Mobilisation du 4 février pour les Goodyear
Un premier succès pour le mouvement ouvrier

80 initiatives, et par milliers les travailleurs sont sortis de leurs lieux de travail jeudi 4 février en solidarité avec les 8 de Goodyear et tous les autres militants syndicaux réprimés par le patronat ou l’État capitaliste. 10.000 personnes en Île-de-France, 1.000 à Toulouse et Bordeaux, 600 à Pau. Clairement, au vu du contexte dans lequel nous nous trouvons (reflux depuis 2010 du mouvement, état d’urgence, "unité nationale"), cette initiative est un succès.

Est‑elle à la hauteur des enjeux, de l’offensive de l’État et du patronat? Bien sûr que non, il reste encore à faire. Mais c’est un vrai succès dans la mesure où les militants syndicaux se sont mobilisés et ont mobilisé autour d’eux : de nombreux travailleurs ont fait grève, non pas pour eux directement, mais en solidarité avec leurs camarades, pour dénoncer la répression de l’État. Il s’agit véritablement d’un acte de classe – ce 4 février, ceux qui se sont mobilisés ont scandé : une attaque contre un membre de la classe ouvrière est une attaque contre toute la classe!

La grève de solidarité s’est étendue dans tout le pays et a touché notamment le RER qui s’est arrêté en "solidarité avec le mouvement social". Cette grève du RER a montré la force de la classe ouvrière qui, si elle s’unit, se fortifie, peut paralyser le pays pour faire entendre ses intérêts et revendications. Aussi la conscience de classe se développe puisque le lien est fait entre les luttes partielles, la répression et l’état d’urgence. De plus en plus de militants syndicaux ont conscience que l’État n’est pas leur allié et qu’il est un ennemi de classe. C’est très positif. Le gouvernement, la justice, ne sont pas neutres! Ils défendent le capital!

La bourgeoisie ne s’y est pas trompée : elle craint par‑dessus tout que les luttes partielles, isolées et locales ne se transforment en un grand torrent national qui emporte tout sur son passage. Elle a donc mobilisé ses médias pour dénoncer cette "prise d’otage". Les spécialistes réactionnaires ont aussi été invités pour expliquer que les grèves de solidarité seraient interdites (Le Figaro). Le porte-parole du gouvernement, Le Foll, y va de son discours de classe, abject : "Je demande à ce que la CGT ait la mesure des décisions qu’elle prend. Parce que soutenir les salariés de Goodyear pour mettre des milliers de gens et de salariés dans la difficulté, je ne vois pas comment on peut expliquer ça" (Le Monde). C’est vrai qu’il s’y connait, lui, en difficultés puisqu’il est le porte-parole de l’impuissance des capitalistes à sortir de la crise, il est l’annonceur de l’augmentation du chômage, de la pauvreté et des guerres qui assassinent les peuples du monde.

Aucune déclaration de ces représentants ne saurait effacer le courant de sympathie et de soutien envers les travailleurs de Goodyear. 160.000 personnes ont d’ores et déjà signé la pétition réclamant le retrait des poursuites et ce mouvement ne cesse de s’amplifier.

Comme l’a signifié le représentant des Goodyear, "arrêtons de reculer, (…)  Ne lâchons rien, faisons plier ce gouvernement" (voir la vidéo du rassemblement à Paris, ici).

Les mobilisations doivent s’amplifier et surtout gagner en coordination. Les luttes des Air France et des Goodyear pourraient bien être le point de départ pour qu’un mouvement national de classe ait lieu. D’ailleurs le procès des Air France du 27 mai sera une bonne occasion pour faire une démonstration ouvrière! Préparons partout où nous sommes ce futur succès!