Mouvement contre la loi Travail
Comment vaincre la bourgeoisie ?

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 16, mai 2016 – p. 3-4

Ces dernières semaines, des centaines de milliers de manifestants ont envahi les rues de l’ensemble des villes de France pour s’opposer au projet de loi El-Khomri. Tant la nature de la loi que le sous-comptage des manifestants démontre une fois de plus que la dictature de classe de la bourgeoisie demeure et sert les intérêts de la classe capitaliste contre le prolétariat. Ne nous laissons pas abuser par les chiffres bas du ministère de l’Intérieur : la mobilisation des travailleurs, étudiants et lycéens est forte et doit le devenir davantage. Cette forte mobilisation est d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit dans un contexte plutôt défavorable puisqu’elle a lieu alors que l’état d’urgence est toujours d’actualité, que certains syndicats sont encore plus tendres pendant les périodes de pouvoir du PS.

Le mouvement ouvrier est dans une nouvelle phase. L’expérience du pouvoir PS, le développement de la crise capitaliste, les évènements Goodyear et Air France, créent un réveil de la conscience de classe chez les ouvriers. Autre point positif dans ce mouvement, la jonction de la classe ouvrière et de la jeunesse a progressé, en témoignent certaines AG dans des universités où les travailleurs étaient invités à participer. Le mécontentement est donc profond. La détermination de certaines couches de la jeunesse (à Paris, Rennes, Nantes) est telle qu’une partie du mouvement lycéen et étudiant est prêt à en découdre avec les forces du capital.

Cependant, la conscience des éléments avancés n’est pas encore suffisante, au moment où nous écrivons, pour contraindre le gouvernement à retirer son projet de loi. Il est clair que sans changement de tactique, le mouvement ne pourra pas gagner. Ce n’est pas en faisant des manifestations tous les 10 jours que le mouvement va gagner. Que faut-il faire? Abandonner ces formes de luttes? Si aucune alternative tactique n’est trouvée, la critique des manifestations « classiques » est stérile. L’expérience montre que les grèves reconductibles, le blocage économique sont des formes supérieures pouvant faire céder le gouvernement. Cela nécessite une coordination de la lutte. De même, la lutte des cheminots indique la voie pour passer à ces formes supérieures. Les cheminots sont en lutte contre la restructuration de leur entreprise. Ils lient les revendications propres à leurs entreprises et la lutte contre la loi El-Khomri. Ils seront en grève le 26 avril et ils pourraient poursuivre leur mouvement jusqu’au 28 avril et à la mi-mai. C’est de cette façon que les communistes, les syndicalistes de classe doivent amplifier la lutte contre la loi El-Khomri, en liant les revendications locales et nationales et en adoptant des formes de lutte supérieures à ce qui est actuellement proposé : la reconduction de la grève. La popularisation des luttes locales dans le mouvement national donnera aussi du poids pour obtenir des concessions du patronat. L’heure est à la généralisation des luttes.

Parallèlement, de nouvelles formes de mobilisations sont apparues, comme les occupations permanentes de places dans des villes, dites « Nuits Debout ». Cette nouvelle forme s’inscrit dans la continuité de ce qui a déjà été vu en Espagne avec les rassemblements d’« Indignés », « Occupy » aux États-Unis, pour ne citer que ceux-là.

Comme caractéristiques principales de ce type de mouvement on peut noter :

1. un légitime ras le bol général contre les gouvernements qui se succèdent.

2. Une volonté de contourner les partis bourgeois qui se transforme en rejet de tous les partis et des syndicats.

3. Une idéologie basée sur des principes et des moyens d’actions droit-de-l’hommistes : désobéissance civile, refus de la violence, révolution citoyenne, etc…

4. Les revendications sont multiples et peuvent parfois prendre la forme d’un fourretout et ne sont pas clairement priorisées.

Même s’il est positif que la résistance contre le gouvernement s’amplifie pour faire reculer ce projet de loi, que des débats émergent au sein des travailleurs et de la jeunesse populaire, cette forme d’organisation semble trop spontanéiste, antiorganisation et surtout sans la classe ouvrière. Seule une organisation politique des travailleurs peut jouer un rôle d’avant-garde, de centre de coordination national de toutes les luttes et peut impulser une ligne juste, des mots d’ordres pertinents, organiser l’écriture et la distribution du matériel d’agitation, etc. Contrairement à ce que disent les médias, Nuit Debout n’est pas l’avant-garde du mouvement mais une de ses formes, de ses expériences.

Ce qui peut faire renoncer le gouvernement à son projet de loi, ce ne sont pas les rassemblements/sittings pacifiques, c’est la mobilisation de la classe ouvrière, associée à la jeunesse, c’est le rapport de force crée par la grève économique se transformant en grève politique, le blocage de l’économie. Ce qui peut faire reculer la bourgeoisie, c’est la force de la classe ouvrière !

Retrait de la loi El-Khomri et des lois antiouvrières!

Amplifions nos luttes pour vaincre la bourgeoisie!

Rejetons les partis bourgeois
pour mieux construire nos organisations de classe!