La désobéissance civile,
une forme d’action mise en avant à tort et à travers
Une loi vient d’être adoptée au sujet de l’immigration de personnes venant en France pour y vivre. Étant donné qu’en France ‑ et partout dans le monde ‑ la société est dominée actuellement par le capitalisme, le gouvernement traite cette problématique fondamentalement selon les intérêts que font valoir les capitalistes. Ceux-ci ont quelques différences d’appréciation entre eux, en matière d’économie et aussi du point de vue idéologique, ce qui a fortement compliqué l’élaboration de la version définitive de la loi.
La défense des intérêts des travailleurs exige de combattre les dispositions de la loi. La question de déterminer dans quelle mesure celles-ci reflètent l’influence idéologique de telle ou telle variante plus ou moins « extrême » de « droite » revêt seulement une importance secondaire.
Une fois affirmée la nécessité de combattre la loi, se pose la question des principes et méthodes à suivre dans ce combat. Certaines prises de position venant de la direction de la CGT ne sont nullement valables.
C’est le cas lorsque l’approche est formulée de la manière suivante[1] :
D’ores et déjà, la CGT appelle toutes celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette France lepénisée à la résistance et la désobéissance civile à l’image de ce qu’ont déjà lancé 32 conseils départementaux qui annoncent qu’ils n’appliqueront pas cette loi de la honte.
Que certains organismes au sein de l’appareil d’État adoptent une attitude de rejet concernant des dispositions qu’ils jugent problématiques sur la base de raisonnements que nous pouvons trouver convenables, constitue un élément positif. Mais il est aberrant de mettre en avant ces réactions comme l’expression d’une « désobéissance civile » et de considérer qu’il s’agit d’un exemple à suivre en ce sens.
Quelques mois auparavant, le 7 septembre 2023 devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences commises lors des manifestations du printemps de l’année, notamment à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti avait exprimé son « ras-le‑bol » face à « la petite musique de la désobéissance civile » mise en oeuvre, selon lui, par « l’extrême gauche »[2] : « On a le droit, disent certains, quand on est porteur d’une cause légitime, de ne plus obéir à la loi. C’est infernal. » « La liberté c’est l’obéissance à la loi commune », a rappelé le ministre en citant Jean-Jacques Rousseau.
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a réagi le lendemain en invitant Dupond-Moretti à « réviser son Histoire » : « Il faut qu’il fasse quelques révisions pour savoir que la désobéissance civile, elle est par nature pacifique. Qu’elle est à l’origine de nos principaux acquis sociaux et sociétaux. Sans désobéissance civile, il y aurait encore de l’apartheid, des lois racistes aux États-Unis et les femmes n’auraient toujours pas le droit de vote. »
En premier lieu on peut faire remarquer que le point de départ de ces appréciations est biaisé en ce qui concerne le terme « désobéissance civile ». Celui-ci a une signification précise, restreinte : il désigne d’une part le refus d’obéir aux demandes ou aux ordres du gouvernement et d’autre part la non-résistance à l’arrestation et à la punition qui en résultent. En anticipant sur ce qui sera exposé plus loin, on peut citer le cas d’une femme noir, Rosa Parks, aux USA, qui a refusé de laisser sa place assise dans un bus à un Blanc. Dupond-Moretti passe par un raccourci en parlant de « ne plus obéir à la loi », ce qui va plus loin que de refuser d’obéir aux demandes ou aux ordres du gouvernement, selon la formulation indiquée ci-dessus.
En ce qui concerne le mouvement des Soulèvements de la terre, les média l’associent couramment à la pratique de la désobéissance civile. En l’occurrence, une autre formulation serait plus appropriée, celle d’actions, y compris violentes, effectuées en passant outre le fait qu’elles se trouvent dans l’illégalité. S’il est exact que la désobéissance civile au sens strict est de « nature pacifique », le fait d’associer cette qualification au cas des mégabassines de Saint Soline revient à fermer les yeux devant la façon dont s’est déroulée cette action.
Cela dit, la fausseté absolue de l’argumentation de Sophie Binet réside dans l’idée que la désobéissance civile serait à l’origine de « nos principaux acquis sociaux et sociétaux ».
Voyons chacun des exemples cités.
Lois ségrégationnistes et racistes aux USA
Le principe de la désobéissance civile a joué un rôle non négligeable en ce domaine. En 1955, Rosa Parks, une Afro-Américaine, monte à bord d’un bus à Montgomery, en Alabama, pour rentrer chez elle. Elle paie son billet et prend une place vide dans la zone du bus marquée « de couleur ». Alors que le bus se remplit, le chauffeur du bus exige ‑ comme c’est la coutume dans ce cas ‑ qu’elle et trois autres passagers noirs cèdent leur place à des passagers blancs. Rosa Parks, seule, refuse. Les répercussions sont rapides. Le bus s’arrête, Parks est arrêté par la police locale. Elle sera condamnée à une peine avec sursis et à une amende de 10 dollars, plus 4 dollars de frais de justice.
En 1957, Martin Luther King et un groupe de pasteurs créèrent la « Conférence du leadership chrétien du Sud » (Southern Christian Leadership Conference – SCLC), une organisation prônant la désobéissance civile et la non-violence. Luther King précise la signification du concept[3] :
Je soutiens que quiconque enfreint une loi parce que sa conscience la tient pour injuste, puis accepte volontairement une peine de prison afin de soulever la conscience sociale contre cette injustice, affiche en réalité un respect supérieur pour le droit.
L’attitude de Rosa Parks, cité abondamment, a eu un effet certain en ce qu’elle a mis en évidence l’importance du courage individuel. Quant à Luther King qui considère qu’il faut volontairement accepter la répression afin de « soulever la conscience sociale », il raisonne en bon chrétien.
Dans l’ensemble, la désobéissance civile telle que conçue par Luther King n’a nullement été l’élément décisif dans la lutte pour l’abolition de la ségrégation raciale aux USA. Sans parler de mouvements politiques comme les Black Panthers et diverses associations militantes, il faut au minimum constater que d’amples mobilisations, certes souvent pacifiques, se sont succédé entre 1954 et 1968. Leur caractère général peut être résumé comme action directe non-violente. La stratégie globale du mouvement combinait des litiges juridiques, le recours aux médias, des boycotts, des manifestations, des sit‑in, ainsi que des formes de désobéissance civile, pour affirmer le rejet public du racisme institutionnalisé et obtenir une révision substantielle de la loi US. Des milliers de personnes ont été arrêtées lors de manifestations conçues comme non violentes alors que les images des affrontements ont inspiré un large soutien du public aux objectifs du mouvement. Des centaines de milliers d’autres ont participé à des marches, des boycotts et des campagnes d’inscription des Noirs sur les listes électorales dans tout le sud des USA.
D’ailleurs l’acte de Rosa Parks, de façon directe et immédiate, a précisément été le point de départ pour une mobilisation qui ne se limitait nullement à la désobéissance civile. En réaction à sa condamnation un boycott des bus a été organisé sous la direction de la Montgomery Improvement Association, nouvellement fondée, dirigée par Luther King[4]. Le boycott a impliqué 42.000 personnes, a duré 381 jours et a paralysé économiquement le service de bus de la municipalité. En 1956, le tribunal fédéral de district a statué que la ségrégation dans les bus était inconstitutionnelle, et par la suite la Cour suprême des USA a confirmé cette décision.
En outre, globalement, la conquête des droits civiques égalitaires pour les Noirs résultait en bonne partie d’une évolution objective qui, du point de vue de l’adaptation de l’impérialisme US au monde « moderne », rendait inévitable une restructuration de la société. Quant à la persistance actuelle aux USA du racisme et de la répression policière parfois meurtrière ‑ qu’il s’agisse des Noirs ou d’autres ethnies ‑, seul un militantisme organisé ne craignant pas les affrontements violents peut endiguer ces maux entretenus par la domination de la bourgeoisie.
La fin de l’apartheid en Afrique du Sud
C’est principalement l’organisation dénommée Congrès national africain (African national congress – ANC) qui a marqué le cours des évènements aboutissant à l’abolition du système de l’apartheid et à l’adoption d’une nouvelle constitution en 1996. L’ANC a été constitué en 1912 en tant que South African Native National Congress et a adopté en 1923 le nom d’ANC. Quant à Nelson Mandela, il a participé d’abord à la création en 1944 de la Ligue de jeunesse de l’ANC (African National Congress Youth League – ANCYL), puis devenait un des principaux dirigeants de l’ANC.
En 1952 l’ANC, à l’époque dirigée par Albert Luthuli, lance une campagne de désobéissance civile. En 1955, elle organise un grand rassemblement au cours duquel est adoptée la « Charte de la liberté », qui deviendra le manifeste de l’opposition sud-africaine. Ses principes et ses mots d’ordre sont l’abolition du système de l’apartheid, l’égalité des droits pour tous, le suffrage universel. Dans ce contexte plus de 8.000 personnes sont emprisonnées pour non-respect du couvre-feu, refus de présenter des pièces d’identité et autres infractions. Mandela est arrêté une première fois en 1956, au même titre que 155 militants, pour haute trahison; il reste en liberté provisoire, l’instruction du procès durera trois ans. Il est acquitté avec ses coaccusés en 1961.
Ultérieurement l’ANC s’engage vers la perspective de formes de lutte armée. Notamment Mandela entreprend des démarches en ce sens. En 1962, il quitte brièvement le pays pour suivre une formation militaire et sensibiliser le monde à la cause de l’ANC, mais il est arrêté et condamné peu de temps après son retour à cinq ans de prison pour incitation à la grève, et pour avoir quitté le territoire sans autorisation. Pendant son séjour en prison, la police découvre des documents faisant état d’un plan de guérilla, et les principaux dirigeants de l’ANC sont arrêtés. Les accusations contre Mandela sont élargies en incluant sabotage, terrorisme et complot visant à renverser le gouvernement par une révolution interne et l’invasion de forces étrangères. En 1964 le jugement est prononcé, Mandela et ses coaccusés échappent à la peine de mort, mais sont condamnés à la prison à vie pour trahison.
Au niveau international, dans les années 1960, certains membres de l’ONU appellent à des sanctions contre l’Afrique du Sud, des revendications qui gagnent en ampleur au cours des décennies qui ont suivi. En 1989 Frederik Willem de Klerk est élu président. L’année suivante, face à la pression internationale et à la persistance des formes violentes des conflits internes en Afrique du Sud, il s’engage à mettre fin au système de l’apartheid et à libérer Mandela.
La question de la lutte de libération nationale au plein sens du terme
L’Afrique du Sud en tant qu’entité territoriale est issue de la colonisation de la région par la Grande-Bretagne, qui devint dominante à partir des années 1820. Or la population venant d’Europe était initialement, au 17e siècle, composée de Hollandais auxquels s’ajoutaient par la suite des Allemands, Français et autres. Le terme Afrikaner, dérivé du hollandais, est entré en usage pour désigner ces immigrants. En 1910, la Grande-Bretagne créa l’Union sud-africaine, un Dominion qui dans le cadre de l’Empire britannique rassemblait toutes les anciennes colonies britanniques ainsi que les anciens États d’Afrikaner. Cette dernière population constituait un groupe majoritaire parmi les Blancs d’Afrique du Sud. Dès les premières élections Louis Botha, Afrikaner, devint Premier ministre.
Quand on parle du système de l’ »apartheid », il ne s’agit que de la forme sous laquelle était mise en oeuvre la domination coloniale. L’apartheid a effectivement été abandonné au bout du compte, avec l’élaboration à partir de 1994 d’une nouvelle constitution mettant fin aux dispositions de ségrégation. Pour ce qui est du sujet principal du présent texte, on peut constater que, plus fondamentalement encore que pour le cas de la ségrégation aux USA, la désobéissance n’était nullement un élément prépondérant dans la lutte contre le système de l’apartheid.
Cependant la lutte de libération nationale dans toute son ampleur devait avoir logiquement pour objectif de constituer un État indépendant propre aux populations autochtones, ce qui exclut les colons afrikaner. Or les négociations entre d’une part les organisations représentant les populations autochtones et d’autre part les autorités colonisatrices ont abouti à une association entre l’ensemble des composantes de la population dans le cadre d’un État habité par un « peuple multiracial ». Qui plus est, dans les faits, en pratique, la position dominante de la population de Blancs associée à une couche supérieure de Noirs reste intacte et la large majorité des populations noires continue à être reléguée dans les « townships » et à des conditions de vie nullement améliorées dans l’ensemble.
Par ailleurs, à l’égard du rôle attribué à Mandela, il convient ‑ bien que cela dépasse le sujet principal du présent texte ‑ de faire quelques remarques[5].
En décembre 1952 Albert John Mvumbi Luthuli avait été désigné comme président général de l’ANC et Olivier Tambo comme secrétaire national. Après la mort de Luthuli en 1967, Mandela (toujours en prison) a assumé le rôle de président de l’ANC et Tambo agissait comme président par intérim. Mandela est libéré en février 1990. Il reprend sa fonction de vice-président de l’ANC et dirige de fait l’organisation (Oliver Tambo est malade et hospitalisé en Suède). Antérieurement, en janvier 1985, le président de l’époque Pieter Willem Botha avait proposé de libérer Mandela s’il renonçait à l’usage de la violence. Ceux qui rendent régulièrement hommage à Mandela mettent en exergue le fait que celui-ci a refusé cette offre[6]. L’argumentation est formelle et tente de faire passer à l’arrière-plan le cours pris ultérieurement par les évènements : si au bout du compte Mandela a été libéré, s’était bel et bien afin qu’il puisse en tant que président mettre en oeuvre un programme de « conciliation ».
La problématique sous-jacente ne se réduit pas à une question simpliste focalisée sur la personne de Mandela : est-ce que c’est un héros? ou un traitre? Deux aspects fondamentaux sont apparus au cours des évènements. Comment aborder le recours à la violence armée? Comment définir et réévaluer les objectifs en fonction de l’évolution des rapports de forces? Face à la violence ouverte et mortelle exercée par le pouvoir colonisateur blanc, l’ANC à une certaine étape a réagi par la décision de recourir à la violence contre ce pouvoir, ce qui était certainement une décision pertinente. Mais inversement, des circonstances d’absence de violence ouverte et mortelle du côté de la « partie adverse » ne préjugent en rien de la nécessité ou non du recours à la violence du côté de ceux qui luttent pour leur liberté. En effet, le pouvoir d’un État colonisateur repose fondamentalement sur la violence intrinsèque associée à l’exercice de domination en tant que fait établi. Au bout du compte le moins que l’on puisse dire est qu’il y a eu une erreur d’appréciation en pensant que l’ »État arc-en-ciel » pourrait amener la liberté à la population noire.
Le cas du peuple palestinien relève du même type de dilemme, sous la forme de la « solution » de deux États.
Le droit de vote des femmes
On voit mal en quoi il y ait eu « désobéissance civile » à ce sujet. Cela aurait signifié que des groupes de femmes fassent irruption en des bureaux de vote pour y introduire des bulletins dans l’urne, passant ainsi outre leur exclusion du processus électoral (ce qui d’ailleurs serait resté un acte purement symbolique).
Il arrive que des récits concernant les mouvements en faveur du droit de vote des femmes mentionnent un recours à la désobéissance civile. C’est le cas à propos de la lutte menée en Grande-Bretagne par l’Union sociale et politique des femmes (Women’s Social and Political Union – WSPU) (mieux connue sous le nom de suffragettes), dans les années précédant la 1re Guerre mondiale. Les militantes subissaient une répression sévère, mais persistaient dans leurs actions, y compris en assumant les bagarres avec la police[7]. L’emploi du terme de « désobéissance civile » ‑ « par nature pacifique » ‑ constitue ici un contresens.
Toutefois, dans le cas de la France, la revendication du droit de vote pour les femmes a dû passer par un long processus de propagande et d’actions revendicatives, qui finalement en 1944 a abouti au résultat visé. Les récits qui retracent ce combat ne font pas apparaitre des prétendus éléments de « désobéissance civile »[8].
Autres acquis sociaux et sociétaux
Puisque Sophie Binet évoque « nos principaux acquis sociaux et sociétaux », on peut supposer qu’il s’agisse aussi par exemple du système de sécurité sociale instaurée en 1945 par un gouvernement auquel participait le PCF, sur la base du programme du Conseil national de la résistance de 1943. Or l’esprit et les actions qui ont permis la mise en oeuvre de ce dispositif n’avaient rien à voir avec une désobéissance civile.
Fondamentalement, s’il était vrai que la désobéissance civile soit « à l’origine de nos principaux acquis sociaux et sociétaux », alors cela rendrait obsolète la lutte de classe ‑ de la classe ouvrière exploitée contre la classe capitaliste exploiteuse ‑ comme élément moteur fondamental du progrès social. Ce qui est évidemment une vision qu’il faut rejeter.
L’inspirateur d’origine de la désobéissance : Mohandas Gandhi
Pour amener toute la clarté sur la question de la désobéissance pacifique, la nature du mouvement animé en Inde par Gandhi durant les années 1920-1930 est particulièrement significative.
Un des principaux facteurs intervenant dans la colonisation de l’Inde par l’Empire britannique était le coton indien de haute qualité et à faible cout. De nombreux agriculteurs indiens ont été contraints d’abandonner leur pratique traditionnelle d’agriculture de subsistance et de produire du coton en grande quantité destiné en majorité à l’exportation vers la Grande-Bretagne. Les tissus et vêtements fabriqués avec cette matière première étaient ensuite commercialisés notamment en Inde. Le tisserand et fileur indien devenait un agriculteur sans ressources. Durant les années 1920, Gandhi et ses partisans ont lancé un mouvement consistant à boycotter les produits fabriqués en Grande-Bretagne et à inciter les agriculteurs indiens à transformer eux-mêmes le coton en fil et en tissu. Cette façon de combattre la domination coloniale en soutenant l’économie traditionnelle entrait en rivalité avec le mouvement ouvrier qui a la même époque se développait sur une base de lutte de classe en opposition aux capitalistes en Inde même.
Gandhi faisait du caractère non-violent un principe absolu qu’il mettait au centre des mouvements de protestation qu’il impulsait, et inversement il s’opposait activement à toute tentative de combattre la colonisation britannique par la force, ce qui impliquait notamment la dénonciation du mouvement ouvrier qui, à la même époque, assumait l’affrontement ouvert, y compris par la violence, face à l’occupation étrangère.
En 1885 a été constitué le « Congrès national indien » comme mouvement politique et il devint ultérieurement un parti proprement dit (Parti du Congrès). À partir de 1919 Mohandas Gandhi intervient comme un des principaux dirigeants de cette organisation. Lui et un certain nombre de ses partisans initient un mouvement de désobéissance civile avec comme objectif le « home-rule » conçu comme une forme d’autonomie assez vague, qui n’impliquait pas nécessairement l’indépendance totale et formelle, mais d’abord le « réveil » de l’Inde. Le mouvement est axé notamment sur la question du boycott des produits de textile importés. Des actions de protestation se produisent à Delhi, la police ouvre le feu. Gandhi émet un appel au calme et contre la violence, il est arrêté. Les affrontements se poursuivent, des manifestants attaquent des lieux liés au pouvoir britannique. Gandhi est relâché, il réitère son appel à la non-violence. Un massacre est perpétré par les forces britanniques durant une réunion publique de masse. Gandhi réprimande la population pour les comportements violents et annonce un jeûne de trois jours de sa part à titre de pénitence. Les protestations continuent, des dirigeants sont déportés. Finalement, Gandhi annonce une suspension temporaire de la désobéissance civile.
En 1922 Gandhi remet à nouveau à l’ordre du jour l’idée de la désobéissance civile, en y associant la revendication adressée à l’administration britannique que soit déclarée la politique de la non-interférence absolue vis-à‑vis d’actions non violentes, ainsi que la liberté de la presse sans aucun contrôle administratif. Il fait part de cette demande au Vice-roi en lui adressant une lettre, qu’il signe[9] : « Je reste, fidèle serviteur et ami de Votre Excellence, M. K. Gandhi. » À nouveau des affrontements se produisent, un poste de police est attaqué, 21 policiers et gardiens sont tués. Gandhi annonce sa décision de stopper immédiatement le mouvement de désobéissance civile et entame un jeûne de cinq jours. En mars 1922 il est arrêté en raison de trois articles parus dans le périodique qu’il édite, Young India.
Voici un extrait du plaidoyer de Gandhi lors de son procès[10] :
À vrai dire, je suis convaincu d’avoir rendu un service à l’Inde et à l’Angleterre, en montrant que la non-coopération constitue la voie pour sortir de l’état contre nature dans lequel tous deux vivent. À mon humble avis, la non-coopération avec le mal est un devoir tout autant que la coopération avec le bien. Mais, dans le passé, la non-coopération a été délibérément exprimée par la violence envers celui qui faisait le mal. Je tente de montrer à mes compatriotes que la non-coopération violente ne fait que multiplier le mal et qu’afin de priver le mal de soutien, puisque le mal peut être maintenu uniquement par la violence, il faut s’abstenir complètement d’exercer de la violence. La non-violence implique qu’on se soumette volontairement à la peine encourue pour ne pas avoir coopéré avec le mal. Je suis donc ici pour solliciter et me soumettre d’un coeur joyeux au châtiment le plus sévère qui puisse m’être infligé pour ce qui est selon la loi un crime délibéré et qui me parait à moi le devoir le plus élevé du citoyen.
Un autre conflit avait pour enjeux le sel. La production et la distribution du sel en Inde ont longtemps été un monopole pour la Grande-Bretagne. Grâce à une série de lois, il était interdit à la population indienne de produire ou de vendre du sel de manière indépendante et, à la place, les Indiens étaient tenus d’acheter du sel couteux et lourdement taxé, souvent importé. Au début des années 1930, Gandhi lance un mouvement contre la taxe sur le sel. Il organise une marche vers la côte, où les manifestants ramassent des poignées de sel le long du rivage, enfreignant ainsi symboliquement la loi en « produisant » du sel. Dans un article de Young India, Gandhi exhorte ses partisans notamment en les termes suivants[11] :
Cette fois, lors de mon arrestation il doit y avoir non pas une non-violence muette, passive, mais une non-violence du type le plus active devra être déployée, de sorte que pas un seul adepte de la non-violence, en tant qu’article de foi aux fins de réaliser le but de l’Inde, devra se trouver libre ou vivant, au bout de l’effort de ne pas se soumettre plus longtemps à l’esclavage existant.
À la fin de l’année, quelque 60.000 personnes sont emprisonnées, dont Gandhi. Il est libéré en janvier 1931 et entame des négociations avec les autorités britanniques visant à mettre fin à cette campagne.
Cette période, 1930-1931, est marquée par une accentuation de la lutte des masses indiennes contre l’occupation coloniale. Quant à Gandhi, il finit par se persuader de la vanité des remontrances qu’il adressait à maintes reprises à ceux qui recourent à la violence, spontanément ou de manière organisée. Il ne renonce pas pour autant à ses positions orientées obstinément vers la conciliation avec la bourgeoisie colonialiste, impérialiste, de la Grande-Bretagne. Ses agissements assuraient le passage à l’indépendance de l’Inde selon des modalités qui en réalité garantissait la continuité de la domination impérialiste par la Grande-Bretagne.
Février 2024
Annexe
Extraits de quelques discours de Nelson Mandela
– Discours de Nelson Mandela prononcé depuis le banc des accusés lors du procès dit de Rivonia, devant la Cour suprême de Pretoria, le 20 avril 1964 [12] :
Ce n’est peut-être pas facile à comprendre pour cette Cour, mais c’est un fait que depuis longtemps les gens parlaient de violence ‑ du jour où ils combattraient l’homme blanc et reconquerraient leur pays, et nous, les dirigeants de l’ANC, les avons néanmoins toujours persuadés d’éviter la violence et de recourir à des méthodes pacifiques. Lorsque certains d’entre nous en parlèrent en juin 1961, on ne pouvait nier que notre politique visant à réaliser un État non racial par la non-violence n’avait abouti à rien et que nos partisans commençaient à perdre confiance dans cette politique et développaient des idées inquiétantes de terrorisme.
Il ne faut pas oublier, Votre Seigneurie, qu’à cette époque la violence était en fait devenue une caractéristique de la scène politique sud-africaine. Il y a eu violence en 1957 lorsque les femmes de Zeerust ont reçu l’ordre de porter des laissez-passer; il y a eu de violence en 1958 avec la mise en place forcée des autorités bantoues et l’abattage du bétail dans le Sekhukhuneland; il y a eu violence en 1959 lorsque les habitants de Cato Manor ont protesté contre les rafles de contrôle des laissez-passer; il y a eu violence en 1960 lorsque le gouvernement a tenté d’imposer des autorités bantoues dans le Pondoland. Trente-neuf Africains sont morts dans ces perturbations du Pondoland. En 1961, il y avait eu des émeutes à Warmbaths, et pendant tout ce temps, Votre Seigneurie, le Transkei avait été une masse bouillonnante de troubles. Chaque perturbation mettait clairement en évidence l’essor inévitable parmi les Africains de la conviction que la violence était la seule issue ‑ cela montrait qu’un gouvernement qui utilise la force pour maintenir son pouvoir apprend aux opprimés à utiliser la force pour s’y opposer. Déjà, de petits groupes avaient surgis dans les zones urbaines et développaient spontanément des projets de lutte politique sous de formes violentes. Le danger est désormais apparu que ces groupes adoptent le terrorisme contre des Africains, aussi bien que contre des Blancs, s’ils n’étaient pas correctement dirigés. Le type de violence engendré dans des endroits comme Zeerust, Sekhukhuneland et Pondoland parmi les Africains était particulièrement inquiétant. Elle prenait de plus en plus la forme, non pas d’une lutte contre le gouvernement ‑ bien que c’est ce qui l’avait motivée ‑ mais d’une guerre civile entre les chefs progouvernementaux et leurs opposants, menée de telle manière qu’elle ne pouvait espérer obtenir autre chose que une perte de vies, et de l’amertume.
Au début de juin 1961, après une longue et anxieuse évaluation de la situation sud-africaine, moi et quelques collègues sommes arrivés à la conclusion que la violence, [dans ce pays – inaudible] étant inévitable, il serait irréaliste et erroné pour les dirigeants africains à continuer de prêcher la paix et la non-violence à un moment où le Gouvernement répondait avec la force à nos revendications pacifiques.
Il n’a pas été facile, Votre Seigneurie, d’arriver à cette conclusion. C’est lorsque tout, seulement lorsque le reste a échoué, lorsque toutes les canaux de protestation pacifique nous ont été fermées, que la décision a été prise de nous lancer dans des formes de lutte violente et de former Umkhonto we Sizwe. Nous l’avons fait non pas parce que nous souhaitions un tel cours, mais uniquement parce que le gouvernement ne nous avait pas laissé d’autre choix. Dans le Manifeste d’Umkhonto publié le 16 décembre 1961, qui constitue la pièce AD, nous disions ‑ Je cite :
Le moment vient dans la vie de toute nation où il ne reste plus que deux choix ‑ se soumettre ou se battre. Ce moment est désormais venu pour l’Afrique du Sud. Nous ne nous soumettrons pas et nous n’avons pas d’autre choix que de riposter par tous les moyens en notre pouvoir, pour défendre notre peuple, notre avenir, et notre liberté.
C’était notre sentiment en juin 1961, lorsque nous avons décidé de pousser en faveur d’un changement dans la politique du Mouvement de libération nationale. Je peux seulement dire que je me sentais moralement obligé de faire ce que j’ai fait.
– Discours de Nelson Mandela prononcé sur les escaliers de l’Hôtel de Ville du Cap, 11 février 1990 [13]
Aujourd’hui, la majorité des Sud-Africains, noirs et blancs, reconnaissent que l’apartheid n’a pas d’avenir. Il faut y mettre fin par nos propres actions de masse décisives afin de construire la paix et la sécurité. Les campagnes massives de défi [en anglais : mass campaigns of defiance] face aux lois injustes, et d’autres actions de nos organisations et de nos citoyens, ne peuvent culminer autrement que par l’instauration de la démocratie. […] Notre recours à la lutte armée en 1960 avec la formation de l’aile militaire de l’ANC, Umkonto We Sizwe, était une action purement défensive contre la violence de l’apartheid. Les facteurs qui ont nécessité la lutte armée existent encore aujourd’hui. Nous n’avons d’autre choix que de continuer. Nous exprimons l’espoir qu’un climat propice à un règlement négocié soit bientôt créé afin que la lutte armée ne soit plus nécessaire. […] Le suffrage universel sur une liste électorale commune dans une Afrique du Sud unie, démocratique et non raciale est la seule voie vers la paix et l’harmonie raciale.
[Note:
À partir des années 1970 et jusqu’au début des années 1980, les habitants de toute l’Afrique du Sud ont commencé à organiser des groupes communautaires pour s’opposer aux nombreuses difficultés que l’apartheid avait engendrées dans leur vie. En 1983, des centaines d’organisations de ce type ont formé le Front démocratique uni (United democratic front – UDF). Puis l’UDF a noué des relations avec le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), ce qui a conduit à la constitution du Mouvement démocratique de masse (MDM) et au développement de relations avec l’ANC.
Cependant certains syndicats, en particulier le Syndicat national des métallurgistes (National Union of Metalworkers of South Africa – NUMSA) estimait que les travailleurs devaient renverser à la fois l’apartheid et le capitalisme. Une orientation divergente par rapport au MDM a aussi été promue par l’Organisation des étudiants sud-africains (South African Student Organisation – SASO), qui accueillait tous les étudiants classés par le gouvernement sud-africain comme noirs africains (bantous), métis ou indiens. Dans ce cadre est né le Mouvement de la Conscience Noire (Black Consciousness Movement – BCM) qui cherchait à déterminer et réaliser son programme politique en séparation vis-à-vis des Blancs. Selon le BCM, la libération des Noirs devait venir d’eux, et seulement une fois atteint l’objectif central, les Blancs pourraient s’y joindre. En 1972, la Convention du peuple noir (Black People’s Convention – BPC) a été lancée dans l’objectif d’étendre l’influence du BCM aux syndicats de travailleurs. Le BPC a organisé une série de grèves généralisées et réussies au cours de ses premières années, il s’est développée rapidement.
En aout 1989, le MDM s’est lancé dans une campagne massive de défi. L’objectif était de mobiliser les gens contre les lois ségrégationnistes de l’apartheid. Des milliers de personnes ont commencé à se livrer à des actes de désobéissance civile. Ils ont enfreint la loi en pénétrant dans des lieux publics séparés et ont défié les restrictions qui leur étaient imposées par l’état d’urgence. La campagne s’est terminée par des manifestations massives contre les élections au Parlement, organisées selon une structure attribuant aux populations de couleur et indiennes une représentation par l’intermédiaire d’une troisième Chambre s’ajoutant à l’Assemblée nationale et au Conseil national des Provinces.]
– Discours de Nelson Mandela prononcé à l’occasion de la formation de la première Assemblée nationale multipartite, avec des fonctions d’Assemblée Constituante, 4 mai 1994 [14]
L’atmosphère calme et tolérante qui a prévalu pendant les élections illustre le type d’Afrique du Sud que nous pouvons construire. Cela a donné le ton pour l’avenir. Nous avons peut-être nos différences, mais nous sommes un seul peuple avec un destin commun dans notre riche variété de cultures, de races et de traditions.
Extraits de quelques déclarations de Gandhi
– Entretien avec Gandhi effectué par Charles Petrasch, 1932 [15] :
Q. Ne pensez-vous pas que les paysans et les ouvriers indiens ont raison de se lancer dans la lutte des classes pour assurer leur liberté sociale et économique et se débarrasser une fois pour toutes du fardeau du soutien des classes parasites?
R. Je fais moi-même la révolution pour eux, sans violence.
[…]
Q. Vous parlez de mettre un terme à l’exploitation des masses, ce qui implique l’abolition du capitalisme. Avez-vous l’intention de supprimer le capitalisme, et si oui, êtes-vous prêts à priver le capitaliste de son excédent de richesse afin de l’empêcher de relancer un nouveau capitalisme?
R. Si j’arrive au pouvoir, j’abolirai certainement le capitalisme, mais je n’abolirai pas le capital, et il s’ensuit que je n’abolirai pas les capitalistes. Je suis convaincu que la coordination du capital et du travail est parfaitement possible. Je l’ai vu se réaliser avec succès dans certains cas, et ce qui est vrai dans un cas peut devenir vrai pour tous. Je ne considère pas le capital en soi comme un mal, pas plus que je ne considère le système des machines en lui-même comme un mal.
[…]
Q. Pourquoi n’avez-vous pas fait en sorte que les soldats de Garhwali, qui avaient refusé de tirer sur une foule non armée, soient inclus dans la trêve? Comment conciliez-vous cela avec votre doctrine de non-violence, puisque ces hommes ont été punis pour avoir refusé de participer à un acte de violence?
[Note :
En 1930 Gandhi avait impulsé un mouvement de désobéissance civile en rapport avec le monopole du sel. Les autorités britanniques avaient exercé une répression violente. Dans la région du Peshawar a éclaté une révolte, au cours de laquelle un régiment de fusiliers de l’armée britannique, commandé par Chandra Singh Garhwali, a refusé de tirer sur une foule non armée. En 1931 a été signé par Gandhi et le Vice-roi Irwin un accord qui disposait notamment la libération de tous les prisonniers politiques.]
R. Un soldat qui désobéit à un ordre de tirer rompt le serment qu’il a prêté et se rend coupable de désobéissance criminelle. Je ne peux pas demander aux fonctionnaires et aux soldats de désobéir, car lorsque je serai au pouvoir, je ferai très probablement appel à ces mêmes fonctionnaires et à ces mêmes soldats. Si je leur apprenais à désobéir, je devrais avoir peur qu’ils puissent faire de même quand je serai au pouvoir (sic.). Mais s’ils ne peuvent pas exécuter consciencieusement les ordres qui leur sont donnés, ils peuvent toujours donner leur démission.
– Journal « Young India », 26/3/1931, p. 49 [16]
En supposant que je reconnaisse, comme je le dois, l’égalité fondamentale du capitaliste et de l’ouvrier, je ne dois pas viser sa destruction [du capitaliste]. Je dois m’efforcer à obtenir sa conversion. Ma non-coopération avec lui ouvrira ses yeux sur le tort qu’il est susceptible de faire. […] Il peut être facilement démontré que la destruction du capitaliste signifiera forcémént en fin de compte la destruction du travailleur, et comme aucun être humain n’est mauvais au point d’être exclu de la rédemption, de même aucun être humain n’est parfait au point de pouvoir justifier la destruction de celui qu’il considère à tort comme totalement mauvais.
– Journal « Young India« , 14/1/1932, p. 17-18 [17]
Il y a en anglais un mot très puissant ‑ toutes les langues du monde l’ont : « Non ». Et le secret est que lorsque le capital veut que le travail dise « Oui », les travailleurs s’exclament « Non ». Et immédiatement le Travail en vient à reconnaitre qu’il a le choix devant lui de dire « Non » quand il veut dire « Non », il n’a rien à craindre, et il n’importerait pas le moins du monde que le capital dispose d’armes et de gaz toxiques. Le capital sera encore parfaitement impuissant si le travail affirme sa dignité faisant valoir son « Non ». Alors, le Travail n’a pas besoin de riposter, mais relève debout le défi en recevant les balles et les gaz toxiques, et insiste encore sur son « Non ».
– Journal « Amrita Bazar Patrika », 3/8/1934 [18]
Je n’ai jamais dit qu’il devait y avoir une coopération entre l’exploiteur et l’exploité tant que persiste l’exploitation et la volonté d’exploiter. Seulement, je ne crois pas que les capitalistes et les propriétaires fonciers soient des exploiteurs par nécessité inhérente ou qu’il existe un antagonisme fondamental ou irréconciliable entre leurs intérêts et ceux des masses.
[…]
L’idée d’une guerre de classe ne me plaît pas. En Inde, non seulement une guerre de classe n’est pas inévitable, elle est évitable si nous avons compris le message de non-violence. Ceux qui parlent de la guerre de classe comme étant inévitable n’ont pas compris les implications de la non-violence ou les ont comprises seulement de façon superficielle.
[1]. Tract, 22/12/2023
https://www.cgt.fr/actualites/france/interprofessionnel/solidarite/la-cgt-appelle-la-mobilisation-et-la-desobeissance-civile-contre-la-loi-de-la-honte
[2]. Nous reprenons ici le résumé fourni par le journal Le Figaro :
https://www.lefigaro.fr/politique/desobeissance-civile-eric-dupond-moretti-exprime-son-ras-le-bol-en-visant-l-extreme-gauche-20230907
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/desobeissance-civile-sophie-binet-invite-eric-dupond-moretti-a-reviser-son-histoire-20230908
[3]. King M. L., Autobiographie, textes réunis par Clayborne Carson, traduction et notes de Marc Saporta et Michèle Truchan-Saporta, Bayard, Paris, 2000 (édition américaine 1998).
Cité dans :
David Hiez et Bruno Villalba (dir.), La désobéissance civile – Approches politique et juridique; Presses universitaires du Septentrion, 2008.
https://books.openedition.org/septentrion/15829
[4]. https://www.thecongressofracialequality.org/montgomery-bus-boycott.html
[5]. https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/07/la-lutte-de-nelson-mandela-contre-lapartheid-un-combat-inacheve
[6]. https://www.letemps.ch/monde/1985-prisonnier-noir-nelson-mandela-refuse-elargissement
[7]. https://www.terrafemina.com/article/-suffrajitsu-comment-les-suffragettes-ont-utilise-les-arts-martiaux-pour-obtenir-le-droit-de-vote_a294385/1
https://www.bbc.com/news/magazine-34425615
[8]. https://www.village-justice.com/articles/1944-droit-vote-des-femmes-tout-simplement,46683.html
[9]. The Collected Works of Mahatma Gandhi (Electronic Book); New Delhi, Publications Division Government of India, 1999, 98 volumes; vol. 26, p. 60‑62.
http://www.gandhiashramsevagram.org/gandhi-literature/mahatma-gandhi-collected-works-volume-26.pdf
[10]. Idem; vol. 26, p. 377‑386.
[11]. Idem; vol. 48, p. 346‑348.
http://www.gandhiashramsevagram.org/gandhi-literature/mahatma-gandhi-collected-works-volume-48.pdf
[12]. https://www.sbs.com.au/news/article/transcript-nelson-mandela-speech-i-am-prepared-to-die/acc7mlanu
[13]. https://www.nytimes.com/1990/02/12/world/south-africa-s-new-era-transcript-mandela-s-speech-cape-town-city-hall-africa-it.html
[14]. https://www.africa.upenn.edu/Articles_Gen/Election_Victory_15727.html
[15]. The Labour Monthly, Vol. 14, April 1932, No. 4, p. 217‑224
https://www.marxists.org/history/international/comintern/sections/britain/periodicals/labour_monthly/1932/04/x02.htm
L’entretien est reproduit dans The Collected Works…, vol. 54, p. 101-108, mais la question concernant les soldats ayant refusé de tirer sur la foule désarmé, ainsi que la réponse, n’y figurent pas.
http://www.gandhiashramsevagram.org/gandhi-literature/mahatma-gandhi-collected-works-volume-54.pdf
[16]. The Collected Works…, op. cit.; vol. 51, p. 295‑298.
http://www.gandhiashramsevagram.org/gandhi-literature/mahatma-gandhi-collected-works-volume-51.pdf
[17]. Idem; vol. 54, p. 280‑287.
[18]. Nirmal Kumar Bose : Selections From Gandhi (Encyclopedia of Gandhi’s Thoughts); Ahmedabad, Jitendra T Desai; p. 116‑119.
https://www.mkgandhi.org/ebks/SelectionsFromGandhi.pdf