Aucun "confinement" pour la lutte de classe !

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 27, 1er semestre 2020 – p. 14

Au moment même la France traverse une crise sanitaire comme elle en a rarement connue dans son histoire et il nous est prôné à grand renfort médiatique de former l’"Union sacrée" face à la pandémie du coronavirus que subit notre pays et le monde, les belles formules sur l’intérêt général de la nation et le nécessaire consensus politique autour de la bourgeoisie se brisent d’elles-mêmes contre la lutte de classe. Cette hypocrisie ambiante qui voudrait faire applaudir les travailleurs de la santé et des autres secteurs essentiels de l’économie nationale de concert par des exploités et des exploiteurs unis pour des "lendemains meilleurs", si elle peut ressembler à une pantalonnade n’en est pas moins une vulgaire imposture.

Nous communistes, nous militants politiques, syndicalistes qui n’avons cessé et ne cessons de mettre en garde la classe ouvrière et tous les travailleurs de ce pays contre l’illusion d’une telle "Union sacrée", sommes clairs à ce sujet. Toute "union", qu’elle soit sacrée ou simplement "raisonnable", avec la bourgeoisie est impossible. C’est celle-ci qui est responsable de la situation actuelle, notamment à travers la ruine de l’hôpital public et du manque de matériels médicaux tels que les tests de dépistage ou les masques. C’est nous, les travailleurs qui payons le plus lourd tribut en morts de la maladie et qui, déjà forcés et contraints par les récentes ordonnances, mais aussi avec une sincère abnégation notamment dans les hôpitaux, ne comptons pas nos heures pour soigner les malades et fournir à la population confinée les services dont elle a besoin. D’aucuns pourraient nous accuser et nous accusent déjà d’"extrémisme", de "sabotage" de l’effort commun dans la lutte contre l’épidémie. Nous ne crions pourtant que la simple vérité que chaque travailleur qui y prête attention peut observer de ses propres yeux depuis le début de cette crise et même avant elle. La lutte des classes est une réalité bien vivante dans notre pays.

Aussi nous ne pouvions nous trouver meilleur avocat de notre cause que la bourgeoisie elle-même qui nous fournit encore quelques exemples révélateurs de la façon dont elle conçoit l’"union nationale".

Récemment trois camarades syndicalistes de la RATP ont été sanctionnés lourdement à 2 mois de mise à pied sans salaire pour deux d’entre eux ainsi qu’à une mutation disciplinaire pour le troisième. Cela à cause de leur engagement dans les grèves contre la réforme des retraites. Seul le soutien actif de leurs camarades leur a permis d’éviter le licenciement.

Dans le même esprit un inspecteur du travail de l’Essonne a été sévèrement réprimandé par sa hiérarchie et cela sous pression directe de l’Élysée, pour avoir exigé la mise en place des mesures de protection des ouvriers d’une entreprise plus de cent ouvriers travaillaient dans le même atelier sans aucune protection.

On rapporte aussi que la CDC (Caisse des pôts), après une "fuite" sur une note concernant la gestion et le financement de l’hôpital public, publiquement dénoncée par la CGT et la FSU, a lancé des mesures de sanction envers deux syndicalistes appartenant à ces syndicats pour le motif que ces informations auraient été confidentielles.

Ces trois exemples non exhaustifs montrent bien qu’il n’y a pas de trêve dans la lutte de classe qui secoue notre pays, même pas à la faveur de la crise sanitaire actuelle. Pire, ils sont en fait des exemples à charge contre la bourgeoisie qui, si elle est la première à crier à la trêve, ne cesse ses attaques contre les militants syndicaux et les travailleurs.

Si l’on ajoute à cela la crise économique à venir dont les capitalistes ne se cachent même plus de dire qu’elle sera à la charge des travailleurs, on voit bien que la bourgeoisie loin de calmer ses attaques contre les travailleurs s’apprête à les accentuer. D’où l’affirmation que la bourgeoisie ne cherche aucunement une union nationale autre que celle qui consiste à assurer ses intérêts au détriment de la classe ouvrière. Aussi tenons-nous à lancer un appel à tous les militants communistes et syndicaux d’avant-garde, aux ouvriers conscients ainsi qu’à l’ensemble des travailleurs : Ne vous laissez pas berner par les illusions sur l’"unité nationale" ou l’intérêt général que propage la bourgeoisie pour vous duper. Restez d’ores et déjà sur vos gardes et préparez-vous à lutter résolument, classe contre classe face à la bourgeoisie dans la crise économique qui s’annonce et dont elle aimerait bien que nous payions les pots cassés.