Arrêtons le bras des fauteurs de guerre contre la Syrie !
Les États impérialistes rivalisent pour le partage du monde

Les vieilles puissances impérialistes euro-atlantiques connaissent un déclin économique historique et traversent une crise sans précédent. Elles sont en outre confrontées à l’essor de nouveaux impérialismes qu’elles ont paradoxalement contribué à créer et à développer. Le développement industriel et la puissance financière de ces pays dits émergents sont tels qu’ils sont aujourd’hui au niveau de rivaliser avec les pays impérialistes occidentaux dans la compétition pour un repartage du monde correspondant à leur rapport de force international actuel. Les évènements de ces dernières années, au Moyen-Orient et en Afrique notamment, sont l’expression de cette lutte acharnée entre d’une part l’ancien camp impérialiste euro-atlantique et nippon lui-même divisé, et les nouveaux impérialismes dits pays émergents que sont la Chine, la Russie, le Brésil et l’Inde (BRIC).

Voyant leur hégémonie mise en danger mais encore supérieurs militairement, les pays impérialistes occidentaux recourent quand ils le peuvent à la carte de la guerre pour assurer leur domination et leur pillage sur les pays où ils sont contestés par les peuples ou par des dirigeants bourgeois locaux sensibles aux offres « pacifiques » des nouveaux impérialistes émergents.

S’appuyant sur de légitimes mouvements populaires ou en suscitant des insurrections par divers procédés éprouvés de la subversion, ils interviennent militairement, au nom des droits humains et de la démocratie, pour installer par la guerre civile ou l’agression extérieure de nouvelles dictatures sous leur contrôle.

L’Afghanistan, l’Irak, la Côte d’Ivoire, la Libye ont subi directement des agressions armées extérieures des pays impérialistes car l’opposition interne n’était pas suffisamment exploitable.

Ailleurs, en présence d’un authentique mouvement populaire prolongé contre des dictatures pro-occidentales, comme en Tunisie et en Égypte, les pays impérialistes occidentaux ont manœuvré politiquement pour dévoyer et étouffer la révolte et imposer « démocratiquement » de nouveaux gouvernements à leur solde.

Après la Libye, la géostratégie impérialiste euro-atlantique associée aux buts colonialistes de l’État sioniste d’Israël se porte aujourd’hui sur l’Iran et la Syrie, qui sont les deux derniers obstacles à leur contrôle du Proche et Moyen Orient. L’agenda impérialiste vise d’abord à soumettre la Syrie avant d’attaquer l’Iran.

En Syrie, selon les informations sérieuses dont nous disposons, le pouvoir baasiste de Bachar el‑Assad a été confronté ces dernières années à un réel mouvement populaire revendicatif. Ce mouvement s’opposait à certaines réformes économiques réactionnaires et exprimait des revendications sociales et démocratiques. Conscient des manœuvres de récupération, ce mouvement a toujours affirmé son orientation anti-impérialiste. Devant ce mouvement, et malgré l’usage de la répression, Bachar el‑Assad s’était engagé à aller dans le sens de certaines de ses revendications démocratiques.

Dans cette configuration, les impérialistes occidentaux ont alors impulsé sur des bases ethniques et religieuses une rébellion armée qu’ils ont financée et fournie en matériel militaire, qu’ils ont entrainée et organisée, agissant à partir de pays voisins comme la Turquie et le Liban ou de régions du territoire syrien sous influence islamiste.

Pilonnant l’opinion internationale avec leurs médias, les pays impérialistes mettent tout en œuvre pour arriver, comme en Libye, à renverser le régime de Bachar el‑Assad qui est une entrave à leur domination du Moyen Orient. Une intervention militaire ouverte est possible. (Extrait d’une déclaration du ROCML de décembre 2012)

La situation actuelle

Un an après cette analyse, où en est‑on ?

Sur le plan militaire, la stratégie impérialiste occidentale de rébellion financée, armée, entrainée et pourvue en combattants de l’extérieur a clairement échoué.

Jour après jour, adaptée à la guerre anti-terroriste, l’Armée Arabe Syrienne décime les groupes rebelles et les chasse des zones où ils avaient réussi à s’incruster.

Sur le plan politique intérieur, Bachar el‑Assad est toujours à son poste, soutenu par une coalition large opposée à l’agression impérialiste et unie pour la défense de l’intégrité et la souveraineté de la Syrie.

Sur le plan international, l’État syrien est soutenu fermement par l’Iran, le Hezbollah libanais et surtout par la Russie et d’autres pays comme la Chine qui bloquent toute initiative onusienne pouvant déstabiliser Bachar el‑Assad et le faire tomber.

En résumé, la question qui tourmente les dirigeants impérialistes occidentaux depuis des mois est : Comment sortir de l’impasse? Quelle forme d’intervention militaire mettre en œuvre pour casser les reins de l’armée syrienne et modifier le rapport de force militaire sur le terrain?

La seule réponse à cette question ne pouvait être qu’une intervention militaire directe opérée par les forces armées des pays impérialistes occidentaux eux-mêmes, en passant outre le Conseil de Sécurité de l’ONU.

Le prétexte fut une attaque chimique, le 21 aout, dans un quartier de Damas, attribuée sans aucune preuve à Bachar el‑Assad, qu’il fallait punir, bien sûr, au nom de la défense de l’humanité.

Le prétexte étant trouvé, le chœur des faucons étasuniens, anglais et français entonna des chants de guerre et décida de bombarder la Syrie. Sauf que de la parole aux actes, il y a un pas difficile à franchir.

De même qu’ils avaient sous-estimé les capacités du régime de Bachar el‑Assad à affronter avec succès la rébellion djihadiste extérieure, Obama, Cameron et Hollande-Fabius se sont précipités et ont surestimé leur capacité à appliquer la décision d’attaque aérienne contre le territoire syrien.

Quels sont les obstacles sur lesquels buttent les dirigeants impérialistes occidentaux?

‑ La fermeté de l’État syrien de ne pas céder aux menaces et à faire face à toute attaque.

‑ Le rejet de la guerre par leur opinion publique.

‑ Leurs propres institutions, dont le vote négatif du parlement anglais est l’illustration. Ce vote a obligé Cameron à sortir de la coalition. Obama et Hollande hésitent à partir isolés.

‑ Les couts financiers induits par toute aventure militaire, compte tenu des difficultés dans ce domaine dans le contexte de crise actuelle.

‑ Les contradictions politiques et d’intérêts au sein même des États impérialistes occidentaux, en Europe notamment.

‑ Les initiatives diplomatiques des États impérialistes rivaux visant à retarder voire empêcher le déclenchement de l’attaque. La proposition de Poutine de contrôle par l’ONU des stocks d’armes chimiques de la Syrie en est le dernier exemple.

Comment la situation peut-elle évoluer maintenant ?

Même si Obama et Hollande, poussés par les milieux bellicistes qui les entourent ‑ en particulier les industries de guerre et pétrolières et les milieux sionistes ‑ peuvent mettre leurs menaces à exécution, ils sont donc loin d’avoir les mains libres.

Dans un contexte de contradictions et de risques imprévisibles pour toutes les parties en présence, la recherche d’un compromis préservant les intérêts et sauvant la face des unes et des autres semble être la voie qui sera explorée à court ou moyen terme.

Les communistes ont le devoir d’unir leurs forces
pour briser le projet de guerre du gouvernement « socialiste »

Avant l’agression étasunienne et britannique contre l’Irak, des centaines de milliers de manifestants s’étaient rassemblés à Paris pour dénoncer l’acte criminel en préparation. Le gouvernement français s’était lui-même refusé d’accompagner les USA et la Grande Bretagne. Pour la Libye et la Syrie, rien… à part quelques communiqués de presse… Comment expliquer cette absence du mouvement antiimpérialiste?

Pour les uns, Bachar el‑Assad, comme Kadhafi et Gbagbo avant lui, sont des dictateurs et on ne peut que se réjouir de la chute d’un dictateur. Tel est le point de vue de la petite bourgeoisie démocrate et humaniste. Tel est aussi le point de vue des trotskistes et des réformistes de toutes tendances. Partant de là, l’opposition à l’agression impérialiste ne peut qu’être hésitante, contradictoire, voire inexistante. Des organisations comme le PCF ou le Mouvement de la Paix développent de telles positions. D’où la faiblesse de leurs initiatives contre la guerre.

Ce qui est plus incompréhensible, en revanche, c’est la frigidité incroyable des organisations du courant communiste se réclamant du marxisme-léninisme face à la tâche fondamentale de construire le front contre les guerres impérialistes actuelles.

À chaque nouvelle menace contre la Syrie, le ROCML a lancé des appels à toutes les organisations communistes marxistes-léninistes des propositions de rencontre pour construire le front de lutte contre l’agression impérialiste contre la Syrie et en particulier contre la politique belliciste de l’impérialisme français. Le premier appel à une rencontre remonte au 1er octobre 2012. D’autres ont suivi.

Le dernier est daté du 28 aout 2013. Force est de constater que ces appels ont été ignorés par leurs destinataires ou n’ont pas eu de suites.

Pour le ROCML, la base politique d’un front commun contre les agressions impérialistes est pourtant claire : quoi qu’on pense de tel ou tel régime ou de tel ou tel dirigeant d’un État non impérialiste, si cet État est agressé par un impérialisme (et quel que soit cet impérialisme) les communistes doivent lutter sans rechigner contre l’agresseur impérialiste. Et surtout quand il s’agit de leur propre impérialisme national!

Notre doctrine internationaliste nous place aux côtés des prolétaires et des peuples de Syrie. Dans les circonstances concrètes de l’agression impérialiste, la question n’est pas de faire le procès de Bachar el‑Assad. Elle est de savoir si une victoire des impérialismes occidentaux suivie de l’installation d’une dictature théocratique apporterait un avantage au prolétariat syrien et aux peuples de la région. Seuls des inconscients peuvent répondre positivement à cette question.

Le ROCML condamne les objectifs et les actes des impérialistes euro-atlantiques contre la Syrie et son peuple.

Le ROCML soutient le mouvement ouvrier et populaire syrien qui, tout en luttant pour ses revendications sociales et politiques, combat en même temps les manœuvres réactionnaires intérieures et appelle le peuple syrien à se mobiliser et à s’unir contre l’agression impérialiste contre son pays.

Le ROCML appelle les communistes et les anti-impérialistes de France à s’unir contre la politique de l’État français aujourd’hui dirigé par le PS qui est prêt à une nouvelle escalade militaire contre un pays qui a pour seul tort de ne pas se plier aux diktats de l’impérialisme euro-atlantique et sioniste.

Le ROCML est prêt à s’associer à toute initiative unitaire pour combattre l’impérialisme français et ses gouvernements successifs de droite comme de gauche qui agressent militairement la Syrie.

Arrêtons toute intervention de l’impérialisme !

Obama, Hollande, Fabius, bas les pattes devant la Syrie !

L’avenir du peuple syrien ne doit dépendre que du peuple syrien !

 

Paris, le 14 septembre 2013