Le Premier Mai
Journée internationale de lutte des travailleurs
LA VOIX DES COMMUNISTES, 1er mai 2018, supplément au no 23
(Texte disponible sous forme de fichier PDF)
C’est la 2e Internationale qui décida, le 20 juillet 1889, de faire de chaque 1er mai une journée de manifestations et de luttes avec pour objectif la réduction de la journée de travail à huit heures. Depuis, cette journée marquée par de nombreux évènements dramatiques, reste gravée fortement dans l’esprit et la chair du prolétariat. En 1891 par exemple, à Fourmies, dans le Nord de la France, la police tire sur les ouvriers et fait neuf morts. Et tant que le capitalisme ne sera pas renversé, cette journée illustrera la lutte irréconciliable entre le capital et le travail.
Ce premier mai 2018 est l’occasion, en France, de manifester notre soutien actif à la grève des cheminots qui se poursuit depuis le 3 avril ainsi qu’à toutes les luttes en cours (travailleurs de la santé, carrefour, étudiants…). La grève des cheminots est un évènement qui a une portée politique nationale, caractéristique de l’affrontement entre deux classes aux intérêts antagonistes, prolétariat et bourgeoisie.
La remise en cause du statut des cheminots, si elle aboutit, accélèrera les attaques contre les statuts de tous les salariés, qu’ils soient dans le secteur public ou privé. Déjà, dans le silence médiatique, certains secteurs en subissent les effets : par exemple dans le bâtiment, où le patronat a révisé les conventions collectives en sa faveur sur le travail de nuit, posté, le weekend et le dimanche, pour prolonger la journée de travail dans la semaine. Plus de 120 ans après la proclamation du 1er mai, la journée de 8 heures n’est toujours pas atteinte dans de nombreux pays et en France l’allongement de la journée de travail est posé !
Le capitalisme n’a pas changé !
Normal pourrait‑on dire, puisque ce qui le fait vivre c’est réaliser des profits et encore plus de profits ! Et il ne peut atteindre ce but qu’en faisant travailler plus et en payant des salaires les plus bas possibles. Toutes les attaques du capital et de ses représentants, État et gouvernement, contre les travailleurs vont dans ce sens. Cela provoque leur réaction. Les luttes économiques et sectorielles sont la conséquence de ces agressions du capital. Ces luttes se heurtent au pouvoir politique et deviennent de fait des luttes politiques. Prenons par exemple le statut des cheminots, ce n’est pas le patron de la SNCF qui décide. Les lois Macron, El Khomri, Rebsamen, c’est le gouvernement et l’État qui dirigent l’attaque contre les travailleurs.
Voilà pourquoi tous les travailleurs et couches de la population touchées par ces attaques feront de ce Premier Mai une journée de lutte contre le capitalisme et son gouvernement !
Cela, Macron le sait, et pour éviter la "convergence des mécontentements" il essaie d’étouffer les luttes dans l’œuf en utilisant la violence. Cette politique mise en place depuis les manifestations contre la loi El Khomri (en 2016) a été étendue aujourd’hui contre le mouvement des étudiants et de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Dans le cadre de la république bourgeoise tout cela est "normal" et légal, le gouvernement agit au nom de la légitimité acquise lors d’élections "démocratiques". Il reçoit dans cette tâche l’appui de l’extrême droite et d’éléments fascistes organisés paramilitairement comme contre les étudiants à Montpellier ou dans la chasse aux immigrants dans les cols des Alpes. La question qu’il faut poser ce n’est pas le caractère antidémocratique de l’action du gouvernement mais comprendre que ce qui est légal ou démocratique dans cette société capitaliste s’oppose à nos intérêts vitaux de classe.
Le mouvement ouvrier en France, depuis plusieurs décennies (sous Chirac, Sarkozy, Hollande), a eu pour conséquence de retarder les projets de la grande bourgeoisie française qui ont été déjà mis en application par ses concurrentes étrangères (Allemagne, Angleterre…). Voilà pourquoi aujourd’hui la lutte des classes n’a pas disparu, mais devient plus âpre. Elle s’impose autant aux travailleurs qu’à la bourgeoisie.
La force du prolétariat ne grandira que dans les luttes. Elles permettent à son avant-garde, à ses éléments les plus conscients de tirer les leçons des erreurs et des défaites passées. Toute lutte qui se prolonge dans le temps, qui prend un caractère de masse inquiète la bourgeoisie. Voilà ce qui explique la répression ouverte de l’appareil d’État pour briser toute lutte. Toute justification de cette politique est à combattre et à démasquer.
L’unité des travailleurs face aux attaques de la bourgeoisie n’est réalisable que s’ils se mobilisent avec une perspective claire anticapitaliste et anti-impérialiste. Et aujourd’hui cela reste un objectif à atteindre tant sur le plan national qu’international. Le prolétariat n’est en effet pas unifié ni dans un seul syndicat, ni dans un seul parti autour d’une idéologie et d’une politique internationaliste.
Dans cette situation, pour gagner dans la lutte de classe actuelle, nous n’avons pas d’autre choix que de nous mobiliser, de mobiliser nos camarades de travail pour repousser les attaques du gouvernement Macron. Il est important de gagner cette lutte. Si les cheminots sont défaits, il sera plus difficile de se remobiliser contre les prochaines attaques du gouvernement. C’est l’objectif que la bourgeoisie compte bien atteindre. Tous les moyens seront bons pour le gouvernement pour casser la lutte contre les grévistes et les étudiants.
Mais même si la bourgeoisie arrive à atteindre ses objectifs, la lutte de classe ne cessera pas ! La lutte ne se résume pas à désigner un vainqueur et un perdant, et d’autres luttes viendront. Les travailleurs doivent profiter des luttes actuelles pour élever leur niveau politique et leurs capacités organisationnelles et même si la lutte actuelle est victorieuse, elle ne sera pas suffisante, comme ce n’était pas non plus le cas en 1981, 1995 etc. Le gouvernement Juppé a été renversé, on a obtenu la réduction de la journée de travail à 8 heures/jour, et même 7 heures dans certains secteurs. Mais la bourgeoisie a conservé le pouvoir et continue de s’attaquer aux travailleurs. Tant que ceux‑ci ne seront pas organisés politiquement dans un parti indépendant de la bourgeoisie, qu’ils ne lui auront pas arraché le pouvoir, les droits obtenus resteront limités et seront repris un jour ou l’autre par la bourgeoisie. La lutte actuelle des cheminots pour conserver leur statut en est l’illustration vivante.
La politique internationale de la bourgeoisie
Mais l’attaque contre les travailleurs ne s’arrête pas au niveau national.
L’exploitation des prolétaires et des peuples est une nécessité vitale pour chaque bourgeoisie. Les efforts de Macron pour faire de la France une grande puissance impérialiste sont clairs. Les conflits interimpérialistes pour la redistribution des zones d’influence, le pillage des matières premières et l’exploitation du prolétariat mondial s’exacerbent. Ces conflits ont dépassé le stade des polémiques verbales, comme le prouvent les conflits en Syrie, au Yémen, en Ukraine, et en Asie. Selon leurs intérêts du moment deux poids deux mesures sont utilisés par les impérialistes : d’un côté on laisse se perpétuer massacre et déplacement des peuples palestinien et kurde, et de l’autre côté on bombarde la Syrie au prétexte de défendre le peuple syrien contre l’utilisation des armes chimiques. Cette récente réaction des impérialistes occidentaux (dont celle de la France) est révélatrice de leur défaite, mais ils n’ont pas perdu l’espoir d’une victoire politique dans une région géostratégique importante pour eux.
Dans ces guerres on néglige souvent la lutte des peuples. La lutte des peuples kurde, palestinien, d’Argentine, d’Inde, de Tunisie, d’Iran en décembre 2017, du Maroc l’année dernière ont montré que les pays impérialistes ne sont pas tout-puissants, ne sont pas à même de faire tout ce qu’ils veulent. Au contraire des fatalistes, nous sommes confiants en l’avenir. Les peuples et le prolétariat sauront tôt ou tard vaincre les impérialistes et la réaction et construire un avenir débarrassé des guerres impérialistes.
Quelle voie suivre ?
Il n’y a pas de solution miracle, une autoroute qui permettrait sans efforts aux travailleurs et aux peuples de lutter contre la bourgeoisie et toutes les forces réactionnaires en France et dans le monde. Pour y arriver, il nous faut réunir un certain nombre de conditions qui n’existent pas encore aujourd’hui.
La plus importante, c’est l’existence du parti du prolétariat. Pour atteindre ce but, le ROCML engage les communistes et les travailleurs conscients à entreprendre l’édification de leur organisation politique de classe. Et pour commencer, à travailler pour unir les travailleurs au sein des syndicats, et à mener la lutte pour l’unité syndicale en s’appuyant sur la CGT, syndicat à la pointe de la lutte aujourd’hui.
Pour avancer vers cet objectif, nous appelons les jeunes à se placer sous le drapeau du communisme, à prendre leur place dans la lutte des travailleurs, à utiliser leur énergie pour éradiquer le capitalisme !
Nous appelons les femmes travailleuses à s’organiser avec et dans les organisations du prolétariat pour lutter contre le capitalisme dont la domination sur la société ne permet pas une véritable émancipation de la femme !
Nous appelons les immigrés, en tant que partie intégrante de la classe ouvrière à s’organiser avec les travailleurs français. Même patron, même combat !
Le capitalisme c’est la guerre, la misère, le chômage, le racisme, les inégalités sociales. Pour éradiquer toutes ces tares, la lutte contre le pouvoir de la bourgeoisie est inévitable.
Les communistes marxistes-léninistes sont conscients que la lutte sera longue et dure. Mais le capitalisme est historiquement dépassé, il n’apporte rien de positif ni pour le prolétariat, ni pour l’humanité. La bourgeoisie n’est plus qu’une poignée de parasites et d’exploiteurs, qui détruit toujours plus chaque jour le monde (surexploitation des ressources naturelles et des travailleurs, désastres environnementaux, guerres, famines…). La seule force capable de changer le monde et qui représente l’avenir de l’humanité est le prolétariat !
Une seule alternative :
Mettre fin au capitalisme !
Instaurer le socialisme !
Prolétaires du monde entier unissons-nous !
Combattons les guerres impérialistes !
Développons notre soutien aux peuples
qui se battent
pour leurs droits démocratiques et nationaux !