Pour battre la bourgeoisie il faut un véritable parti communiste !
LA VOIX DES COMMUNISTES, no 3, juillet 2010 – p. 1-4
Les masses travailleuses paieront-elles la crise du capital? Pour la bourgeoisie, la classe qui possède le capital qui permet d‘exploiter la force de travail des prolétaires, la question ne se pose même pas. La réponse est forcément positive. Et elle l‘applique d‘une manière systématique dans tous les domaines de l‘activité économique, sociale et politique.
Accroitre l‘extorsion de la plus-value pour valoriser au maximum le capital, telle est la logique générale qu‘elle suit en y mettant les formes, quand elle le peut, et qu‘elle applique sans retenue, avec brutalité, aujourd‘hui, dans les conditions de la crise économique profonde et prolongée qu‘elle traverse.
Elle le fait par les restructurations pour concentrer la production et donc produire avec moins de main d‘oeuvre et par les délocalisations pour produire avec une main d‘oeuvre moins chère.
D‘où un chômage accru ici et une exploitation record dans les pays où la force de travail est bon marché.
Et comme cela ne suffit pas, ce qu‘elle ne peut obtenir par un accroissement en volume de la production – la crise est en effet à la base une crise mondiale de surproduction -, elle le prend sur l‘ensemble des moyens d‘existence du prolétariat (baisses des salaires directs, des allocations-chômage, recul de l‘âge, hausse des cotisations salariales et baisse du niveau des pensions, abaissement des remboursement des soins et des médicaments, délabrement de l‘école et de l‘université, de la poste, des transports et communications…).
Rien n‘échappe aux rafles financières imposées par le patronat et le pouvoir politique. L‘actualité sociale apporte chaque jour de nouvelles attaques contre les travailleurs.
En revanche, l‘État distribue aux banques et au patronat les milliards d‘euros volés au peuple, pour maintenir le système d’économie capitaliste historiquement dépassé et à l’agonie. Ce qu‘on prélève aux uns, on le distribue aux autres.
Faut-il s‘étonner de ce racket et de son ampleur? Nullement. C‘est l‘expression de la dictature de classe que le capitalisme impose au monde du travail pour tenter momentanément de surmonter la crise actuelle jusqu’à une nouvelle crise encore plus grave. La bourgeoisie mène sa lutte de classe et pour cela utilise tous les moyens de l’État à son service!
Ce qui doit nous interroger, c’est pourquoi, jusqu’à présent, le patronat et le pouvoir politique peuvent suivre leur feuille de route sans qu’en face, le camp des ouvriers et du peuple soit capable de s’opposer avec succès aux attaques dont il est la cible.
Comment expliquer cette incapacité?
À cette question de plus en plus de travailleurs répondent : si nos luttes ne parviennent pas à ébranler le mur du capital, c‘est qu‘elles ne sont pas assez puissantes et qu‘elles ne l‘attaquent pas dans ses fondements.
Ainsi les militants syndicaux sont de plus en plus nombreux à dénoncer l‘inefficacité des journées d‘action sans lendemain et les manifestations-promenades et à réclamer des formes de lutte plus radicales.
Il est indiscutable et de plus en plus visible, en effet, que les directions syndicales n‘ont pas la volonté de construire un rapport de forces frontal classe contre classe, sur les lieux de travail et dans la rue, contre la bourgeoisie. Ayant abandonné l‘objectif de combattre et de supprimer le capitalisme en tant que système, leur ligne c‘est la négociation pour cogérer les problèmes économiques et sociaux avec les autres « partenaires sociaux »; les mobilisations ne sont utilisées que comme mesures du mécontentement dans ces négociations. Le résultat, c‘est que de compromis en compromis, la bourgeoisie fait progresser ses plans et que les travailleurs reculent à tous les niveaux.
Pour nous communistes cette impuissance du mouvement syndical n’est que la conséquence de l‘absence d‘une alternative politique capable de l’arracher à la politique réformiste de conciliation et de soumission aux intérêts du capital et d‘unir et de mobiliser le mouvement ouvrier et populaire sur un projet de société en rupture avec le capitalisme.
Qui peut être porteur de cette alternative ?
Le PS, qui est le principal parti bourgeois de gauche n‘a d‘autre fonction que celle de gérer loyalement le capitalisme en alternance avec la droite.
Le PCF, qui fut historiquement le parti de la classe ouvrière, a abandonné depuis longtemps en théorie et en pratique la voie de la révolution socialiste et s‘est transformé en aile gauche de la social-démocratie. Il n‘est plus désormais qu‘une force d‘appoint électorale du Parti Socialiste.
Les organisations trotskystes dites « d‘extrême gauche » ou certaines autres organisations qui limitent leur politique à l‘anti-néo-(ou ultra)libéralisme, sous prétexte qu‘il faut battre la droite, finissent comme le PCF à appeler à voter pour le PS social-libéral et donc moins ultralibéral! Quel que soit le style plus radical de leurs discours, ces organisations nagent dans les mêmes eaux que la gauche bourgeoise. Elles n‘ont aucune autre alternative.
Pas étonnant que dans cette configuration, les prolétaires soient de plus en plus nombreux à déserter le cirque électoral et que les abstentionnistes soient devenus le plus grand parti de France.
Ce rejet de l‘alternance électorale « qui ne change rien » est positif. Mais, en l‘absence d‘un parti révolutionnaire capable d‘entrainer les masses, il conduit à une dépolitisation des couches populaires les plus exploitées, situation qui convient à la bourgeoisie, et qui ne fait pas progresser le combat politique anticapitaliste.
Pour résumer, le prolétariat se trouve aujourd‘hui démuni d‘un parti révolutionnaire démarqué nettement de la gauche réformiste et de ses rabatteurs, capable de développer un syndicalisme anticapitaliste, capable de s’opposer efficacement aux attaques du capital et portant clairement dans sa ligne et dans sa pratique l‘objectif de la conquête du pouvoir par le prolétariat pour détruire le capitalisme et construire le socialisme.
Voilà pourquoi la bourgeoisie capitaliste se sent forte et qu‘elle détruit méthodiquement les progrès sociaux que les travailleurs avaient acquis par leurs luttes, dans d‘autres conditions, avant et après la deuxième guerre mondiale.
Cette situation est-elle sans issue? Nous ne le pensons pas. Constater ce qui fait défaut, aujourd‘hui, aux masses exploitées, c‘est en effet montrer ce qu‘il faut construire. À commencer par le parti révolutionnaire du prolétariat.
Pourquoi commencer par là? Parce que le parti est l‘organisation qui définit pour toute la classe le but à atteindre, les étapes à franchir et les moyens à utiliser pour que le prolétariat conquière le pouvoir politique. Le parti est l‘état-major de la classe ouvrière. Regroupant les éléments les plus conscients de la classe, il est seul capable d‘articuler centralement l‘ensemble des luttes ouvrières et populaires, de les orienter et de les diriger pour réaliser les objectifs tactiques et stratégiques. Sans un tel parti, impossible d‘affronter victorieusement l‘adversaire de classe de manière consciente et organisée et de déjouer les manoeuvres des faux amis.
L‘existence d‘un tel Parti et l‘action consciente et organisée de ses militants dans les masses exploitées est la condition nécessaire pour briser dans les syndicats les entraves à la lutte de classe et libérer ainsi l‘énergie anticapitaliste étouffée par les dirigeants réformistes à genoux devant le capital.
Où en sommes-nous dans la construction de ce parti?
Nous en sommes encore au début, mais nous avons accompli quelques pas modestes et décisifs. Grâce au travail unitaire du Comité National pour l‘Unification du Mouvement Communiste de France (CNU) créé en octobre 2006, plusieurs organisations ont fusionné dans une seule, le Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes Léninistes, qui a tenu avec succès son congrès fondateur les 17 et 18 avril 2010. Unis par le marxisme léninisme et organisés pour le mettre en pratique, les militants du ROCML ont maintenant devant eux la tâche de renforcer idéologiquement et de développer l‘organisation communiste dans la pratique, c‘est-à-dire au coeur des luttes.
Parallèlement au ROCML et avec son soutien, les jeunes communistes marxistes-léninistes organisés jusque-là localement, se sont unifiés nationalement lors du congrès fondateur de la Jeunesse Communiste Marxiste Léniniste, les 22 et 23 mai. Ce congrès, tenu dans l‘enthousiasme et dans un esprit communiste élevé, ouvre de grandes perspectives de travail dans la jeunesse ouvrière et populaire.
Nous n‘en sommes encore qu‘au début du processus de construction du Parti Communiste Marxiste Léniniste comme avant-garde du prolétariat capable de diriger les masses ouvrières et populaires dans leur combat anticapitaliste, pour la révolution.
Ce processus de construction du Parti implique en outre une autre tâche qui est celle de l‘unification de tous les communistes dans une seule organisation. Le ROCML n‘oublie pas cet objectif et continuera le combat contre l‘esprit de secte qui crée la division actuelle du mouvement communiste qui se réclame du marxisme-léninisme.
Sans parti communiste, le prolétariat et les masses populaires ne peuvent pas vaincre leur ennemi de classe, la bourgeoisie.
Le ROCML n‘a pas la vanité de s‘autoproclamer le parti ou son embryon. Mais il fera tout pour que ce parti existe malgré tous les prétextes qu‘on oppose à cette exigence. Et c‘est pourquoi il a commencé à le construire.
Nous appelons tous ceux qui prennent conscience dans la lutte des méfaits du capitalisme, les syndicalistes de lutte de classe, les communistes révolutionnaires à rejoindre notre combat.