Notre but principal :
La construction du Parti politique du prolétariat
indépendant de la bourgeoisie
LA VOIX DES COMMUNISTES, no 9, aout 2013 – p. 20-23
Aujourd’hui l’état et le développement du mouvement ouvrier sont dialectiquement liés à la situation et au développement du mouvement communiste et réciproquement. On ne peut comprendre la situation de l’un sans tenir compte de la situation et de l’influence de l’autre.
Quelle est la dialectique du développement de ces mouvements? Pourquoi le mouvement communiste isolé du mouvement ouvrier ne peut que s’effondrer et dégénérer dans son isolement. Réciproquement sans mouvement communiste la lutte de la classe ouvrière[1] ne peut pas surmonter les obstacles, et sa lutte de classe ne dépassera pas le cadre de société capitaliste. L’abolition du salariat n’est possible que si la lutte du prolétariat est conduite par sa fraction la plus consciente, les communistes.
La théorie qui prétend que l’organisation politique du prolétariat naitra du mouvement spontané, « à la base » est une théorie économiste et spontanéiste. La conscience des objectifs et du rôle historique de la classe ouvrière ne nait pas spontanément du mouvement ouvrier. Elle est apportée de « l’extérieur » par la théorie scientifique. Cela ne veut pas dire qu’elle est apportée par des intellectuels coupés de la classe et de sa lutte. La théorie marxiste-léniniste et son développement, guide pour l’action révolutionnaire du prolétariat, n’est pas le résultat du travail d’intellectuels isolés de la classe. L’expérience nous enseigne que la théorie se développe lors de changements profonds dans la société, nourrie de l’expérience concrète de la lutte de la classe. La théorie doit permettre de comprendre la réalité concrète de la société pour pouvoir la transformer. Le mouvement communiste aujourd’hui doit concentrer ses efforts dans la compréhension du mouvement ouvrier, sur son évolution et son développement. C’est cette connaissance qui nous permettra d’organiser les éléments les plus capables de s’élever à la compréhension du rôle que l’histoire assigne à la classe ouvrière.
« La théorie du marxisme, qui étudie au premier chef les processus objectifs dans leur développement et leur dépérissement, détermine la tendance du développement, indique la classe ou les classes qui montent inéluctablement au pouvoir ou celles qui tombent et ne peuvent manquer de tomber. » (Staline)
La théorie marxiste n’est pas le simple fruit de l’imagination. Elle est la représentation de la réalité objective. Elle ne permet pas seulement de comprendre une situation mais d’en découvrir les lois qui permettent d’agir sur elle. « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe, c’est de la transformer[2]. »
Et pour transformer la société, il faut déterminer quelle classe est à même de jouer ce rôle, les classes ou couches qu’elle doit gagner à sa cause, quelles classes elle doit combattre. Ce travail se concrétise dans le programme communiste.
« Le programme du marxisme, en se fondant sur les conclusions de la théorie, détermine l’objectif du mouvement de la classe montante, en l’espèce le prolétariat, pour une certaine période du développement du capitalisme ou pour toute la période capitaliste (programme minimum et programme maximum)[3]. »
C’est sur cette base que le mouvement communiste construit sa stratégie et sa tactique. Tout ce travail ne se déroulera pas dans un schéma simple, valable de tout temps. Chaque pays, chaque époque peut nous imposer certaines obligations. Aujourd’hui, le mouvement communiste est considérablement affaibli par la domination du réformisme et du révisionnisme sur le mouvement ouvrier. Il a même disparu dans certains pays. Son influence et son enracinement dans la classe est faible. Alors que faire?
Le prolétariat est la seule classe capable de mener la révolution jusqu’au bout, jusqu’à disparaitre lui-même en tant que classe. Sans travail au sein de la classe, on ne peut avancer sur la voie de la transformation révolutionnaire de la société. Sans travail quotidien dans la classe, comment la conscience communiste peut-elle se développer? Organiser l’avant-garde de la classe ouvrière est-ce un travail de masse ou un travail individuel? L’ouvrier d’avant-garde, le communiste, c’est celui qui conduit les travailleurs dans la lutte, c’est celui qui dirige les diverses organisations de la classe ouvrière. Mais répétons-le, sans faire sienne la théorie marxiste-léniniste, le mouvement communiste ne peut exister. Mais cette activité ne peut être menée sans s’appuyer sur une ligne politique qui ne peut être élaborée que collectivement par l’organisation communiste. « Engels reconnaît à la grande lutte de la social-démocratie (lire communiste-NdR) non pas deux formes (politique et économique), – comme cela se fait chez nous, – mais trois, en mettant sur le même plan la lutte théorique », remarquait Lénine[4]. La lutte des communistes doit être menée sur ces trois fronts. Et aujourd’hui la lutte théorique revêt une grande importance, étant donné la maitrise extrêmement faible de la théorie par le mouvement communiste aujourd’hui. Lénine résume ainsi les trois questions posées par lui dans l’article "Par où commencer?": « […] le caractère et le contenu essentiel de notre agitation politique; nos tâches d’organisation; le plan de construction menée par plusieurs bouts à la fois, d’une organisation de combat pour toute la Russie[5]. » Malheureusement aujourd’hui, le mouvement communiste et ouvrier est loin d’avoir assimilé les préconisations de Lénine à ce sujet. Il est à la fois dogmatique/mécanique, à la foi spontanéiste ou gauchiste, et conduit certains militants à estimer qu’il n’est pas possible dans les conditions actuelles de s’engager dans la construction d’une organisation communiste. Construire l’organisation politique de la classe ouvrière à même d’organiser la masse des travailleurs pour prendre le pouvoir est toujours d’actualité et quelles que soient les conditions. La construction d’un parti politique indépendant de la bourgeoisie est indispensable. Car sans parti communiste, il n’y aura pas de possibilité de coordonner les luttes et mener les batailles décisives contre le capital. C’est pourquoi le marxisme-léninisme considère que le parti est la forme supérieure d’organisation de la classe ouvrière. Ce principe fondamental nous sépare de toutes les formes révisionnistes et déviationnistes (révisionniste moderne, trotskiste, anarchiste…).
Pour réaliser cette tâche le mouvement communiste doit se démarquer ouvertement du mouvement réformiste, spontanéiste ou gauchiste. Les communistes sont des révolutionnaires. Ils ne sont pas des contestataires. C’est le niveau atteint par la lutte de classe qui impose les formes et les modalités de lutte, le travail des communistes est de savoir répondre aux besoins de la lutte. La lutte peut passer par plusieurs étapes, elle peut prendre diverses formes simultanément. Les communistes doivent savoir analyser la situation et comprendre quelle forme, mode de lutte et organisation doit être privilégiée pour conduire cette lutte dans la bonne direction. La lutte politique communiste bien sûr intervient sur tous les problèmes de la société.
« La conscience des masses ouvrières ne peut être une conscience de classe véritable si les ouvriers n’apprennent pas à profiter des faits et événements politiques concrets et actuels pour observer chacune des autres classes sociales dans toutes les manifestations de leur vie intellectuelle, morale et politique, s’ils n’apprennent pas à appliquer pratiquement l’analyse et le critérium matérialistes à toutes les formes de l’activité et de la vie de toutes les classes, catégories et groupes de la population. Quiconque attire l’attention, l’esprit d’observation et la conscience de la classe ouvrière uniquement ou même principalement sur elle-même, n’est pas un social-démocrate; car, pour se bien connaître elle-même, la classe ouvrière doit avoir une connaissance précise des rapports réciproques de la société contemporaine, connaissance non seulement théorique… disons plutôt : moins théorique que fondée sur l’expérience de la vie politique[6]. »
Mais le travail au sein de la classe ouvrière reste une tâche fondamentale pour les communistes. Pour intervenir en dehors de la classe, il faut en avoir la force politique et les moyens organisationnels. Aller vers toutes les couches de la société, au nom de qui? Le mouvement communiste peut-il se développer au sein de n’importe quelle classe en oubliant le rôle central, historique de la classe pour abattre le capitalisme? C’est la classe ouvrière que le mouvement communiste doit gagner, car c’est seulement elle qui peut surmonter les obstacles, briser les chaines de la bourgeoisie.
Lutte quotidienne et lutte politique
La lutte quotidienne, la lutte économique ou la lutte syndicale est-ce la même chose? Comment le conflit entre le capital et le travail se traduit-il dans la lutte quotidienne? La lutte politique est-elle la seule lutte valable pour le communiste?
La lutte économique, c’est une lutte quotidienne mais la lutte quotidienne ne se réduit pas simplement à la lutte économique. Dans la société capitaliste, tout ce qui est gagné par les travailleurs est toujours remis en cause par la bourgeoisie. Aussi il ne faut pas donner de faux espoirs à la classe ouvrière. Ce qui est gagné aujourd’hui peut être perdu sous une autre forme demain. Voilà qui doit distinguer notre lutte économique quotidienne d’avec les réformistes. La lutte politique elle, vise le pouvoir de la bourgeoisie, remet en cause son pouvoir. C’est cette lutte sous forme de propagande, d’agitation, de mobilisations qui entrainent le développement de la lutte politique de la classe ouvrière. Mais elle ne peut se développer que sur la base élémentaire de l’affrontement de classe, dont la lutte économique fait partie. Aussi la participation des communistes aux luttes économiques de la classe est indispensable. Sans participer aux tâches quotidiennes comment pourrait-on arriver à organiser une force révolutionnaire, coupé de la réalité des conditions de lutte et d’existence de la classe.
Le travail politique que doit mener le parti du prolétariat porte sur tous les sujets de la société. Il doit présenter l’alternative communiste à la société capitaliste. Le travail syndical est plus limité, de caractère professionnel et les revendications sont limités par ce caractère. La composition de l’organisation syndicale est plus large que celle de l’organisation communiste. Sur la base de la lutte économique, un syndicat peut regrouper de larges couches de la classe ouvrière. Le Parti par contre ne peut regrouper que la fraction la plus consciente politiquement de la classe qui sous la domination de la bourgeoisie ne peut être qu’une minorité. Aujourd’hui notre tâche principale est de construire le Parti. Pour y arriver il nous faut aujourd’hui assurer dans le temps la continuité du travail communiste, théorique, idéologique et politique au travers d’une organisation communiste. C’est le travail de tout communiste aujourd’hui quelle que soit son origine sociale et sa situation, ouvrier, étudiant, chômeur, intellectuel. Évidemment cela ne veut pas dire qu’un communiste n’intervient que sur son lieu de travail et de vie. Fixer une orientation politique et idéologique unique n’est pas imposer une activité unique, la même pour tous les communistes.
Pour réaliser cette tâche, les communistes ne peuvent l’accomplir qu’en étant organisés. Elle ne peut être menée à bien par le seul travail individuel. Seule une organisation stable, effectuant un travail patient et régulier peut développer la théorie ml, mettre en oeuvre une politique nationale et la stratégie et tactique pour diriger la lutte politique et quotidienne. En utilisant tous les moyens modernes de communication et d’échange comme internet, moyens qui ne sauraient remplacer l’organisation pour mobiliser sur une même tache politique, un même but les communistes. Les véritables marxistes-léninistes ne s’illusionnent pas sur l’émergence d’un véritable parti communiste, le ROCML n’est pas le Parti mais sans actes pratiques d’une organisation communiste le Parti ne pourra être édifié et la révolution prolétarienne réalisée. Mais ce Parti ne tombera pas du ciel. C’est un processus qui est lié, à la fois au développement du mouvement ouvrier, et à la fois au travail théorique-politique et pratique des communistes organisés. Sans tomber dans le volontarisme et le subjectivisme, les communistes doivent assumer leurs responsabilités historiques. Personne ne peut nier les difficultés que l’on rencontre pour accomplir nos tâches. D’autant que nous devons assumer un mauvais héritage qui dure depuis au moins 70 ans. Le mouvement communiste international et national est toujours en crise. Face aux difficultés du capitalisme, il n’existe plus d’alternative communiste capable de mener la lutte. La lutte de classe du prolétariat n’a pas disparu mais elle est dévoyée, dominée par des classes ou couches sociales non prolétaires. L’ordre du jour est toujours imposé par la bourgeoisie. L’idéologie de la bourgeoisie est dominante. Après la restauration du capitalisme dans les ex-pays socialistes, la classe ouvrière a perdu une référence pour le socialisme. Nous ne devons pas nous illusionner sur l’état des lieux de la lutte, des chaines qui entravent la conscience de la classe ouvrière. Elles ont comme nom, chauvinisme, nationalisme, économisme et fatalisme devant les évènements. Et nous devons mener notre combat dans ces conditions défavorables. Personne ne peut nier les difficultés que l’on rencontre pour accomplir cette tâche. Mais la dégradation du capitalisme qui devient de plus en plus évidente nous donne du grain à moudre. Il nous faut montrer qu’il n’y a pas de solution dans la société capitaliste en faveur du prolétariat et de tous les travailleurs. Cette société n’apporte plus rien de positif à l’humanité, il faut nous appuyer sur l’histoire passée à partir du présent. Celui qui ne le fait pas n’est pas en rupture totale avec la société capitaliste. Notre slogan principal doit être : À bas le capitalisme-impérialisme, Vive le socialisme! En montrant que toutes les autres « possibilités » et théories sont inconséquentes, fausses et ne peuvent conduire qu’à prolonger l’agonie de ce système en prolongeant l’exploitation des travailleurs et leurs souffrances.
La société capitaliste chaque jour se décompose sous l’effet de ses contradictions insurmontables, elle n’est capable que d’aggraver le mode d’existence de millions travailleurs. Nous devons montrer pourquoi dans cette situation le socialisme est la seule solution envisageable et nécessaire. Si l’on n’en est pas convaincu, rien ne sert de lutter, celui qui n’a pas de but n’a pas d’énergie. Le défi que nous devons relever est de transformer l’énorme énergie potentielle que recèle la classe en mouvement politique de classe avec nos forces, aussi faibles soient-elles.
Après tout ce qui a été dit, le travail de communiste aujourd’hui peut se résumer ainsi : accumulation de force, regrouper les militants communistes autour de la ligne politique. On doit comprendre que le rôle de chaque communiste est décisif. Un exemple pour accomplir les tâches quotidiennes et le travail théorique, si le militant communiste ne prend pas des initiatives, il reste impuissant.
À bas le capitalisme.
Le socialisme et communisme vaincront !
31 Mars 2013
[1]. Nous employons ici le terme de classe ouvrière au sens général et comme synonyme de prolétariat ou classe des prolétaires.
[2]. K. Marx, "Thèses sur Feuerbach", Thèse XI.
[3]. Staline
[4]. Lénine, "Que faire?" (partie I – Dogmatisme et liberté de critique, point d – Engels et l’importance de la lutte théorique).
[5]. Lénine, "Que faire?" (préface).
[6]. Lénine, "Que faire?" (partie III – Politique trade-unioniste et politique social-démocrate, point c – Les révélations politiques et “l’éducation de l’activité révolutionnaire”).