La Chine impérialiste,
ennemi des populations opprimées du monde

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 31, 2e semestre 2023 – p. 46-61

Indéniablement, la présence internationale de la Chine dans le domaine économique est d’une grande envergure. La propagande déployée avec insistance par la Chine prétend qu’au‑delà de ses propres intérêts elle contribue ainsi au progrès des pays qui subissent la prédominance des grandes-puissances occidentales dans l’économie mondiale. La réalité ne correspond pas à cette interprétation.

Pour analyser correctement cette problématique, il faut d’abord préciser qu’un pays engagé de façon authentique sur la voie de la construction du socialisme ‑ comme c’était le cas pour l’URSS sous la direction de Lénine et Staline ‑ ne peut évidemment pas se renfermer sur lui‑même et s’isoler du reste du monde. Ainsi, une vision superficielle peut laisser penser que divers aspects de l’action internationale mise en oeuvre par la Chine s’accordent avec l’idée qu’ils seraient motivés par la défense et le raffermissement du supposé caractère socialiste de la société chinoise. On peut citer en exemples : le développement du commerce international (exporter pour financer des importations nécessaires), l’accès ailleurs dans le monde à des ressources naturelles faisant défaut au niveau du pays, des relations diplomatiques visant à protéger l’existence de l’État de dictature du prolétariat contre les inévitables agressions ‑ y compris la guerre ouverte ‑ de la part de l’impérialisme mondial qui cherche à éliminer l’ennemi. Cependant, à y regarder de près, on constate que les agissements de la Chine au niveau international s’inscrivent dans un contexte tout à fait différent.

Dans le cadre des relations internationales, les représentants chinois ne se lassent pas de déverser des flots de boniments en direction de leurs interlocuteurs. Voici un échantillon[1] :

Au cours des 65 ans écoulés, la Chine et l’Afrique ont noué une fraternité indéfectible dans la lutte contre l’impérialisme et le colonialisme, frayé une voie de coopération exceptionnelle dans la recherche du développement et du redressement, et écrit un chapitre splendide de solidarité face aux changements complexes. Nous avons ainsi montré un exemple remarquable dans la construction d’un nouveau type de relations internationales.

Il n’est pas possible d’être exhaustif dans l’examen de la présence et de l’influence de la Chine actuelle sur la scène mondiale, en économie et en politique. Le présent texte se concentre sur la sphère économique. Les cas évoqués sont choisis de façon à illustrer des aspects particuliers qui déterminent les objectifs et les actions de la Chine à cet égard. Les exemples évoqués se situent pour une grande partie en Afrique, continent sur lequel les activités internationales de la Chine sont étendues et où certains aspects caractéristiques ressortent nettement.

Revenus générés par l’exécution de travaux d’infrastructures

Les responsables politiques chinois font de la propagande sous le slogan "Chine et Afrique dans l’ère nouvelle ‑ un partenariat d’égaux", et proclament[2] : "La Chine soutient l’Afrique en faisant du développement des infrastructures une priorité pour la revitalisation économique." Il n’y a là pas de quoi impressionner les démarcheurs commerciaux au service du capital ailleurs dans le monde. Par exemple le groupe français Vinci qui se situe dans le secteur du bâtiment-travaux publics[3] : "L’Afrique présente des enjeux importants en matière d’infrastructures pour accompagner la croissance de la population, le développement économique soutenu et l’amélioration des conditions de vie des populations." Et lorsqu’Emmanuel Macron reçoit le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, il insiste "sur l’opportunité d’un partenariat économique renforcé avec l’Afrique"[4]. Un des contrats négociés fait intervenir le groupe français Alstom et concerne le raccordement de la centrale géothermique de Menengai, dans le nord-ouest du Kenya, au réseau de distribution électrique national. Macron souligne : "La France favorise ainsi une croissance sobre en carbone dans un pays qui possède le mix énergétique le plus vert de la région (80 % de renouvelables)".

La mise en oeuvre de tels contrats est alimentée par des financements de sources diverses. Habituellement il s’agit surtout de crédits, qui doivent être remboursés. C’est la pratique qui prévaut aussi pour la Chine, mais on peut noter certaines exceptions significatives. Selon un décompte établi en 2020, depuis 1966 les entreprises chinoises ont construit ou rénové au moins 186 bâtiments gouvernementaux africains, dont 24 bureaux ou résidences de chefs d’État, la particularité étant qu’en l’occurrence il s’agissait en bonne partie de cadeaux offerts par le gouvernement chinois à titre gratuit[5]. Sur les 70 bâtiments pour lesquels on trouve des informations de financement, le gouvernement chinois ou une entreprise chinoise ont financé tous sauf trois, et le gouvernement chinois a partiellement ou totalement subventionné les couts de construction d’au moins 45 des 70 bâtiments. Pour 2019 sont concernés notamment les chantiers suivants (les chiffres qui suivent indiquent des dollars US). Le Burundi a inauguré un palais présidentiel d’une valeur de 22 millions. Le gouvernement libérien ajoute deux annexes à son bâtiment du Capitole ainsi qu’un complexe ministériel, le cout combiné du projet étant de 66 millions. Au Zimbabwe un bâtiment du parlement d’une valeur de 100 millions a été achevé en 2020. Au sujet de ce dernier cas, commentaire enthousiaste du responsable chinois du projet[6] : "Le nouveau bâtiment du parlement est l’un des projets les plus importants de la coopération sino-africaine, visant à renforcer l’amitié et la solidarité entre les peuples du Zimbabwe et de la Chine tout en améliorant les installations du parlement pour un meilleur service au peuple zimbabwéen. […] Le projet soutient fortement la démocratie au Zimbabwe tout en renforçant l’image du pays."

Il y a clairement du "gagnant-gagnant" dans ces affaires, mais seulement du point de vue des gouvernements respectifs (dont le gouvernent chinois), et nullement celui des populations.

En dehors de ces cas particuliers, en ce qui concerne les financements par crédit, la Chine est très précautionneuse, de façon à s’assurer de recouvrir les fonds. Dans le cas des autoroutes, le procédé des tarifs de péage s’avère très utile. Exemple : au Kenya, l’autoroute de Nairobi, une route à péage de 27,1 km, mise en service en aout 2022. Le concessionnaire est Moja Expressway, une filiale de China Road and Bridge Construction (CRBC), la durée de la concession est de 27 ans et le concessionnaire est autorisé à ajuster librement les tarifs de péage[7].

Revenus générés par des prestations de service dans la durée

Le monopole d’État des services publics d’électricité State Grid Corporation of China (dénomination abrégée : State Grid) compte plus de 1.500.000 employés dans le monde. Le groupe est propriétaire et opérateur de réseaux de transport et distribution d’énergie dans de nombreux pays, à travers des participations à des entreprises locales, notamment : Australie, Belgique, Brésil, Chili, Grèce, Hong Kong, Italie, Oman, Philippines, Portugal. Hors Chine les investissements s’élèvent à 23,2 milliards de dollars US et les capitaux propres à 65 milliards de dollars US[8].

Pour illustrer la nature de ces investissements, deux exemples.

Décembre 2009 marque le début de la crise financière de l’État grec dont on a pu craindre des répercussions sérieuses sur la zone euro. L’Union européenne a mise en oeuvre des plans de sauvetage successifs, dont un troisième en 2016. Dans ce cadre la Grèce s’est engagée à mettre en vente 24 % d’ADMIE, opérateur du réseau de 11.000 kilomètres de lignes à haute tension, filiale à 100 % de la compagnie publique d’électricité PPC. L’acquéreur était State Grid[9]. L’agence d’information officielle chinoise Xinhua annonce la nouvelle candidement[10] : "La vente de la participation dans ADMIE a été réalisée dans le cadre du programme de sauvetage grec et des efforts plus larges de libéralisation du marché grec de l’énergie."

En novembre 2020 State Grid a signé un accord avec la compagnie d’électricité espagnole Naturgy pour acquérir 96,04 % du capital de la Compañía General de Electricidad (CGE) du Chili (le reste du capital étant détenu par un actionnariat dispersé)[11]. CGE est la plus grande société de distribution d’électricité et la deuxième plus grande société de transport d’électricité au Chili, avec 3.500 kilomètres de lignes de transmission, 64.738 kilomètres de lignes de distribution et 3 millions d’utilisateurs. À cette occasion, Liu Zehong, directeur général adjoint de State Grid, déclare : "Le Chili bénéficie d’un environnement politique et économique stable avec un système juridique solide et une cote de crédit souveraine élevée, ce qui en fait un important marché d’investissement à l’étranger pour State Grid." Autre commentaire d’un responsable de State Grid[12] : "Le pays, sans aucun doute, est devenu une destination attrayante pour des acteurs internationaux comme nous."

Revenus générés sur la base de l’exploitation des travailleurs dans d’autres pays

En 2018 a été lancé au Sénégal la première phase de la Plateforme Industrielle Internationale Diamniadio, réalisée par le China Geology Overseas Construction Group (CGCOC)[13]. La deuxième phase a débuté en 2021. Les entreprises chinoises Sichuan Road and Bridge Group et CGCOC Group sont en charge du projet. Fin 2022 le projet est achevé à près de 80 %[14]. La CGCOC a elle‑même investi dans une usine de canalisations en PVC dans le parc.

Parmi d’autres sociétés chinoises, s’y trouve C&H Garments, créée par Helen Hai et Candy Ma[15]. Auparavant Hai avait géré la création d’une usine de chaussures en Éthiopie pour le compte de Huajian Shoes Industry Co., basée à Dongguan en Chine[16]. C&H a établi des usines en Éthiopie, au Lesotho et au Kenya. En 2014, C&H a signé un protocole d’accord avec le gouvernement du Rwanda pour commencer la production de vêtements[17] en bénéficiant d’incitations de la part du gouvernement rwandais. Ces mesures incluent des exonérations fiscales et des exonérations de droits sur les importations, le financement de la construction de l’usine par le gouvernement en facturant un loyer insignifiant. Le gouvernement a également investi dans la formation des travailleurs devant être employés dans les usines de C&H, de sorte qu’en 2017, C&H employait environ 1.400 Rwandais dans le cadre de ces programmes de formation.

En 2017, Huajian Group (mentionné ci-dessus) a signé un protocole d’accord avec le gouvernement rwandais pour investir plus de 1 milliard de dollars US au Rwanda sur 10 ans et créer plus de 20.000 emplois. Les investissements de Huajian ciblent la production de chaussures, de vêtements, de sacs et d’équipements électroniques pour le marché américain. Huajian recevrait d’importantes incitations du gouvernement rwandais, comparables à celles offertes à C&H.

Les considérations motivant ces choix d’implantation tournent autour des questions de rentabilité capitaliste.

Selon des données de 2019, les salariés d’Éthiopie gagnent 50 dollars US par mois, ceux du Bangladesh 95, ceux du Kenya 207, et ceux de Chine 326 [18]. Parmi les sociétés chinoises établies en Éthiopie se trouve le groupe Jiangsu Sunshine (qui a pour clients entre autre Giorgio Armani et Hugo Boss)[19]. Témoignage éloquent de Shashi Bhushan, responsable local en Éthiopie du plus grand groupe indien de textile, Raymond[20]. Recrutées dans des villages isolés, les ouvrières découvrent l’industrie pour la première fois de leur vie. "Au début, il n’était pas rare qu’elles posent leur tête sur leur machine à coudre pour faire une petite sieste. On a dû leur apprendre à rester éveillées."

Au sujet de C&H au Sénégal, Hai explique que dans ce pays les salaires et les couts d’électricité sont plus élevés qu’en Éthiopie mais que la proximité avec le marché américain ‑ à sept heures d’avion ‑ en fait une opportunité d’investissement attrayante[21]. Le Sénégal bénéficie en outre de la loi américaine sur la croissance et les opportunités en Afrique, qui prévoit des préférences commerciales pour l’entrée en franchise de droits et de quotas aux USA pour certains produits, notamment les textiles et les vêtements. C’est le cas également pour l’Éthiopie, y compris avec l’Europe.

Eric Wang, vice-président et secrétaire général du China-Africa Business Council (CABC)[22] :

Les économies chinoises et africaines sont très complémentaires. L’Afrique dispose de la main d’œuvre; la Chine, des technologies et avec l’augmentation progressive des couts de production des entreprises chinoises, de plus en plus de produits manufacturiers de bas et moyen de gamme, destinés à la Chine ou au reste du monde, seront fabriqués par des entreprises africaines.

Spoliation des ressources naturelles

En République démocratique du Congo, l’exploitation minière

(La République populaire de Congo est couramment dite Congo Kinshasa pour distinguer ce pays de la République du Congo, dite Congo Brazzaville.)

La République Démocratique du Congo (RDC) est l’un des plus importants producteurs d’étain, de cuivre et de cobalt au monde[23]. La RDC a atteint une croissance économique de 4,4 % en 2019, principalement soutenue par les exportations de cobalt et de cuivre[24]. L’agriculture représente 21 % du produit intérieur brut (PIB), l’extraction minière et pétrolière 33 %. Selon le rapport 2020 de la CNUCED, les investissements directs étrangers en RDC s’élevaient à 1,6 milliard de dollars US en 2019, principalement dans le secteur minier et des télécommunications. Les plus importants pays d’origine de ces investissements sont l’Afrique du Sud, la Belgique et la Chine. La RDC dispose d’immenses réserves encore inexploitées d’or, de cobalt et de cuivre à haute teneur. La production nationale de cobalt représentait 70 % de la production mondiale en 2019. Alors que le secteur de l’agriculture représente près de 60 % des emplois, il ne parvient pas à assurer la sécurité alimentaire du pays. La production agricole commerciale reste limitée, la plupart des producteurs pratiquant une agriculture vivrière de subsistance.

En ce qui concerne l’exploitation de ressources minières en RDC, il faut d’abord donner quelques indications sur la situation générale qui prévaut dans ce secteur d’activité. Durant la colonisation puis également après l’instauration d’un État indépendant en 1960, l’exploitation des ressources minières était dominée par de grandes entreprises[25]. En 1966 a été adoptée une législation faisant de l’État le seul propriétaire de tous les gisements et de tous les permis miniers, et les principales entreprises minières actives furent nationalisées. Était concernée notamment l’Union Minière du Haut Katanga (UMHK) (dont les origines remontaient à 1906), laquelle constitua la base pour la société publique Générale des Carrières et des Mines (Gécamines). Ultérieurement intervient l’ouverture du secteur minier à des investisseurs étrangers, qui récupérèrent un certain nombre de concessions minières. En général les investisseurs, quand ils en eurent l’occasion, optèrent pour des contrats de coentreprise, notamment avec la Gécamines.

Le cuivre et le cobalt forment le plus grand secteur de l’exploitation industrielle (le cobalt étant en RDC et en Zambie un coproduit de l’extraction de minerais de cuivre). En 2013, on estimait que cette partie employait directement et indirectement entre 20.000 et 30.000 personnes dans l’ancienne province du Katanga (découpée en quatre nouvelles provinces en 2015 : Haut-Katanga, Tanganyika, Haut-Lomami et Lualaba). En 2021 le nombre global d’emplois du secteur minier s’élève à environ 157.000 [26]. Parallèlement aux sociétés minières pratiquant l’extraction à grande échelle en appliquant des procédés fortement mécanisés existe un secteur d’activités minières dites "artisanales". Pour la période récente diverses études fournissent des estimations concernant l’importance de ce secteur[27]. En 2016 on estime que 500.000 à 2 millions de personnes dépendaient directement des activités minières artisanales.

Développement du secteur minier du cobalt en RDC

L’objectif de remplacer les voitures à moteur d’essence par des voitures à moteur électrique, poursuivi depuis les années 1990, a généré une forte demande pour le cobalt en tant que matière première pour les batteries. La RDC détient 3,6 millions de tonnes en réserves de cobalt sur son territoire (ce qui correspond à environ 51 % du total mondial) (données de 2020)[28]. En 2020, 64 % du cobalt raffiné mondial était consommé dans la fabrication de batteries[29]. Cette même année la RDC produisait 90.000 tonnes[30] (dont on estime la part de la production artisanal à entre 20 % et 40 %) et couvrait ainsi 69 % de la production mondiale.

En 1987, la Gécamines (société nationale, cf. plus haut) était déjà le plus grand producteur de cobalt et le quatrième producteur de cuivre au monde. Cependant, l’exploitation industrielle du cobalt en RDC s’est effondrée dans les années 1990 sous l’effet des évènements de la première guerre du Congo de 1996‑1997 ainsi que de ses antécédents. Cela a entrainé une expansion rapide de l’activité artisanale. De 2001 à janvier 2019, Joseph Kabila était président de la RDC. Auparavant, c’était son père Laurent-Désiré Kabila depuis 1997. À Joseph Kabila a succédé le président actuel, Félix-Antoine Tshisekedi. En 2002, le gouvernement de Joseph Kabila a publié un nouveau code minier qui limitait l’activité artisanale aux zones où l’exploitation minière industrielle n’est pas praticable. Essentiellement, les mineurs artisanaux ont été expulsés de force des zones de mines industrielles de cobalt afin d’attirer les investisseurs étrangers. Kabila a également restructuré la Gécamines, d’une façon qui a détruit son rôle vital à l’égard de l’économie locale; l’entreprise a perdu la moitié de ses effectifs et le secteur artisanal a été rejoint par de nombreux chômeurs. Des réformes dans le secteur minier visant à transférer davantage de concessions à des investisseurs étrangers tout en restreignant les opérations artisanales ont été effectuées, de nombreux contrats de coentreprise et de privatisation ont été mis en oeuvre. Cela a particulièrement attiré l’attention des entreprises chinoises dont les investissements à travers des infrastructures ainsi que des coentreprises avec la Gécamines s’élevaient en 2008 à environ 9 milliards de dollars US.

Pour le cobalt, les secteurs de l’exploitation respectivement industrielle et artisanale en RDC sont désormais dans un état de coexistence difficile. Avant la deuxième guerre du Congo de 1998‑2002, l’exploitation artisanale représentait 90 % de l’ensemble. Cependant, après la prise de fonction de Kabila comme président, la proportion s’est réduite à 20 % de l’approvisionnement national et 12,9 % des ventes totales. Inversement, l’exploitation industrielle s’est rapidement développée pour représenter environ 80 % de la production totale de cobalt de la RDC, mais elle n’emploie qu’une faible proportion de l’ensemble de la main d’oeuvre du secteur minier.

La province de Lualaba qui fait partie de l’ancienne province du Katanga dans le sud de la RDC est la plus importante zone minière de cuivre et de cobalt du pays[31]. Le gouvernement estime que 20 % du cobalt exporté de la RDC provient des mineurs artisanaux du Katanga. Il y a environ 110.000 mineurs artisanaux réguliers dans la région du Katanga, passant à environ 150.000 sur une base saisonnière (estimations de 2019). En l’absence de zones d’exploitation minière artisanale autorisées, de nombreux mineurs artisanaux pénètrent couramment dans des concessions privées de façon illégale (cet aspect sera abordé plus loin).

Les "creuseurs"

Environ 100.000 mineurs de cobalt au Congo (estimations de 2016) utilisent des outils à main pour creuser sous terre sans foreuses pneumatiques ni pelles motorisées, avec peu de surveillance et peu de mesures de sécurité[32]. Ces hommes s’appellent eux-mêmes des "creuseurs" (en utilisant le terme français). Les tunnels s’enfouissent profondément (un puits peut facilement atteindre une longueur de 250 mètres et dépasser dans certains cas les 150 mètres de profondeur[33]), éclairés uniquement par des lampes en plastique attachées à la tête des mineurs. Ceux‑ci ne sont guidés ni de cartes minières ni de forages d’exploration. Au lieu de cela, ils se fient à l’intuition. Et en cas d’accident, ils sont livrés à eux‑mêmes. Le gain est basé sur ce qu’ils trouvent, l’équivalent de 2 à 3 dollars US un bon jour. Les morts et les blessés sont fréquents. Cette main d’oeuvre informelle est responsable d’environ 10 à 25 % de la production mondiale de cobalt et d’environ 17 à 40 % de la production au Congo. Les exploitants artisanaux n’ont pas de perspectives économiques. Ils se voient refuser l’accès aux sites industriels de même que la possibilité d’exploiter des gisements non viables commercialement, et la région manque de zones affectées officiellement à l’exploitation minière artisanale.

Les investisseurs chinois contrôlent environ 70 % du secteur minier de la RDC, selon la Chambre Congolaise des Mines[34]. Concernant le cobalt (données de 2020), la China détient des ressources d’environ 80.000 tonnes sur son propre territoire (ce qui correspond à seulement 1,12 % du total mondial) et est donc fortement dépendant des importations, qui proviennent à environ 90 % du Congo[35].

Projet phare d’investissement chinois en RDC : Sicomines

Par un accord conclu en 2007 a été constitué une société dénommée Sino-Congolais des Mines (Sicomines), disposant de gisements dans la région de Kolwezi[36]. Il s’agissait à l’époque du plus important projet d’investissement chinois en Afrique. Le contrat réunissait un consortium composé de China Eximbank, China Railways Construction Company (CREC) et Sinohydro ainsi que le gouvernement de la RDC. Selon les termes de l’accord, CREC et Sinohydro obtiendraient une participation de 68 % dans Sicomines et la Gécamines détiendrait les 32 % restants. En échange, la CREC et Sinohydro fourniraient au gouvernement de la RDC des projets d’infrastructures publiques clés en main (d’une valeur de 6,56 milliards de dollars US) financés par la China Eximbank (3500 km de routes, autant de kilomètres de chemins de fer, des infrastructures de voiries surtout à Kinshasa, 31 hôpitaux de 150 lits et 145 centres de santé, 2.000 logements sociaux dans la capitale et 3.000 en province, ainsi que deux universités modernes[37]). L’accord prévoyait aussi l’octroi d’un prêt. La RDC n’offrant que peu de garantie de remboursement de la dette contractée, la Chine a mis en place un contrat de troc. Ce sont les bénéfices futurs de Sicomines qui seront utilisées pour rembourser les travaux d’infrastructures. Une fois la dette effacée, le résultat sera partagé selon les parties de chaque contractant dans la coentreprise (2/3 pour la Chine, 1/3 pour la partie congolaise). Le contrat accorde à la Chine "l’exonération totale de tous les impôts, droits, taxes, douanes, redevances directes ou indirectes, à l’intérieur ou à l’import et l’export, payables en RDC". Les conditions de financement ont été révisées à plusieurs reprises. La construction des installations minières a commencé en avril 2013, la première phase a été achevée en novembre 2015, la deuxième phase a débuté en 2020. Actuellement la répartition du capital de la Sicomines est la suivante[38] : CREC 41,72 %, Sinohydro 25,28 %, Zhejiang Huayou 1 %, Gécamines 20 %, SIMCO (Société immobilière du Congo, filiale commune entre l’Entreprise Minière de Kisenge Manganèse, propriété de l’État, et Gécamines) 12 %.

En 2021 le nouveau président Félix Tshisekedi entreprend une révision des relations avec la Chine, notamment en rapport avec la situation concernant Sicomines. En février 2023 l’Inspection Générale des Finances (IGF) publie un document en deux parties examinant le contrat constituant la Sicomines en 2008 ainsi que les conditions et résultats de sa mise en oeuvre[39]. Le document fait état de nombreux éléments préjudiciables à la partie congolaise. En avril l’IGF publie le résultat d’un audit du fichier de la paie des agents et fonctionnaires de l’État qui conclut que le Trésor public subit un manque à gagner mensuel de près de 65 millions de dollars US sous l’effet de détournements de fonds à travers la paie des fonctionnaires et agents de l’État[40].

Exemples significatifs de sociétés minières chinoises en RDC

La société minière Xian Jiang Mining a commencé ses activités en janvier 2021 [41]. Elle dispose d’un permis de prospection, ce qui l’autorise uniquement à effectuer des enquêtes pour identifier les zones riches en minéraux. Au lieu de cela, Xian Jiang Mining extrait et vend des matériaux précieux. Elle utilise illégalement du mercure pour séparer l’or, jetant dans la rivière les déchets contenant ce métal neurotoxique.

La société Kun Hou Mining s’est établie en RDC en 2014 [42]. Elle a effectué de l’extraction d’or le long d’un tronçon de la rivière Ulindi qui traverse le territoire de Shabunda. Ses activités ont financé des groupes armés, contribuant ainsi à l’instabilité locale. La majeure partie de l’or produit par la société a disparu (vraisemblablement sortie clandestinement du pays).

Des délocalisations massives de populations pour permettre l’installation de sociétés minières chinoises

Kasulo était un quartier résidentiel situé dans la concession de la Gécamines dans la ville de Kolwezi[43]. La transformation de ce quartier en une mine à ciel ouvert est advenue à la suite d’une découverte, début 2014, de minerais à moins de 2 mètres de profondeur par un habitant qui voulait forer un puits dans sa propre parcelle. En avril 2017, le premier gouverneur de la province de Lualaba, l’ex‑ministre de l’Intérieur Richard Muyej Mangez Mans, a interdit l’exploitation individuelle à Kasulo[44]. Il a décidé d’accorder les droits miniers de Kasulo à la société chinoise Congo Dongfang International Mining (CDM)[45]. CDM deviendrait l’acheteur exclusif du minerai de Kasulo[46]. Une opération de déplacement des populations a été effectuée, dans des conditions fortement préjudiciables pour les personnes concernées. Les délocalisations touchent d’autres quartiers par l’extension des mines et carrières d’une autre entreprise chinoise, COMMUS[47]. Chaque fois que le gouverneur Muyej a tenté de dissuader les creuseurs de s’introduire dans des concessions industrielles, il s’est exposé à des réactions hostiles violentes, et en 2019, les troubles à Kolwezi ont revêtu une intensité telle que l’armée est intervenu (cf. plus loin).

Pour la plupart des mineurs artisanaux de Kolwezi, la chaine d’approvisionnement mondiale commence sur un marché appelé Musompo[48], constitué de petites boutiques appelées "comptoirs", tenues pour la grande majorité par des chinois. Le minerai aboutit à CDM. CDM applique une méthode du trucage du poids des produits et de la teneur du cobalt en utilisant ses propres balances et spectromètres[49]. Ce trucage constitue un vol organisé au vu de tout le monde, les autorités provinciales comprises. CDM expédie son cobalt à sa société mère, Huayou Cobalt, en Chine, où le minerai est raffiné. Face aux critiques multiples concernant les conditions d’exploitation des mines, Chen Hongliang, le président de Huayou, se moque du monde quand il déclare, en septembre 2016 : "En fait, nous ne savions pas grand-chose" concernant les fournisseurs du cobalt, "maintenant, nous faisons preuve de diligence raisonnable."

Les sociétés minières industrielles se trouvent fatalement en situation d’hostilité d’avec la population

Face à l’activité minière artisanale, les sociétés chinoises se positionnent selon la vision propre à l’activité minière industrielle, décrite plus haut. Elles considèrent les mineurs artisanaux et en particulier les creuseurs comme des éléments perturbateurs qu’il faut tenir à distance et, si nécessaire, réprimer par la force. L’hostilité peut se manifester à des degrés variés. Voici quelques cas de figure.

La Société Anhui-Congo d’Investissement Minier Sprl (SACIM) est une coentreprise créée en 2013 selon un partenariat entre le gouvernement congolais et Anhui Foreign Economic Construction Group of China[50]. Les cas de violence de la part de la société sont récurrents[51]. En avril 2020 un creuseur se trouvant aux environs du terrain de la SACIM a été intercepté par un membre des forces armées congolaises (FARDC) chargé de la sécurité du site; ce dernier a tiré à bout portant et le creuseur a été atteint au niveau de l’abdomen. En juin 2021, un creuseur qui s’était introduit sur le terrain de la SACIM a été abattu par un membre des FARDC. En décembre 2022, les corps de deux creuseurs morts ont été retrouvés dans la concession de la société. Un responsable de la SACIM explique : "Des creuseurs clandestins se sont introduits dans notre concession. Nos services sécuritaires ont essayé de les repousser. Le jour suivant, nous avons repêché deux corps sans vie dans un étang d’eau". Autre évènement symptomatique : En décembre 2017, quatre employés chinois de la SACIM ont tabassé leur cuisinier, de nationalité congolaise. Le prenant pour mort, ils l’ont abandonné dans un ravin, cependant il a pu être secouru.

En juillet 2021 trois chinois employés par la Compagnie minière de Musonoie (COMMUS), filiale à 72 % de la société chinoise Zijin Mining, ont été condamnés pour avoir participé à une action de "punition" à l’encontre de deux creuseurs appréhendés sur le terrain de la société[52]. Les trois chinois se trouvaient en compagnie de deux membres de l’armée congolaise qui faisaient subir à l’un des creuseurs des coups de fouet. Les soldats ont également été condamnés.

China Molybdenum Co., Ltd. (CMOC) est un groupe chinois créé en 1999. Tenke Fungurume Mining Company Sarl, (TFM Sarl) est une société créée en 1996 dont le capital est réparti depuis mai 2016 entre China Molybdenum (80 %) et Gécamines (20 %). TFM détient les droits d’exploitation de la zone de gisements située autour des villes de Tenke et Fungurume. La mine est l’un des plus grands employeurs du Congo, avec plus de 7.000 employés et sous-traitants.

TFM est confronté en permanence au problème des creuseurs qui, du fait de leurs conditions de vie catastrophiques, n’ont aucune raison de respecter les "droits de propriété" officiels. Voici un commentaire du gouverneur de cette province, Richard Muyej Mangez, en 2016 [53] : "Le site de Tenke Fungurume Mining est fortement envahi par des clandestins qui organisent des incursions dans le fond de la concession privée. Ils volent, cassent et agressent."

TFM indique que "plus de 10.000" mineurs artisanaux se trouvent sur ses concessions dans la province de Lualaba et proteste fréquemment contre ces incursions. On estime que 170.000 mineurs artisanaux opèrent à travers Lualaba et leur nombre semble augmenter. Une opération militaire d’envergure a notamment été déployée en juin 2019 [54]. Des forces armées arrivaient dans le village de Kafwaya et mettaient le feu aux habitations. Le directeur général adjoint de TFM, Kasongo Bin Nassor, a déclaré que la mine avait demandé au gouvernement de faire plus pour garantir la concession. Il explique : "Une fois que vous avez des métaux qui nécessitent des investissements sérieux, vous ne pouvez pas encourager l’exploitation artisanale." Le général John Numbi qui commandait l’opération déclare : "Il y a des intérêts stratégiques du pays en jeu […] Si les investisseurs se plaignent […] le gouvernement prendra des mesures [pour déployer l’armée] s’il décide que la police ne peut pas le gérer." La semaine suivante, l’armée expulsait des  mineurs artisanaux ‑ 20.000 selon ses déclarations ‑ de la mine de KCC du groupe suisse Glencore, dans la même région. Les mineurs ont répondu par une série de manifestations au cours desquelles les magasins ont été pillés et au moins 20 personnes ont été arrêtées. Auparavant un accident sur le site de KCC avait couté la vie à 43 creuseurs[55]. Le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur et sécurité intérimaire Basile Olongo accompagné de l’inspecteur générale des FARDC s’est exprimé : "Je suis arrivé, c’est triste. Il est vrai que nous avons perdu nos compatriotes, mais quels compatriotes? Nous avons perdu les voleurs qui sont venus volés les graviers dans une concession de KCC."

En Afrique de l’Ouest, la pêche en eaux lointaines

L’action des États a pendant longtemps ‑ jusqu’au milieu du 20e siècle ‑ été confinée à une étroite bande côtière qui était sous leur souveraineté. L’extension des pêches en eaux lointaines (dans l’Atlantique Nord, puis sur l’ensemble des océans) entraina des différends entre États et des revendications territoriales et de droits d’accès pour les usagers d’autres nations. L’idée d’accorder des zones économiques exclusives (ZEE) aux États pour leur permettre un meilleur contrôle dans les affaires maritimes en dehors des limites territoriales ne sera acceptée qu’avec la Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer (CNUDM), signée à Montego Bay en 1982.

Selon des données de 2019, un tiers des stocks de poissons commerciaux est exploité à des niveaux biologiquement non-durables et 90 % sont pleinement exploités (les captures courantes approchant du niveau de reproduction équilibrée) selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture[56]. La population de thons rouges du Pacifique par exemple a diminué de 97 % par rapport à son niveau historique en raison de la surpêche généralisée dont elle est victime. Ces dernières décennies, les pays dont les stocks de poissons dans le périmètre national se sont effondrés ont envoyé des chalutiers industriels pêcher en haute mer et dans les eaux territoriales d’autres pays. C’est le cas de la Chine. Une étude a montré que la moitié des poissons capturés en haute mer en 2014 était le fait des navires chinois et taïwanais. Pour la Chine, l’essor des volumes de pêche commence vers 1980. Jusque-là le volume se situait au‑dessous de 4 millions de tonnes, la pêche lointaine comptant tout au plus 20 %. Puis le volume total a progressivement augmenté, atteignant en 2014 un pic d’environ 17,4 millions de tonnes, dont 37 % en pêche lointaine[57].

Au Sénégal, l’opacité des autorisations accordées aux navires étrangers

Au Sénégal, l’exercice de la pêche industrielle dans les eaux maritimes sous juridiction sénégalaise a toujours été subordonné à la possession d’une licence de pêche en cours de validité, délivrée par le ministre chargé de la Pêche maritime, après avis de la Commission consultative d’attribution des licences[58]. Les dispositions de l’article 16 du Code de pêche maritime de 1998 prévoient que "les navires de pêche battant pavillon étranger sont autorisés à opérer dans les eaux sous juridiction sénégalaise soit dans le cadre d’un accord de pêche liant le Sénégal à l’État du pavillon ou à l’organisation qui représente cet État, soit lorsqu’ils sont affrétés par des personnes de nationalité sénégalaise".

Il arrive fréquemment qu’il soit constaté que des navires de pêche chinois agissent dans des circonstances irrégulières. Exemple : en juin 2017 [59] sept chalutiers chinois de 30 à 40 mètres ont été interceptés par la marine sénégalaise alors qu’ils pêchaient, sans autorisation, au large de la Casamance. Les équipages des chalutiers étaient en grande majorité des marins sénégalais, payés 6.000 francs CFA par jour (un peu plus de 9 euros). Les marins chinois ont tenté de corrompre les militaires sénégalais, explique le commandant de l’opération. Une procédure judiciaire a été engagée.

Un élément important en rapport avec les pratiques irrégulières est celui de l’attribution des licences autorisant la pêche. En 2020 au Sénégal à ce sujet les relations entre les représentants des professionnels de la pêche industrielle et le gouvernement ont traversé un période conflictuelle. La procédure pour accorder des licences de pêche fait intervenir une Commission consultative d’attribution des licences de pêche (CCALP). Celle-ci a été convoquée en avril 2020 pour examiner une liste de demandes concernant 56 navires. Le Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (GAIPES) a annoncé que lui‑même ainsi que toutes les autres organisations des pêches industrielles et artisanales "ne participeront pas à donner leur onction à un processus biaisé depuis le départ et non conforme aux intérêts de notre pays". Il a publié une lettre ouverte exposant son point de vue[60]. La lettre ouverte a révélé que les autorités sénégalaises envisageraient d’accorder le pavillon sénégalais et des licences de pêche à 52 navires étrangers ‑ 50 chinois et 2 turcs. Cette éventualité était fortement contestée par le GAIPES. Le ministère de la Pêche a mis fin à l’affaire en annonçant publiquement que 54 des 56 demandes de licences ont été rejetées, seules les demandes de transfert de deux licences détenues par des sociétés sénégalaises ont été acceptées. Cependant les médias locaux ont révélé que l’un des 54 navires de pêche, le Fu Yuan Yu 9889, avait obtenu une licence de pêche et qu’en outre des licences avaient été délivrées pour trois autres navires de Fu Yuan Yu, qui ne figuraient pourtant pas sur la liste des 56 navires présentée à la CCALP. Greenpeace arrive à la conclusion que pendant la période avril-juillet 2020 quatre navires nommés Fu Yuan Yu (le Fu Yuan Yu 9881, le Fu Yuan Yu 9888, le Fu Yuan Yu 9886 et le Fu Yuan Yu 9887) étaient présents dans la zone économique exclusive (ZEE) sénégalaise et exerçaient une "activité de pêche".

En Afrique de l’Ouest et ailleurs, les opérations de pêche exercées illégalement

En mai 2015 Greenpeace publie une enquête qui met en évidence les pratiques frauduleuses des sociétés chinoises de pêche lointaine[61]. Au moins 44 navires de pêche détenus et exploités par quatre compagnies chinoises de pêche lointaine font une sous-déclaration du tonnage brut (TB)[62] de leurs navires dans trois pays d’Afrique (Sénégal, Guinée-Bissau et Guinée), qu’ils battent pavillon chinois ou bien appartiennent à des sociétés mixtes, évitant ainsi de payer des frais de licence et gagnant illégalement accès à des zones de pêche interdites. La plupart des cas identifiés datent de 2000-2014, mais le plus ancien remonte à 1988. En octobre-novembre 2014 ont été observés des cas multiples à travers les zones économiques exclusives (ZEEs) du Sénégal, de la Guinée-Bissau et de la Guinée. Dans les eaux guinéennes uniquement, ont été documentées 16 activités de pêche illégales par 12 navires battant pavillon chinois et/ou appartenant à des entreprises chinoises. Il s’agit notamment de la China National Fisheries Corporation (CNFC) qui détient 345 bateaux dans le monde, parmi lesquels 163 opèrent dans les eaux de six pays ouest-africains (la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée- Bissau, la Guinée, la Sierra Léone et le Ghana) ainsi que dans celles du Maroc.

Les pays de la zone d’Afrique de l’Ouest manquent de moyens pour pouvoir mettre en oeuvre une surveillance permanente et efficace. Toujours est‑il que des bateaux effectuant des activités de pêche illicites sont interceptés à différents moments. Entre autres : en novembre 2015 deux bateaux de pêche industriels chinois dans les eaux territoriales de la Côte d’Ivoire[63]; durant une opération du 28 août au 1er septembre 2016 deux navires de pêche industriels chinois au large du Guinée[64]; en mai 2017 9 navires de pêche chinois au large des côtes sierra-léonaises, bissau-guinéennes et guinéennes[65]; en 2018, successivement deux navires de pêche industriels chinois dans la zone de Libéria[66].

En 2017, le navire frigorifique chinois Fu Yuan Yu Leng 999 a été poursuivi et arraisonné par les autorités équatoriennes à l’intérieur de la réserve marine des iles Galápagos en Amérique du Sud[67]. À bord, ils ont saisi 6.000 carcasses de requins congelées, dont beaucoup d’espèces menacées. Les ailerons de requin sont un mets délicat et un commerce lucratif en Asie, mais la pêche des requins et le retrait de leurs ailerons sont illégaux dans de nombreuses juridictions, y compris en Équateur. Puis en 2020 un groupe de nombreux navires chinois est apparu à l’extérieur de la réserve marine des Galápagos (plus de 350 bateaux de pêche). La flottille pillait les eaux qui sont parmi les plus riches en biodiversité au monde, en serrant de près la limite de la zone économique exclusive (ZEE) de l’Équateur. Comme le fait remarquer un commentaire, "le problème est que les poissons ne connaissent pas les frontières".

Au Sénégal, les conséquences du pillage des ressources maritimes

La pêche des petits poissons (notamment sardinelles, maquereau espagnol, chinchards, anchois) constitue la principale activité de la pêche artisanale sénégalaise[68]. Les sardinelles sont les poissons les plus couramment commercialisés, et aussi les plus accessibles pour les revenus modestes. Elles constituent également la principale ressource pour les activités de transformation traditionnelle (séchage ou fumage) et jouent un rôle primordial dans le régime alimentaire de la population sénégalaise. La filière de la transformation artisanale est essentiellement gérée par les femmes.

Au niveau international, depuis environ 25 ans se développe l’aquaculture. En 2018 l’aquaculture assurait déjà 46 % de la production mondiale de poisson, contre 25,7 % en 2000 [69]. En lien avec ce procédé intervient la production de farine de poisson et d’huile de poisson destinée à fournir une substance nutritionnelle à l’élevage industriel de poissons (et aussi de porcs et poulets). En Chine, l’élevage de poissons génère une demande d’aliments qui a fait de la Chine le premier importateur mondial de farine de poisson[70]. L’exportation de farines de poisson par le Sénégal a fortement augmenté (de 990 tonnes en 2006 à 62.288 tonnes en 2015 [71]). Cela entraine une réduction de l’approvisionnement pour la consommation humaine directe ainsi que des activités traditionnelles de transformation, et donc des emplois concernés alors que les usines de production de farine n’offrent que peu d’emplois[72]. Compte tenu de la structure économique et sociale propre au Sénégal, cette évolution a des conséquences considérables au détriment de la population, et suscite des forts mouvements d’opposition.

Faux "Développement"

Au Sénégal, la culture de l’arachide

L’arachide est le principal produit agricole du Sénégal[73]. Elle est utilisée comme huile (qui peut être obtenu selon un procédé artisanal), poudre ou pâte dans la préparation de nombreux plats, et sous forme de sous-produits comme aliment de bétail et combustible. 27 % des ménages ‑ soit environ 1 million de personnes ‑ cultivent l’arachide.

Au lendemain de l’indépendance, la plupart des unités de production et de commercialisation basées sur l’arachide restaient propriété de capitaux étrangers[74]. L’approvisionnement en graines d’arachide était géré par l’Office nationale de commercialisation et d’assistance au développement (ONCAD), une société d’État qui s’occupait de l’achat et de la commercialisation des graines d’arachide fournies par les paysans sur le territoire national. En 1975, l’État créa la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos) qui avait pour mission la vente au niveau national et surtout international de la production des huileries privées. Par la suite, la Sonacos a absorbé la plupart de ces unités de production. En 1979, suite à la faillite de l’ONCAD, la Sonacos est chargée de la distribution des semences et de l’achat des graines d’arachide. En 2005, la Sonacos a été privatisée (baptisée Suneor en 2006), la majorité du capital étant acquise par un consortium français, Advens. En 2015, l’État rachète la participation d’Advens dans Suneor (qui reprend la dénomination de Sonacos en 2016), mesure considérée comme provisoire en attendant de trouver un investisseur privé. En 2019 les activités de la Sonacos reprennent dans toutes les unités de production ‑ trituration, raffinage, commercialisation des produits dérivés sur le marché local et en export. Les huileries locales emploient quelque 5.000 personnes dont 2.000 permanents. Il s’agit de la Copéol, la West African Oil, la SSII, du Comptoir agro-industriel de Touba. La Copéol est une entreprise franco-sénégalaise qui associe deux groupes industriels français (Avril et Castel) ainsi qu’un investisseur privé sénégalais, le groupe AKF. La Sonacos sous-traite une partie de sa production au Regroupement des acteurs du secteur industriel et agroalimentaire de Touba (RASIAAT) et à la SSII.

Suite à une forte augmentation de la production en 2010, qui s’est traduite par un surplus de noix, le gouvernement a décidé d’ouvrir le marché aux exportateurs[75]. Cela a entrainé l’arrivée d’acheteurs chinois, marocains, indiens, vietnamiens, russes. Du fait de l’exportation d’une grande partie de la récolte, il ne restait désormais pas suffisamment de noix pour alimenter le marché national de la transformation ni les moyens de subsistance des populations locales. Selon les estimations du gouvernement sénégalais en 2016, environ 65 % des arachides ont été exportées vers la Chine. La Chine est la première productrice et importatrice d’arachides du monde, avec une production annuelle propre de 17 millions de tonnes et des importations de 1,4 million de tonnes[76]. Par contre, de la part de la Chine l’huile d’arachide est lourdement taxée à l’importation et le tourteau, son coproduit, est interdit à l’importation. Des commerçants chinois investissent sur place au Sénégal et procèdent à la transformation de l’arachide en huile et pâte, destinées au marché local, certains envisagent aussi l’acquisition de terres cultivables. Ces opérateurs sont regroupés dans une association appelée "Chinois acheteurs d’arachides au Sénégal". En l’absence de statistiques officielles, le nombre d’entreprises ou d’hommes d’affaires chinois présents dans la filière arachidière est difficile à connaitre[77]. Certaines informations indiquent l’existence de dizaines, voire une centaine, d’entreprises chinoises de transformation d’arachides (limitée au nettoyage et décorticage) enregistrées au Sénégal.

La prédominance de l’exportation de l’arachide au stade de matière première condamne progressivement la filière de transformation locale à la paralysie. Les huiliers sont menacés par les exportations de la graine qui devient introuvable dès que débarquent les acheteurs chinois. En 2020 Copéol a dû cesser ses activités faute de matière première et pourrait fermer définitivement[78]. La Sonacos s’est séparée d’une partie de ses travailleurs saisonniers. Par ailleurs existent des petites entreprises, telles que les 154 membres du RASIAAT qui subissent les mêmes difficultés. Un de ces entrepreneurs vise avec ironie l’hypocrisie de la bienfaisance à la chinoise[79] : "La Chine nous donne beaucoup d’argent. En février 2021, elle a expédié 200.000 doses du vaccin Sinopharm à Dakar. Alors, quand elle a besoin de cacahuètes sénégalaises, notre gouvernement peut‑il le lui refuser?"

Divers commentaires font ressortir les visions des parties prenantes du point de vue économique.

Moussa Baldé, le ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, met en balance un million de producteurs d’un côté et 1.500 emplois fragilisés de l’autre. Il déclare[80] : "Je ne peux pas dire, en tant que ministre de l’Agriculture, que la campagne [de commercialisation de l’arachide décembre 2019-mai 2020] est un échec."

Extraits d’un article de Beijing Information, organe d’information officielle de la Chine, sous le titre "L’or du Sénégal"[81] :

[…] l’opérateur chinois Lin Jinxiong et l’un de ses fournisseurs en arachide, El Hadj Niasse, […] Cette année, les transactions réalisées entre les deux hommes sont passées du simple au double. Une situation gagnant-gagnant de part et d’autre. […] Pour continuer à encourager les exportations [d’arachides vers la Chine], cette dernière a adopté des politiques préférentielles exclusives. Ce qui reflète, soutient l’ambassadeur [de Chine au Sénégal, Xiao Han], l’importance que la Chine attache aux relations amicales entre les deux pays. Le Sénégal est un pays à vocation agricole. […]

L’article date de 2021. L’ambassadeur Xiao Han expliquait à l’époque[82] : "L’achat d’arachide est en lui-même un comportement de marché. Les acteurs chinois effectuent leurs transactions conformément aux principes du marché, aux règles et lois commerciales locales. L’État, les grossistes, les exportateurs en ont tous bénéficié. Et surtout les paysans, groupe le plus nombreux et le plus vulnérable, ont obtenu des bénéfices tangibles qui ont amélioré le bienêtre de leurs familles. Ce genre de coopération […] devrait être soutenu et salué plutôt que d’être pris en otage par un certain groupe d’intérêts."

Parmi ceux qui "ont tous bénéficié" se trouve Li Mei, originaire de Chine, responsable des achats à l’étranger pour une entreprise privée d’importation et d’exportation de produits agricoles[83]. En 2020, il fait état de bénéfices s’élevant à 20 millions de yuans (environ 2,6 millions d’euros) pour l’entreprise, un chiffre selon lui "extrêmement rentable".

En 2018, Zhang Xun, prédécesseur de Xiao Han en tant qu’ambassadeur, avait fait un constat différent[84] : "Cette année, il faut noter que l’arachide est une marchandise internationale et son prix flotte. Il a baissé, même en Chine [c’est-à-dire le prix de revente]. […] Donc, cela a eu un impact sur l’importation d’arachide et notamment pour le Sénégal […] les commerçants sont des commerçants […] si les prix ne sont pas revus à la baisse [au Sénégal], ils ne vont pas acheter […] Nous sommes dans une économie de marché et il faut respecter la loi du marché […]."

Autant Zhang Xun que Xiao Han interprètent la réalité au Sénégal selon le maitre mot qui règne aussi en Chine : "comportement de marché", "principes du marché", "économie de marché", "loi du marché".

"Amitié entre les peuples", version bourrage de crâne à la chinoise

En mai 2020 la chaine de télévision chinoise officielle CGTN annonce[85] : "Aujourd’hui une vidéo de bienfaisance dans le cadre de la lutte antiépidémique, produite par l’Association du peuple chinois pour l’amitié avec les pays étrangers (APCAE) a été mise en ligne, dans le but de faire rayonner l’amour sur Terre. […] Lin Songtian, président de l’APCAE, a formé des voeux sincères pour “un monde uni comme une famille”." De façon plus prosaïque, la Chine déclare contribuer au "développement" dans les pays dits "sous-développés". Telle quelle, l’affirmation peut être considérée comme justifiée, à condition de préciser de quel type de développement il s’agit. Les faits et analyses amenés dans le présent texte indiquent que le développement promu et réalisé est porté par les mécanismes et les objectifs propres aux rapports sociaux de production capitalistes.

De la part de la bourgeoisie chinoise, la propagande au sujet d’"un monde uni comme une famille" est doublement fantasmagorique. La classe exploiteuse des capitalistes et la classe exploitée des travailleurs ne peuvent s’unir dans une famille; et par ailleurs les bourgeoisies impérialistes des différentes grandes-puissances ‑ même si d’une certaine manière elles ont des accointances circonstancielles entre elles ‑ sont fatalement en concurrence entre elles dans la poursuite du profit maximum. Au niveau mondial tous les actes de la Chine et les résultats qu’ils produisent, sont l’expression de ce type de rapports. Il faut notamment souligner qu’à l’égard de la Chine comme pour le système capitaliste impérialiste mondial, la réalité se caractérise par un double aspect : l’organisation toujours plus poussée dans le cadre des groupes monopolistiques pris séparément d’une part, et d’autre part l’anarchie qui traverse objectivement les rapports de production capitalistes dans l’ensemble. Cela implique que la "planification" de l’économie appliquée en Chine constitue seulement une méthode spécifique parmi d’autres de la gestion du système capitaliste, et nullement un "remède" aux maux du capitalisme "libéral".

Certains, en France ou ailleurs, relaient la propagande au sujet d’une "économie socialiste de marché". Cela revient à semer une confusion qui au bout du compte tente de sauver de la déchéance définitive le révisionnisme réformiste développé autrefois par Eduard Bernstein. L’influence du réformisme persiste encore au sein du mouvement ouvrier et constitue un obstacle considérable au renforcement de la conscience de classe parmi les travailleurs, renforcement indispensable pour la victoire de la révolution prolétarienne, socialiste.

 



[1]. Discours de Xi Jinping à la Cérémonie d’ouverture de la 8e Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine, 29 novembre 2021.

https://www.fmprc.gov.cn/fra/wjdt/zyjh/202111/t20211129_10458612.html

[2]http://download.china.cn/en/doc/China%20and%20Africa%20in%20the%20New%20Era%20A%20Partnership%20of%20Equals.docx

[3]https://www.sogea-satom.com/sogea-satom/Minisites.nsf/0/6E55945BF999A778C12578D20038E849/$File/VINCIAfrique.pdf

[4]https://www.capital.fr/entreprises-marches/gros-contrats-en-vue-pour-vinci-et-alstom-au-kenya-1381888

[5]https://warontherocks.com/2020/06/chinas-palace-diplomacy-in-africa/

[6]http://english.news.cn/20220630/3cf746ca58304b818be8209937852465/c.html

[7]https://africaneyereport.com/kenya-motorists-to-pay-chinese-firm-in-dollars-for-expressway-toll-charges/

[8]http://www.sgcc.com.cn/html/sgcc_main_en/index.shtml

[9]http://www.icbc-ltd.com/icbc/en/newsupdates/financialnews/worldeconomy/ChinasStateGridCompletesPurchaseofGreekPowerGridOperatorStake.htm

[10]https://www.chinadaily.com.cn/business/2016-11/25/content_27481066.htm

[11]https://en.imsilkroad.com/p/317690.html

[12]https://investchile.gob.cl/es/casos-de-exito/state-grid/

[13]http://www.guangzhouaward.org/uploads/20191125/8759a44a209dd10c178ad889738bb490.pdf

http://www.chinafrica.cn/Homepage/202201/t20220126_800273800.html

[14]http://www.guangzhouaward.org/uploads/20191125/8759a44a209dd10c178ad889738bb490.pdf

https://www.agenceecofin.com/telecom/2212-104079-senegal-5-01-millions-d-euros-de-plus-de-la-bad-pour-le-parc-de-technologies-numeriques-de-diamniadio

[15]https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-09-17/chinese-entrepreneur-trying-to-bring-shenzhen-miracle-to-africa

https://www.unido.org/stories/senegals-new-industrial-park-open-business

https://www.newtimes.co.rw/article/131200/News/how-a-clothing-company-is-promoting-made-in-rwanda

[16]https://www.reuters.com/article/us-senegal-china-manufacturing-idUSKBN175145

[17]https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/dech.12498

[18]https://www.jeuneafrique.com/772200/economie/en-ethiopie-les-salaries-du-textile-sont-les-moins-bien-payes-au-monde/

[19]https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-09-17/chinese-entrepreneur-trying-to-bring-shenzhen-miracle-to-africa

[20]https://trends.levif.be/a-la-une/politique-economique/lethiopie-la-petite-chine-de-lafrique/

[21]https://www.unido.org/stories/senegals-new-industrial-park-open-business

[22]https://www.jeuneafrique.com/1297044/economie/chine-afrique-eric-wang-lafrique-dispose-de-la-main-doeuvre-la-chine-des-technologies/

[23]http://cegemi.com/wp-content/uploads/2015/08/Geenen-et-al-2021_Industrie-minière-et-développement-local-en-RDC.pdf

[24]https://perspectives-cblacp.eu/republique-democratique-du-congo/

[25]https://zoom-eco.net/a-la-une/rdc-une-histoire-miniere-marquee-par-quatre-divergences/

[26]https://www.agenceecofin.com/mines/0703-106206-mines-en-rdc-le-nombre-de-femmes-employees-a-atteint-en-2021-son-niveau-le-plus-eleve-en-cinq-ans-itie

[27]https://delvedatabase.org/data/countries/democratic-republic-of-congo

https://delvedatabase.org/uploads/resources/Delve-Country-Profile-DRC.pdf

[28]http://www.researchinchina.com/Htmls/Report/2022/71753.html

[29]https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0301420722004500

[30]https://www.spglobal.com/commodityinsights/en/market-insights/latest-news/metals/120120-chinese-dominance-of-drc-mining-sector-increases-economic-dependence-mines-chamber

[31]https://www.amnesty.org/en/latest/press-release/2019/07/democratic-republic-of-congo-fungurume-mines/

[32]https://www.washingtonpost.com/graphics/business/batteries/congo-cobalt-mining-for-lithium-ion-battery/

[33]https://www.eurac-network.org/sites/default/files/fr_web_brochure_reglement_minerais_march_2017_-_final_0.pdf

[34]https://www.spglobal.com/commodityinsights/en/market-insights/latest-news/metals/120120-chinese-dominance-of-drc-mining-sector-increases-economic-dependence-mines-chamber

[35]http://www.researchinchina.com/Htmls/Report/2022/71753.html

[36]https://china.aiddata.org/projects/450/

[37]https://www.monde-diplomatique.fr/2011/02/COLOMA/20108

https://www.theafricareport.com/127957/drc-china-tshisekedi-to-revisit-working-relationship-with-beijing/

[38]http://www.sicomines.com/fr/MainNews.aspx?NodeId=A2101&ParentId=A210

[39]https://igf.gouv.cd/uploads/rapports/CONCLUSIONS-DE-L-IGF-SUR-LE-CONTRAT-CHINOIS-63ed1783e8c65.pdf

https://igf.gouv.cd/uploads/rapports/EXIGENCES-DE-L-IGF-SUR-LE-CONTRAT-CHINOIS-63ed17a861f58.pdf

[40]https://twitter.com/IgfRdc/status/1651586577322180608

https://infocongo.net/2023/04/28/tresor-public-ligf-decouvre-un-manque-a-gagner-mensuel-de-248-999-749-44095-fc/

[41]https://fr.mongabay.com/2022/06/exclusif-des-entreprises-chinoises-liees-a-lexploitation-forestiere-et-miniere-illegale-dans-le-nord-du-congo/

https://fr.mongabay.com/2022/03/la-suspension-des-societes-minieres-non-enregistrees-en-rdc-une-illusion/

https://globalpressjournal.com/africa/democratic-republic-of-congo/vital-river-basin-chinese-mine-dredges-impunity/fr/

[42]https://www.globalwitness.org/documents/18515/River_of_gold_fr_mr_JwUYVaR.pdf

[43]https://congomines.org/system/attachments/assets/000/001/827/original/Cobalt-Report–French.pdf

[44]https://www.voaafrique.com/a/les-delocalises-du-cobalt-a-kolwezi-dans-le-sud-est-de-la-rdc/4267447.html

[45]. Congo Dongfang International Mining (CDM) : Filiale à 100 % de Zhejiang Huayou Cobalt Co. Ltd. (Huayou Cobalt), Huayou Cobalt est actionnaire à 1 % de Sicomines.

[46]https://www.newyorker.com/magazine/2021/05/31/the-dark-side-of-congos-cobalt-rush

[47]. Compagnie minière de Mousonoie (COMMUS) : Zijin Mining Group Company Limited détient 72%, la Gécamines 28%.

[48]https://www.washingtonpost.com/graphics/business/batteries/congo-cobalt-mining-for-lithium-ion-battery/

[49]https://congomines.org/system/attachments/assets/000/001/827/original/Cobalt-Report–French.pdf

[50]https://www.nsenergybusiness.com/news/newsanhui-group-collaborates-with-congo-to-form-diamond-joint-venture-010413/

https://www.rough-polished.com/en/news/75820.html

[51]https://static.s123-cdn.com/uploads/2035571/normal_6020ef5b80862.pdf

https://coulisses.net/kasai-oriental-le-ministre-des-mines-en-reunion-a-la-sacim-apres-lassassinat-dun-creuseur-clandestin/

https://mines.cd/kasai-oriental-des-morts-en-serie-dans-la-concession-de-la-sacim/

https://www.radiookapi.net/2017/12/27/actualite/societe/kasai-oriental-des-chinois-de-la-sacim-tabassent-leur-cuisinier-le

[52]https://actualite.cd/2021/07/24/rdc-sur-ordre-des-miniers-chinois-deux-creuseurs-congolais-tortures-par-des-militaires

https://actualite.cd/2021/07/27/rdc-la-societe-commus-sas-sexplique-en-rapport-avec-la-video-montrant-des-creuseurs

https://www.abc.net.au/news/2022-02-24/cobalt-mining-in-the-congo-green-energy/100802588

https://abcmedia.akamaized.net/news/video/202202/NOLs_Miner_2102_1000k_uqjujKABM-1.mp4

[53]https://www.radiookapi.net/2016/11/21/actualite/societe/lualaba-pres-de-10-000-creuseurs-clandestins-envahissent-le-site-de

[54]https://www.reuters.com/article/us-congo-mining-insight-idUSKCN1UC0BS

[55]https://actualite.cd/2019/06/29/mort-de-43-creuseurs-dans-une-mine-kolwezi-pour-olongo-il-sagit-des-voleurs-des-graviers

[56]https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2019/10/les-oceans-sont-a-court-de-poissons-malgre-les-promesses-des-gouvernements

[57]https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2022/733101/IPOL_STU(2022)733101_EN.pdf

[58]https://www.theses.fr/2021REIME003.pdf

https://www.greenpeace.org/static/planet4-africa-stateless/2690f4ff-report_french_1007.pdf

[59]https://www.rfi.fr/fr/afrique/20170609-peche-illegale-bateaux-chinois-interceptes-large-senegal

[60]https://www.gaipes.sn/2020/04/26/lettre-ouverte-du-gaipes-a-monsieur-alioune-ndoye-ministre-des-peches-et-de-leconomie-maritime/

[61]https://static1.squarespace.com/static/5d9341270c6f505b38e59293/t/5df124a2c83d0e1e4d6d2b26/1576084649853/15+Greenpeace.pdf

[62]. Le tonnage brut d’un navire de pêche est l’un des principaux paramètres utilisés pour mesurer la capacité de pêche, à savoir la quantité de poisson qu’un navire peut débarquer, pour une période de temps déterminée.

[63]https://fcwc-fish.org/autres-actualites/cote-divoire-le-gouvernement-ivoirien-redistribue-aux-familles-demunies-20-tonnes-de-poissons-saisies-sur-des-navires-clandestins-chinois

[64]https://fcwc-fish.org/autres-actualites/peche-illegale-14-bateaux-arraisonnes-dans-la-sous-region-ouest-africaine

[65]https://www.chine-magazine.com/peche-illegale-plusieurs-navires-chinois-mis-cause/

[66]https://fcwc-fish.org/autres-actualites/le-liberia-inflige-une-amende-a-un-navire-chinois-pour-peche-illegale

[67]https://www.abc.net.au/news/2020-12-19/how-china-is-plundering-the-worlds-oceans/12971422

[68]https://www.greenpeace.ch/static/planet4-switzerland-stateless/2019/05/994a93a1-994a93a1-2012_oceans_rapport_mainsardinelle.pdf

https://www.theses.fr/2021REIME003.pdf

[69]https://www.rural21.com/francais/resultat-de-recherche/detail/article/plus-daquaculture-pour-nourrir-le-monde-pas-aux-depens-des-communautes-de-pecheurs-africain.html

[70]https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2022/733101/IPOL_STU(2022)733101_EN.pdf

[71]https://www.academia.edu/95813378/The_management_of_fishery_resources_in_Senegal_from_a_perspective_of_sustainable_development_an_analysis_in_terms_of_commons_and_the_economy_patrimony?f_ri=2702

[72]https://fcwc-fish.org/autres-actualites/senegal-laprapam-note-un-developpement-de-la-filiere-farine-de-poisson

[73]https://www.jeuneafrique.com/depeches/38093/politique/larachide-principal-produit-agricole-du-senegal/

[74]https://sonacos.wordpress.com/notre-compagnie/presentation-generale/

[75]https://reliefweb.int/report/senegal/sénégal-les-cultivateurs-darachides-casamançais-menacent-de-bloquer-les-exportations

[76]http://french.beijingreview.com.cn/Monde/202105/t20210507_800245620.html

[77]https://cenozo.org/main-basse-chinoise-sur-larachide-senegalaise-du-desordre-dans-la-filiere-aux-soupcons-de-blanchiment-de-capitaux/

https://briefingsbruxelles.files.wordpress.com/2019/08/chine_senegal_cta_onlineversioninterreseaux.pdf

[78]https://www.mafrwestafrica.net/vu-au-sud-vu-du-sud/3702-arachides-au-senegal

[79]https://cenozo.org/main-basse-chinoise-sur-larachide-senegalaise-du-desordre-dans-la-filiere-aux-soupcons-de-blanchiment-de-capitaux/

[80]https://www.jeuneafrique.com/898377/economie/arachide-au-senegal-lexportation-met-les-huiliers-en-danger/

[81]http://french.beijingreview.com.cn/Monde/202105/t20210507_800245620.html

[82]https://www.seneplus.com/societe/les-accusations-contre-les-chinois-sont-fausses

[83]https://cenozo.org/main-basse-chinoise-sur-larachide-senegalaise-du-desordre-dans-la-filiere-aux-soupcons-de-blanchiment-de-capitaux/

[84]https://www.enqueteplus.com/content/commercialisation-de-l’arachide-la-chine-tourne-le-dos-au-sénégal

[85] https://francais.cgtn.com/n/BfJAA-BEA-FAA/CBccAA/index.html