Référendum en Kanaky

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 25, mars 2019 – p. 31-32

Parmi les nombreux évènements politiques qui ont eu lieu en France l’année passée, il en est un qui symbolise plus que tout autre la lutte contre l’impérialisme et pour l’indépendance nationale. En effet en novembre de l’année 2018 s’est tenu en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, conformément aux accords de Nouméa de 1998, le référendum sur l’indépendance de la Kanaky.

Ce référendum a vu s’opposer les deux camps que sont les indépendantistes kanak et les "loyalistes", ce dernier groupe ‑ représentant les intérêts des colons et de l’État français ‑ ayant aussi le droit de vote.

La question posée aux habitants de Kanaky a été la suivante : "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante?". Autrement dit, une victoire du oui aurait été une remise en cause du moins partielle du rôle de la France comme métropole impérialiste en Kanaky et aurait libéré cette dernière du système d’oppression coloniale de la France à son égard. Les colons français de Kanaky de même que l’État français ont donc déployé une propagande des plus agressives pour présenter l’indépendance de la Kanaky comme une catastrophe inimaginable qui plongerait l’ile dans le désarroi économique le plus total et réduirait sa population à la misère (l’exemple du Vanuatu, anciennement Nouvelles-Hébrides, est cité constamment), les Kanak se livreraient à des exactions (violence, pillages, expropriations) contre les français et plus généralement toutes les populations non kanak etc. En parallèle de ces manipulations visant à souder l’électorat non kanak contre l’indépendance, de nombreux Kanak se sont vu refuser l’inscription sur les listes électorales et les procurations des Kanak de métropole ont bien souvent été volontairement retardées afin de les exclure du vote.

Cette stratégie de terreur médiatique et de sabotage électoral a porté ses fruits puisque le 4 novembre c’est le camp du non à l’indépendance qui l’a emporté avec 56,7 % des suffrages exprimés contre 43,3 % pour le oui à l’indépendance. Si la France sort de ce scrutin avec une domination légitimée par les urnes, la victoire est loin d’être aussi large que l’avait espérée le pouvoir, surtout en ce qui concerne les colons locaux qui aurait voulu obtenir un non au-delà de 70 % afin de remettre en cause les accords de Nouméa qui prévoient encore l’organisation de deux autres référendums sur la même question de l’indépendance dans les prochaines années.

Le vote oui a donc été à la fois un vote du peuple kanak, travailleurs et paysans unis non seulement pour l’indépendance et la libération de l’impérialisme français sur le plan politique mais aussi contre l’exploitation économique des ressources naturelles et des travailleurs kanak par la bourgeoisie colonisatrice française qui représente la majorité des grands employeurs et propriétaires fonciers de l’ile.

En ce sens nous, communistes du ROCML félicitons le peuple kanak de ces résultats encourageants du oui à l’indépendance, d’autant plus que ce sont clairement les régions à majorité kanak qui se sont le plus prononcées en faveur de l’indépendance. Nous considérons cette lutte comme l’un des moyens pour le peuple travailleur de Kanaky de s’opposer concrètement à sa bourgeoisie et de réaliser les revendications sociales, politiques, économiques, culturelles qui sont les siennes. Nous condamnons aussi les actions de subversion et de sabotage antidémocratique de l’État français en métropole et en Kanaky qui prouvent le caractère formel de la "démocratie" française, qui foule aux pieds le processus démocratique qu’il a été obligée d’enclencher sous l’effet des années de luttes indépendantistes.