Lutte contre les ordonnances
Une attaque générale contre le monde du travail
LA VOIX DES COMMUNISTES, no 22, janvier 2018 – p. 4-5
Depuis son élection en mai, Macron a accéléré la cadence des contreréformes car pour les monopoles (le grand capital) cela ne va pas assez vite. Alors que le « président des riches » vient de conclure la loi travail XXL, il veut d’ores et déjà s’attaquer à la formation professionnelle, à l’assurance chômage et dès l’été prochain aux retraites.
Il y a clairement une accélération de mesures réactionnaires, une avalanche désastreuse de mesures anti-ouvrières et d’avantages prodigieux pour la bourgeoisie!
Baisse des APL et des subventions pour les habitats populaires; la fin des contrats aidés; la loi travail XXL bien sûr; l’augmentation de la CSG; le gel des salaires des fonctionnaires et la suppression de 120.000 d’entre eux; de nouveaux contrats précaires et tout ce qui va arriver!
Dans le même temps pour le patronat : fin des cotisations sociales avec le transfert du CICE; fin de l’Impôt Sur la Fortune; la liberté de déréguler le code du travail entreprise par entreprise etc.
S’ajoute à tout cela un mépris dans les paroles de Macron et son gouvernement à l’encontre des travailleurs et particulièrement contre ceux qui luttent! Nous serions des fainéants, des extrémistes, des cyniques, des gens qui veulent rester dans le passé attachés à des mesures d’un autre temps, des jaloux des riches, qui foutent le bordel au lieu de chercher du boulot. Nous sommes insultés et Macron tente de nous monter les uns contre les autres, de diviser encore plus les travailleurs. C’est un mépris honteux de la classe ouvrière et il nous incombe à nous, militants, de lui démontrer que renverser sa société pour instaurer le pouvoir des travailleurs n’a rien de vieillot mais va au contraire dans le sens de l’histoire pour enfin mettre un terme à cette escalade réactionnaire et donc à l’exploitation de l’Homme par l’Homme.
Une mobilisation en ordre dispersée, limitée
Malgré toutes les mesures contre le peuple, la lutte reste limitée pour le moment, ne s’élargit pas, ne se massifie pas et l’unité ne se met pas en place. Depuis la rentrée on peut lister :
● Le 12 et le 21 septembre : journées interprofessionnelles à l’appel de la Cgt, Sud, FSU.
● La 3e semaine de septembre : appel à la grève reconductible intersyndicale chez les routiers.
● Le 28 septembre : les retraités.
● Le 10 octobre : journée des fonctionnaires en intersyndicale.
● Le 13 octobre : la métallurgie.
● Le 19 octobre : journée interprofessionnelle à l’appel de la Cgt, Sud.
On observe un émiettement complet. Certaines fédérations de métier appellent seules dans leur coin à la lutte, il n’y a aucune possibilité de trouver des journées interprofessionnelles qui réunissent l’ensemble des grands syndicats, un nombre de manifestants et de grévistes très loin de certaines mobilisations antérieures, des journées éparses sans continuité entre elles.
Comme c’est parti, ce n’est pas une mobilisation à la hauteur des attaques que nous subissons qui se met en place. Il faut dire que le patronat et le gouvernement ont savamment organisé la division par l’achat de certains représentants syndicaux nationaux. La lutte politique est absente depuis des décennies. Il existe donc un retranchement syndical autour de revendications locales d’entreprises ou autour d’un corporatisme fort. Au contraire, la lutte politique permettrait de relier toutes ces luttes et mobilisations vers un objectif politique supérieur : le renversement du capitalisme.
À l’époque où le capitalisme rentre dans une crise sans précédent et s’y enfonce inexorablement, le prolétariat a un besoin vital de trouver son indépendance politique.
La lutte politique pour la rupture révolutionnaire
Pour se débarrasser du capitalisme nous pensons que les travailleurs doivent se débarrasser de leurs illusions ou des concepts imposés par la propagande du capitalisme car il n’y a jamais eu des morales de maitres et des morales d’esclaves mais que des morales établies par les maitres pour les esclaves.
Pour se débarrasser de cette servitude, les travailleurs doivent s’intéresser à la question politique générale. Est-ce que je suis exploité? Pourquoi? Comment mettre fin à cette exploitation? Certains pensent déléguer leur pouvoir politique à un super-président tous les cinq ans. Pourtant, si le prolétariat ne fait pas de politique, il est contraint de subir celle des autres, celle qui conduit à l’austérité, à la régression, d’une façon ou d’une autre à une politique procapital. Il y a ceux, dégoutés par la "politique politicienne", qui se trouvent hors-jeu des questions politiques, qui sont lassés et préfèrent à ce titre l’apolitisme.
Pourtant, si nous voulons avancer sur les questions essentielles comme celles de la révolution, c’est à nous de faire de la politique, de la politique révolutionnaire. N’attendons pas que cela tombe du ciel ou que cela vienne d’un messie quelconque. Faisons notre politique qui est en rupture révolutionnaire avec toutes les autres.
Au final, les salariés dans la lutte syndicale ou dans la lutte contre le capitalisme doivent opérer une rupture révolutionnaire, c’est-à-dire rompre avec toutes ces idées qui amènent à penser qu’un autre capitalisme est possible, que l’on pourrait le reformer, le rendre « social », ce qui nous oblige dans les luttes actuelles à rester dans les limites, les frontières du capitalisme. Si au contraire, nous opérons dans nos consciences et notre pratique cette rupture révolutionnaire, nous pourrons dépasser ces limites du capitalisme et proposer à l’ensemble des masses populaires une nouvelle solution, radicale : une nouvelle société.
La rupture révolutionnaire conduit à rompre avec le réformisme, le parlementarisme, etc. comme théories qui ne font pas avancer la lutte du prolétariat en la laissant dans l’impasse du capitalisme. La rupture révolutionnaire oblige les travailleurs en lutte à ne plus se limiter aux revendications dites économiques (d’augmentation de salaire, etc.) mais à revendiquer le pouvoir même, pas seulement celui dans l’entreprise mais celui de toute la société. La rupture révolutionnaire contraint les ouvriers conscients à s’organiser, plus uniquement dans les syndicats mais dans le Parti politique de la classe ouvrière.
La lutte ou les luttes actuelles, et celles qu’il va falloir mener dans les prochaines années au vue du calendrier de Macron, ne pourront, à la lumière de ces derniers éclaircissements, apporter au mieux que des victoires sporadiques. Pour apporter le pouvoir à la classe ouvrière en France; pour opérer cette rupture révolutionnaire, seule issue qui permettra de mettre un terme à la misère, au chômage, à la barbarie, la guerre, aux problèmes du logement, etc., les marxistes- léninistes doivent se rassembler et gagner au combat politique les militants de combat, les militants avancés qui font leur preuve dans toutes les luttes locales et parcellaires.
Non la CGT n’est pas isolée, mobilisons à la base!
Seul un rapport de force puissant porté par une conscience politique anticapitaliste peut faire reculer ce gouvernement. Dans cette mobilisation, la CGT a un rôle essentiel dans l’organisation de la lutte. La CGT n’est pas isolée contrairement à ceux que veulent faire croire les grands médias. C’est elle qui porte les revendications justes qui sont celles d’une majorité de travailleurs. Dans ces manifestations les travailleurs se sont unis sur le mot d’ordre : « ne rien lâcher face aux mesures antisociales ».
Chaque travailleur conscient de la nécessité d’organiser un rapport de force favorable aux travailleurs face au gouvernement, a pour tâche de mobiliser ses collègues à la base, entreprise par entreprise. Ce n’est pas en regroupant les syndicalistes de lutte hors des structures syndicales, hors des entreprises que ce rapport de force pourra se construire, même si ces regroupements paraissent plus radicaux. C’est une erreur de couper le corps militant des syndicats du reste des masses des entreprises. La CGT est la seule organisation où l’on trouve des militants et courants plus combattifs, des éléments avancés pour défendre les travailleurs même si la confédération CGT reste sur des positions réformistes qui limitent ses objectifs et sa volonté de lutter. Seule la lutte de classe peut conduire à un succès et dépend du niveau de conscience et d’organisation. Aujourd’hui la classe ouvrière doit relever le défi et mener la lutte politique contre le gouvernement Macron en sachant que demain la classe ouvrière sans son parti marxiste-léniniste, ne pourra ni défendre ni préserver durablement les victoires qu’elle peut obtenir.
La grève généralisée ne se décrète pas par slogan. Elle se construit à la base, dans les entreprises, dans les quartiers. Comment bloquer l’économie si la majorité des salariés des lieux de production ne s’engagent pas dans la lutte et la grève? C’est dans les entreprises, dans les universités, dans les lycées que doivent se tenir les assemblées générales. C’est là qu’il est nécessaire de convaincre la base des salariés, la masse des étudiants et des lycéens que cette loi travail est contraire à leurs intérêts. Si on n’est pas prêt à s’engager à une lutte plus dure, les travailleurs perdront beaucoup. Il est important de lier les revendications locales aux revendications nationales. Obtenir localement satisfaction tout en luttant à une autre échelle peut donner confiance et détermination. Les luttes se multiplient. Participer à chacune d’entre elles, organiser la solidarité et tisser des liens entre elles est plus que jamais nécessaire. Faire en sorte que les luttes isolées entrent dans la lutte politique d’ensemble contre ce gouvernement, voilà la tâche des communistes.