Sortir de l’impasse du réformisme et du révisionnisme
LA VOIX DES COMMUNISTES, no 11, octobre 2014 – p. 3-5
Les élections municipales et européennes qui ont marqué le premier semestre 2014 ont mis en évidence les éléments d’une situation politique nouvelle à partir de laquelle le mouvement ouvrier et populaire doit maintenant tracer ses perspectives.
Le premier fait marquant, c’est le revers cinglant infligé au PS et au gouvernement dirigé par ce parti : des centaines de municipalités perdues, 6 % des électeurs inscrits aux élections européennes. Deux ans auront suffi pour disqualifier François Hollande et ses ministres. Ceux qui avaient voté en 2012 en pensant que le PS au gouvernement ferait une autre politique que Sarkozy se sont rendus à l’évidence : c’est la même politique de soutien au capital et la même politique d’attaques contre les travailleurs qui a été menée. D’un côté, l’État distribue aux patrons entre 40 et 50 milliards d’Euros au titre du CICE (Crédit d’Impôts Compétitivité Emploi) et du Pacte de Responsabilité. Le CICE aura par exemple permis au groupe Mulliez (supermarchés AUCHAN) de toucher 44 millions d’euros de remise d’impôts en 2013! Grâce au pacte de responsabilité, les cotisations familiales payées par les patrons seront supprimées. De l’autre côté, en revanche, on fait pression sur les salaires, les pensions de retraites, on réduit les prestations sociales, on lamine et détruit les services publics… Au nom de la relance, de la compétitivité, de la réduction du « coût » du travail, c’est une politique de classe qui est menée : le PS est un des partis de la classe capitaliste. C’est un fait que tout militant constate et dont il faut tirer toutes les conséquences. La Voix des Communistes titrait dans son édition de l’été 2012 : La droite s’en va, la gauche arrive… La dictature de la bourgeoisie demeure! Nous avions vu juste.
Le deuxième fait marquant des dernières élections, c’est l’importance de l’abstention : 57 % aux européennes! L’idée que les élections ça ne change rien, qu’il n’y a rien à en attendre progresse. Certes, l’abstention n’est pas forcément un choix politique. Mais le fait que, selon une étude, plus de la moitié des syndiqués de la CGT, de SUD et de FO se sont abstenus est significatif du caractère de classe d’une partie de l’abstention. Significatif, parallèlement, est le flop du Front de Gauche : scores calamiteux aux municipales, 3 % des électeurs inscrits aux européennes. Les manœuvres intéressées de ses composantes, les surenchères radicales sans rupture avec les politiques réformistes ont suscité une juste méfiance des militants ouvriers. Mélenchon vient de reconnaitre qu’il a échoué. Le Front de Gauche n’aura servi, pendant un temps, qu’à orienter des ouvriers dans une voie illusoire.
Les autres faits qui ressortent des résultats électoraux sont les succès relatifs que la droite UMP et l’extrême droite du Front national ont tirés de la bérézina du PS. Succès relatif pour l’UMP, car si ce parti gagne des villes aux municipales, il s’effondre aux européennes, affaibli par les scandales et ses divisions. Succès relatif aussi pour le FN, car s’il prend quelques mairies aux municipales et s’il passe devant l’UMP et le PS aux européennes, il n’en perd pas moins 2 millions de voix par rapport aux présidentielles de 2012. Cela n’enlève rien à la nocivité de ce parti d’extrême droite qui réussit à fourvoyer une partie du peuple.
Tels sont les constats devant lesquels de nombreux militants s’interrogent :
Comment et pourquoi la représentation politique du mouvement ouvrier, c’est-à-dire le Parti Communiste et les organisations populaires progressistes, est-elle tombée aussi bas?
Que faut-il construire face à l’alternance PS/UMP?
Le PS peut-il changer de politique et se ranger du côté des travailleurs?
Le Front National n’est-il pas le danger principal?
Y a-t-il un danger fasciste qui nécessiterait de s’allier avec le PS?
Il ne manquera pas d’organisations et de partis de la gauche et de la gauche de la gauche pour avancer des réponses qui ne remettront pas en question les causes qui ont conduit le mouvement ouvrier et populaire dans l’impasse. Cela irait à l’encontre des stratégies qu’ils appliquent depuis trop longtemps maintenant. Ce serait se faire harakiri. Ils préfèrent la mort lente. Les directions de ces partis et organisations se serviront de l’épouvantail du Front National et d’un retour de la droite en 2017 pour continuer à impulser la politique d’union de la gauche avec le Parti socialiste. Exit, donc, toute volonté de dégager François Hollande. Bien sûr, ces partis et organisations politiques critiqueront les attaques directes du gouvernement contre les travailleurs. Mais leurs critiques et éventuellement les actions qui leur sont liées seront mesurées, limitées dans le temps, pacifiques, et inscrites dans l’agenda politique électoral de la république bourgeoise fixé sur 2017.
Sur le plan syndical, cette stratégie sera déclinée en soutien au gouvernement social-démocrate par les syndicats jaunes comme la CFDT et la CGC et de la part des directions confédérales CGT, SUD et FO en pression destinée à limiter la casse. Elles accompagneront le mouvement, et pourront même l’impulser. Mais tout sera fait pour l’empêcher de sortir des clous.
La classe ouvrière et les autres couches de travailleurs exploités font l’expérience de l’absence d’une expression politique et syndicale indépendante de classe du prolétariat, en clair, l’absence d’un véritable Parti Communiste et l’absence d’une CGT de lutte classe contre classe ayant pour but le renversement du système capitaliste et non son aménagement pour lui donner un visage plus humain.
Concrètement, chaque militant se pose la question : Que va-t-il se passer à la rentrée?
Adoptant un discours en rupture avec les habituelles promesses non tenues sur la relance de l’économie et le recul du chômage, Manuel Valls a annoncé fin juillet une rentrée difficile. Les travailleurs doivent donc s’attendre à une série de nouvelles attaques contre les salaires et la protection sociale. Quelle sera la riposte, ses objectifs et ses formes? Ce que l’on peut dire, c’est que si les objectifs et les formes de lutte empruntent les sentiers battus du réformisme et du respect des règles fixées par l’ennemi de classe, les travailleurs actifs, les chômeurs, les retraités, la jeunesse, verront s’aggraver leurs conditions de travail et d’existence. Le succès dépendra des capacités des travailleurs en lutte, de leurs syndicats de base, de leurs UL, de leurs fédérations à s’organiser localement, régionalement et nationalement pour définir et imposer leurs objectifs aux directions confédérales. Il dépendra du rejet de toute illusion sur le parti socialiste et de leur volonté de combattre sans céder aux divers chantages le gouvernement dirigé par le fondé de pouvoir de la bourgeoisie François Hollande.
C’est aux militants communistes d’abord à travailler pour renverser les obstacles que les dirigeants réformistes politiques et syndicaux dresseront face au développement de la lutte anticapitaliste classe contre classe.
Dans ce combat ils feront progresser la conscience de classe des travailleurs, car sans conscience de classe, même la lutte élémentaire pour des revendications économiques ne peut être menée jusqu’au bout avec succès. Dans ce combat ils gagneront les éléments les plus combattifs et les plus éclairés du prolétariat à la perspective de transformation révolutionnaire de la société.
Aujourd’hui l’absence d’un véritable parti communiste n’empêche pas les communistes de travailler au sein de la classe ouvrière pour aider au développement de la conscience de cette classe et de la construction de sa propre organisation politique. Cette intervention ne se limite pas au seul domaine économique et syndical. En tant que classe révolutionnaire le prolétariat doit intervenir et construire l’unité de lutte avec toutes les autres couches de travailleurs et être actif dans la lutte internationale contre l’impérialisme.
À terme, à mesure que les travailleurs se convaincront qu’il ne suffit pas de riposter aux attaques du capital et de ses agents, mais qu’il faut les renverser, ils comprendront que pour y parvenir il faut reconstruire un véritable Parti Communiste, capable de tracer la voie de la révolution socialiste.
À chaque camarade militant politique ou syndical anticapitaliste, nous adressons ce message :
N’apporte jamais ton soutien au PS : c’est un parti bourgeois !
N’écoute pas ceux qui t’appellent à voter pour lui sous divers prétextes !
Contre le patronat et l’Etat, c’est classe contre classe qu’il faut lutter !
L’objectif des luttes de classe, c’est le renversement du capitalisme, pas lui donner un visage plus humain !
C’est la classe ouvrière qui doit diriger la société par la conquête et l’exercice du pouvoir !
L’avenir appartient au socialisme, à la construction de la société communiste!
Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes
aout 2014