Lettre adressée à Emmanuel Macron par Mahmud Abbas [1]
France Diplomatie
12 juin à 03:06 ·
❝ J’ai reçu une lettre d’espoir, de courage, de clarté.
Le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas trace le chemin d’un horizon de paix.
Condamnation du terrorisme, libération des otages, démilitarisation du Hamas, fin de la guerre à Gaza, réformes, élections, paix juste et durable pour tous dans la région.
Il exprime l’attachement du peuple palestinien à la solution à deux États.
Deux peuples, deux États.
La sécurité et la paix.
Des engagements concrets et inédits qui témoignent d’une volonté réelle d’avancer.
Le moment est décisif. ❞
– Emmanuel Macron, 12 juin 2025
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Le texte de la lettre
Son Excellence Emmanuel Macron
Président de la République française
Son Altesse Royale Mohammed bin Salman Al Saud
Prince héritier du Royaume d’Arabie saoudite
Premier ministre du Royaume d’Arabie saoudite
Excellences,
Je tiens tout d’abord à exprimer la reconnaissance de l’État de Palestine pour votre leadership à un moment où le peuple palestinien est confronté à une menace existentielle contre sa vie, ses droits les plus fondamentaux et sa présence même sur sa terre, et à un moment où la perspective de la paix dans notre région est compromise.
À l’approche de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États, que vous coprésiderez et qui revêt une importance cruciale, je tenais à vous faire part de notre vision, de notre engagement et de notre engagement en faveur de la paix et de la sécurité dans la région. Je tenais à vous faire part de notre vision, de nos engagements et de nos attentes, alors que nous nous efforçons ensemble de mettre fin à l’occupation israélienne et au conflit et d’instaurer la paix dans notre région.
Il y a une leçon de l’histoire qui ne peut être ignorée et qui est aujourd’hui plus évidente que jamais. Ce conflit ne se résoudra jamais par plus d’occupation ou plus de violence et de terrorisme. Persister dans cette voie conduira à plus de dévastation et de pertes. Seule une solution politique fondée sur la justice et le droit international, ainsi que sur l’acceptation et la reconnaissance mutuelles, conduira à un avenir radieux pour tous. Le peuple palestinien n’est pas destiné à vivre sous occupation, pas plus que nous et les Israéliens ne sommes destinés à être en guerre. Nous pouvons vivre en paix et en sécurité, côte à côte, demain, si nous prenons les bonnes décisions aujourd’hui. Nous devons tous prendre les mesures nécessaires, audacieuses et sans précédent, qui nous mettront sur la voie. Je suis déterminé à faire en sorte que nous assumions nos responsabilités et je compte sur votre aide pour mobiliser la communauté internationale afin qu’elle assume les siennes et qu’elle veille à ce qu’Israël respecte ses obligations. J’espère que le peuple israélien saura saisir cette opportunité de paix.
Mettre fin à la guerre contre le peuple palestinien à Gaza – Cessez-le-feu et reconstruction : la seule voie vers la paix et la sécurité.
La priorité absolue est de mettre fin à l’effusion de sang à Gaza. Il faut un cessez-le-feu immédiat, global et permanent, l’ouverture par Israël de tous les points de passage et l’acheminement sans entrave par les Nations unies et les organisations humanitaires de l’aide humanitaire à grande échelle dans toute la bande de Gaza, la libération des otages et des prisonniers, et le retrait total des forces d’occupation israéliennes. La destruction par Israël des conditions de vie à Gaza, pour déraciner notre peuple et annexer notre terre, doit cesser immédiatement.
Le plan arabe-OCI de redressement et de reconstruction proposé par l’Égypte, en totale coordination avec l’État de Palestine, qui a reçu un soutien massif de la part des partenaires internationaux, doit commencer à être mis en œuvre sans tarder. Il permet la reconstruction de Gaza sans le déplacement de notre peuple hors de sa terre, ce qui constitue une grave violation du droit international et équivaut à un crime de guerre.
L’État de Palestine est prêt à assumer seul les responsabilités en matière de gouvernance et de sécurité dans la bande de Gaza, avec le soutien arabe et international. Le Harnas ne gouvernera plus Gaza et devra remettre ses armes et ses capacités militaires aux forces de sécurité palestiniennes, qui superviseront leur retrait hors du territoire palestinien occupé, avec le soutien des pays arabes et de la communauté internationale.
L’État de Palestine est prêt à inviter les forces arabes et internationales à se déployer dans le cadre d’une mission de stabilisation/protection sous mandat du Conseil de sécurité, afin de soutenir nos forces de sécurité, d’assurer la protection du peuple palestinien, de veiller à ce qu’un cessez-le-feu permanent soit respecté par tous et de garantir la sécurité de toutes les parties.
Pour faire partie du système politique palestinien légitime, le Harnas doit désarmer, respecter le rejet de la violence et du terrorisme par l’OLP et se transformer en un parti politique qui accepte la plate-forme politique de l’OLP et ses engagements internationaux, y compris la mise en œuvre de la solution des deux États conformément aux résolutions des Nations unies et à l’initiative de paix arabe, et respecter la politique d’un État, d’un gouvernement, d’une loi et d’une arme, selon laquelle il n’y a qu’une seule règle et où les forces de sécurité palestiniennes ont un droit exclusif au port d’armes.
Mettre fin à l’occupation et au conflit une fois pour toutes – Pas de colonisation, pas de déplacement, pas d’annexion, pas de violence et pas de terrorisme
Le cessez-le-feu et la fin de l’assaut israélien contre le peuple palestinien, nos terres, nos maisons, nos infrastructures, nos institutions et nos lieux saints devraient être étendus à l’ensemble du territoire palestinien occupé et devraient s’accompagner de la cessation immédiate de toutes les mesures unilatérales qui violent le droit international par l’une ou l’autre des parties.
Nous demandons à cet égard l’arrêt immédiat et complet de toutes les activités de colonisation, la fin des violences commises par les colons et la confiscation des armes des colons israéliens, ainsi que des mesures visant à décourager les agressions des colons qui ne cessent de s’intensifier contre les communautés palestiniennes de Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, notamment par le biais de sanctions.
Dans ce contexte, permettez-moi de réitérer l’engagement total de l’État de Palestine en faveur d’un règlement pacifique de la question de la Palestine.
Il ne peut y avoir de solution militaire au conflit, et nous rejetons la violence et le terrorisme et dénonçons toutes les attaques contre les civils, qu’ils soient Palestiniens ou Israéliens. Israël doit mettre fin immédiatement à sa guerre et à son agression contre le peuple palestinien, se retirer complètement de la bande de Gaza et libérer les prisonniers palestiniens. Ce que le Hamas a fait le 7 octobre en tuant et en prenant des civils en otage est inacceptable et condamnable et le Hamas doit immédiatement libérer tous les otages et les captifs.
Le peuple palestinien a le droit de vivre dans la liberté et la dignité dans sa patrie, la Palestine et Israël ont le droit d’exister en tant qu’États, dans la paix et la sécurité, conformément au droit international, et tous les peuples ont le droit de vivre dans la paix et la sécurité.
Cela ne peut se faire que par la réalisation d’un État palestinien indépendant et souverain, avec Jérusalem-Est comme capitale, vivant côte à côte avec Israël, dans la paix et la sécurité.
Nous sommes prêts à conclure, selon un calendrier clair et contraignant, et avec le soutien, la supervision et les garanties de la communauté internationale, un accord de paix qui mette fin à l’occupation israélienne et résolve toutes les questions en suspens et celles relatives au statut final, ce qui mettra fin à toutes les revendications et permettra l’instauration d’une paix juste et durable fondée sur les résolutions pertinentes des Nations unies, le mandat de Madrid, y compris l’échange de territoires contre la paix, et l’initiative de paix arabe.
Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités aux frontières, avec le soutien et la surveillance de la communauté internationale. Nous soutenons le déploiement d’une force internationale de maintien de la paix chargée de superviser la mise en œuvre de l’accord sur l’ensemble du territoire palestinien et de fournir les garanties de sécurité nécessaires à la Palestine et à Israël, dans le plein respect de leur souveraineté. L’État palestinien devrait être le seul à assurer la sécurité sur son territoire, mais il n’a pas l’intention d’être un État militarisé et il est prêt à travailler sur des accords de sécurité bénéfiques pour toutes les parties, dans le plein respect de sa souveraineté et aussi longtemps qu’il bénéficiera d’une protection internationale.
Il n’y a pas d’alternative viable à la solution des deux États sur la base des frontières de 1967 et de la reconnaissance mutuelle. L’OLP a reconnu le droit d’Israël à exister il y a plus de 30 ans, une reconnaissance qui lie l’État de Palestine à ce jour, tandis que la reconnaissance de l’État palestinien par Israël se fait attendre depuis longtemps.
Nous appelons tous les États qui croient en la solution des deux États, et qui ne l’ont pas encore fait, à reconnaître l’État de Palestine sur la base des frontières de 1967 et à soutenir son admission en tant que membre à part entière des Nations unies, en tant que reconnaissance du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, y compris son droit à un État indépendant, et en tant qu’investissement dans la paix et dans la réalisation de la solution des deux États.
Il est également impératif que les États adoptent des mesures concrètes et décisives pour décourager les politiques de colonisation, de déplacement et d’annexion, ainsi que la violation du statu quo historique et juridique sur les lieux saints de Jérusalem, et pour promouvoir le respect du droit international et la mise en œuvre de la solution des deux États.
Nous sommes prêts à jouer pleinement notre rôle en avançant sur une voie crédible et irréversible pour mettre fin à l’occupation et conduire à la réalisation d’un État de Palestine indépendant et souverain et à la mise en œuvre de la solution des deux États, selon un calendrier précis et avec de solides garanties internationales.
[1]. https://www.facebook.com/france.diplomatie/posts/-jai-reçu-une-lettre-despoir-de-courage-de-clartéle-président-de-lautorité-pales/1103698798456428/
Traduction de l’anglais.