Construisons le Parti communiste marxiste-léniniste
LA VOIX DES COMMUNISTES, no 2, décembre 2009 – p. 1-4
Pour parler sans détours, le mouvement ouvrier et plus généralement le mouvement populaire traversent depuis plus de trente ans une longue période de défaites.
Non pas faute de lutter, mais parce que face à un patronat et à un État de combat lancés dans une grande offensive réactionnaire dictée par l’approfondissement de la crise du système impérialiste mondial, aucun parti ni aucune organisation syndicale ou autre n’a opposé une stratégie politique ou des mobilisations offensives avec la volonté de bousculer et de déstabiliser les forces de la bourgeoisie.
C’est un fait qui se vérifie jour après jour : il n’existe plus dans ce pays ni un véritable parti communiste ni un syndicat de lutte de classe anticapitaliste lié à ce parti, capables de mener le prolétariat et l’ensemble des couches populaires à la victoire.
Le P“C”F a rayé de ses objectifs la destruction du système capitaliste en même temps qu’il a abandonné la lutte pour la prise du pouvoir par le prolétariat, conditions pour construire une autre société basée sur les intérêts de la classe ouvrière et des autres couches exploitées : le socialisme.
Ce parti n’a plus d’autre ambition que de participer à des alliances électorales et gouvernementales avec des partis bourgeois dans le but de réformer le capitalisme pour lui donner "un visage humain".
La CGT, elle, est dominée par la même idéologie réformiste que le P“C”F.
Même si cette centrale syndicale proclame son indépendance vis-à-vis de ce parti, elle en applique la ligne par l’intermédiaire de ses cadres. Elle a renié officiellement (après les avoir bafoués dans la pratique) tous les principes de la lutte de classe et leur objectif : l’abolition du capitalisme et du salariat par la collectivisation des moyens de production.
Pour la bourgeoisie, le P“C”F et la CGT ne sont plus des ennemis de classe mais des partenaires sociaux. Leur participation à la gestion de l’économie et des institutions politiques se vérifie à chaque occasion et n’a plus rien de secret. Et on en apprend chaque jour davantage sur leur collaboration réciproquement avantageuse.
Forte de cette collaboration, l’oligarchie financière a réussi à mener à bien toutes ses politiques réactionnaires de crise que ce soit avec des gouvernements de droite ou avec des gouvernements de gauche, y compris avec la participation de ministres "communistes" comme ce fut le cas de 1981 à 1984 : liquidation totale ou restructurations de secteurs industriels à faible taux de profit (mines, sidérurgie, chimie, textile), exploitation accrue du travail par l’intensification, la flexibilité, la précarité, les licenciements et les salaires écrasés, casse de la protection sociale (sécu, retraites) et des services publics utiles au peuple (école, santé, poste, éner-gie, transports publics…).
À part des critiques orales et des journées "d’action" nationales dispersées, sans perspective, n’allant pas au-delà de l’expression du mécontentement populaire, et jouant en fait le rôle de soupapes de sécurité, le P“C”F et la CGT n’ont rien fait durant toutes ces années en tant qu’organisations nationales censées mobiliser les travailleurs, pour créer un véritable combat de classe contre l’offensive générale de la bourgeoisie.
La bourgeoisie impérialiste française est ainsi en mesure jusqu’à aujourd’hui, de traverser la plus grande crise économique depuis celle de 1929, sans explosion sociale, assurée que la gauche et les syndicats ne remettront pas en cause l’ordre capitaliste, P“C”F et CGT apportant même leurs conseils aux pouvoirs économiques et politiques pour que la France capitaliste sorte de cette crise sans trop de dégâts, appliquant le postulat réformiste de collaboration des classes : ce qui est bon pour le capital est bon pour le travail. Et réciproquement.
Face aux attaques frontales et multiformes du capital financier et des forces politiques à son service, il aurait au contraire fallu au prolétariat un parti communiste révolutionnaire, fort, lié aux masses au travers d’un syndicat ouvrier de lutte de classe et d’organisations populaires anticapitalistes. Ce parti aurait mobilisé les travailleurs et l’ensemble des couches populaires dans le but d’affronter la bourgeoisie et son État pour au moins les faire reculer et au mieux, dans l’hypothèse d’une crise politique et suivant les situations concrètes, d’ouvrir des perspectives révolutionnaires.
Aujourd’hui, ni ce parti, ni ce syndicat, ni ces organisations populaires n’existent.
Les organisations communistes qui se réclament du marxisme-léninisme restent divisées, souvent porteuses de positions politiques héritées du PCF dont elles sont issues récemment pour certaines et en tout cas bien après le reniement de la voie révolutionnaire par ce parti et son alignement sur les thèses révisionnistes modernes imposées par Khrouchtchev et ses successeurs au mouvement communiste international. En même temps, elles restent campées sur des crispations sectaires par crainte de confronter directement ces positions au sein d’un seul parti.
La CGT, qui garde encore une influence certaine sur la classe ouvrière est dirigée par un appareil bureaucratique qui fonctionne à tous les niveaux grâce aux financements des pouvoirs politiques et économiques bourgeois et qui verrouille toute opposition à sa ligne de collaboration des classes. Ce verrouillage rend illusoire la reconquête de la confédération par les syndicalistes révolutionnaires de la base et donne lieu tout au plus à des luttes entre clans réformistes au sein de cet appareil ou à des accès de révolte sans lendemain de la part de militants combatifs écoeurés.
Quant aux organisations populaires anticapitalistes, elles sont peu développées, se limitent à des activités locales, se bornent à soulager la misère sociale plutôt que d’organiser et de mobiliser le peuple pour y mettre un terme.
Que faire, dans ces circonstances pour faire avancer
le mouvement ouvrier et populaire dans la voie de la révolution?
La situation est difficile, mais les communistes ont la confiance scientifique que les contradictions de la société capitaliste engendreront les conditions de la révolution prolétarienne.
Partant de la réalité et suivant les enseignements du marxisme-léninisme vérifiés par l’Histoire, le ROCML définit comme tâche principale du mouvement communiste, celle autour de laquelle s’articulent toutes les autres, la construction du parti communiste marxiste-léniniste.
Sans parti communiste guidé par une stratégie et une tactique révolutionnaire, l’action des révolutionnaires dans les masses ne peut en effet qu’être aveugle, aléatoire, sans boussole, sans perspective, limitée aux revendications du mouvement spontané. Le mouvement ouvrier et populaire laissé à lui-même ou dévoyé par les réformistes est condamné à aller d’échecs en échecs.
Dans la voie de la construction de ce parti, le CNUMCF a contribué à faire des pas importants en amenant les organisations adhérentes à mener le débat idéologique sur les objectifs stratégiques ainsi que sur certaines positions tactiques du mouvement communiste. Il a permis d’engager la lutte contre le sectarisme.
Le ROCML est né de l’unification de cinq organisations du CNU : le Collectif Militant Communiste, Communistes en Lutte, l’Association les Amis de Karl Marx, la Jeunesse Communiste Marxiste-Léniniste de Pau, et la Jeunesse communiste Communiste Marxiste-Léniniste d’Albi. Il a été rejoint par le groupe communiste de Marseille, et l’organisation se construit dans d’autres villes et dans la région parisienne.
Le ROCML s’édifie aujourd’hui comme une force active dans certaines luttes, dans le débat idéologique, dans la diffusion des idées de la révolution, dans la lutte contre l’opportunisme et le sectarisme, dans l’organisation des communistes et des éléments avancés dans un seul parti.
L’expérience l’a montré : l’opportunisme et le sectarisme ont la peau dure. Des freins et des obstacles ont entravé la dynamique unitaire qui aurait dû conduire à la fusion prochaine de toutes les organisations membres du CNU.
Ces freins ne nous empêcheront pas de maintenir l’objectif de l’unification des organisations communistes qui se réclament du marxisme-léninisme dans un parti unique, mais nous le ferons conscients que le renforcement de notre organisation est la condition de la construction de ce parti.
Le ROCML appelle ses militants et les communistes à se mobiliser dans les luttes de la classe ouvrière, des couches populaires exploitées et opprimées, de la jeunesse des universités, des lycées et des quartiers.
En agissant concrètement pour renforcer ces luttes, en appuyant les revendications et les formes de lutte les plus justes, ils se distingueront des réformistes et des capitulards, et ils gagneront la confiance des travailleurs et de la jeunesse populaire. Sur la base des situations concrètes, ils saisiront alors toutes les possibilités de diffuser les idées de la révolution et pourront ainsi rallier à l’organisation communiste les éléments combatifs et éclairés engagés dans ces luttes.
En avant avec le ROCML
Construisons le Parti communiste marxiste-léniniste de France !