République centrafricaine :
Dénonçons l’intervention militaire du gouvernement socialiste
au service des monopoles français !
(Texte disponible sous forme de fichier PDF)
Le gouvernement français a décidé d’envoyer 1600 militaires en République centrafricaine, en plus des 650 déjà présents. À en croire François Hollande, Laurent Fabius et leurs acolytes gouvernementaux, il s’agit de mettre un terme aux massacres provoqués par des affrontements qui opposent d’un côté des milices d’autodéfense populaire de religion catholique et favorables à l’ex-président François Bozizé, et de l’autre des ex-rebelles de la Seleka, musulmans, qui avaient renversé le président François Bozizé en mars 2013 et porté leur chef Michel Djotodia au pouvoir. Djotodia avait ensuite annoncé officiellement la dissolution de la Seleka. Mais certaines factions sont restées organisées et puissamment armées et seraient à l’origine des troubles qui ravagent tout le pays.
En lançant cette nouvelle intervention militaire d’urgence sur le continent africain, le gouvernement se pare d’objectifs humanitaires désintéressés et d’un mandat de l’ONU.
« La France n’a d’autre objectif que de sauver des vies humaines », jure avec cynisme Hollande.
« La France n’a pas vocation à rester en Centrafrique, pas plus qu’au Mali. Mais le jour où elle pourra passer le flambeau pour ce type d’intervention aux armées africaines est encore loin », reprend Fabius, la main sur le cœur.
La vérité est ailleurs. Les gérants des intérêts de l’’impérialisme français n’ont que faire des massacres de civils, de Djotodia ou de Bozizé. Les « sentiments » qui les animent ne sont autres que la domination néocoloniale de la France pour les profits des monopoles français.
La RCA est un pays riche en ressources naturelles minérales et végétales, même si sa population, peu nombreuse, est la plus pauvre du monde. Son sol contient du diamant, de l’uranium et de l’or. On parle de ressources pétrolières potentielles. L’agriculture produit du coton, de la canne à sucre, du café, du tabac… La forêt fournit toutes sortes de bois tropicaux. Même si les structures économiques sont faibles, les possibilités de développement sont réelles et intéressent les investisseurs étrangers. Français… et autres. Outre ses ressources, la République centrafricaine située au centre du continent présente également un intérêt géostratégique majeur.
Ancien pays de l’empire colonial français dénommé alors Oubangui-Chari, la République centrafricaine est restée dans l’espace néocolonial français après son « indépendance ». La France est le premier investisseur en RCA. Ces « investisseurs », on les connait. Ils sont partout en Afrique : Total, Bolloré, Air France, France Télécom/Orange, Castel et… Areva !
Or, l’instabilité politique et l’insécurité contrarient le développement des activités de ces multinationales françaises. Areva a ainsi suspendu les travaux de mise en exploitation de la mine de Bakouma, dans le sud-ouest du pays, après une attaque armée en juin 2012.
L’attaque des ex-rebelles de la Seleka contre Bangui est l’occasion pour le gendarme français de l’Afrique d’intervenir militairement pour rétablir de force son ordre colonial, chapeauté par l’ONU, avec la participation financière de quelques pays donateurs. Une fois l’ordre rétabli, les affaires pourront reprendre, sans risques pour « nos » investisseurs nationaux.
Par ailleurs, l’impérialisme français n’est pas seul à vouloir s’attribuer les richesses du pays. La Chine par exemple n’est pas inactive. En 2011, l’ex-président Bozizé lui avait ouvert largement les portes en accordant à la compagnie chinoise CNPC (China National Petroleum Corp.) le contrat de forage et de mise en exploitation des gisements de Doseo et de Salamat, près de la frontière avec le Tchad. Il n’est pas inutile de rappeler qu’après son coup d’État de mars 2013, le nouveau président Djotodia a tout de suite déclaré qu’il voulait revoir les contrats miniers signés par Bozizé et qu’il s’appuierait sur l’UE pour aider à développer le pays. Au sommet de l’Élysée, les 6 et 7 décembre 2013, François Hollande a été très net : « L’Afrique doit maitriser son destin », a-t-il déclaré… mais avec l’aide de la France et de l’Europe. C’est‑à‑dire sans les autres puissances. Les rivalités interimpérialistes sont donc bien présentes et sans doute actives, derrière les désordres et les conflits internes ou locaux qui secouent la République centrafricaine. En intervenant militairement en Centrafrique après être intervenu au Mali, le représentant de l’impérialisme français a réaffirmé la volonté hégémonique de la France impérialiste sur son ancien empire colonial.
Cette opération militaire coutera aux finances publiques de la France plusieurs centaines de millions d’euros. Où l’État va-t-il les trouver, alors qu’il impose déjà la réduction des dépenses pour limiter la dette publique? À l’évidence en réduisant le financement des services sociaux et en augmentant les impôts. C’est donc le peuple travailleur qui paiera la note.
Après la Côte d’Ivoire, la Libye, le Mali, les travailleurs paieront pour que les multinationales françaises puissent piller tranquillement les pays dominés par les forces armées françaises.
Quant au peuple centrafricain, il continuera à être l’un des plus pauvres du monde et à être pillé et violenté par des bandes armées rivales, liées aux factions au pouvoir, ou à leurs adversaires de diverses obédiences. Le ROCML dénonce l’intervention des troupes françaises en République centrafricaine comme une agression impérialiste de type colonial et appelle le peuple de France à s’y opposer.
Troupes françaises hors d’Afrique !
C’est aux peuples d’Afrique de décider eux-mêmes de leur avenir en se débarrassant de la tutelle des puissances impérialistes et de leurs chiens de garde !
Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes
8 décembre 2013