Déclaration politique et voeux du ROCML pour l’année 2014
L’année 2013 a confirmé et développé les manifestations de la crise profonde dans laquelle se débat sans succès le système impérialiste international.
Cette crise plonge ses racines dans les mécanismes mêmes du système capitaliste : recherche du profit immédiat le plus élevé en volume et en taux, baisse tendancielle des taux de profit au regard des capitaux investis (usure morale accélérée du capital), concurrence destructrice de capital, rapport inégal entre la production et le marché des marchandises, paupérisation absolue du prolétariat mondial. L’action de ces lois, accélérée et décuplée par la rapidité des progrès scientifiques et techniques, a créé une accumulation gigantesque des moyens de production et des forces productives à l’échelle internationale qui excèdent les capacités du marché mondial solvable. C’est la crise de surproduction et sa conséquence, le blocage du développement et le recul de l’activité économique.
Dans ce contexte de crise économique systémique, les rivalités interimpérialistes se sont aiguisées et sont parvenues au seuil de l’éclatement. Aux rivalités anciennes qui opposent les monopoles et les capitaux des vieux pays impérialistes s’ajoutent désormais celles engendrées par les impérialismes des puissances dites émergentes qui revendiquent leur part dans le partage du monde. Le monde n’étant pas extensible et le nombre des prétendants à sa domination étant en augmentation, il est logique que la lutte entre eux pour s’accaparer des marchés, des ressources en matières premières et des routes de leur acheminement conduise à des affrontements et multiplie les risques de guerre dans les régions convoitées.
Au cours de l’année écoulée, l’impérialisme occidental poursuivant sa stratégie de conquête a été sur le point de déclencher une agression armée directe contre la Syrie. Seules la fermeté de l’État syrien soutenu par les impérialismes rivaux russes et chinois, les craintes de fractions des bourgeoisies impérialistes concernées et l’opposition des opinions publiques a fait reculer les agresseurs.
Dans les ex-républiques soviétiques, l’occident a soutenu les mouvements séparatistes pour affaiblir, voire éliminer, la mainmise de la Russie impérialiste sur ces pays, pour s’installer à sa place.
Dans la zone de l’Asie du Sud-Est, les tensions se sont aiguisées entre la Chine et ses rivaux japonais et américains pour protéger ou étendre leur domination géostratégique, politique et économique.
En Afrique, les interventions militaires des impérialismes occidentaux (et en particulier de l’impérialisme français) se sont multipliées contre les régimes réceptifs aux avances d’impérialismes concurrents, le chinois en particulier. Après la Côte d’Ivoire et la Libye, les troupes françaises sont intervenues directement au Mali et en République centrafricaine pour y rétablir l’ordre impérialiste français menacé.
Ces évènements internationaux trouveront leurs prolongements au cours de l’année 2014. L’affrontement entre les deux principaux blocs impérialistes : l’ancien (américain, européen et nippon) et le nouveau (chinois, russe et autres "BRICS") va s’intensifier. Les conflits en cours vont se poursuivre, et de nouveaux conflits politiques, diplomatiques et militaires ayant comme enjeux les intérêts de ces deux blocs vont surgir.
Dans ce système de contradictions interimpérialistes, l’impérialisme français a montré des signes de faiblesse accrus. Toutes les statistiques économiques sont dans le rouge. La production industrielle a reculé de 2 % en France en 2013. Les investissements dans l’industrie manufacturière ont chuté de 7 % par rapport à ceux de 2012 et le repli se poursuivra en 2014. Dans le secteur du matériel de transport, les dépenses d’équipement ont dégringolé de 20 % et de 27 % dans le secteur automobile! Le chômage atteint des niveaux jamais atteints, ridiculisant les promesses de François Hollande et de son gouvernement. La dette publique poursuit son ascension malgré les mesures de contraction budgétaire et le matraquage fiscal destinés à la réduire.
L’agressivité militaire de l’impérialisme français en Afrique et au Moyen Orient est l’illustration de ces difficultés économiques à affronter les conditions nouvelles de la féroce concurrence internationale des capitaux. Toute perte de marchés extérieurs et toute perte de sources d’approvisionnement en matières premières et énergétiques à bon marché enfonceraient encore d’avantage les monopoles français dans la crise.
Outre les nouvelles guerres extérieures de domination coloniale, les autres leviers de l’État français pour répondre aux besoins vitaux des monopoles sont la perfusion financière directe ou indirecte, l’exploitation accrue du travail et la paupérisation générale du prolétariat.
Après le gouvernement de la droite, c’est un gouvernement avec l’étiquette "socialiste" qui depuis 2011 applique avec zèle ces politiques de guerre, de soutien au patronat, d’exploitation accrue des ouvriers et d’appauvrissement du peuple : crédits d’impôts (CICE), apports de capital (BPI) pour le patronat, baisses des salaires, déstructuration des contrats de travail avec l’institutionnalisation de la collaboration de classes (ANI), hausses des impôts directs et indirects (TVA), casse des retraites… pour l’ensemble des masses travailleuses. Dans son discours de "vœux", Hollande a promis de continuer dans cette voie. Il en a été salué par le Medef.
Les effets dévastateurs de la crise du capitalisme et la politique de classe bourgeoise menée par le gouvernement "socialiste" provoquent la révolte des travailleurs et des autres couches populaires. Des luttes commencées pour certaines en 2012 se sont poursuivies en 2013. D’autres ont éclaté, sont en cours de développement, et d’autres encore surgiront.
Pourtant, le bilan de ces luttes n’est pas à la hauteur des enjeux de la bataille de classe en cours. Si les travailleurs ont parfois réussi à arracher quelques compensations par leur lutte contre les licenciements et les fermetures d’entreprises, s’ils ont ici et là réussi à imposer des augmentations ou des rattrapages de salaires, sur l’essentiel la classe capitaliste et le pouvoir politique à son service ont réussi à imposer à la classe ouvrière leurs objectifs, avec la même logique que celle appliquée quand la droite était au pouvoir. L’échec du dernier mouvement de dimension nationale, contre la prétendue "réforme" des retraites, illustre cette faiblesse actuelle du mouvement ouvrier.
Cette faiblesse a pour cause principale l’absence d’une direction politique révolutionnaire nécessaire pour organiser et faire converger les luttes prolétariennes vers l’ennemi de classe : la bourgeoisie capitaliste et son État, et pour recréer la volonté de renverser ce système pour construire une autre société dirigée par la classe ouvrière : le socialisme. Sans organisation politique indépendante de la bourgeoisie avec une stratégie et une pratique de lutte classe contre classe, avec la volonté de créer un rapport de forces national pour combattre le capital en crise et en sortir par une alternative révolutionnaire, la classe ouvrière continuera à se battre, certes, mais son combat ne pourra se mener que dans la confusion et dans des conditions défavorables. Dans l’affrontement quotidien avec le capital un syndicalisme de lutte de classe ne pourra se développer et le mouvement ouvrier restera partagé entre les révoltes ponctuelles, violentes parfois, comme chez Goodyear-Amiens, le reflux réformiste, comme à Mittal-Florange, la récupération, comme le mouvement des "bonnets rouges" en Bretagne, ou dans le découragement.
Le Parti Communiste Français n’est pas porteur de cette ligne révolutionnaire classe contre classe pour abattre le capitalisme, instaurer le pouvoir politique de la classe ouvrière et construire le socialisme. Son but est d’humaniser le capitalisme, et non de le renverser. La CGT, dirigée centralement par des bureaucrates-relais du PCF, est sur la même ligne.
La bourgeoisie et ses relais idéologiques et médiatiques ont intérêt à prolonger cette situation. Pour détourner les ouvriers de leurs intérêts de classe, ils popularisent des mouvements d’apparence "révolutionnaire" comme Attac, les forums sociaux, les indignés, les "bonnets rouges", ou des montages politiques à postures radicales mais de nature réformiste comme le Front de Gauche. Tous ces mouvements durent le temps des illusions qu’ils colportent. Ils n’ont aucun avenir, car les couches de la petite bourgeoisie qui les impulsent n’ont elles-mêmes historiquement aucun avenir. Malheureusement ils jouent leur rôle néfaste qui est de retarder la conscience de la nécessité d’un véritable Parti communiste pour préparer et diriger un processus de révolution scientifique socialiste.
En mai 2014 auront lieu les élections municipales et les élections parlementaires européennes.
Aux élections municipales, nous assisterons au remake classique d’un premier tour ou se mesureront les partis traditionnels bourgeois de droite (UMP, UDI, centristes…) et de gauche (PS, PCF, Verts). Des listes réformistes radicales du Front de Gauche tenteront de se distinguer. Le Front National pourra gagner quelques villes. Mais il servira surtout d’épouvantail au deuxième tour pour appeler les électeurs de gauche à voter pour la droite et les électeurs de droite à voter pour la gauche, réalisant ainsi le mécanisme rodé de l’alternance républicaine, c’est‑à‑dire la continuité de la dictature de la bourgeoisie.
Les communistes ne sont pas par principe contre les batailles électorales pour diriger des mairies. Des municipalités rouges pourraient être des points d’appui importants pour les luttes ouvrières et populaires. Les campagnes électorales peuvent être des tribunes politiques communistes. Mais vu leur faiblesse actuelle, l’activité des communistes marxistes-léninistes dans ces élections se limitera à éclairer les travailleurs sur les illusions, les mensonges, et les véritables buts des individus et des partis de droite comme de gauche qui vont batailler pour être élus. Lors des élections européennes qui auront lieu aussi en 2014, nous appliquerons la même politique qu’aux municipales quant au positionnement vis‑à‑vis des partis bourgeois. Nous y ajouterons nos analyses et nos positions sur la nature impérialiste et ultra réactionnaire de l’UE.
En 2014, la crise générale de l’impérialisme capitaliste va s’élargir et s’approfondir. Les guerres interimpérialistes et contre les peuples vont se multiplier et s’intensifier. Dans les métropoles impérialistes, la classe ouvrière et les autres couches travailleuses vont subir d’autres attaques contre leurs conditions de travail et d’existence. La pauvreté va grandir et s’élargir. Les conditions d’une révolte générale vont murir.
Dans cette situation, le ROCML formule les vœux suivants :
● Que les peuples agressés par un ou plusieurs impérialismes leur infligent la défaite qu’ils méritent.
● Qu’ici, en France, les organisations communistes et antiimpérialistes réalisent enfin le front de lutte contre la politique de reconquête coloniale conduite par l’État impérialiste français.
● Que les communistes, quelles que soient les organisations auxquelles ils appartiennent, fassent leur jonction avec le prolétariat en gagnant idéologiquement et en organisant les éléments combattifs et politiquement avancés de la classe ouvrière.
● Qu’ils partagent leurs expériences, qu’ils traitent leurs divergences, qu’ils avancent en commun sur les tâches qui les unissent et qu’ils tracent la voie de leur unification.
● Que chaque communiste réalise son travail avec succès.
● Que le prolétariat remporte ses batailles de classe avec les communistes à sa tête.
Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes
1er Janvier 2014