Lettre ouverte à l’URCF

Dans une récente brochure "Pour fonder le Parti Communiste en France" l’URCF déforme les propos qu’un camarade du ROCML aurait défendus lors du forum du 20 avril 2013. Voici ce passage :

Lors du Forum URCF du 20 avril 2013 sur la “Nationalisation sans indemnisations des monopoles casseurs d’emplois avec contrôle ouvrier”, un camarade du ROC-ML hostile à notre démarche, à la question “Et vous, que faites-vous face aux suppressions d’emplois?” a répondu : “il faut lutter syndicalement”.

N’est-ce pas rester prisonnier des vieilles thèses économistes et trade-unionistes critiquées par Lénine dans “Que faire?”. Les communistes doivent au moyen des cellules d’entreprise agirent indépendamment et avec les syndicats tout en dénonçant le système capitaliste et avancer des revendications politiques.

Le rôle des communistes n’est pas de se cantonner à défendre et diffuser le marxisme-léninisme dans des cercles restreints … en attendant une situation révolutionnaire. Cette dernière ne peut se produire sans un long travail préparatoire, c’est le sens des axes transitoires de lutte, sans l’action dans la classe ouvrière et les masses initiée par l’URCF depuis plusieurs années pour s’attaquer à la source des maux : le capitalisme.

Si le travail syndical de masse est le levier de la prise de conscience élémentaire et peut permettre de faire reculer le Capital, l’organisation communiste a aussi pour mission de travailler dans les entreprises et les quartiers populaires.

Au travers de cette critique c’est la position du ROCML qui est déformée et soit dit en passant celle de Lénine.

Premièrement, on ne fonde pas une critique d’une organisation simplement sur les paroles d’un camarade mais sur les positions qu’elle affirme et les activités qu’elle mène. Le procédé est d’autant plus méprisant qu’on isole et déforme une partie de ses propos sans tenir compte de l’ensemble de son intervention qui rend cette critique caduque. L’URCF aurait dû se baser sur la brochure que nous avons distribuée à cette réunion et qui présente un argumentaire détaillé sur cette revendication de nationalisation en régime capitaliste, or elle l’a ignorée, nous attendons toujours la réaction de l’URCF sur cette brochure. En effet sur cette question nous sommes une organisation marxiste-léniniste qui défend le point de vue marxiste-léniniste que les nationalisations en société capitaliste ne servent en aucune manière la lutte du prolétariat, bien au contraire. C’est entretenir des illusions dans la classe et s’illusionner soi-même.

Deuxièmement, le camarade qui parlait au nom du ROCML n’a pas dit qu’il fallait s’en tenir uniquement à la lutte syndicale. Il a exposé l’idée défendue dans notre brochure, que ce type de proposition (les nationalisations, le contrôle ouvrier) ne peut être avancé que dans des conditions révolutionnaires où la question de la révolution est à l’ordre du jour de la lutte du prolétariat. (Voir p 10-11 de la brochure). C’est vrai que la question a été posée au camarade, "et vous que faites-vous face aux suppressions d’emplois?". Le camarade a répondu qu’il fallait se battre pour que les salariés gardent leur travail sur le plan revendicatif et donc syndicalement et politiquement sans tomber dans des illusions. Ces luttes, même si elles ne sont pas victorieuses, permettent aux travailleurs de se mobiliser solidairement et c’est là l’essentiel. Comme l’expliquait Marx : "Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs". Il affirmait aussi : "Si la classe ouvrière lâchait pied dans on conflit quotidien avec le capital, elle se priverait certainement elle-même de la possibilité d’entreprendre tel ou tel mouvement de plus grande envergure". Et notre camarade, pour illustrer son argumentation a cité l’œuvre de Lénine, "La maladie infantile du communisme" pour caractériser ce qu’est une situation révolutionnaire.

Troisième point, Lénine n’a jamais utilisé le mode de pensée idéaliste et antidialectique de l’URCF. Il n’a jamais été contre la lutte économique et syndicale. Par contre il s’est opposé à toute confusion entre lutte économique et lutte politique. La lutte politique, doit être menée par le parti, à partir des conditions réelles de la classe. Et c’est sur cette base que la lutte politique doit se développer tactiquement et stratégiquement. Tromper les masses, faire croire que l’on peut nationaliser les industries sous le capitalisme pour l’intérêt du prolétariat est en complète contradiction avec la situation actuelle au stade du capitaliste-impérialisme, où les multinationales dominent la vie économique et politique. C’est tomber dans le RÉFORMISME le plus plat. Pour clore ce point, sur les rôles respectifs du parti et du syndicat, nous vous invitons à lire attentivement nos journaux.

Quatrième point, l’URCF dans sa critique affirme "le rôle des communistes n’est pas de se cantonner à défendre et diffuser le marxisme-léninisme dans des cercles restreints … en attendant une situation révolutionnaire". Mais quand les militants ou des organisations comme la vôtre restent ignorants sur ces questions des positions marxistes léninistes fondées sur la théorie et l’expérience historique, comment peut-on arriver à trouver le bon chemin de la lutte pour le prolétariat. Les initiatives pratiques du ROCML démontent votre accusation. Qui a "raté" les rendez-vous unitaires pour les manifestations anti-impérialistes, sur la crise, sur l’élection présidentielle…etc.?

Bien évidemment nous ne pouvons nier qu’il existe avec vous des divergences importantes sur le rôle de la théorie, sur les questions idéologiques et politiques, mais pas celle que vous nous reprochez.

Vous pensez qu’il est possible de rallier les révisionnistes comme ceux du PRCF ou du RCC qui n’ont pas rompu avec les idées révisionnistes des années soixante. Vous affirmez dans votre brochure que pour être révolutionnaires, on n’est pas obligé de répondre à tout. Mais par contre il faut construire une organisation qui sache répondre correctement. Et pour cela il faut d’abord se dégager du mauvais héritage idéologique du PCF.

Nous terminerons en remarquant que dans votre brochure vous polémiquez avec vos anciens camarades de la Coordination communiste qui n’ont pas rompu le cordon ombilical avec le révisionnisme et le PCF. Cette rupture est une question fondamentale pour l’édification d’un véritable parti communiste sur laquelle le ROCML continuera à mener une lutte idéologique, théorique et politique intransigeante.

Le secrétariat du ROCML