Répression d’État contre les ouvriers d’Amiens
Hier matin s’est tenue l’audience qui devait juger huit ouvriers licenciés de l’usine Goodyear d’Amiens Nord. Ils comparaissaient, soutenus par une vingtaine de leurs camarades, pour séquestration de deux membres de la direction du site, responsables d’avoir viré des travailleurs exploités pendant des années dans cette usine. Action par laquelle les ouvriers avaient fait pression sur la direction pour obtenir de meilleures indemnités de licenciements. Alors que les deux dirigeants ont retiré leur plainte, le parquet a décidé de maintenir les poursuites et renvoie le procès au 24 novembre 2015.
Cette décision n’est pas surprenante. Elle nous indique une chose : c’est bien l’État qui poursuit les ouvriers en lutte. Comme le disait hier matin un ancien ouvrier de Goodyear, "c’est Hollande et Valls qui nous poursuivent". Cette répression d’État porte la marque du duo réformes et répression qui caractérise la politique du gouvernement bourgeois.
L’État démantèle une par une les conquêtes sociales que les travailleurs ont conquises dans la lutte, et tente de briser la résistance des travailleurs par l’intimidation moyennant des poursuites judiciaires, mais aussi en affaiblissant la capacité d’organisation des travailleurs (les récentes fermetures de Bourses du Travail dans plusieurs villes en sont un exemple).
D’un côté, la loi Macron favorisera les licenciements et réduira les risques de poursuites pénales pour le patronat. De l’autre on multiplie les poursuites judiciaires contre les ouvriers pour faits de grèves et de manifestations sociales, et ce même après qu’on les ait virés! On ne voit pas comment pourrait être mieux mis à nu la véritable nature de l’État en tant qu’instrument de domination d’une classe sur une autre.
Il est inquiétant de constater que les soutiens sur place étaient peu nombreux. Nous sommes pourtant prévenu, la répression antisyndicale et antiouvrière du gouvernement va continuer, accompagnant comme son ombre les réformes capitalistes. En 2013, le gouvernement et l’Assemblée nationale avaient rejeté la proposition d’une loi d’amnistie pour les syndicalistes. Et il n y a aucune raison de penser qu’un changement de cap va s’opérer à ce niveau. Une telle loi ne se quémande pas, elle s’obtient par le rapport de force, par la lutte.
C’est dans ce sens qu’il faut penser à organiser la réponse populaire à la justice des patrons. Cette année 2015 est marquée par les 120 ans de la CGT, et l’année qui suit par les 80 ans du Front Populaire. Il faut défendre dignement ce pourquoi nos ainés se sont battus, et aller par la lutte vers de nouvelles conquêtes. Mais on va vers le danger d’une banalisation de la répression des travailleurs si on sous-estime la nécessité d’une résistance massive et organisée que l’on doit opposer à l’État bourgeois.
Un ouvrier, militant CGT