Non à l’unité nationale
Unité populaire face au terrorisme et au capitalisme

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 13, novembre 2015 – p. 2-3

Ce vendredi 13 novembre 2015 dans la soirée, des individus armés ont semé la terreur par des explosifs et des tirs à différents endroits de Paris faisant à l’heure où nous écrivons 132 morts et 349 blessés. Le nombre de morts dépasse de loin ce qu’a pu connaitre la France depuis de très nombreuses années. Le ROC-ml partage la douleur qui touche les familles des disparu(e)s dans ces attentats tragiques. Il est terriblement pénible de perdre des proches de manière si brutale pour des raisons qui peuvent paraitre obscures ou qui nous semblent étrangères.

Malgré cela les masses populaires en France ne doivent pas céder aux alarmes mises en place par les forces politiques de la bourgeoisie, qui se servent de cet évènement à des fins de domination politique sur la classe laborieuse.

Ils se servent, comme à leur habitude, de la division, en alimentant des haines "raciales", le rejet de l’autre, pour au final acculer chaque individu au repli sur soi. Les réactionnaires de tous bords se sont directement mis en action en dégradant des mosquées et des boucheries hallal. On nous montre le "migrant"" comme un terroriste infiltré. Les migrants fuient justement cette guerre barbare au Moyen-Orient. Au contraire, les terroristes sont recrutés directement en France ou dans les pays occidentaux et ne sont pas des migrants. Les propos sur les migrants sont une manipulation des forces réactionnaires. Le capitalisme se sert de cet outil politique pour créer des chimères d’identités nationales et religieuses et ainsi semer la division entre nous. Nous avons pourtant plus de points communs avec un travailleur syrien migrant qu’avec un patron français.

Les travailleurs, qui sont aujourd’hui dans l’émotion, après cette atrocité, doivent se relever et cibler non seulement les réactionnaires du Daesh comme ennemi, mais cerner aussi le rôle de l’État français et de sa bourgeoisie comme principal fossoyeur de la paix dans le monde.

Ne soyons pas dupes, quand Valls annonce que la France est en guerre depuis vendredi, il oublie que l’entrée en guerre de la France remonte à plusieurs années en arrière. Le gouvernement français et ses troupes sont intervenus en Centrafrique, au Mali, en Libye, en Syrie,… en amenant systématiquement la mort, la destruction et la déstabilisation de régions entières : tout cela dans un contexte mondial de nouveau partage des zones d’influences par les grandes puissances impérialistes de la Terre. La France n’est donc pas en guerre depuis le vendredi 13 novembre 2015. Le fait nouveau est que des actes de guerre se produisent maintenant à l’intérieur des frontières de la métropole.

Les communistes se sont, dans toute leur histoire, battus pour la paix. La guerre, conséquence du système impérialiste, fait toujours ses victimes dans les rangs des prolétaires. Pourtant la classe ouvrière ne trouve d’intérêt dans aucun conflit impérialiste.

Le ROC-ml appelle les travailleurs à s’unir pour combattre tout obscurantisme religieux en son sein ainsi que toutes les divisions qui sont créées par les partis politiques de la bourgeoisie. Il faut s’unir aussi pour combattre toutes les lois que met en place le gouvernement, des lois qui seront liberticides pour le prolétariat en France. Effectivement, ces mesures de guerre utilisées par l’État français ont pour conséquence de vouloir museler les travailleurs dans leur lutte contre la bourgeoisie. Au nom de l’unité nationale, ils n’auraient pas le droit instaurer de rapport de force et devrait subir les attaques du capital. La bourgeoisie, elle, n’arrête pas ses attaques en temps de guerre, elle n’a pas lancé de trêve sociale, les organisations des travailleurs doivent donc poursuivre leur lutte de classe (la CGT a déjà lancé des appels en ce sens, voir ci-dessous).

Les États impérialistes ne peuvent être la solution. Comment peuvent-ils arrêter la terreur alors qu’ils fonctionnent eux-mêmes par la terreur. L’Arabie Saoudite ou la Turquie utilisent des procédés de ce type contre leur peuple. De même, comment peut-on lutter contre Daesh et en même temps combattre le PKK comme le fait la Turquie. Le PKK est pourtant une force progressiste de résistance à Daesh!

Alors quelle alternative ?

Les travailleurs doivent comprendre que leurs intérêts immédiats ne sont pas dans l’union nationale aux côtés de leur propre impérialisme (la France) face à Daesh. Ils doivent compter sur leur propre force. Nous soutenons toutes les forces populaires qui combattent Daesh et les autres groupes djihadistes sur le terrain. Notre soutien va en priorité aux combattants et aux combattantes héroïques kurdes de Rojava qui sont en première ligne de ce combat. Les peuples du Moyen-Orient sont la clé du problème. Le peuple syrien peut trouver la solution à Daesh sans que les puissances impérialistes s’en mêlent, elles qui n’ont fait jusqu’à présent que déstabiliser cette zone.

Le ROC-ml se ralliera à tous les appels à la paix et au retrait des troupes impérialistes françaises des pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

En même temps, le ROC-ml soutiendra les travailleurs dans la poursuite et l’amplification de leurs luttes, à ne pas céder à l’émotion et accepter une union inacceptable. L’État peut bien prendre toutes les mesures de sécurité qu’il souhaite. Il est lui-même responsable par son action rapace et militaire au Moyen-Orient et en Afrique de l’insécurité qui règne aujourd’hui jusque dans notre pays. Les travailleurs doivent avoir confiance en eux. La résistance kurde à Daesh montre que l’organisation de classe des travailleurs, des opprimés peut être une alternative réelle et une solution viable au système impérialiste

Les travailleurs doivent rejeter le piège de l’unité nationale

Vive l’unité populaire contre Daesh, le capitalisme et l’impérialisme !

Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes
18 novembre 2015

État d’urgence, c’est-à-dire?

"Cet état restreint fortement les libertés publiques. Sont rendues possibles : l’instauration d’un couvre-feu, la règlementation de la circulation ou du séjour par les préfets, l’assignation à résidence par décision ministérielle, la fermeture de salles, de bars, l’interdiction de réunions, les perquisitions de jour comme de nuit sans passer par un juge, le contrôle de la presse et de la radio…" (Le Monde, 16/11/15)

Même si l’opération policière/militaire à Saint Denis se fait dans le cadre de l’état d’urgence, comment peut‑on être sûr que cela ne soit pas étendu aux manifestations ouvrières, aux réunions de révolutionnaires, qui, selon le choix arbitraire de l’État pourraient être considérées comme trouble à l’ordre public?

Comment certifier que cet état d’urgence ne se retournera pas contre le peuple? Comment s’assurer que toutes les lois liberticides adoptées en ce moment par l’État ne vont pas instaurer une situation de guerre contre la contestation sociale, les mouvements ouvriers et de ses organisations qui les représentent?

Nous publions ci‑dessous une déclaration de l’UD CGT de Paris avec laquelle nous sommes en grande partie d’accord, notamment sur les mesures intérieures prises par le gouvernement. Nous incitons les syndicats à prendre ce type d’initiatives.

*

[Extrait de la déclaration de l’Union Départementale CGT de Paris]

La CGT ne renoncera pas au droit de lutter,
de se rassembler et de manifester !

L’UD CGT de Paris est pleinement consciente des dangers et des risques que font courir ces criminels. Elle s’inscrit dans une pratique syndicale responsable, particulièrement dans cette période, de la sécurité des salariés et des populations.

L’UD CGT de Paris tient, cependant, à mettre en garde contre le peu d’efficacité de l’état d’urgence et des dangers graves qu’il comporte contre les libertés publiques, notamment la liberté syndicale, dans un contexte déjà marqué par une forte répression antisyndicale.

Il y a, en effet, peu de chances qu’un terroriste kamikaze prêt à se transformer en bombe humaine puisse être dissuadé de commettre son crime par la perspective de perdre la nationalité française.

Et réformer, dans l’urgence, la Constitution, qui est la loi "des temps longs", nous parait un contresens dangereux, qui réduit le temps de débat démocratique et la nécessaire sérénité qui doivent présider à ce type de réforme.

(…)

Pour la CGT Paris, il ne peut être question d’accepter qu’un des fondements de notre démocratie, la liberté syndicale, puisse être affaibli au nom… de la démocratie! Il ne peut, également, être question de brider la contestation des politiques antisociales, que le gouvernement continuerait de mener comme si de rien n’était, au nom de la lutte contre le terrorisme; ce d’autant plus que la précarité et l’exclusion sociale en sont le terreau.

Nous refusons de renoncer au droit de défendre les intérêts des salariés. Nous savons apprécier par nous‑mêmes les circonstances dans lesquelles nous pouvons appeler ou non à manifester ou se rassembler et nous entendons continuer à procéder de la sorte.