Quelques aspects de la bourgeoisie israélienne
Source : http://histmove.ouvaton.org/pag/chr/pag_007/fr/pag.htm
Écrit: janvier 2007
Dernière modification: juin 2007
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Quelques composants essentiels de l’économie capitaliste israélienne
Clal Industries & Investments Ltd.
Un « partisan de la paix »: Benjamin Gaon
Les partenaires arabes ne manquent pas
City Pass, le consortium concessionnaire du tramway
Implantations israéliennes en France
La coopération dans le domaine de l’armement
Des hautes technologies à usages multiples
Glossaire de transcriptions alternatives
Quelques composants essentiels de l’économie capitaliste israélienne
En 1897, Theodor Herzl publia un article dans le magazine hebdomadaire du mouvement sioniste, sous le titre « The Jewish Colonial Trust » (le Fonds colonial juif), dans lequel il insistait sur la nécessité d’établir des institutions financières. « Les colons juifs en Terre d’Israël n’ont pas besoin de charité, mais plutôt de prêts bancaires[1]. » Les bases du Jewish Colonial Trust furent jetées par le 2ème Congrès sioniste en 1898 à Bâle, et il fut lancé au moyen d’une collecte auprès du public juif. En février 1902, le Jewish Colonial Trust établit une filiale dénommée Anglo-Palestine Company (APC). En 1930, la APC changea son nom en Anglo-Palestine Bank (APB).
A la création de l’Etat d’Israël en 1948, la APB fut chargée de la mise en place du système monétaire. Pour assumer son rôle de banque officielle de l’Etat, une société fut établie en 1950, en Israël, dénommée Bank Leumi le-Israel B.M., laquelle reprit en mai 1951 les actifs et engagements de la APB. Lorsque fut fondée en 1954 la Banque d’Israël, Leumi se consacra de nouveau à ses activités bancaires commerciales.
Après la crise bancaire de 1983 (cf. plus loin), en 1993, le gouvernement céda 22,4 % du capital de Leumi au moyen d’une offre publique. Sa participation passa ainsi à 72,6 %, et fut réduite en 2002 à 41,73 %. En 2005 ce chiffre descendit à 28,3 %, après la reprise de 6,5 % par la Deutsche Bank (qui servait d’intermédiaire pour redistribuer ensuite les actions à d’autres investisseurs). A la date du 29/6/2006, le gouvernement détenait encore 11,9 %; Shlomo Eliyahu Holdings Ltd (fondé par Shlomo Eliyahu) et Barnea Investees détenaient 10 % chacun.
Etant donné que la Anglo-Palestine Company (cf. ci-dessus) n’était pas susceptible d’accorder des crédits à la Histadrout (Organisation générale des travailleurs hébreux en Eretz Israël, “Eretz Israël” signifiant “Terre d’Israël”), celle-ci créa Hapoalim en novembre 1921 comme une branche propre. L’objectif était de promouvoir les activités des institutions et groupes organisés par les travailleurs en vue de l’amélioration de leurs conditions[2]. Les premières sources de financement provenaient de l’Organisation sioniste en Palestine. Par la suite, avec le soutien de American Friends of the Histadrut, Hapoalim se sépara de l’Organisation sioniste en 1925. L’année 1935 se produisit en Palestine une crise bancaire qui fit disparaître de nombreuses petites banques, mais Hapoalim se maintint avec l’aide de la Barclays de Londres et de la Anglo-Palestine Bank.
En 1941, Hapoalim décida d’établir une nouvelle entité, liée moins directement à la Histadrout, afin de collecter des fonds en vue d’investissements économiques en Palestine. Ainsi fut créée une filiale aux USA, la American-Palestine Trading Corporation (Ampal).
Suite à la crise bancaire de 1983 (cf. plus loin), la propriété de Hapoalim fut transférée au gouvernement. Au départ, les actions détenues par celui-ci ne disposaient pas du droit de vote, et la Histadrout (qui ne détenait que 0,11 % du capital) continuait à contrôler Hapoalim. Mais en 1989, le gouvernement accorda les mêmes droits de vote à toutes les actions, en vue d’une privatisation. En 1993, 16,3 % du capital furent introduits à la bourse de Tel-Aviv. En 1997, une participation de 43 % fut acquise par un consortium auquel participaient les familles Arison et Dankner (dont nous allons reparler plus loin), ainsi que Len Abramson, Michael Steinhardt, Charles Shusterman et Hyperion Capital Management. En 2000, les derniers 14,6 % restant propriété du gouvernement furent vendus. A la date de mars 2004, Arison Holdings détenait 20,7 %, Dankner Group 11,0 %. Selon les données fournies par le rapport annuel de Hapoalim pour 2005, Arison Holdings Ltd. détenait 16,47 %, tandis que Israel Salt Industries Ltd et Israel Salt Shares Holdings Ltd (les deux étant contrôlés par la famille Dankner), totalisaient 7,03 %.
A noter que Arison Holdings détient une participation majoritaire dans Housing Construction & Holding Co, qui est un des principaux groupes de construction israéliens et qui intègre notamment Shikun Ovdim et Solel Boneh, créés autrefois par la Histadrout.
En ce qui concerne Hapoalim, signalons qu’elle fut la première banque israélienne, en 2005, à acquérir une banque turque. En effet, elle prit une participation supérieure à 50 % dans C‑Kredi ve Kalkimna Bankasi A.S. Cette dernière fut à l’origine propriété du gouvernement turque, mais fut privatisée en 2002.
En 1935 fut créée la Eretz Yisrael Discount Bank, dont le nom fut changé, en 1952, en Israel Discount Bank. En 1963, IDB fut introduit en bourse. Après la crise bancaire de 1983 (cf. plus loin), la propriété d’IDB fut transférée au gouvernement israélien. En février 2005 fut conclu un accord, qui est entré en vigueur le 31 janvier 2006, selon lequel une participation de contrôle de 26 % sera acquise par un consortium amené par l’homme d’affaires Matthew Bronfman, associé entre autres à différents membres de la famille Bronfman ainsi qu’à l’investisseur Rubin Schron. Le gouvernement gardait une participation de 31 %.
La banque fut fondée par Leon Yehuda Recanati, né en Grèce[3] et qui à l’époque venait d’immigrer en Palestine, avec deux autres partenaires[4]. Il était membre du Bnai Brith (organisation communautaire juive internationale créée en 1843), ainsi que représentant de la communauté juive grecque au sein de l’Agence juive et auprès des congrès sionistes. Après son immigration en Palestine, il exerçait des multiples responsabilités au sein du mouvement sioniste: directeur du Keren Hayesod (“Fonds pour l’édification”, dénommé aussi Appel juif unifié), fondateur et président de la société Banim L’Gvulam qui agissait pour encourager la participation de Juifs sépharades à l’établissement de nouvelles colonies, et membre active de la loge du Bnai Brith.
Harry, fils de Leon, rejoignit la banque en 1937, et après la mort de son père en 1945, il en devint directeur général. Par la suite, ses deux frères, Daniel et Raphaël, prirent également des responsabilités dans IDB. En 1969 Harry se retira du groupe, parce qu’il était en désaccord avec ses frères qui poussaient à l’introduction d’IDB à la bourse de Tel-Aviv. Suite à la crise bancaire de 1983 (cf. ci-dessous), Raphaël fut exclu de la banque; il mourut en 1999, son frère Daniel ayant décédé en 1985.
Leon Recanati, fils de Daniel, débuta au sein d’IDB en 1971[5]. En 1979 il fut nommé vice-directeur général. En 1986, il passa à des responsabilités à IDB Holdings (cf. plus loin), dont il devint par la suite co-directeur général et co-président.
La crise bancaire de 1983 fut un événement qui contribua fortement au processus de changement de la structure de l’économie israélienne[6].
Au cours des années 1970, la Bank Hapoalim s’efforçait de contrôler ses cours à la bourse de Tel-Aviv. Elle incitait ses clients à investir dans la banque, et pour rendre les actions attractives, elle achetait ses propres actions et simultanément accordait des crédits généreux aux clients acheteurs. Les autres banques l’imitèrent progressivement. Par ailleurs, depuis la création de l’Etat d’Israël, les gouvernements avaient régulièrement recours aux banques à travers l’émission de bons, tout en leur donnant des directives quant à leur politique d’investissement. Cette relation mutuelle étroite fit penser aux banques que le gouvernement, le cas échéant, assumerait le rôle de garant des emprunts.
En 1980, le gain engendré pour les actionnaires, net du taux d’inflation, était de 41 %. Mais le système ne pouvait évidemment tourner ainsi indéfiniment. Les taux de rentabilité commencèrent à baisser, 34 % en 1981, 28 % en 1982. D’autres options d’investissement, notamment l’achat de dollars US devinrent plus intéressantes. Pour maintenir l’illusion, les banques s’engagèrent dans une spirale conduisant fatalement vers la crise. Le gouvernement tenta de contrer cette tendance en août 1983 par une dévaluation de 8 %, mais celle-ci fut trop limitée. Le public vendait les actions des banques et achetait des dollars US. Entre le 2 et le 6 octobre, les ventes devenaient tellement massives que les banques furent incapables d’y faire face. La bourse fut temporairement fermée, puis, le 20 octobre le gouvernement prit le relais en s’engageant à ce que la Bank of Israel achète les actions offertes, au prix en dollars US du 6 octobre. Simultanément fut effectuée une dévaluation de 23 %.
Koor Industries & Crafts Co. Ltd. fut fondé en 1944 en tant que filiale de Solel Boneh, qui avait été créé en 1924 par la Histadrout pour effectuer la construction de routes et d’immeubles. Initialement, Koor comptait 500 ouvriers dans deux établissements, Phoenicia Glass et Vulcan Foundries.
En 1951 Koor entra dans le domaine des télécommunications en créant une filiale commune avec d’autres partenaires, Telrad. En 1952, Koor en commun avec la société finlandaise Tampella, établit une usine d’artillerie, Soltam. En 1953, Koor ouvrit une usine de céramique, Harsah Ceramics, puis en 1954, avec des partenaires allemands, un complexe de transformation d’acier. En 1955 Koor fonda, avec des partenaires américains, la Alliance Tire and Rubber Company.
Vers 1958, Koor s’était développé au point de compter 6000 employés et dépassait sa société mère. C’est pourquoi Hevrat Ovdim, la branche économique de la Histadrout, décida de faire de Koor une entité séparée.
Koor reprit notamment la participation de Solel Boneh dans Palestine Portland Cement Enterprises. En 1923, avait été fondé le Portland Cement Syndicate in Palestine, par 12 actionnaires dont Walter Samuel, directeur de la Shell Oil Company et Sol Jaul, propriétaire de mines d’or en Afrique du Sud. Une usine avait été construite dans une partie de Haïfa qui par la suite allait devenir la ville de Nesher. Le 1er janvier 1946, le Portland Cement Syndicate in Palestine avait été remplacé par une société nommée Palestine Portland Cement Enterprises Ltd dont le capital était reparti entre la Central Company for Trade and Investment correspondant aux actionnaires privés d’un côté (50 %), et de l’autre, Solel Boneh (45 %) ainsi que Hamashbir Hamerkazi Israel Coop Wholesale Society Ltd (représenté par Solel Boneh) (5 %).
En 1962 Koor créa une société d’électronique, Tadiran, sous le contrôle conjoint de Koor et du ministère israélien de la Défense. En 1963, Koor entra dans l’industrie chimique en rachetant Makhteshim.
En 1969, le nom fut changé en Koor Industries, Ltd.
En 1969 également, le ministère israélien de la Défense vendit sa participation de 50 % dans Tadiran à la société américaine General Telephone and Electronics Corporation (GTE). En 1970 Koor acheta Hamashbir Lataasiya, intervenant dans le secteur de l’agro-alimentaire. En 1974, Koor établit l’usine chimique Agan (qui en 1998 sera réunie avec Makhteshim au sein de Makhteshim-Agan). En 1983, Koor forma un partenariat avec Pratt & Whitney pour la construction de composants de moteurs à réaction.
En 1988, le dirigeant de Koor démissionna en signe de protestation contre l’interférence de la Histadrout et une nouvelle direction fut mise en place avec à sa tête Benjamin Gaon (dont nous reparlerons plus loin). Koor se trouva proche de la faillite. B. Gaon lança une restructuration radicale, réduisant les effectifs de 32 000 à 20 000 et éliminant une bonne partie des filiales.
En 1991 la dette de Koor fut réaménagée au moyen de cessions de participations aux prêteurs de fonds. Ainsi les liens financiers avec la Histadrout furent considérablement affaiblis, tandis que des banques entrèrent au capital: Bank Hapoalim (presque 23 % au milieu des années 1990), Bank Leumi le-Israel (un peu plus de 6 %).
En 1993, il restait 22,5 % à la Histadrout, participation qu’elle céda en 1995 à Shamrock Holdings, société d’investissement de Roy Disney (vice-président de Walt Disney) et sa famille. En 1997, Shamrock poussa à un éclatement de Koor, mais autant B. Gaon que Bank Hapoalim y étaient opposés, et Shamrock vendit sa participation à The Claridge Group. Claridge Group était composé de Claridge Israel Ltd, société holding de Charles R. Bronfman et d’autres membres de sa famille, ainsi que de Anfield Ltd., propriété de Jonathan Kolber, directeur général et vice-président du conseil d’administration de Koor. Ch. Bronfman devint président de Koor, avec J. Kolber comme vice-président. En juillet B. Gaon abandonna son poste de P‑DG et J. Kolber lui succéda.
Suite à l’entrée de Claridge dans son capital, Koor fut amené à réorganiser son secteur de télécommunications. En 1998, Koor racheta à Claridge et à Clal (cf. plus loin) des participations dans ECI Telecom, tandis que Claridge augmenta sa participation dans Koor de 25,8 % à 35,4 %. Puis Koor fusionna ECI Telecom avec sa filiale Tadiran (dans laquelle il détenait auparavant 63 %) et devint ainsi le principal actionnaire d’ECI (à 24,6 %). Makhteshim Chemical Works Ltd. et Agan Chemical Manufacturers Ltd. furent également fusionnés. En 1999, Tadiran Communications, une division de Tadiran, fut vendu à un consortium formé par le groupe Shamrock, First Israel Mezzanine Investors, et d’autres investisseurs.
En 2000, Koor céda sa participation dans Mashav Initiating & Development Ltd. (les dénominations utilisent aussi Enterprise ou Promotion au lieu de Initiating) à Clal. Précédemment, Mashav était filiale commune de Koor et de Clal, avec une participation de 50 % pour chacun. Mashav est la société holding qui contrôle sa filiale Nesher Israel Cement Enterprises (issue de Palestine Portland Cement Enterprises ‑ cf. plus haut ‑, la Central Company ayant transféré sa participation à Clal en 1971, et le nom ayant été changé en 1975). En 1996, Mashav était entré dans le capital de Taavura Cement Containers en rachetant la participation de 50 % de Yitzhak Livnat, les autres 50 % étant détenus par Avraham Livnat, frère de Yitzhak. En 2000 également, Koor lança une filiale commune avec la société canadienne Nortel Networks (qui en détenait 72 %), Nortel Networks Israel, et dans le cadre de cet accord, Koor reprit la participation de 20 % que Nortel Networks détenait dans Telrad.
En 2001, Cement Roadstone Holdings Plc (CRH), dont le siège se trouve en Irlande, acquit 25 % de Mashav. Cette même année, les cinq divisions d’ECI furent transformées en sociétés indépendantes, et l’activité de réseaux sans fil vendue en 2002. En 2002 également, la société Israel Aircraft Industries (IAI), propriété du gouvernement, acquit à travers sa filiale Elta Systems Ltd une participation de 30 % de Elisra Electronic Systems, filiale de Koor établie en 1967. En 2003, Nortel Networks racheta les 28 % de Koor dans Nortel Networks Israel.
En 2004, Koor signa un ensemble d’accords avec Elbit Systems Ltd. et Federmann Enterprises. Elbit avait été fondé en 1966 en tant que filiale de Elron (société créée en 1962, faisant partie du groupe IDB Holdings). En 1996, Elbit avait été divisé en trois sociétés indépendantes: Elbit Medical Imaging, Elbit Systems, Elbit. Cette dernière a été absorbée par Elron en 2002. En 2004, le principal actionnaire de Elbit Systems était la famille Federmann (Michael Federmann) (à 31 %), suivi de IDB Holdings (à 19 %). IDB Holdings décida de se défaire de sa participation, qui fut cédée à Federmann. S’en suivirent les accords avec Koor, et en 2005, à l’issue des transactions qu’ils prévoyaient, Elbit Systems reprit la participation de Koor dans Tadiran Communications (32 %), société qui à son tour intégra la totalité de la participation de Koor dans Elisra Defense Group (existant sous cette forme depuis 2000) (70 %). En échange, Koor acquit une participation de 7,7 % dans Elbit Systems. Para ailleurs, en 2004, Koor acquit une participation de 33 % dans Tadiran en vue de procéder à la fusion avec sa filiale Elisra.
En juillet 2006, Discount Investment Corp (DIC) (cf. plus loin) acquit l’ensemble des participations détenues par Claridge Group (au sein duquel Claridge Israel Ltd avait été remplacé par deux autres holdings de la famille Bronfman, Claridge Israel L.L.C. et Esarbee Investments Ltd) ainsi que par Anfield Ltd et une autre société liée à la famille de Jonathan B. Kolber. DIC détenait ainsi 30,9 % de Koor. Sept des membres du conseil d’administration démissionnèrent (dont Charles R. Bronfman); en remplacement furent nommés notamment Nochi Dankner, Avi Fischer, Zvi Livnat (fils d’Avraham), Yitzhak Manor.
A la date du 31/12/2005, on peut citer les principales filiales suivantes de Koor: ECI Telecom (à 30 %); Telrad (à 61 %); ECTel (à 15 %); Makhteshim Agan Industries (MAI) (à 33 %); Elbit Systems (à 8 %).
Clal Industries & Investments Ltd.
Clal Industries & Investments (CII) fut fondé à Miami en 1962 par des investisseurs israéliens et américains. Après quelques années difficiles, CII fut repris par Bank Hapoalim, IDB Holding (cf. plus loin) et d’autres partenaires. A partir de 1996, Clal s’agrandit à travers des fusions et acquisitions largement financées au moyen d’emprunts subventionnés par le gouvernement. A la date du 31/12/2005, l’actionnaire principal était IDB Holding qui détenait indirectement 61,9 % de CII.
A la date du 28/11/2006, on peut citer les principales filiales suivantes de CII: Mashav Initiating & Development Ltd (à 75 %); Nesher (à 75 %, indirectement); Taavura (à 38 %, indirectement); American Israeli Paper Mills (à 38 %); Clalcom (à 72 %); Barak (à 55 %, plus 17 % par Clalcom); ECI (à 13 %); ECTel (à 8 %); Compugen (à 11 %).
Nesher est filiale commune de Mashav Initiating & Development Ltd et de CRH Plc (cf. plus haut, Koor). Taavura Holdings Ltd est contrôlé par Avraham Livnat Ltd (à 50 %) et Nesher. Fondé en 1972, Avraham Livnat Ltd est propriété de la famille Livnat, Avraham étant le fondateur de Taavura. Parmi les filiales de Taavura, on peut mentionner Egged-Taavura Public Transport (à 50 %), Egged étant une compagnie de bus créée en 1935 par la Histadrout.
Nous avons évoqué, plus haut, la famille Recanati, qui contrôlait la Israel Discount Bank de sa fondation jusqu’à la crise bancaire de 1983. Parallèlement, elle avait établi la IDB Holding Corporation, détenant des actifs importants. Parmi les filiales de celle-ci, il y avait notamment Clal Industries & Investments (cf. plus haut), Discount Investment Corporation Ltd (DIC) fondée en 1961, ainsi que PEC Israel Economic Corporation.
La Palestine Economic Corporation fut fondée en 1926 par un groupe de Juifs américains, parmi lesquels le juge de la Cour suprême de justice Louis D. Brandeis. Son but était de fournir de l’assistance matérielle et technique à des entreprises juives en Palestine. En 1962, elle changea son nom en PEC Israel Economic Corporation. Parmi les sociétés incluses dans PEC, on peut mentionner Scitex Corporation Ltd (dont le nom a été changé ultérieurement en Scailex), Elron Electronic Industries Ltd, Cellcom Israel Ltd, Property & Building Corporation Ltd, El-Yam Ships Ltd. En 1999, PEC fut transformé en filiale directe de DIC.
En mai 2003, un consortium dirigé par le Ganden Group (une société holding établie en 1996 par Nochi Dankner et Avi Fischer), Avraham Livnat Ltd (famille Livnat) et la famille Manor acquit une participation de 51,7 % dans IDB Holding.
A la date du 31/12/2005, on peut donner le résumé suivant de la structure de IDB Holding.
IDB Holding détient 72 % de IDB Development Corporation Ltd, qui à son tour compte parmi ses filiales: Discount Investment Corporation Ltd (DIC) (à 74 %); Clal Industries & Investments Ltd (CII) (à 62 %); Clal Insurance Enterprises Holdings (à 51 %); Azorim Investment Development & Construction Ltd (à 64 %). Rappelons que Koor détient 30 % de ECI Telecom, dont CII possède par ailleurs 13 % (données de juin 2006).
Concernant CII, cf. plus haut. Quant à DIC, il compte parmi ses filiales Koor (à 30,9 % à la date de juin 2006, à quoi s’ajoute une participation de 10 % détenue par IDB Development) (cf. plus haut); Cellcom (à 78,5 %); Elron (à 48 %).
La mention du nom de Dankner, cité ci-dessus, donne l’occasion de suivre, à titre d’exemple, quelques méandres de la structure financière du capitalisme israélien. Avant de se tourner vers IDB Holding, Nochi Dankner se trouvait aux côtés du reste de la famille au sein de Dankner Investment. Après une tentative de la part de Nochi Dankner de racheter les participations des autres membres de la famille, ce furent au contraire ces derniers qui évincèrent Nochi, en 1999. Il en résulta, en 2002, que le groupe de Avraham et Shmuel Dankner, allié à la famille Mor-Gineo (Orly Gineo, mariée à Zvi Mor, étant la nièce de Shmuel Dankner), retint le contrôle sur Dankner Investment, ainsi que sur Dor Chemicals et Israel Salt Industries. A noter que Israel Salt Industries détient une participation dans Bank Hapoalim, acquise en 1997 (de 7 % au 31/12/2005). Nochi Dankner se tourna vers IDB Holding, à travers Ganden Group. Ganden acquit aussi, en 2004, une participation de 2,4 % dans Bank Leumi.
En ce qui concerne American Israeli Paper Mills, filiale à 38 % de CII, s’y ajoute une participation de 21,5 % détenue par DIC Holding (à la date du 28/11/2006).
Notons qu’à la date du 31/12/2005, Hapoalim détient une participation de 14,2 % dans Clal Insurance Enterprises Holdings.
Un « partisan de la paix »: Benjamin Gaon
Parmi la bourgeoisie israélienne, il y a une fraction particulière caractérisée entre autre par le fait qu’elle cherche à appliquer une stratégie visant à étendre les investissements vers les pays arabes, en passant notamment par des entreprises palestiniennes. Nous citerons ici, à titre d’exemple en ce sens, Benjamin D. Gaon qui fut nommé en 1987 P‑DG du groupe Koor (cf. plus haut, y compris pour les diverses autres sociétés qui seront mentionnées dans ce qui suit), à cette époque toujours intégré dans le réseau économique géré par la Histadrout. Voici quelques éléments concernant les efforts qu’il entreprit dans l’exercice de sa fonction, pour avancer des pions en direction de la coopération israélo-arabe (conçue bien entendu selon le critère de la rentabilité capitaliste).
En mai 1994, Koor et un groupe d’investisseurs palestiniens devinrent partenaires dans une société holding chargée de procéder à des investissements dans des projets d’infrastructure en Cisjordanie et dans la bande de Gaza[7]. Koor mit également en place un projet appelé « Paix 2000 », avec un budget de 15 millions de dollars provenant de partenaires palestiniens, espagnols et marocains.
En octobre 1994 Clal, Hapoalim Investment, IDB Holding, Granit (filiale commune de Koor et Clal) et Mashav (filiale de Koor) formèrent un consortium chargé de distribuer le gaz naturel égyptien dont les importations allaient débuter en 1998[8], l’un des principaux clients prévus étant la Israel Electric Company (IEC) (cf. plus loin).
Une information de novembre 1994 rapporte que B. Gaon venait de signer récemment un accord avec Yasser Arafat relatif à la fourniture de ciment ainsi que de tubes de fonte et d’acier pour des projets de construction palestiniens[9].
En décembre 1994, Telrad et Tadiran, deux filiales de Koor, annoncèrent leur l’intention d’investir dans des sociétés de communication dans des états arabes voisins[10].
Après le désengagement de la Histadrout comme principal actionnaire de Koor, B. Gaon gardait le même axe de développement. Le nouveau contexte lui permit de s’inscrire de manière plus ouverte et directe dans les mécanismes du système capitaliste mondial.
Ainsi, en janvier 1997, le groupe égyptien Kato Industries, dirigé par Ibrahim Kamel, un proche du président Moubarak, annonça qu’il venait d’acquérir une participation substantielle dans Koor[11]. Ce fut le premier investissement direct en Israël de la part d’une société arabe. Le conseiller financier de I. Kamel, Mansour al-Tarzi, dit (le 21 janvier): « Ce n’est pas en premier lieu une transaction commerciale. Il s’agit d’envoyer un signal, de faire un geste qui revêt une signification. » Kato est l’un des plus grands groupes en Egypte et intervient dans des domaines variés, notamment banque, immobilier, tourisme, transport aérien, commerce et assurance. En mars de la même année, suite à la décision du gouvernement égyptien de mettre en oeuvre un programme de privatisations, Koor Industries étudia la possibilité d’acquérir un certain nombre de sociétés égyptiennes, dans les domaines couverts par le groupe, tels que communications, agrochimie, infrastructure[12]. Le sujet avait été à l’ordre du jour lors d’une visite en Israël effectue peu auparavant par I. Kamal.
Il est instructif de s’attarder un peu plus en détail sur un exemple qui montre les liens réciproques entre cette stratégie économique et le « processus d’Oslo ». La fraction concernée du capital israélien, dès avant la conclusion des accords, poussait en ce sens, puis, profitait du nouveau contexte politique pour approfondir la mise en oeuvre de ses plans.
La société Nesher (filiale initialement de Koor, puis de Clal suite à la cession à cette dernière de la participation de Koor dans Mashav) est l’unique producteur de ciment en Israël. Ses dirigeants ont constamment exercé toutes sortes de manoeuvres et de pressions pour garder une position de monopole[13]. Ils ne s’en cachaient pas. Par exemple, au cours d’un débat dans le cadre du comité pour les questions économiques du Parlement israélien, le 25 novembre 1991, le directeur général du conseil d’administration, G. Ehrenthal, expliqua[14]:
Il est dans l’intérêt de Nesher d’empêcher les importations de ciment. Nesher veut empêcher les importations de clinker [constituant du ciment obtenu par calcination d’un mélange d’acide silicique d’alumine, d’oxyde de fer et de chaux]. Nous sommes dans la phase finale des [procédures] avec les agences gouvernementales quant à la question d’établir une ligne de production qui empêchera les importations à tous les égards.
Les principaux efforts de bloquer l’entrée de concurrents furent déployés durant les années 1970 et 1980 par Menahem Aviram, directeur général de Nesher à cette époque. Les enjeux ne sont pas sans lien avec la question des relations avec l’économie palestinienne. Le 9 janvier 1994, les présidents de Koor, Clal et Nesher ‑ B. Gaon, David Winshall et Yossi Rosen respectivement ‑ s’adressèrent au gouvernement en constatant: « Notre crainte est que, si certains accords avec les Palestiniens ne sont pas conclus, des dommages substantiels vont être causés pour l’Etat d’Israël et, spécialement, pour Nesher[15]. » Ce qu’ils redoutaient, c’est que l’Autorité palestinienne puisse importer du ciment à bas prix d’Egypte et de Jordanie. Nesher était en outre préoccupé par l’éventualité que soit installée une usine concurrente en Cisjordanie.
Comme il se doit, le ministre israélien de la Construction et du Logement, Binyamin Ben-Eliezer, se fit l’écho de ces mises en garde[16]: « Si une fabrique de ciment était construite à Hébron, elle porterait un coup à Nesher en vendant sa production à un tiers du prix de Nesher. » Et les accords conclus par la suite avec l’Autorité palestinienne tenaient effectivement compte de ces exigences[17]. L’accord qui traite de la politique d’importation vers les territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza, en provenance des pays arabes, autorise les Palestiniens à importer « selon des quantités établies par un commun accord entre les deux parties à hauteur des besoins du marché palestinien »[18]. Ces « besoins du marché palestinien » furent évalués à 150 000 tonnes par an, environ un dixième de la consomption réelle dans les zones autonomes palestiniennes. L’Autorité palestinienne achète à Nesher du ciment à un prix réduit (20 % plus bas que celui facturé en Israël), ce qui permit d’évincer les concurrents israéliens.
Ne se contentant pas de suivre la voie de la « coopération israélo-arabe » à la tête de Koor, B. Gaon en fit la promotion auprès de ses confrères. En 1994, à l’occasion d’une conférence d’homme d’affaires à Jérusalem, il appela les principaux groupes économiques en Israël « à prendre le risque, et à inviter le capital étranger pour des projets d’investissement conjoints qui pourraient exploiter l’exceptionnelle combinaison, au Moyen-Orient, entre le savoir-faire israélien, les ressources financières des Etats du Golfe et la force de travail à bas prix disponible dans les pays arabes non producteurs de pétrole »[19]. Le 18 septembre 1996, une délégation d’hommes d’affaires israéliens rendit une visite au président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, à Gaza[20]. Sous la conduite de B. Gaon, y participèrent notamment les présidents de Bank Leumi, Bank Hapoalim, Mizrahi Bank, et Delta Galil Textiles, le directeur général de First International Bank, et les directeurs généraux de Nahariya Dairy Strauss, Dankner Investments, Mashav et Arkia Israel Airlines.
Après avoir quitté ses fonctions de P‑DG de Koor, B. Gaon continuait à être un personnage emblématique au sein de la bourgeoisie israélienne. Il a notamment fondé en 1998 une société, B. Gaon Holdings, dont il est président-directeur général.
La société intervient dans trois secteurs: services financiers, agro-industries, distribution en gros et en détail. Gaon Capital Markets est l’une des principales sociétés d’investissement israéliennes. Gaon Agro-Industries est la société holding du groupe pour les agro-industries. Elle comprend des filiales qui interviennent principalement dans le domaine des infrastructures d’eau et des projets en relation avec l’eau (y compris le dessalement, recyclage, traitement des eaux usés, purification d’eau): Middle East Tube Co, Plassim Technical Plastic Works, Via Maris, Sagiv, Hakohav Valves Industries Metal, Rimon Consultancy, Bec & Gaon Investments Fund (qui investit dans des sociétés et projets dans la région des Caraïbes). La branche de distribution comprend ACE Marketing Chains, Auto Depot, H&O Fashion, Hamashbir Agriculture, Arava Export Growers, DSL (Dead Sea Laboratories) (Ahava), Groundnuts Marketing.
A la date de juin 2006, le capital de Gaon Holdings est réparti de la manière suivante[21]: Sami Shamoon: 23,11 %; B. Gaon: 19,85 %; Uri David: 14,90 %; Pinson: 10,53 %; Rondan: 7,45 %; Shamrock: 7,17 %; Arison: 6,68 %; Ron-Del: 5,22 %; Sano: 4,35 %. Principaux actionnaires de Gaon Agro Ltd. (décembre 2006): Gaon Holding Ltd.: 54,3 %; Kastel (Altan) Investment Ltd.: 23,8 %; Oz Atid International Ltd.: 11,8 %.
En ce qui concerne Middle East Tube Co, c’est une société établie en 1951 comme filiale de Koor. Après son passage dans Gaon Holdings en 2000, les principaux actionnaires, à la date de décembre 2006, sont Gaon Agro Industries (à 53 %) et Ainsbury Properties Ltd. (à 20 %). Middle East Tube produit des tubes métalliques pour le transport d’eau, de déchets, de carburants (gaz et liquides) industriels. Comme le fait remarquer la présentation sur le site de Gaon Agro Ltd[22]: « A la suite de la décision du gouvernement de diversifier les sources d’énergie du pays, il a été décidé d’établir une nouvelle infrastructure pour la transmission de gaz naturel. Cela appellera des livraisons de tubes d’une valeur de 200 millions de NIS [shekel]; la plus grosse partie sera fournie par notre société. » B. Gaon se situe ainsi dans la continuité des contrats initiés dans les années 1990 concernant entre autre le gaz naturel égyptien (cf. plus haut).
Enfin, il vaut aussi la peine de mentionner un épisode significatif de sa carrière, celui relatif à la société coopérative Co‑Op Blue Square. L’histoire de celle-ci remonte à la création, en 1937, dans le cadre de la Histadrout, d’une coopérative à Tel-Aviv, laquelle grandit considérablement durant les années 1950 au point d’avoir intégré, au début des années 1960, la plupart des autres coopératives de la ville. Durant les années 1960‑1970, des fusions successives mirent en oeuvre une centralisation progressive au niveau national. B. Gaon exerça différentes fonctions au sein de Co‑Op Blue Square. Il fut d’abord P‑DG de 1982 à 1988. Appliquant pleinement les préceptes de l’économie capitaliste, la coopérative forma une société, Blue Square Israel Ltd, pour regrouper ses activités de distribution, et créa une filiale de Blue Square Israel, Blue Square Property & Investments, qui commença à émettre des bons à la bourse de Tel-Aviv en 1988. La coopérative elle-même adopta la désignation Co‑Op Blue Square Consumer Cooperative Society à partir de 1992. En 1996 Blue Square Israel fut introduit directement à la Bourse de New York (outre celle de Tel-Aviv), et vendit environ 19 % de son capital. En 1998, B. Gaon assuma le poste de président de Co‑Op Blue Square, puis en 1999 celui de président du conseil d’administration de Blue Square Israel[23]. Mais l’année suivante éclata un scandale autour d’accusations portées contre la gestion de Co‑Op Blue Square. B. Gaon fut contraint de démissionner. Ultérieurement, en 2003, Co‑Op Blue Square céda sa participation dans Blue Square Israel au groupe Bronfman-Alon. A la date de juin 2006, celui-ci détenait 77,38 % du capital[24]. Bronfman-Alon est un consortium formé entre la société israélienne d’énergie Alon Israel Oil et l’homme d’affaires canadien Matthew Bronfman (du groupe Bronfman-Fisher).
Parallèlement aux activités concernant ses propres investissements, B. Gaon poursuit les efforts d’exercer une influence à travers diverses institutions patronales. Il est l’un des directeurs généraux et membre du présidium de la Manufacturers Association of Israel (MAI), créé en 1921, qui est le seul regroupement représentant l’ensemble des secteurs industriels: privé, public, kibboutz, gouvernement[25]. Le MAI exerce également la présidence de la Federation of Israeli Economic Organizations (FIEO), un organisme qui comprend 15 groupes qui couvrent pratiquement tous les secteurs économiques. Il est président du Israel Management Center (MIL), fondé en 1959 conjointement par le gouvernement israélien, Hevrat Ovdim et la Association of Industrialists[26]. Il est président de la chambre de commerce israélo-jordanienne (Israel-Jordan Chamber of Commerce) établie en 1995[27]. L’adresse de la IJCC: c/o Gaon Holdings à Tel-Aviv.
B. Gaon est membre fondateur du Palestine International Business Forum (PIBF)[28]. Cette association fut créée en 2005 et réunit un groupe d’hommes d’affaires suédois, israéliens et palestiniens[29]. Le International Council of Swedish Industry (NIR) assuma le rôle d’initiateur avec la participation notamment de Karl Erling Trogen, vice-président de Volvo, et Ulf Pehrsson, vice-président de Ericsson. Ce qui préoccupe le PIBF, c’est que « l’économie palestinienne a souffert énormément de la situation politique qui perdure et son corollaire, l’impact socio-économique négatif sur la population. […] L’insécurité qui en résulte a produit un environnement qui a étouffé le développement et inhibé les affaires et les opportunités d’investissement »[30]. Le premier projet examiné par le PIBF est celui de l’établissement d’une zone industrielle israélo-palestinienne en Cisjordanie.
Parmi les participants israéliens, outre B. Gaon, on peut mentionner: Shraga Brosh, président de la MAI et de la FIEO; Yaacov Gelbard, directeur général de Pelephone Communications; Dov Lautman, président de Delta Galil Industries. D. Lautman est en outre membre du conseil d’administration de Teva Pharmaceuticals Industries Ltd (cf. plus loin, Axa). Il a été président du MAI de 1986 à 1993, puis de 1993 à 1995 émissaire spécial du premier ministre pour le développement économique, sous le gouvernement de Yitzhak Rabin. Il est président exécutif du Peres Center for Peace et membre du Yitzhak Rabin Center.
Parmi les membres palestiniens du PIBF, on trouve en premier lieu son président du conseil d’administration, Zahi Khouri. Celui-ci est président de National Beverage Company (Coca-Cola/Marawi) in Palestine (NBC), qui est une société locale établie en 1998 sous contrat de franchise avec Coca-Cola. Comme le note Zahi Khouri, « ayant déjà reçu le Coca-Cola Gold Quality Award pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord durant trois années consécutives, NBC a établi une réputation de qualité et de fiabilité qui, sur la carte du monde, a dirigé les projecteurs vers la Palestine, pour ses standards internationaux élevés »[31]. Outre ce poste à NBC, il occupe ceux de président de Intram Investments aux USA, de membre du conseil d’administration de Palestine Development & Investment Co (PADICO), de président de Palestine Economic Development Co (PED), et de président de Palestinian Tourism and Investment Co (PTIC). Il participe à la compagnie de téléphone Paltel. Aux USA, Zahi Khouri investit dans l’immobilier et la restauration. Comme membre du PIBF, on trouve en outre Mohammad Al-Hirbawi, qui est P‑DG de Paper Industries Co Ltd, une société palestinienne de l’industrie du papier établie en 1993.
Autres membres fondateurs du PIBF: Jan-Eric Sundgren, depuis 2006 vice-président pour les affaires publiques et d’environnement de Volvo, qui est également membre du conseil d’administration du NIR; Samir Brikho, chef de division et membre du comité exécutif du groupe ABB; Ulf Pehrsson, qui après avoir exercé, à partir de 1983, des fonctions au ministère suédois des Affaires étrangères ainsi qu’à celui de l’Industrie et du Commerce, entra en 2001 à Ericsson comme vice-président aux affaires de gouvernement et de réglementation, tout en étant membre du conseil d’administration du NIR.
En attendant une modification substantielle du contexte économique régionale, B. Gaon, en quelque sorte, « se débrouille ». La société Dead Sea Laboratories Ltd fabrique des produits de soins personnels commercialisés sous la marque Ahava. Elle a été créée en 1988 et est implantée à Mitzpe Shalem (sur le bord Nord de la Mer morte, au sud-est de Jérusalem), comptant quelques 120 employés. Elle est contrôlée par le Kibboutz Mitzpe Shalem (à 41 %), par Hamashbir Holdings (détenu par la famille Livnat et Gaon Holdings) (à 41 %) ainsi que par deux autres Kibboutz. Mitzpe Shalem est une colonie fondée en 1977 par un groupe Nahal (groupes de jeunes pionniers combattants) et comptant environ 200 habitants[32]. Arava Export Growers Ltd, établie en 1991, est une des principales sociétés israéliennes d’export agricole. Elle est détenue par B. Gaon Holdings à travers Hamashbir Agriculture Ltd. (à 50 %) ainsi que par des agriculteurs de la région d’Arava (située au sud de Beer Sheva et bordant la frontière avec la Jordanie). Une partie des produits exportés vient de colonies israéliennes de Cisjordanie[33]. De même, la chaîne de distribution ACE, dont Gaon Holdings a acquis 50 % en 2006, comprend des centres commerciaux établis dans des colonies, notamment à Maale Adumim[34].
Les partenaires arabes ne manquent pas
B. Gaon n’est bien entendu qu’un exemple. La situation de conflit entre sionistes et Palestiniens est certes un facteur perturbateur, mais cela n’empêche pas les capitalistes de poursuivre la marche des affaires sans exclure une quelconque option. Tous les moyens sont bons pour réaliser des profits.
A partir de 1995, un consortium formé par Mashav (cf. plus haut), Dankner (cf. plus haut) et Delek (une société israélienne qui distribue du gaz naturel) tenta de se placer comme acteur dans le cadre des projets d’importations de gaz naturel en provenance d’Egypte, promus par le gouvernement israélien. Le consortium mena des discussions avec un certain nombre de sociétés étrangères, notamment US Amoco et Enron[35], British Gas et Gaz de France[36].
Finalement, en 2005, un consortium israélo-égyptien, Eastern Mediterranean Gas (EMG), signa un accord avec les sociétés étatiques égyptiennes Egyptian General Petroleum Corp. (EGPC) et Egyptian Natural Gas Holding Company (EGAS)[37]. EMG obtient une concession de 20 ans pour l’importation de gaz naturel égyptien vers Israël (pouvant être destiné non seulement au marché local, mais aussi régional et européen). A la date de décembre 2006, la composition du capital de EMG était la suivante[38]: cadres égyptiens (65 %), National Gas Company of Egypt (NATGAS qui est affiliée à EGAS) (10 %), Merhav (12,5 %), Ampal (cf. plus haut) (12,5 %). Ces deux dernières sociétés sont contrôlées par l’homme d’affaires israélien Yosef A. Maiman. En 2002, Y. Maiman, par l’intermédiaire de Y. M. Noy Investments Ltd, avait acquis 51 % de Ampal (la participation était de 56 % à la date du 31/12/2005), et il possède 100 % de Merhav, fondé en 1976[39].
Le consortium EMG construit le gazoduc, dont l’achèvement est prévu pour 2008, qui interconnectera la ville israélienne d’Ashkelon avec le gazoduc arabe reliant Al-Arish en Egypte à Akaba et Al-Rehab en Jordanie. Un contrat pour la fourniture de gaz par EMG a déjà été signé en décembre 2006 avec la société israélienne Dorad Energy[40], et EMG mène des négociations dans le même sens avec Israel Electric Corporation (IEC)[41].
En concurrence avec ces projets, British Gas (qui est par ailleurs partenaire d’Israël) a signé en 1999 avec l’Autorité palestinienne un accord pour la concession d’exploration pour toute l’aire au large des côtes de la bande de Gaza pendant 25 ans. BG détient 90 %, Consolidated Contractors Company 10 % (CCC ainsi que le Palestine Investment Fund disposent d’une option qui réduirait la participation de BG à 60 %)[42]. Consolidated Contractors International Company a été fondée en 1952 au Liban par des Palestiniens en exil: Said Khoury, son cousin Hasib Sabbagh et Kamel Abdul-Rahman. Ultérieurement, le siège fut transféré en Grèce. A la date de juillet 2005, Said Khoury détient 60 % de CCC et Hasib Sabbagh 40 %. Les trois fils de Said Khoury (Tawfiq, Samer et Wael) exercent la fonction de vice-présidents. Said Khoury a été directeur du Palestine National Fund. Samir Khoury était membre du conseil d’administration du Palestine Investment Fund jusqu’en 2005. Le groupe inclut notamment CCC Oil & Gas, actif dans le Moyen-Orient ainsi qu’en Asie centrale et Afrique. Entre autre, il a construit la prison de Abu Ghraib en Irak[43].
H. Sabbagh joua un rôle important au cours des contacts entre Yasser Arafat et le gouvernement US. Le 13 décembre 1988, Y. Arafat, afin de satisfaire les exigences posées par les USA comme préalable pour des négociations, prononça un discours à l’Assemblée générale de l’ONU, déclarant qu’il rejetait le terrorisme et acceptait la résolution de l’ONU de 1947 appelant à la création de deux Etats en Palestine. Richard Murphy, alors assistant du secrétaire d’Etat US pour les affaires du Moyen-Orient, raconte: « Arafat considérait qu’il avait satisfait les critères, mais nous disions qu’il devait être absolument clair, sans dire une chose au début du discours et autre chose à la fin. » « J’appelai Hasib, qui était avec Arafat, à l’aide, et j’expliquai notre position. Alors Hasib alla parler fermement à Arafat. Le lendemain, Arafat émit une déclaration considérée comme acceptable par le gouvernement US, qui ouvrit le dialogue avec l’OLP 48 heures plus tard[44].
En 2005, l’Autorité palestinienne signa un accord avec l’Egypte portant sur l’export vers ce pays de gaz naturel, destiné à être liquéfié et vendu sur le marché international[45]. Bien qu’Israël soit partenaire de l’Autorité palestinienne dans un petit gisement au nord de la bande de Gaza, il a dans le passé bloqué des accords d’exportation et de production avec les Palestiniens. La position des gouvernements israéliens à ce sujet est cependant soumise à des fluctuations. En 2004, lorsque IEC signa un accord de principe avec le consortium EMG, certains responsables y étaient opposés, en particulier le ministre de l’Infrastructure de l’époque, Yosef Paritzky, qui favorisait une coopération avec BG. Mais Y. Maiman (participant à EMG) fit circuler un enregistrement où l’on pouvait entendre J. Paritzky planifier une campagne pour ternir l’image d’un concurrent au sein de son parti (le Shinui) et ainsi l’opposition à l’accord avec EMG fut fortement contrecarrée[46].
Sans entrer dans les détails, on peut évoquer quelques autres secteurs de la coopération économique avec Israël mise en oeuvre par l’Autorité palestinienne[47]. La société israélienne Alon Israel Fuel-Dor Energy dispose d’un contrat d’exclusivité pour la fourniture de carburant à la Cisjordanie et la bande de Gaza. Quant à Nesher (cf. plus haut), environ un cinquième des revenus viennent de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Et qulque 80 % des pierres (gravier) utilisées en Israël proviennent de la Cisjordanie.
France-Israël[48]
City Pass, le consortium concessionnaire du tramway de Jérusalem, en construction
Un accord a été signé le 17 juillet 2005, entre Israël et un consortium dénommé City Pass, (« pass » signifie « rail » en hébreu) relatif à la réalisation d’un réseau de transport urbain à Jérusalem. Y participent notamment les sociétés françaises Connex (filiale du groupe Valeo Environnement) et Alstom.
Le 27 octobre 2002, à l’issu d’une procédure d’appel d’offres mise en oeuvre par les autorités israéliennes, concernant la réalisation d’un projet de tramway à Jérusalem, le consortium franco-israélien City Pass fut choisi comme offrant préféré[49]. L’accord signé le 27 novembre suivant entre l’Etat d’Israël et City Pass attribue à ce dernier la concession d’une durée de 28 ans dans un cadre BOT (« Build, Operate, Transfer« , c’est-à-dire « Construire, Exploiter, Transférer »). L’investissement effectué par City Pass s’élèvera à 1,9 milliards de NIS (« new Israeli shekel », le shekel étant la monnaie nationale, sachant qu’en 1985 une réforme monétaire a appliqué l’équivalence de 1000 shekel ancien = 1 shekel nouveau; autre acronyme courant: ILS). Ce montant a été fixé de façon à assurer la rentabilité de l’investissement de par les revenus attendus. Etant donné que la totalité des sommes nécessaires est plus élevée, l’offre soumise par City Pass incluait la condition que le gouvernement israélien prenne en charge ce surcoût, chiffrée à 1,4 milliards de NIS. L’investissement total s’élève donc à 3,3 milliards de NIS. En outre, le ministère des Transports et la municipalité de Jérusalem apporteront quelque 500 millions de NIS, pour financer les aménagements préalables des axes de communication prévus. Ce n’est que le 17 juillet 2005 que fut signé l’accord final, concernant notamment les crédits accordés au consortium par deux banques israéliennes, Hapoalim et Leumi.
Le consortium City Pass comprend deux sociétés d’investissement israéliennes, Polar Investments (City Pass) (27,5 %) et Harel Insurance Investments (20 %), l’entreprise de construction israélienne Ashtrom (Ashtrom Engineering & Construction) (27,5 %), ainsi que les deux groupes français Alstom (20 %) et Connex (5 %). Connex détiendra 80 % de la société chargée de l’exploitation[50]. La part d’Alstom dans le consortium City Pass couvre le « Engineering, Procurement, Construction » (EPC, c’est-à-dire l’ingénierie, l’approvisionnement et la construction) ainsi que la maintenance des rames et de l’infrastructure; 46 voitures ainsi que des équipements de signalisation et d’infrastructure seront livrés[51].
Parmi les actionnaires de Polar Investments, on trouve Bank Hapoalim (à 4,78 %), ainsi que Leader Holdings & Investments, filiale de SFK (Shrem Fudim Kelner Group) (à 46,82 %). Polar Investments, à son tour, possède entre autre une filiale établie en France, Nipson Digital Printing (à 51 %). En ce qui concerne Leader, on peut encore mentionner sa filiale Urdan, qui produit des composants utilisés dans le cadre du programme principal israélien de chars de combat.
Connex fait partie du groupe Veolia Environnement, dont il couvre les activités dans le secteur du transport. Les autres activités de Veolia Environnement se répartissent entre la distribution et le traitement de l’eau (Veolia Water), l’énergie (Dalkia), et la propreté (Onyx). Les origines du groupe remontent à 1853 avec la création de la Compagnie générale des eaux. Il emploie environ 270 000 salariés, dont quelque 72 000 dans le secteur du transport. Ce dernier comprend la gestion déléguée de transport public de voyageurs, de transport de fret ferroviaire et de prestations de services aéroportuaires.
Veolia est implanté en Israël depuis 1993[52]. A travers ses filiales, il est présent dans différents secteurs d’activité: gestion du traitement de déchets (avec plus de 700 ouvriers); lignes interurbaines et urbaines à Ashdod (au sud de Tel-Aviv), à Yavneh (située entre Tel-Aviv et Ashdod) et à Tibériade; services énergétiques, climatiques et de maintenance industrielle à des centres commerciaux, des hôpitaux, etc. (avec une filiale ouverte en 2004, comptant 350 employés). Veolia Israel fait partie du consortium chargé de la construction et de l’exploitation de l’usine de dessalement d’eau de mer à Ashkelon, entre Ashdod et la bande de Gaza, mise en service en 2005[53].
Le groupe Alstom intervient dans les infrastructures d’énergie (environ 45 000 employés) et de transport (environ 26 000 employés). Il s’est formé à travers des transformations successives (regroupements, séparations) durant un siècle, à partir de la constitution en 1898 de la Compagnie générale d’électricité (NB: avant 1989, la dénomination s’écrivait « Alsthom »). Depuis avril 2006, le principal actionnaire en est Bouygues, avec une participation qui s’élève en août 2006 à 24 %.
Alstom a déjà conclu d’autres contrats en Israël dans le passé[54]. Il a fourni des turbines pour la centrale électrique de Rutenberg, au port d’Ashkelon (dont les unités ont été mises en service successivement entre 1989‑2001). Il a réalisé la transformation des centrales électriques d’Eshkol et d’Alon Tavor, en 2004. La centrale d’Eshkol avait été mise en service en 1958, elle est située à Ashdod, voisine d’Ashkelon. La centrale d’Alon Tavor (dénommée Hagit) se trouve près de Haïfa, sur le Mont Carmel. Alstom a aussi fourni aux chemins de fer israéliens, depuis une dizaine d’années, 47 motrices diesel et 37 voitures de passagers. En janvier 2005, Alstom Transport a créé une filiale, Citadis Israel, chargée aussi bien de la construction du tramway que de la préparation de nouveaux projets.
Le groupe d’assurances Axa emploie environ 90 000 personnes. Il s’est constitué à partir des Anciennes Mutuelles, et sa structure actuelle est le résultat de fusions successives, notamment en 1996 avec UAP.
Le groupe Axa détient (à travers sa filiale américaine de gestion d’actifs Alliance Capital Management, renommée récemment en AllianceBernstein Corporation) des participations dans les deux principales banques israéliennes: Bank Hapoalim (9,6 % en septembre 2006) et Bank Leumi depuis février 2005 (5,12 %) ‑ bailleurs de fonds, rappelons-le, pour l’investissement opéré par City Pass (cf. ci-dessus).
Ari Serezo, directeur du bureau de représentation en France de Leumi, et Samy Weizman, directeur de Hapoalim France, font partie du conseil d’administration de la chambre de commerce France-Israël. Axa possède des participations dans des sociétés en Israël, dont les suivantes: Compugen (Biotechnologies, cf. plus haut, CII) (16,9 %), Teva Pharmaceutical Industries (l’un des principaux fabricants au monde de médicaments génériques, cf. aussi plus loin L’Oréal) (8,67 %), Scitex (impression numérique, cf. plus haut, IDB Holdings) (6,31 %). En mai 2005, la filiale de gestion d’actifs d’Axa (Axa IM) et la société israélienne d’investissement Tamir Fishman ont conclu un accord de coopération pour lancer des fonds communs de placement pour le marché israélien des particuliers.
Claude Bébéar, après avoir exercé la fonction de P‑DG à partir de 1982 (d’abord dans le cadre des deux sociétés liées Mutuelles Associés et Groupe Drouot, puis à Axa, créé en 1985), a laissé, en mai 2000, la présidence du directoire à Henri de Castries pour devenir président du conseil de surveillance d’Axa.
En juin 2006, une délégation de chefs d’entreprise français devait se rendre en Israël. Sous la conduite de Claude Bébéar, elle devait inclure le président de la chambre de commerce France-Israël, Henri Cukierman, ainsi que trente autres représentants des milieux des affaires. A ce sujet, Thierry Courtaigne du Medef publia un communiqué dont voici un extrait[55]:
Les entreprises françaises sont encore peu présentes sur ce marché qui offre pourtant des perspectives intéressantes aux entreprises de toutes tailles dans les secteurs traditionnels comme dans les nouvelles technologies. Dans ce contexte et dans la perspective des élections qui se dérouleront en mars, il nous est apparu important de nous rendre en Israël de façon à nous informer sur les nouvelles orientations du pays et les opportunités proposées aux entreprises étrangères. Au cours de notre séjour, nous rencontrerons et échangerons avec les principaux membres du nouveau gouvernement, les responsables d’administration, les chefs d’entreprise israéliens et la communauté d’affaires française installée sur place.
La mission a finalement été rapportée à une date indéterminée, au motif que « les grands efforts des milieux économiques franco-israéliens pour mettre en place une mission d’affaires de très haut niveau en Israël fin Juin 2006 n’ont pas convaincu les hommes d’affaires français de se rendre en Israël »[56]. Déjà lors de la venue du premier ministre israélien Ehud Olmert à Paris, le 15 juin 2006, il s’est trouvé que « malgré tous les efforts des milieux d’affaires et diplomatiques français et israéliens pour organiser une rencontre d’affaires “au sommet” […] il ne sera pas possible pour le premier ministre Ehud Olmert de “consacrer le temps nécessaire sur ce sujet” »[57].
L’Oréal est un groupe dont l’activité concerne les produits de cosmétique (avec notamment la filiale Laboratoires Garnier) ainsi que (à travers une filiale commune avec Nestlé) de dermatologie. Il compte environ 52 000 salariés. L’Oréal détient aussi une participation financière de 10,4 % dans le groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis. Liliane Bettencourt, fille unique et héritière du fondateur de la société, est considérée comme la personne la plus riche de France. En 2004, L’Oréal était évalué à 43,6 milliards d’euros, dont les Bettencourt détiennent 11,99 milliards, Nestlé 11,5 milliards, les 20,11 milliards restants étant constitués par des capitaux flottants, en Bourse.
En 1994, L’Oréal a acquis 30 % de la principale société israélienne de produits cosmétiques, Interbeauty (anciennement International Cosmetics). En 1998, Sanofi-Aventis (Synthélabo à l’époque) a acquis une participation de 26,8 % dans la société pharmaceutique israélienne Mediline. La société israélienne Teva (cf. également ci-dessus, Axa) est lié à Sanofi-Aventis par une alliance stratégique concernant la commercialisation de ses produits, notamment le Copaxone. En avril 2002, Teva a acquis Bayer Classics, une filiale française de Bayer Pharma.
En 1985 eut lieu la fusion, au sein du groupe CGE (Compagnie générale d’électricité), entre trois sociétés: la Compagnie industrielle des téléphones (CIT), la Société alsacienne de constructions atomiques, de télécommunications et d’electronique (Alcatel), et Thomson télécommunications; la nouvelle filiale adopta la dénomination Alcatel. En 1991, CGE prit le nom d’Alcatel-Alsthom, puis en 1998, d’Alcatel. Par la suite Alcatel se concentrait sur les télécommunications, notamment en se désengageant progressivement d’Alstom, la séparation devenant complète en 2001. En avril 2006, Alcatel annonça sa fusion avec le groupe américain Lucent. Le nouvel ensemble emploie environ 88 000 salariés, dont quelques 58 000 venant d’Alcatel.
Alcatel a des relations avec Israël depuis 1998[58]. Le groupe y a établi une filiale, Alcatel Telecom Israel, en rachetant, en juin 1999, les activités de commutation publique de la société israélienne Tadiran Telecommunications (cf. plus haut). Puis, en août 2000, Saft, à l’époque filiale d’Alcatel, acquit Tadiran Batteries (par la suite, en octobre 2003, Alcatel céda Saft).
Le 8 avril 2002, fut annoncée la création de la société Satlynx, avec la participation de SES Global (40 %), la société israélienne Gilat Satellite Networks (dont SES Global est par ailleurs actionnaire) (40 %) et Alcatel (20 %, à travers ses filiales Alcatel Space et SkyBridge). Satlynx offre des services de communication large bande par satellite aux entreprises, dans l’ensemble de l’Europe. La nouvelle société procéda à l’acquisition de 100 % des sociétés Gilat Europe (dont Gilat Satellite Networks). Gilat Europe compte parmi ses clients Peugeot-Citroën et Total. SES Global est le premier opérateur de satellites au monde, né de la combinaison de la société européenne Astra et l’américaine Americom. Ultérieurement, le 11 avril 2006, fut opérée la prise de contrôle à 100 % de Satlynx par SES Global, à travers sa filiale Astra.
Le 15 mars 2005, Alcatel acquit la société israélienne Native Networks.
Alcatel participe en tant que partenaire de la société Ness Technologies (basée aux USA) dans l’exécution d’un contrat conclu le 17 novembre 2004 avec l’armée israélienne, concernant la modernisation de son système de gestion et de contrôle de réseau. Ness Technologies détient une filiale en Israël, Advanced Technology (ATL) (acquise en 1999).
Le groupe de l’industrie agroalimentaire Danone s’est constitué sur la base de la fusion, dans les années 1960, des sociétés BSN et Gervais-Danone. Il emploie environ 89 000 salariés.
En janvier 1969, Danone entra dans le capital de la société israélienne Strauss, intervenant dans le secteur alimentaire, à hauteur de 28 %[59]. Mais en 1980, au moment où Danone fusionna avec BSN, les pays arabes menaçaient de boycotter le nouveau groupe. Danone mit alors fin au partenariat et les fondateurs de Strauss récupèrent les parts de Danone. En février 1997, Danone racheta à nouveau 20 % de Strauss. Ces fonds permirent trois mois plus tard au groupe Strauss de faire passer dans son giron Elite, un concurrent israélien. Finalement, en 2002, Strauss et Elite fusionnèrent, mais Danone se tint à l’écart de la fusion et garda sa participation dans Strauss, dont Elite possède le reste.
En avril 2003, Danone acheta 20 % des parts de la société israélienne Mayanot Eden (appelée Mey Eden en Israël, mais connue au plan international sous le nom d’Eden Springs) qui distribue les eaux minérales de la source Avel Salukia, du plateau du Golan (territoire syrien occupé par Israël depuis 1967), où elle est implantée dans la zone industrielle de Katzrin. Parallèlement Danone conclut un accord avec la filiale européenne de Mayanot Eden, créant une co-entreprise appelée Danone Springs of Eden, de distribution de ses bonbonnes d’eau minérale aux particuliers et aux entreprises en Europe. Au départ, Danone détenait 53,2 % des parts de la nouvelle société et 50 % du droit de vote. L’accord prévoit que Danone pourra augmenter sa participation de 5,5 % et même en prendre le contrôle à 100 % dès 2008.
En 1996, France Telecom, par l’intermédiaire de Global One (alliance avec Sprint, américain, et Deutsche Telecom), a pris, en Israël, une participation de 10,5 % dans un consortium dénommé Barak ITC (cf. plus haut, CII).
Vilmorin (Vilmorin Clause & Cie), filiale du groupement coopératif Limagrain produisant des semences de grandes cultures, est devenue en 2003 actionnaire majoritaire de la société israélienne Hazera Genetics et a porté le taux de participation à 90 % en juillet 2006.
Le secteur de l’industrie agroalimentaire a une importance considérable dans les importations françaises en provenance d’Israël. On peut citer sommairement quelques sociétés et marques[60]. En premier lieu il y a l’office national des exportations de produits frais israélien (Agrexco), gérée conjointement par le ministère israélien de l’Agriculture ainsi que par un ensemble d’entreprises agricoles à raison de 50 % respectivement, qui est aujourd’hui l’un des plus gros groupes d’exportation de produits agricoles dans le monde. Exportant sous le label Carmel, Agrexco commercialise plus de 300 000 tonnes de produits frais par an dont 20 % de fruits, 10 % de citrons, 30 % de légumes, 30 % de fleurs, et aussi des plats cuisinés. Il y a le Citrus Marketing Board (à l’origine constitué comme organisme étatique, puis privatisé en 1991), qui regroupe différents exportateurs d’agrumes qui commercialisent leurs produits entre autre sous le label Jaffa. Dans certains cas, les produits importés sont transformés et reconditionnés en France, comme par exemple les jus de fruits de la marque Jafaden. Quant au Groupe Gaon dont nous avons parlé plus haut, ses produits de la marque Ahava sont commercialisés en France.
Dans le secteur textile, on peut mentionner Delta Galil, entreprise israélienne spécialisée dans la sous-traitance de produits tels que notamment des sous-vêtements. Delta Galil vend ses produits à des marques comme Polo, Ralph Lauren, Donna Karan, Calvin Klein, Victoria’s Secret et Hugo Boss, ainsi qu’à des détaillants: Playtex, Dim, Carrefour (Tex) et Auchan (sous-vêtements homme et chaussettes) en France. La société israélienne Tefron, l’un des plus gros producteurs mondiaux d’articles sans couture, compte parmi ses clients Cacharel et Dim.
Iscar Metalworking Companies est un groupe israélien (mais depuis juin 2006 filiale à 80 % de la compagnie de holding américaine Berkshire Hathaway), opérant dans l’industrie de la coupe des métaux au travers notamment des sociétés Iscar, TaeguTec, Ingersoll. Snecma, Alstom, Renault, Peugeot, font partie des clients de Iscar[61].
On peut encore mentionner Aladdin Knowledge Systems (sécurisation des contenus Internet pour entreprises et administrations), Babylon (logiciels de traduction en ligne et hors ligne), CheckPoint et sa filiale ZoneAlarm (logiciels de pare-feux et de sécurité réseau, équipements de sécurisation des réseaux d’entreprise). Jacques Dahan, directeur général Europe du Sud de CheckPoint, est membre de la chambre de commerce France-Israël.
L’entreprise Elgressy Engineering Services, société israélienne distribuant ses produits en France, est le leader mondial spécialisé dans la fabrication et la distribution d’équipements pour le traitement des eaux industrielles chargées en tartre et/ou micro-organismes.
Implantations israéliennes en France
Keter Plastics, entreprise israélienne, a acheté en novembre 2003 Allibert, la plus grande entreprise de produits en matière plastique pour salles de bain en Europe. Keter Group possède une filiale, Lipski Plastic Industries Ltd, implantée dans la zone industrielle de Barkan[62]. Barkan est une colonie fondée en 1981 qui compte environ 1200 habitants. Elle fait partie du bloc de Ariel, qui s’étend au sud de Qalqilya et de Naplouse.
Electra Consumer Products (ECP) est une filiale du groupe israélien Elco. ECP produit des équipements de conditionnement de l’air. En France, ECP a acquis Airwell (en 1994), puis Wesper (en 1999), qu’il détient à travers sa filiale française ACE. En janvier 2002, Elco reprit le groupe Brandt (marques Brandt, Vedette et De Dietrich). A l’issue de l’opération, Elco-Brandt fut détenu par Elco France BV, société de droit néerlandais dont le capital était réparti entre Elco Holland BV (90 %), Fagor (8 %) et MCC Inversiones (2 %). Finalement, le 12 avril 2005 Fagor (Fagor Electrodomésticos S. Coop) acquit les 90 % du capital détenu par Elco Holland B.V.; Fagor est une société coopérative, membre du groupement coopératif Mondragon Corporación Cooperativa (MCC). Enerco Enterprises Ltd (précédemment Elco Industries Ltd), fondée en 1975 et faisant partie du groupe Elco, possède une usine dans la zone industrielle de Barkan (cf. ci-dessus)[63].
Diverses sociétés israéliennes du secteur des technologies d’information et de communication interviennent en France.
Le groupe Comverse Technology compte un effectif de 4 000 employés répartis dans cinq grandes divisions: Comverse, Verint (vidéosurveillance numérique), Ulticom (solutions télécoms), Startel (solutions réseaux) et Starhome (solutions mobiles). En France, la société dispose d’une filiale qui emploie une cinquantaine de personnes. Comverse traite avec Bouygues Télécom, SFR, France Télécom.
Radware, filiale du groupe RAD, est spécialisé dans des solutions IAS (Intelligent Application Switching), c’est-à-dire des produits de sécurisation en matière d’informatique, de réseau et d’Internet pour les entreprises (autrement dit: les domaines de la haute disponibilité et de la sécurité des applications critiques au bon fonctionnement des entreprises). Radware possède une filiale en France. En 2005, Radware figurait parmi les quatre entreprises qui ont été désignées pour recevoir les trophées annuels de la chambre de commerce France-Israël.
Les entreprises israéliennes Radvision et VCON, spécialisées dans la mise au point et l’installation de système de visioconférence, ont chacune une filiale installée en région parisienne.
La coopération dans le domaine de l’armement
Avant la guerre de 1967, la France avait été la principale source d’équipement militaire pour Israël. Elle lui avait fourni notamment des avions de combat Dassault Mirage. L’embargo décrété par la suite avait considérablement modifié la situation. Mais ultérieurement, un retournement de la tendance s’est opéré, et la France est de nouveau devenue un fournisseur important, derrière les USA et l’Allemagne. Ainsi par exemple, des hélicoptères Panthère ont été livrés, à travers une commande effectuée, et partiellement financée, par les USA[64]. « Les relations entre les industries militaires françaises et israéliennes se réchauffent à un rythme surprenant », a déclaré une personnalité israélienne présente au salon aéronautique du Bourget, en 2005[65].
Ces derniers temps il a été question d’une coopération entre Israël et la France pour la fabrication de véhicules aériens sans pilote (unmanned aerial vehicle en anglais ‑ UAV). A ce sujet, on peut être tenté d’y voir la preuve d’un soutien de la France aux forces militaires sionistes. La réalité est un peu plus complexe. En effet, dans ce cas précis, à la base, c’est Israël qui est fournisseur, et la France, client. Présent lors du salon aéronautique du Bourget, en 2005, le ministre israélien de la Défense, Shaul Mofaz, a justement déclaré[66]: « Les systèmes mis au point par nos industries militaires ont toujours offert à Tsahal [l’armée israélienne] des solutions de pointe pour défendre notre pays. Aujourd’hui, nous les proposons à nos alliés pour qu’ensemble et avec tous les pays démocratiques, nous puissions combattre le terrorisme ».
En 1995, la France a acheté à Israel Aircraft Industry (IAI) quatre drones Hunter, qui sont restés en service jusqu’en 2004. Cette même année, la France et Israël ont signé un contrat concernant un système de type SIDM (« système intérimaire de drone MALE », ce dernier sigle signifiant « moyenne altitude longue endurance »), associant IAI à Dassault Aviation et EADS pour fabriquer des drones Eagle 1 développés par IAI. Cet accord faisait suite à la décision prise le 16 août par la DGA de retenir « l’offre d’EADS s’appuyant sur une plateforme de type Eagle 1 produite par IAI, mais adaptée aux besoins français par les deux industriels EADS et IAI »[67]. Il s’agissait de trois drones et deux stations de contrôle au sol. IAI est la plus grosse société exportatrice israélienne et le plus important employeur (en dehors du gouvernement) avec un effectif d’environ 15 000 salariés.
A la même époque, fut également annoncée le lancement de plusieurs programmes militaires pour « la guerre du futur », dont un démonstrateur de drones « EuroMALE ». Pour ce dernier, la maîtrise d’oeuvre sera confiée à EADS et y seront associés Dassault Aviation et Thales. EADS a déclaré que IAI serait associé à ce programme au niveau des études: il vendra son expertise technique. De fait, l’appareil ressemblera à l’Eagle 2 d’IAI.
Pour ce qui est du programme Eagle 1, il a sensiblement changé de nature en cours de route. A l’origine le groupe IAI était en terme de marchés publics considéré comme un simple sous-traitant[68]:
Ce contrat a pour objectif la livraison d’une prestation complète et forfaitaire au profit de l’Armée de l’air française comprenant le système en lui même (3 véhicules aériens équipés de charges utiles, les modules sols et les moyens de communication associés), la formation des utilisateurs, la documentation et le Maintien en Condition Opérationnelle pour les 7 années d’utilisation.
Dès 2005, la tonalité devint différente[69]:
“Les autorités françaises souhaitent acquérir une autonomie complète. Pour l’EuroMALE, un véritable transfert de technologie est en cours entre Israël et la France”, explique-t-on chez EADS […].
Au bout du compte, IAI est devenu un véritable partenaire à long terme de EADS, par un effet indirect découlant de la politique des USA en matière d’industrie d’armement. En effet, certaines composantes du système Eagle, d’origine US, sont frappées d’une interdiction d’exportation de la part des autorités US. Cela ressort d’un rapport publié en mars 2006[70]:
Afin de répondre aux besoins de l’Armée de l’Air française, des modifications ont été apportées au système de drone Eagle d’origine israélienne.
En premier lieu, il a été décidé, bien que la proposition initiale ait été basée sur des communications d’origine israéliennes, de développer une chaîne de liaison de données numérique complète entre le véhicule aérien et les modules au sol.
Ce choix d’un développement européen constitue un investissement majeur pour l’avenir dans ce domaine clef des drones à longue endurance. La chaîne de liaisons de données est en effet le sous-système le plus critique pour un système non-piloté de cette nature.
Toutefois, des difficultés majeures ont été rencontrées, engendrant un retard du programme: interdiction d’exportation de composants américains après les événements du 11 septembre conduisant à re-développer un module aérien « ITAR free » pour la liaison à vue directe, difficultés techniques de développement et d’intégration pour la liaison satellite.
[…]
L’ensemble de ces modifications ont fait évoluer le programme SIDM d’un produit pratiquement sur étagères, sorti vainqueur d’une compétition avec le Predator A américain, en un véritable développement de nouveau système de drones MALE, ce qui a suscité surcoûts et retards”
Une campagne d’essais vient de commencer pour ce drone de type SIDM, qui devra entrer en service au premier semestre 2007[71].
Il y a deux aspects, distincts mais évoluant en parallèle, inhérents à toute marchandise ‑ la valeur d’usage et la valeur marchande. La caractéristique spécifique de l’industrie d’armement découle du fait que la valeur d’usage est ici dans une grande mesure directement subordonnée à la sphère politique, tandis que la valeur marchande fait intervenir les lois du marché comme dans n’importe quel autre secteur de production, et donc les critères qui vont avec: chiffre d’affaires, bénéfices, rentabilité. Les deux faces de la monnaie ne sont pas toujours en cohérence. Régulièrement, les fabricants d’armes font des affaires avec des clients considérés comme ennemis par la puissance politique à laquelle sont par ailleurs associés les fabricants en question.
En ce qui concerne la France et Israël, il y a certes une collaboration politique étroite. Mais parallèlement, il y a aussi, en matière d’industrie d’armement, une forte concurrence, comme le constate par exemple un rapport officiel paru en juin 2006[72]:
Israël représente, dans le domaine de l’armement, un concurrent sérieux, exportant 75% de sa production d’armement (soit 2,2 G€ [2,2 milliards d’euros, pour parler en langage plus compréhensible…] en moyenne annuelle).
L’industrie de défense israélienne se situe désormais au 5ème rang mondial avec près de 5 % de parts de marché. Les industriels français redoutent le dynamisme et de la pugnacité commerciale de leurs concurrents israéliens.
En effet, pour survivre et assurer à ses forces un approvisionnement interne de haute qualité, l’industrie de défense israélienne est dans l’obligation de disposer d’un marché à l’exportation significatif qui complète l’aide financière et technique importante que lui assure les Etats-Unis.
Dans le domaine des avions sans pilote, Israël est l’un des principaux fournisseurs au niveau mondial, en particulier pour l’Europe[73]. Le contrat concernant Eagle 1 s’inscrit dans cette situation de façon quelque peu “dialectique”[74]:
Maintenant, un consortium d’industries françaises va fabriquer des drones en France ‑ et en exporter vers d’autres pays. Un dirigeant d’EADS estime à 3 milliards d’euros le marché mondial, hors USA, pour ce type de drones.
Autre société française engagée dans le domaine des véhicules aériens sans pilote: Sagem Defense Security, faisant partie du groupe Safran (formé le 11 mai 2005 par la fusion entre Sagem et Snecma). Sagem fabrique le Sperwer, mis en service en 2003. Depuis, des drones Sperwer CU161 acquis par le Canada sont utilisés de façon répétée pour des missions au profit des forces d’interventions internationales en Afghanistan[75]. Le développement d’une nouvelle version, Sperwer B, est en cours. Elle a ceci de particulier qu’elle sera équipée de deux missiles air-sol guidés de précision longue portée, des Spike ER fournis par la société israélienne (propriété de l’Etat) Rafael[76].
Il faut mentionner également le fait que le ministère de la Défense britannique a confié à Thales la maîtrise d’oeuvre d’un drone d’observation tactique, Watchkeeper, en association, notamment, avec l’israélienne Elbit Systems[77]. Pour produire ce drone, qui sera intégralement fabriqué en Grande-Bretagne, Thales a crée une coentreprise avec Elbit.
Il y a d’autres exemples allant dans le sens concurrence/alliance. La société française CS (anciennement Compagnie des Signaux), dont l’activité est la conception, l’intégration et l’exploitation de « systèmes critiques », a conclu en juin 2006 un accord de coopération avec IAI qui lui apportera sa technologie notamment en matière de drones[78]. L’intérêt pour IAI réside dans le fait que CS joue le rôle de maître d’oeuvre (qui prend le contrat, tout en ayant recours à des sous-traitants pour l’exécution), et lui apporte donc indirectement des commandes.
Par ailleurs, Sagem participe en tant que sous-traitant à la fabrication de l’ATMOS 2000 de la société israélienne Soltam Systems, un système d’artillerie automotrice, rendu public en 2002 et destiné principalement au marché de l’export[79].
Si certains contrats d’envergure servent de moteur, autour d’eux se met en place une dynamique multilatérale/multifacettes qui influe sur les domaines liés plus ou moins fortement. Ainsi par exemple, un accord de coopération a été signé en mars 2006 entre IAI et la société française TNI Software, spécialisée dans le développement d’outils logiciels pour la conception de systèmes électroniques embarqués (aérospatial, défense, automobile)[80]. Rappelons aussi que David Harari, président de IAI Europe est membre de la chambre de commerce France-Israël.
Potentiellement, et parfois réellement, les relations d’interdépendance et de coopération au plan économique peuvent ne pas être en harmonie avec les intérêts politiques respectifs des parties prenantes. Cela a été le cas récemment en Côte d’Ivoire lors de l’attaque menée par l’armée ivoirienne contrôlée par Laurent Gbagbo contre le camp français à Bouaké, qui résulta en la mort de neuf soldats français[81].
A Paris, l’expertise des cassettes des deux drones israéliens acquis par l’armée ivoirienne, et saisies par l’armée française à l’aéroport d’Abidjan, a dissipé tout doute sur le caractère prémédité de l’attaque aérienne de Bouaké: selon une source autorisée à Paris, parmi plusieurs autres objectifs français, elles contenaient en effet le repérage par ses coordonnées GPS du lycée Descartes [lieu du campement français].
Des hautes technologies à usages multiples
Galileo est le programme européen de radionavigation par satellite[82]. Il a été lancé à l’initiative de la Commission européenne, et développé conjointement avec l’Agence spatiale européenne (ASE). Il s’ajoutera au système existant américain, GPS. Le projet Galileo avait été approuvé par les ministres des Transports de l’Union européenne en mars 2002. Sa mise en oeuvre avait été freinée par les résistances qu’y opposaient les USA. A ce sujet, en juin 2004 a été signé un accord politique entre l’UE et les USA, garantissant une entière compatibilité et interopérabilité entre les systèmes GPS et Galileo[83].
Les obstacles ayant ainsi été dégagés, le 13 juillet 2004, un accord fut signé entre l’Union européenne et Israël associant ce dernier pays au programme Galileo[84]. Il avait été précédé d’un accord avec la Chine, signé le 19 septembre 2003. D’autres suivirent: le 7 septembre 2004 avec l’Inde, puis le 27 septembre 2004, avec les pays partenaires du Meda (programme « euro-méditerranéen »). Le règlement Meda constitue le principal instrument de la coopération économique et financière du partenariat euro-méditerranéen, mis en oeuvre sur la base de la déclaration finale de la conférence ministérielle euro-méditerranéenne de Barcelone des 27‑28 novembre 1995[85]. Il permet à l’UE d’apporter une aide financière et technique aux pays du sud de la Méditerranée. Il s’agit des pays suivants: Algérie, Chypre, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Malte, Maroc, Syrie, Territoires palestiniens, Tunisie et Turquie. Le 1er décembre 2005, s’y joignit l’Ukraine, le 16 janvier 2006, la Corée du Sud. Des discussions sont en cours avec la Russie (qui dispose de son propre système, Glonass). L’Argentine, le Brésil, le Mexique, le Chili, la Malaisie, le Canada et l’Australie ont manifesté leur intérêt.
Les débuts de la coopération entre la France et Israël dans le domaine spatial remontent à la conclusion du premier accord entre Israel Space Agency (ISA) et le Centre national d’études spatiales (CNES), le 11 avril 1994. En mai 1996 fut lancé par la fusée Ariane le satellite AMOS‑1, développé et fabriqué par IAI, en coopération avec DASA d’Allemagne et Alcatel Espace de France.
Glossaire de transcriptions alternatives
L’orthographe des noms propres que l’on peut rencontrer dans les textes, varie pour différentes raisons, en premier lieu du fait que les règles de transcriptions ne sont pas les mêmes pour la langue française d’une part, celle anglaise d’autre part. Mais même pour une langue donnée, elles ne sont pas forcément standardisées ou respectées. S’y ajoutent aussi des négligences de la part des auteurs. Dans le cadre des recherches d’informations, ceci pose un problème, puisque les logiciels de recherche ne sont pas suffisamment intelligents pour faire les rapprochements appropriés. C’est pourquoi nous donnons ci-dessous, pour quelques noms propres (de famille, de lieux, d’institution) cités dans le texte, des orthographies alternatives rencontrées.
Abu Ghraib : Abou /Ghrayb, Grayb, Ghurayb
Bnai Brith: B’nai B’rith, Bnei Brith
Dankner: Denkner, Danker
Eliyahu: Eliahu
Eretz Israël: Erets Israel, Eretz Yisrael, Erets Yisrael
Hamashbir: Ha’mashbir, Ha-mashbir
Hapoalim: Ha-poalim, Ha’poalim
Hevrat Ovdim: Hevrat Haovdim, Hevrat Ha’Ovdim
Histadrout: Histadrout, Histadrouth, Histadrouth
Keren Hayesod: Keren Ha-Yesod
Maale Adumim: Ma’ale, Ma’aleh, Maaleh, Maleh / Adummim
Maiman: Maimon
Mashav: Mashab
Rajoub: Rajub
Taavura: Ta’avura
Bichler, Shimshon; Nitzan Jonathan
The Global Political Economy of Israel
London, Pluto Press, 2002.
http://bnarchives.yorku.ca/8/02/20020901bn_gpe_of_israel.pdf.
Ben-Porat, Guy
« A New Middle East? Globalization, Peace and the “Double Movement” »
London, SAGE Publications, European Journal of International Relations, vol. 19, n° 1, mars 2005.
http://ire.sagepub.com/cgi/reprint/19/1/39.pdf.
Notes
[1]. « Jewish settlers to the Land of Israel do not need charity, but rather bank loans. »
http://duns100.dundb.co.il/companies/600003388/index.asp.
[2]. « […] assist, adopt, further and grant financial or any other assistance to all branches of activity of the institutions, federations or groups organized by the workers for the purpose of improving the conditions of their members in accordance with cooperative principles. »
http://www.fundinguniverse.com/company-histories/Bank-Hapoalim-BM-Company-History.html.
[3]. http://recanati.tau.ac.il/Eng/Index.asp?CategoryID=308&ArticleID=461.
[4]. http://harryrecanati.org/.
[5]. http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/biography/Leon_Recanati.html.
[6]. http://www.answers.com/topic/bank-stock-crisis.
[7]. http://www.cato.org/pubs/fpbriefs/fpb-031.html.
[8]. http://www.highbeam.com/doc/1G1-17064918.html.
[9]. http://www.usnews.com/usnews/news/articles/941107/archive_013633_2.htm.
[10]. http://www.highbeam.com/doc/1G1-17065034.html.
[11]. http://www.highbeam.com/doc/1G1-47069855.html.
[12]. http://www.highbeam.com/doc/1G1-19260215.html.
[13]. http://www.iasps.org/cement.htm.
[14]. Douzième Knesset, 4ème session, Comité des Affaires économiques. Minutes 339 (25 novembre 1991).
Cité par: http://www.iasps.org/cement.htm.
[15]. Cité par: http://www.iasps.org/cement.htm.
[16]. Hagai Golan, Voice of Israel, 2ème Programme, 17 janvier 1994.
Cité par: http://www.iasps.org/cement.htm.
[17]. Accord sur la bande de Gaza et la région de Jéricho, 4 mai 1994.
Cité par: http://www.iasps.org/cement.htm.
[18]. Ibid.
[19]. http://www.newleftreview.co.uk/?getpdf=NLR26304.
[20]. http://www.mfa.gov.il/MFA/Archive/Articles/1996/ECONOMIC%20SURVEY%20-%2016-Sep-96.
[21]. http://www.gaon.com/eng/images/GAON-ENG.pdf.
[22]. http://www.gaonagro.com/default.asp?lang=en&pageid=50.
[23]. http://www.findarticles.com/p/articles/mi_m0EIN/is_1999_Dec_26/ai_58357472.
[24]. http://www.bsi.co.il/en/index.asp.
[25]. http://www.industry.org.il/Eng/GeneralItems/Item.asp?ArticleID=33&CategoryID=3904.
[26]. http://www.hamil.co.il/.
[27]. http://www.isjor.org/default.asp?sec=40.
[28]. http://www.pibf.net/aboutpibf.php?catid=4.
[29]. http://www.industry.org.il/Eng/Publications/GetFile.asp?ArticleID=753&File=2.
[30]. http://www.pibf.net/aboutpibf.php.
[31]. http://www.pibf.net/aboutpibf.php?catid=4.
[32]. http://www.jewishagency.org/JewishAgency/English/Aliyah/Absorpton+Options/Municipal+and+Community+Absorption/Mitzpe+Shalem.htm.
[33]. http://electronicintifada.net/artman/uploads/report_dutch_economic_links_with_the_israeli_occupation.pdf.
[34]. http://www.interfaithpeaceinitiative.com/ProfitingFromOccupation.htm.
[35]. http://www.highbeam.com/doc/1G1-17605758.html.
[36]. http://www.highbeam.com/doc/1G1-18118204.html; http://minerals.usgs.gov/minerals/pubs/country/1999/9217099.pdf.
[37]. http://www.atid-edi.com/fnarchive/bw20050629.htm;
http://yinshuisiyuan.blogspot.com/2005_07_01_yinshuisiyuan_archive.html.
[38]. http://www.marketwatch.com/news/story/israels-dorad-buy-gas-egypt-israel/story.aspx?guid=%7BFDFB0CD5%2D137E%2D46CF%2DA802%2DA374D78AAD97%7D.
[39]. http://www.thestreet.com/pf/tech/themarker/10024319.html.
[40]. http://www.dailystaregypt.com/article.aspx?ArticleID=4423.
[41]. http://www.atid-edi.com/fnarchive/bw20050629.htm;
http://yinshuisiyuan.blogspot.com/2005_07_01_yinshuisiyuan_archive.html.
[42]. http://www.gulfoilandgas.com/webpro1/MAIN/Mainnews.asp?id=1583.
[43]. http://quote.bloomberg.com/apps/news?pid=nifea&&sid=arsj7oMhk5i0.
[44]. Idem.
[45]. http://www.dailystaregypt.com/article.aspx?ArticleID=1991.
[46]. http://yinshuisiyuan.blogspot.com/2005_07_01_yinshuisiyuan_archive.html.
[47]. http://www.greenleft.org.au/1997/286/16227.
[48]. Cette section correspond pour l’essentiel à certaines parties d’une brochure intitulée « Les bonnes affaires de la colonisation », éditée par le Comité Montreuil-Palestine.
http://montreuil-palestine.ouvaton.org/article.php3?id_article=22.
[49]. Concernant l’historique du contrat: http://www.mof.gov.il/beinle/press50.htm;
http://www.mof.gov.il/beinle/press68.htm; http://www.mof.gov.il/beinle/press70.htm;
http://archive.gulfnews.com/articles/05/07/18/173473.html;
http://www.cidipal.org.ar/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=2133;
http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1101788150772&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull.
[50]. http://www.veoliaenvironnement-finance.com/media/pdf/file0207.pdf.
[51]. http://www.transport.alstom.com/pr_transp/2005/22064.EN.php?languageId=FR&dir=/pr_transp/2005/&idRubriqueCourante=6267.
[52]. http://www.israelvalley.com/news/2006/05/14/1753/veolia-parrraine-des-evenements-culturels-en-israel-pour-200-000-dollars.
[53]. http://www.israelvalley.com/articles/2776/l-usine-de-dessalement-d-ashkelon-est-avant-tout-une-vitrine-pour-veolia-interview-de-daniel-lafon-directeur-de-la-societe-d-exploitation-du-site.
[54]. http://www.transport.alstom.com/home/eLIBRARY/panorama/_files/file_25227_35738.pdf.
[55]. http://www.israelvalley.com/news/2006/06/10/2323/claude-bebear-groupe-axa-en-israel-thierry-courtaigne-patron-de-l-international-du-medef-vante-les-atouts-d-israel.
[56]. http://www.israelvalley.com/news/2006/06/15/2459/le-medef-et-le-patronat-israelien-ont-annule-la-mission-economique-qui-devait-etre-menee-par-claude-bebear-de-axa-en-israel-fin-juin.
[57]. http://www.israelvalley.com/news/2006/06/14/2424/confidentiel-france-israel-no-business-pour-olmert-les-relations-economiques-ne-seront-pas-prioritaires-a-paris.
[58]. www.anrt.asso.fr/fr/pdf/alcatel.ppt.
[59]. http://www.israelvalley.com/articles/177/danone-partenaire-strategique-du-groupe-strauss.
[60]. http://www.ism-france.org/news/article.php?id=3769&type=campagne&lesujet=Boycott.
[61]. http://www.israelvalley.com/news/2006/05/18/1814/exclusif-iscar-israel-les-clients-francais-de-la-firme-rachetee-par-warren-buffet-snecma-alstom-renault-peugeot.
[62]. http://www.interfaithpeaceinitiative.com/ProfitingFromOccupation.htm.
[63]. http://www.matimop.org.il/newrdinf/company/c127.htm.
[64]. Mandy Turner, « Arming the Occupation: Israel and the Arms Trade ».
http://www.caat.org.uk/publications/countries/israel-1002.php.
[65]. http://www.crif.org/?page=articles_display/detail&aid=5046&artyd=5.
[66]. Ibid..
[67]. Pour les extraits du rapport:: http://www.israelvalley.com/news/2006/03/22/887/revelations-israel-aircraft-industries-et-eads-ont-finalement-developpe-avec-de-grandes-difficultes-un-nouveau-drone-a-longue-endurance.
Autres articles:
http://www.israelvalley.com/news/2006/03/29/982/exclusif-drones-france-israel-les-americains-ont-refuse-de-livrer-des-composants-a-eads-au-desespoir-des-israeliens;
http://www.israelvalley.com/news/2006/06/15/2463/secret-defense-les-operations-de-ventes-d-armes-et-cooperations-technologiques-france-israel-une-mise-en-oeuvre-dans-une-quasi-clandestinite.
[68]. http://www.senat.fr/rap/r05-215/r05-2151.pdf.
[69]. Libération, 15 juin 2005. http://www.armees.com/France-Israel-un-drone-tres-furtif.html.
[70]. http://www.senat.fr/rap/r05-215/r05-2151.pdf.
[71]. http://www.israelvalley.com/news/2006/09/19/4882/israel-france-collaboration-eads-et-d-israel-aircraft-industry-sous-l-egide-de-la-dga-dans-le-domaine-des-drones.
[72]. http://www.israelvalley.com/news/2006/07/09/2993/revelations-france-israel-dans-un-rapport-israel-represente-dans-le-domaine-de-l-armement-un-concurrent-serieux-de-la-france.
[73]. http://www.gtaeronautics.com/IndNews.html.
[74]. Libération, article cité.
[75]. http://www.sagem-ds.com/fra/site.php?spage=03010607.
[76]. http://skyscrapercity.com/archive/index.php/t-154884.html.
[77]. http://www.israelvalley.com/news/2006/05/12/1700/thales-a-cree-une-coentreprise-avec-elbit-pour-un-contrat-de-drones-britanniques.
[78]. http://www.israelvalley.com/news/2006/06/15/2456/flash-drones-israel-france-iai-a-conclut-un-accord-de-partenariat-dans-le-domaine-du-homeland-security-drones-avec-c-s-france.
[79]. Mandy Turner, op. cit..
[80]. http://fr.ambafrance-il.org/inner.asp?ArticleID=159.
[81]. Le Monde, 15 novembre 2004.
[82]. http://www.galileoju.com/page.cfm?voce=m&idvoce=301&plugIn=1;
http://ec.europa.eu/dgs/energy_transport/galileo/documents/press_fr.htm.
[83]. http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39159029,00.htm.
[84]. http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/04/900&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=fr.
[85]. http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/r15001.htm; http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/r15006.htm.