Une crise sanitaire symptomatique d’un capitalisme pourrissant
Depuis janvier 2020, l’épidémie de nouveau coronavirus COVID-19 apparu en Chine dans la province de Wuhan fin 2019 s’est transformée en une pandémie mondiale sans précédent en ce début de XXIe siècle. C’est en effet une pandémie qui touchait déjà au 24 avril 185 pays du globe selon les chercheurs du centre pour la science et l’ingénierie des systèmes (CSSE) de l’université Johns-Hopkins de Baltimore. Ce même institut rapportait à la même date pas moins de 2.783.512 cas confirmés dans le monde ainsi qu’un nombre total de 195.313 personnes décédées, tandis que 765.914 autres étaient sorties guéries de l’hôpital.
En France les chiffres officiels font cas au 1er juillet de 29.893 décès et de 166.960 cas de COVID-19 confirmés. 7.990 personnes sont hospitalisées dont 560 personnes dans un état grave en réanimation. On recense 77.060 personnes guéries de la maladie en France à cette même date.
L’ampleur de la pandémie a vu les pays infectés établir un à un des mesures de confinement plus ou moins strictes à la suite de la Chine, pays d’origine du virus qui a appliqué un confinement très strict de la province du Hubei, le principal foyer de l’épidémie dans le pays. Ainsi ce n’est pas moins de 3 milliards de personnes à travers le monde qui se retrouvent ou se sont retrouvées confinées, du jamais vu dans l’histoire de l’humanité.
On sait d’ores et déjà que cette crise sanitaire sera suivie d’une crise économique du système capitaliste qui s’annonce comme une des plus graves et des plus destructrices de l’histoire de ce mode de production. D’ores et déjà c’est plusieurs millions de travailleurs qui se retrouvent au chômage et de nombreuses entreprises intermédiaires qui se trouvent en faillite à travers le monde. Nul doute que malgré les milliards de dollars de plan de sauvetage qui sont déjà mis sur la table on peut prévoir que l’économie capitaliste mondiale sera sérieusement ébranlée et que les premières victimes de la crise à venir seront les mêmes que celle du virus, c’est-à-dire les travailleurs.
Aussi, au-delà de la vision bourgeoise actuelle qui prédomine dans les actualités sur la gestion et l’origine de cette crise sanitaire qui s’apparente à un « châtiment divin » géré « au mieux » il nous faut en tant que communistes marxistes-léninistes apporter des réponses. Sur la base d’une analyse claire de la situation, et non pas en déclamant à qui veut l’entendre comme certains réformistes ou droitiers que nous « aurions fait mieux », qu’il ne s’agit que d’une question de moyen ou encore que cette crise sanitaire est un coup monté, quelle n’existe pas.
L’aspect sanitaire :
Pour commencer il faut admettre que cette crise sanitaire existe bel et bien, qu’elle est une réalité et non pas une invention. Le SARS COV-2 ou COVID-19 est un nouveau virus de la famille des coronavirus. Il est identifié et reconnu par l’ensemble du corps médical et scientifique au niveau international. Le nier aujourd’hui alors que près de la moitié de la population mondiale a été soumise à des mesures de confinement et que les hôpitaux, de l’aveu des soignants eux-mêmes ont été débordés par l’afflux de malades, c’est sombrer dans le plus bas des théories du complot. De la même manière les diverses théories et accusations quant au fait que ce virus soit sorti d’un laboratoire de façon intentionnelle sont sans fondements et invérifiables à l’heure actuelle.
Une analyse sérieuse se doit de recueillir des faits objectifs. Si nous regardons en arrière dans l’histoire moderne de l’humanité nous pouvons constater que notre situation n’est en vérité pas si exceptionnelle que cela. Rien qu’au cours du XXe siècle, l’humanité a subi pas moins de trois pandémies majeures de virus s’attaquant aux voies respiratoires apparues tout aussi spontanément.
La plus tristement connue d’entre elles est celle de la grippe « espagnole » (souche H1N1) survenu en 1918. À l’époque aucun traitement médical efficace pour le traitement de cette maladie n’existait et le monde, plus particulièrement l’Europe sortait à peine, dévastée, du premier conflit impérialiste mondial. On estime entre 40-50 millions le nombre de victimes de la grippe espagnole qui aurait contaminé 40 % de la population mondiale1.
Nous pourrions aussi citer l’épidémie de grippe dite « asiatique » de 1957 (souche H2N2) qui malgré le développement d’un vaccin dans les 6 mois qui ont suivi son apparition à fait plus de 4 millions de victimes, principalement en Asie mais aussi en France (20.000 morts estimés).
En 1968 aussi la grippe de « Hong Kong » qui a eu des résurgences en 1970 et 1972 et qui toucha principalement les personnes âgées et les enfants avait atteint le stade de pandémie. Elle fît près de 2 millions de victimes dans le monde dont près de 31.000 ont été recensées en France.
À ces exemples nous pourrions joindre une quantité d’autres épidémies toutes aussi mortelles de grippes mais aussi de maladies plus dangereuses comme la rougeole, la tuberculose, la variole ou le choléra. Sans compter les cas de grippes aviaires et porcines comme le H1N1 de 2009 qui bien que bénigne reste notre expérience la plus récente en la matière.
On voit donc bien qu’au cours de notre histoire récente des situations sanitaires analogues se sont produites ayant pour origines toute sorte de maladies virales contagieuses avec un taux de mortalité très élevé et souvent supérieur à celui que l’on peut observer actuellement vis-à-vis du COVID-19. La particularité de la crise actuelle par rapport aux précédentes consiste à la fois dans la rapidité de la dispersion et de la contagion du virus à travers le monde mais aussi dans les mesures de confinement partiel ou total adopté unanimement par l’immense majorité des États de la planète. Ces mesures, non content d’être inédites de par leur ampleur d’un point de vue sanitaire, constituent de la même manière une première économique puisque mettant à l’arrêt partiel voire total une grande partie de l’économie mondiale.
Une question se pose alors : pourquoi de telles mesures de confinement aujourd’hui face à un virus à la létalité relativement limitée ?
La réponse se trouve en grande partie dans le pourrissement complet du système capitaliste/impérialiste mondial et du mode vie qu’il nous impose. Cette faillite du capitalisme est devenue particulièrement visible sur le plan sanitaire à la faveur de cette crise. Nous pouvons observer depuis plusieurs décennies en France, mais aussi dans la plupart des états du globe une tendance générale de destruction de classe du système de santé. En effet l’ensemble des organismes sanitaires de premier échelon tel que les dispensaires, les maternités, cabinets médicaux toutes spécialités confondues mais aussi la médecine du travail ou scolaire ont été et sont toujours conduits à la fermeture ou à une centralisation toujours plus poussée dans les CHU des grands centres urbains. Ce premier échelon n’étant plus considéré nécessaire et de plus non rentable. On note aussi une concentration des cabinets de généralistes et de spécialistes libéraux dans les grandes villes au détriment d’autres secteurs géographiques. Cette concentration nuit en premier aux travailleurs habitants dans les campagnes ou les banlieues défavorisées qui sont aujourd’hui de véritables déserts médicaux en perpétuelle extension. Cette gestion de l’appareil sanitaire conduit à la création de « pôles médicaux » dont les CHU sont en France un parfait exemple au même titre que les cliniques privées. Ces établissements de santé sont administrés de manière comptable de façon à être rendus rentables. Nous pouvons d’ailleurs observer depuis plusieurs années des CHU liquidant progressivement leurs personnels soignants en même temps qu’ils ferment leurs lits. Une telle manière de faire ne provoque rien de moins qu’une baisse des capacités hospitalières en même temps qu’une baisse de la qualité des soins apportés aux malades. Ce constat peut être transposé de manière identique aux EPHAD qui souffrent encore plus de cette gestion capitaliste de la santé.
Cette politique nous amène à dresser un tableau bien peu flatteur de l’état des structures sanitaires françaises qui évoluent de la même manière que les rapports de production capitalistes qui en sont la base. Le développement du capitalisme accentue chaque jour l’enrichissement des gros capitalistes à un pôle et la paupérisation de la masse toujours plus grande de prolétaires réduit à la misère de l’autre. De la même manière, le système de santé se voit polarisé entre une médecine curative très lucrative, d’excellence et de haute technicité pour la bourgeoisie et un accès aux soins constamment réduit tant pour des questions financières que pratiques, et qualitativement en baisse pour les travailleurs.
L’épidémie actuelle de coronavirus bien que préoccupante de par son ampleur n’a fait que révéler les insuffisances criantes de notre système de santé engendré par sa calamiteuse gestion capitaliste.
Face à un virus nouveau et sans traitement ni vaccin, la seule barrière pouvant être mise à sa propagation réside dans l’application de mesures prophylactiques. En font partie, entre autres, les fameux « gestes barrières » élémentaires d’hygiène même plus appris dans les écoles, mais aussi le port du masque, le dépistage systématique et la mise en quarantaine des cas diagnostiqués positifs.
Si tout cela n’a pas été mis en œuvre c’est en majeure partie dû au fait que le système de santé français, celui de la sixième puissance impérialiste mondiale, n’en avait tout simplement pas les moyens. Un grand nombre d’états du monde ont été et sont toujours dans le même cas.
La France n’avait pas et n’a toujours pas, ni les moyens matériels (test, masques, etc.), ni les moyens humains pour mettre en place à grande échelle ces mesures simples mais efficaces dans la situation actuelle. Les hôpitaux n’ont d’ailleurs pas plus les moyens de traiter l’afflux de malade consécutif à la non-application des mesures prophylactiques élémentaires, étant sous équipés et possédants très peu de lits de réanimation. L’ensemble de ces faits expliquent en grande partie pourquoi, outre les caractéristiques infectieuses du virus lui-même, la majorité des états capitalistes notamment les plus développés se sont retrouvés dans l’incapacité de gérer cette épidémie autrement que par un confinement de toutes leurs populations ; cela malgré un cout économique très lourd.
L’aspect économique :
Ce cout économique se chiffre en dizaine de milliards d’euros en France et plusieurs centaines voire milliers au niveau mondial. D’après les estimations de l’OFCE, pour la France les 8 semaines de confinement auraient couté 120 milliards d’euros, soit 5 points de PIB annuel. Plus de la moitié de ces pertes seront encaissées par l’État au travers d’une augmentation du déficit public, en empruntant sur les marchés financiers au travers de la BCE afin de préserver les intérêts des entreprises privés en premier lieu les grands groupes. Le reste sera à la charge des entreprises.
Les travailleurs aussi sont directement concernés par ces pertes économiques. Toujours selon l’OFCE la perte de revenus pour les ménages s’élèverait à 11 milliards d’euros. En France les mesures de chômage partiel ont permis de contenir ces pertes en assurant un revenu minimum aux travailleurs confinés, mais au niveau mondial de tels dispositifs font figure d’exception. Aux États-Unis par exemple les plus de 30 millions de travailleurs se retrouvant au chômage à cause des mesures de confinement se retrouvent dans une situation plus que précaire et très vite sans aucunes ressources. Mais le plus dur reste à venir et réside principalement dans la crise économique naissante et le risque de récession. L’OFCE déclare explicitement que : « le risque est grand de voir s’enclencher une spirale récessive : faillites et réduction de l’emploi conduiront à une réduction du revenu des ménages qui alimentera la réduction de l’activité ».
La situation économique française n’est pas un cas isolé. Elle est en effet transposable à des degrés plus ou moins élevés à l’ensemble des pays qui se sont ou sont encore confinés. L’Allemagne prévoit une baisse de son PIB de 6,3 % pour l’année 2020 du jamais vu pour ce pays. Ce qui fait dire au ministre des finances allemand que le pays va vivre « la pire récession de l’histoire de la république fédérale allemande ». Les États-Unis ne sont pas épargnés eux non plus puisque la croissance du pays a subi une chute de 4,8 % au premier trimestre qui fait craindre là aussi à la récession. Les États-Unis subissent aussi une explosion sans précédent du chômage avec près de 20,5 millions d’emplois détruits depuis le début du confinement qui amène à un taux de chômage de 14,7 % soit 10 points de plus qu’au mois de mars. Les organes économiques internationaux recensent 170 pays sur 194 en récession.
Cependant ces chiffres impressionnants, qui n’ont d’égal que les montants des plans de relances annoncés qui se chiffrent déjà en milliers de milliards ne doivent pas masquer un autre aspect de cette crise. Contrairement à ce que disent un certain nombre d’économistes et d’analystes bourgeois, cette crise n’est pas la « pire catastrophe économique » que le monde n’ait jamais connue. En effet si les secteurs des services et de la consommation, notamment les petits commerces, l’hôtellerie-restauration, mais aussi le secteur de la culture se sont retrouvés complètement à l’arrêt avec les pertes économiques et destructions d’emplois consécutives, survenus et à venir, ce n’est pas le cas de tous les secteurs de l’économie.
Dans le commerce par exemple, les groupes de la grande distribution ont continué de fonctionner pendant toute la durée du confinement. Mieux ils en ont même largement profité, puisque les enseignes Carrefour et Casino ont annoncé une large hausse de leurs chiffres d’affaires au premier trimestre 2020. Le groupe carrefour annonce une hausse de +11 % de ses ventes au premier trimestre dans ses magasins et de +45 % de ses ventes en ligne. Des chiffres analogues nous sont fournis par Casino qui enregistre une croissance des ventes de +24 % dans les magasins du groupe et une hausse de +40 % des commandes effectuées sur son site de vente en ligne Cdiscount.
On note aussi un ralentissement seulement partiel de l’activité dans le bâtiment qui a poursuivi une activité ralentie durant la période de confinement en profitant largement des mesures de chômage partiel pour réduire les couts de sa masse salariale.
L’industrie quant à elle est globalement épargnée puisque 80 à 90 % de l’activité a été maintenue. Pour l’industrie alimentaire ou pharmaceutique étant donné leur caractère essentiel et prioritaire ce chiffre est proche de 100 % voir en augmentation. L’industrie automobile accuse elle de lourdes pertes qui ne font que confirmer la crise du secteur déjà existante avant le confinement. Dans l’extraction des matières premières notamment le pétrole, on constate une chute énorme des prix de ventes due au ralentissement de l’économie mondiale notamment des transports. Ce ralentissement a entrainé selon l’agence internationale de l’énergie une baisse de 30 % de la consommation mondiale de pétrole pour le mois d’avril, et elle prévoit encore une consommation 25 % en dessous de la normale en mai. Cette situation coute cher aux entreprises du secteur notamment aux États-Unis ou l’extraction du pétrole de schiste subit de plein fouet cette chute des cours. Ces cours bas engendrent aussi des pertes très sévères pour le commerce extérieur de pays comme l’Arabie-Saoudite, la Russie, l’Algérie etc. qui vivent principalement de l’exportation du pétrole et du gaz. En revanche cet effondrement momentané des cours constitue une bénédiction pour les pays importateurs et les entreprises de transformation des produits pétroliers.
On le voit la situation économique résultant du confinement est donc moins catastrophique que ce que l’on cherche à dessein nous faire croire. En revanche elle accentue gravement la situation de crise du capitalisme et provoquera sans doute une crise économique du capitalisme mondial.
La crise économique qui suivra la crise sanitaire, voilà la véritable catastrophe qui nous attend dans les mois qui viennent. La crise qui s’annonce n’est pas simplement une conséquence de la crise sanitaire, elle était sous-jacente avant le confinement. De par ces caractéristiques, cette crise se révèle être une crise de surproduction, autrement dit une énième crise du mode de production capitaliste.
Il est évident que la crise économique à venir est purement et simplement une crise économique du capitalisme. La crise sanitaire mondiale et les mesures de confinement ne l’ont pas créé de toutes pièces, elles n’ont fait que déclencher plus rapidement et plus brutalement la crise économique de surproduction inévitable en régime capitaliste du fait de ses contradictions internes. Cette contradiction, elle réside principalement entre le caractère social que revêt la production sous le capitalisme et la forme privée de l’appropriation des résultats de cette production. C’est cette contradiction fondamentale qui constitue l’origine des crises économique du capitalisme.
« La crise est la phase d’un cycle dans laquelle la contradiction entre l’accroissement des possibilités de production et la réduction relative de la demande solvable se manifeste sous une forme violente et destructrice. Cette phase est caractérisée par la surproduction des marchandises qui ne trouvent pas de débouché, par un brusque effondrement des prix, la pénurie des moyens de paiement et un krach boursier générateur de banqueroutes nombreuses, par une réduction brutale de la production, l’augmentation du chômage, la baisse des salaires. La dépréciation des marchandises, le chômage, la destruction directe des machines, de l’outillage et d’entreprises entières, tout cela marque une destruction énorme des forces productives de la société. C’est en ruinant et faisant périr une multitude d’entreprises, c’est en détruisant une partie des forces productives que la crise adapte brutalement, et cela pour un très bref délai, la production à la demande solvable. »
(Manuel d’économie politique, éd. Sociales 1956, p. 238)
Cette définition ne se prête que trop bien à la situation actuelle, tous les indicateurs économiques et sociaux des statistiques de la bourgeoisie capitaliste elle-même le montre un peu plus chaque jour. Cette crise que ce soit sous l’aspect sanitaire ou économique a mis à jour encore un peu plus, si toutefois il le fallait, le caractère dépassé et réactionnaire du système capitaliste. Les contradictions du capitalisme s’accentuant chaque jour un peu plus le rendent de la même manière chaque jour plus néfaste aux masses laborieuses de cette planète. Chaque jour nous appelle de manière plus criante à renverser ce système pourrissant et à le remplacer par le seul système véritablement émancipateur et progressiste : le socialisme.
La supériorité du socialisme
Proclamer simplement la supériorité du socialisme sur le capitalisme relève plus de la simple affirmation gratuite de ses partisans que d’une véritable analyse politique. C’est dans les caractéristiques et modes d’organisation économiques et politiques du système socialiste que réside sa supériorité sur le capitalisme.
Sous le capitalisme, la production, pour simplifier la production de richesses, qu’elle soit valeur monnaie ou valeur d’usage (produit) de toute la société revêt un caractère social, c’est-à-dire qu’elle est issue de la production organisée de dizaines de millions d’hommes interagissant entre eux. Ce caractère social de la production rentre en contradiction avec la propriété privée des moyens de production (usines, fabriques, etc.) et le caractère privé de l’accumulation de la richesse qui en découle par les grands capitalistes propriétaires des dits moyens de productions et qui exploitent les prolétaires dans le but d’en retirer le maximum de plus-value. Ainsi la loi fondamentale du capitalisme est-elle de produire toujours plus à la recherche du profit maximum. Les marchandises sont produites à la recherche d’un profit toujours plus élevé pour les capitalistes et non pas en fonction des besoins des masses travailleuses toujours plus exploitées, il en découle donc de fait une contradiction entre la production et la consommation. Marx disait du capitalisme qu’il était un système de « production pour la production », « d’accumulation pour l’accumulation ».
C’est aussi un mode de production anarchique où les différentes branches de l’économie et les différents capitalistes qui les composent travaillent chacun non pas pour satisfaire aux besoins de la société mais en concurrence à la recherche du profit maximum. De cette situation anarchique et des contradictions que porte le capitalisme naissent périodiquement les crises de surproduction qui lui sont si caractéristiques.
La crise économique actuelle est une conséquence du mode de fonctionnement du système capitaliste. Si l’on s’attarde un peu plus sur l’aspect sanitaire particulier de la crise que nous traversons aujourd’hui nous observons que le secteur de la santé obéit aux mêmes lois capitalistes. La recherche de profit au détriment des besoins réels et impérieux de la société conduit les hôpitaux de même que les laboratoires pharmaceutiques à délaisser la recherche et la prévention en matière de santé publique au profit d’une médecine curative la plus rentable possible. Tel est le bilan non exhaustif des tares inhérentes au système capitalistes et qui subsisteront aussi longtemps que ce système existera sur terre.
Sous le socialisme au contraire les contradictions existantes sous le capitalisme telles que l’exploitation du prolétariat par les capitalistes, l’anarchie de la production, les crises économiques et la misère qui en découle pour les masses disparaissent au profit d’un développement harmonieux, régulier et sans crise des forces productives de la société. Dans une société débarrassée des capitalistes exploiteurs et des parasites qui les accompagnent dans leur sillage, où tout le pouvoir politique et économique appartient aux travailleurs au travers de la dictature du prolétariat, la contradiction entre le caractère social de la production et son appropriation privée s’évanouit. Libéré de ces entraves, le socialisme se développe à un rythme rapide en utilisant rationnellement et de manière scientifique toutes les ressources de la société au travers une économie planifiée dans un but fondamental qui n’est non plus le profit privé mais la satisfaction des besoins culturels et matériels sans cesse croissants de la société toute entière.
« Alors que la reproduction capitaliste se réalise d’une manière anarchique et est périodiquement coupée de crises économiques, le mode de production socialiste est caractérisé par un développement sans crises, une reproduction élargie ininterrompue. Partant de la loi du développement harmonieux de l’économie nationale et se conformant en tout point aux exigences de loi économique fondamentale du socialisme, l’État socialiste détermine dans ses plans les rythmes de développement de l’économie nationale, les proportions et les rapports entre les différentes branches, le volume de l’accumulation et de la consommation. »
(Manuel d’économie politique, éd. Sociales 1956, p. 591-592)
La société socialiste est donc une société sans crises, parce qu’une société sans contradiction entre la production et la demande solvable, parce que disposant d’une économie planifiée qui produit en fonction des besoins des masses travailleuses sur la base d’une technique en constante évolution. L’ensemble des richesses de la société, que l’on appelle aussi le produit total, se retrouve sous le socialisme dans les mains des travailleurs au travers de l’État socialiste. Si la plus grande partie de ce produit social sert au renouvèlement et à l’extension des capacités de production, mais aussi au paiement des salaires à la Sécurité sociale etc. l’État socialiste a les moyens, contrairement au capitalisme ou l’immense majorité du produit social est constitué de capitaux privés, de constituer aussi des réserves en cas de crise sanitaire, de catastrophe naturelle ou de soubresaut dans le cycle de la production.
Le schéma ci-dessus résume le mode d’organisation économique de la société socialiste
de manière simplifié mais permet de mettre en relief l’analyse faite plus haut.
On voit donc bien que dans un mode de production socialiste planifié une crise économique telle que nous les connaissons ne peut se produire. En admettant qu’un confinement total de 2 mois ou plus comme nous l’avons connu en ce début d’année 2020 soit imposé à un état socialiste où le socialisme comme système économique est pleinement installé, son cout bien que certain aurait été toute autre. Le paiement intégral ou partiel des salaires et l’assurance des moyens de subsistance élémentaires auraient été pris en charge par l’État socialiste sur le fonds de réserve. La disproportion entre la consommation et la production de certains produits par les travailleurs ou les entreprises induite par la situation de confinement aurait sans doute conduit à un dérèglement de la planification et à un retard sur les objectifs fixés mais en aucun cas à la ruine de branches entière de l’économie comme c’est le cas aujourd’hui en régime capitaliste. Là encore le fonds de réserve et d’assurance joue un rôle d’amortisseur dans le cadre d’un confinement sanitaire comme dans le cas par exemple d’une catastrophe naturelle.
Sur le plan purement sanitaire il est clair que la situation dans les conditions de cette crise relative à la gestion de la pandémie de COVID-19 aurait-elle aussi été bien différente. L’expérience historique des états où le socialisme a existé en matière de politique sanitaire et de lutte contre les maladies infectieuses et les épidémies qui en découlent est là comme preuve de l’efficacité d’un système économique dont la loi fondamentale est non pas de se développer pour se développer et enrichir les exploiteurs mais se développer pour satisfaire aux besoins des hommes dans tous les domaines. La santé ne fait pas exception et un grand nombre de choses ont été faites dans ce sens sous le socialisme en URSS ou en Albanie par exemple. Le système de santé socialiste affranchi de la course au profit capitaliste, de la pression des grands laboratoires pharmaceutiques privés se développe d’une manière nouvelle. Sous le capitalisme les laboratoires mais aussi certains médecins n’ont pas intérêt à voir disparaitre certaines maladies qui sont devenues pour eux un fonds de commerce. Dans le domaine de la recherche aussi, la course au profit maximum ne fait progresser la science médicale que si cela peut rapporter beaucoup et vite aux capitalistes. Les récentes déclarations des laboratoires français Sanofi, 7e groupe mondial dans l’industrie pharmaceutique de poursuivre la fermeture de leur pôle de recherche en France malgré la crise sanitaire actuelle confirme pleinement la mortelle absurdité de la logique capitaliste. Dans le même sens de manière plus sournoise nous ne pouvons que regretter l’abandon ces dernières décennies de l’apprentissage et l’application de certaines mesures prophylactiques simples comme le lavage des mains dans les écoles, l’hygiène et la sécurité au travail et autre. Si en parole les pouvoirs publics déclarent lutter contre les accidents du travail, les maladies chroniques telles que le diabète et l’obésité à grands coups de spots publicitaires les faits sont tout autres.
« Il est plus aisé de prévenir que de guérir. Aussi la prophylaxie, la protection des personnes saines contre les maladies, a-t-elle été le souci dominant des services de la santé albanaise depuis la création de l’État nouveau, socialiste. C’est en cela que consiste la différence essentielle entre la santé telle qu’elle est conçue en République Populaire d’Albanie et celle d’avant la Libération ou des pays capitalistes, où les médecins entrainés par la course au profit, n’ont aucun intérêt à voir ces mesures se développer autant qu’elles le pourraient. »
(La santé publique, Tirana 1973, p.14)
La déstructuration du tissu hospitalier en particulier mais aussi sanitaire dans son ensemble est lui aussi une preuve de ce que valent la santé de millions de travailleurs et leurs familles face à la course au profit capitaliste.
La supériorité du socialisme sur le capitalisme est sans appel. La faillite du capitalisme mondial dans la gestion de la crise sanitaire et la crise économique capitaliste mondiale qui lui succède sont en tout cas une preuve que ce système a fait son temps. Plus qu’une mauvaise gestion de crise, la conjoncture défavorable crée par la pandémie de COVID-19, celle-ci nous montre la limite des rapports de production capitalistes, la nécessité de les dépasser. Ce dépassement ne peut être autre chose que le renversement pur et simple du capitalisme, et il ne sera possible que par la prise du pouvoir du prolétariat guidé par son parti communiste, par la révolution socialiste.
D.B
Uun camarade marxiste-léniniste