent la tentative de désarmement idéologique du prolétariat devant l’ennemi de classe.

 



[1]. Source:
Cahiers du Bolchévisme, 12e année, n° 4, 15 février 1935, p. 219‑224.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k12779v/

[2]. [Note ROCML:] Le planisme se réfère initialement à l’ouvrage d’Henrik de Man "Au-delà du Marxisme", publié en 1927 en Belgique puis en 1930 en France. Le Parti Ouvrier Belge fait appel à lui pour élaborer son plan en 1933 (cf. Les nouvelles révélations de Henri de Man). En France, les planistes sont minoritaires au sein de la SFIO et certains d’entre eux (le courant dit néo-socialiste de Marcel Déat, qui formera le parti socialiste de France) sont exclus en 1933, les planistes restants sont battus au congrès de mai 1934. Mais une partie des planistes se retrouvent dans la CGT, jusqu’à son secrétaire général Léon Jouhaux et un des secrétaires adjoints, René Belin. Après la grève générale du 12 février la CGT reprend l’idée planiste, dans le cadre de sa lutte antifasciste. À l’instar du plan belge, elle préconise la nationalisation du crédit mais va plus loin en réclamant également celle de certaines industries clés.

En été 1935, avec la constitution du Rassemblement populaire, la CGT tente de rallier les partis politiques. Tous acceptent de participer à des travaux de commissions, dont Blum (SFIO), Gayman (PCF), Politzer et Bouthonnier (CGTU). Mais dans un premier temps, c’est la coordination PCF et SFIO qui rend public en septembre 1935 une plate-forme d’action commune qui élargit le champ d’application de l’unité d’action aux domaines économique et social, et s’ouvre aux radicaux.

Lors des derniers congrès syndicaux séparés de septembre 1935, le congrès de la CGTU propose l’adoption d’un "Plan de salut économique et de défense sociale" qui reprend dans les grandes lignes celui de la CGT. Quant à cette dernière, le Bureau confédéral est divisé autour de la question de la participation de la CGT à un gouvernement qui prendrait son plan comme base de programme: Jouhaux et Lenoir y sont opposés, alors que Belin, Pierre Vigne, Charles Laurent et André Delmas la défendent. Le plan de la CGT et la résolution qui l’accompagne établissent un projet de politique de présence du mouvement syndical dans les affaires économiques du pays qui, sans passer par la prise de responsabilités politiques ni par une intégration à l’État, lui permettrait d’exercer une influence sur le gouvernement.

Après la victoire du Front populaire en mai 1936, une réunion est organisée le 10 mai entre Jouhaux et les dirigeants des principales fédérations pour discuter d’une éventuelle participation de la CGT au gouvernement de Front Populaire. Le non l’emporte, la collaboration syndicale sera conditionnée par la prise en compte des revendications propres à la CGT et à son plan. Pour Jouhaux, cette participation se réaliserait par l’intermédiaire d’un organisme nouveau, un "Commissariat à la lutte contre le chômage", dont il prendrait la direction. Le projet ne voit pas le jour.

[3]. [Note ROCML:] Lucien Dorat et Jean Duret appartiennent au Bureau d’études économiques créé en 1934 pour élaborer le plan ratifié par la CGT en 1935.

[4]. [Note ROCML:] Léon Jouhaux. Secrétaire, puis secrétaire général de la CGT (1909-1947); président de la CGT-FO (1948-1954).

[5]. [Note ROCML:] Marcel Déat, après avoir été exclu de la SFIO en novembre 1933 avec un certain nombre de ses partisans du courant dit néo-socialiste, constitue aussitôt le Parti socialiste de France – Union Jean Jaurès.