Après la tuerie perpétrée contre les journalistes de Charlie Hebdo
(Texte disponible sous forme de fichier PDF)
Le ROCML condamne l’acte terroriste sanglant perpétré contre le journal satirique Charlie Hebdo. La liberté de penser, d’écrire et de diffuser, sont des conquêtes acquises dans les luttes séculaires contre l’arbitraire et l’obscurantisme. Les communistes se virent maintes fois supprimer cette liberté, c’est pourquoi ils luttent contre les actes qui l’entravent, d’où qu’ils viennent, que ce soit de l’État laïque bourgeois ou du fanatisme religieux. Le ROCML partage sur cette base l’émotion qu’a provoquée dans le peuple la tuerie de Charlie Hebdo.
En même temps, le ROCML dénonce l’utilisation de cet évènement par le gouvernement socialiste et l’ensemble des partis bourgeois de gauche et de droite. Leurs larmes de crocodiles, leurs discours antiterroristes, sécuritaires et d’unité nationale ont en effet d’autres buts.
1) Faire oublier que l’État français pratique lui aussi la terreur, à l’intérieur du pays, par la répression policière (Sivens, il n’y a pas si longtemps), et à l’extérieur par des interventions armées dans des pays souverains (Côte d’Ivoire, Libye, Syrie, Mali…), pour défendre les intérêts des monopoles français.
2) Faire oublier que l’État français et ses gouvernements successifs de droite et de gauche ont contribué et continuent à contribuer à soutenir financièrement et en armement des organisations armées extrémistes religieuses pour détruire des États souverains qui n’acceptent pas de leur obéir. Ainsi on voit Fabius déclarer : "Al Nosra fait du bon boulot"[1] alors que le peuple kurde de Syrie fait face dans le même temps, sans aucun soutien, à la terreur de l’État Islamique et d’Al Nosra.
3) Faire oublier que l’État français soutient les crimes terroristes de masse perpétrés par l’État sioniste israélien contre le peuple arabe de Palestine.
4) Faire oublier que l’État français et un gouvernement socialiste n’hésitent pas à s’attaquer à la liberté d’expression quand elle les gêne ou quand elle gêne leurs amis comme dans l’affaire Dieudonné[2].
5) Faire pression sur la classe ouvrière pour qu’elle mette en veilleuse ses luttes, au nom de l’union nationale contre un ennemi commun et pour défendre des valeurs prétendues communes.
Le peuple et les travailleurs de France ont raison de défendre les libertés démocratiques quand elles sont attaquées, mais ils n’ont pas d’union nationale à faire avec ceux qui les exploitent et qui les oppriment, avec un État qui n’hésite pas à mettre en cause ces libertés démocratiques, qui nourrit, manipule et qui pratique lui‑même différentes formes du terrorisme quand c’est dans l’intérêt du capital.
Dans un monde précipité dans le chaos et les guerres par les rivalités interimpérialistes, en l’absence d’un mouvement international révolutionnaire prolétarien, en l’absence de perspectives d’un avenir heureux, la voie est ouverte à toutes les dérives.
Seule la classe ouvrière et le socialisme peuvent sortir ce monde de la barbarie.
Rassemblement Organisé des Communistes Marxistes-Léninistes
8 janvier 2015
[1]. Le 12 décembre 2012 s’est réuni à Marrakech le groupe des "Amis de la Syrie", qui rassemblait plus d’une centaine de pays occidentaux et arabes, organisations internationales et représentants de l’opposition syrienne. Elle a formellement reconnu la Coalition nationale de l’opposition syrienne comme "seule représentante" des Syriens, à la suite de la France, de la Grande-Bretagne et des USA. Présent à Marrakech, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est félicité de cette décision. En revanche, la décision des USA de placer Jabhat Al‑Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. Fabius a ainsi estimé, que "tous les Arabes étaient vent debout" contre la position américaine, "parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot". "C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne", a ajouté le ministre.
Diverses prises de position de Fabius datant de la même époque indiquent cependant que celui-ci évitait de prendre explicitement à son compte ce qu’il rapportait comme étant l’orientation de "tous les Arabes" et du "président de la Coalition".
[2]. Voir notre article "Du soutien à Dieudonné à sa condamnation à mort : Manifestations de la position de classe de la petite bourgeoisie" :