Fatos Nano
À Propos du mécanisme de la plus-value et de son appropriation
dans la société soviétique
Présentation
En Russie, en 1917, le PC(b)R organise un mouvement révolutionnaire qui, victorieux, aboutit à l’instauration d’un État de dictature du prolétariat, procédant à l’abolition des rapports sociaux propre au capitalisme et oeuvrant à l’instauration d’une société selon les concepts du socialisme/communisme élaborés par Marx et Engels.
Des années 1920 jusqu’au début des années 1950, la réalité sera caractérisée par des aspects variés : les difficultés initiales de l’après guerre, le développement progressif des structures économiques et politiques de base du socialisme, les conflits liés à des controverses idéologiques et théoriques au sein du Parti bolchévique, l’attaque lancée par l’Allemagne nationale socialiste.
Les bouleversements qui ensuite ont mis fin à cette étape particulière dans l’histoire de l’humanité ont fortement contrarié la perspective d’une réalisation effective du projet d’une société communiste. Dans l’actualité, il est toujours assumé et défendu par des organisations et des militants individuels. Mais parmi ceux qui d’une façon ou d’une autre adoptent, du point de vue subjectif, une attitude favorable à l’égard de l’histoire de l’URSS, on constate fréquemment un manque de compréhension concernant les réalités.
Certaines interprétations se focalisent sur la période de 1991 à 1995. En été 1991 Mikhael Gorbatchev, président de l’URSS depuis 1985, est évincé par Boris Eltsine. Plusieurs républiques d’URSS proclament leur indépendance, en décembre 1991 Eltsine entérine la disparition de l’Union soviétique et inaugure la Communauté des États indépendants (CEI). À partir de juin 1992 se succèdent des mesures mettant en oeuvre le démantèlement des structures économiques existantes. D’abord façonnées pour faire semblant d’impliquer la population de travailleurs, elles sont en réalité conçues pour transférer à des capitalistes privés une grande partie des capitaux propriétés de l’État. A la mi-1994, plus de 15.000 entreprises ont été privatisées et un peu plus de 60 % du PIB provient du secteur privé.
Ce sont des faits. Mais selon une certaine interprétation répandue, ces évènements constituent un tournant mécaniquement opposé à toute la période d’existence de l’URSS, de 1917 aux années 1980. Plus ou moins explicitement, l’idée sous-jacente considère que dans les années 1980 la société soviétique, le Parti communiste, la classe ouvrière, les travailleurs seraient restés identiques à ce qu’ils étaient durant les années 1920. À l’extrême, il en résulte la conclusion qu’il n’y a jamais eu d’édification du socialisme durant toute cette époque.
Le texte reproduit ici montre de façon succincte mais pertinente les grands traits de la contrerévolution en URSS initié par Nikita Khrouchtchev et sa clique.
