Quelques groupes monopolistiques russes

LA VOIX DES COMMUNISTES, no 32, 2e semestre 2024 – p. 44-51

Cet article fait suite à l’article "La Russie, pays capitaliste impérialiste" qui le précède, dans le présent numéro de La Voix des Communistes (p. 29-43).

Groupe En+

En+ a été fondé en 2002. En 2004, En+ devient propriétaire unique de la société Rusal (voir ci-après). En 2007 intervient la constitution d’un groupe dénommé United Company Rusal (UC Rusal) qui, outre Rusal, intègre Sual (voir ci-dessous) ainsi que des unités reprises à Glencore (un groupe domicilié en Suisse, dont les activités se situent dans les secteurs industriel et minier)[1]. Initialement le capital d’UC Rusal est détenu à 66 % par les actionnaires de Rusal, à 22 % par ceux de Sual et à 12 % par Glencore. Par la suite une partie des actions est introduite en bourse, et la répartition des participations évolue, cependant En+ reste l’actionnaire principal (en 2010 : 47,41 %). "Rusal" continue à être utilisé comme synonyme de "UC Rusal". En 2008 UC Rusal acquiert une participation de 25 % plus 1 action dans Norilsk Nickel (voir plus loin).

Russki Alumini (Rusal)

Rusal est un groupe qui intègre la chaine complète des activités dans le domaine de l’aluminium. La société a été créée en 2000, puis a été transformée en UC Rusal (voir ci-dessus). Rusal dépend fortement des opérations en dehors de la Russie pour disposer des matières premières nécessaires aux fonderies[2]. En 2017, son réseau international fournit 53 % de sa production de bauxite et 64 % de sa production d’alumine.

Rusal en République de Guinée (Guinée Conakry)[3]

gisement de Fria[[4]4]

En 1954 est exploré le gisement de Fria. En 1956 est constituée la "Compagnie internationale pour la fabrication de l’alumine F.R.I.A.", elle conclut un accord avec le Territoire de la Guinée comportant une concession et des garanties pour 75 ans. Le consortium d’actionnaires est composé des sociétés suivantes : Olin Mathieson Chemical Corp.[5] (USA, 48,5 %), Péchiney-Ugine (France, 26,5 %), The British Aluminium Co. Ldt. (Grande-Bretagne, 10 %), Aluminium-Industrie A.G. (Suisse, 10 %), Vereinigte Aluminium Werke A.G. (Allemagne Fédérale, 5 %). Le complexe, installé autour de la ville de Fria, comprend une mine de bauxite, une installation de raffinement d’alumine et un chemin de fer de 160 km.

La Guinée proclame son indépendance le 2 octobre 1958. Ahmed Sékou Touré est élu président en janvier 1961 et le restera jusqu’à sa mort, en 1984.

En février 1973 une convention entre le gouvernement guinéen et des partenaires privés crée une nouvelle société dénommée Friguia. Le gouvernement guinéen possède 49 % des actions, le reste appartenant au consortium Frialco (Alcan, 20 %; Aluminium Pechiney, 30 %; Hydro Aluminium a.s. of Norway, 20 %; et Noranda Inc. of Canada, 30 %).

En avril 1984, un groupe de militaires, avec à sa tête le colonel Lansana Conté, annonce la prise du pouvoir en Guinée après la mort du président Sékou Touré.

En 1997, les partenaires du Frialco ont cédé leurs actions à la République de Guinée pour 1 franc symbolique et Friguia est devenu à 100 % propriété de l’État guinéen. Suite à des tentatives de partenariat qui n’ont pas abouti, en 2000 l’État met le fonds de commerce de Friguia sous location gérance en faveur de la société Alumina Company of Guinea Ltd (ACG, société soumise au droit des Iles Marshall), dont l’État garde 15 % du capital. Au bout de transactions successives, en octobre 2002, Rusal acquiert les 85 % restants de ACG Ltd. En avril 2005, un décret de privatisation du fonds de commerce de Friguia et des actions de l’État en faveur de Rusal est signé, Rusal acquiert les installations et devient actionnaire unique. ACG Ltd. dispose d’une filiale guinéenne dénommée ACG S.A. qui assure directement la gestion des installations et vend sa production à ACG Ltd.

Le président Conté meurt en décembre 2008. Quelques heures après sa mort, un groupe d’officiers dirigé par Moussa Camara prend le pouvoir. Le pays est dirigé par une junte militaire, qui suspend la constitution, dissout le pouvoir législatif et crée un organe de transition, le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD). Le président de la junte gouverne le pays avec l’aide du CNDD, dirigé par un Premier ministre civil.

Le nouveau gouvernement estime que la privatisation de Friguia est illégale[6]. En avril 2009, Camara ordonne au ministère de la Justice d’ouvrir un dossier contre l’achat de Friguia par Rusal en 2006 en contestant le fait que Rusal avait payé 19 millions de dollars US pour Friguia, bien que le complexe ait été évalué de manière indépendante à 257 millions de dollars US. En septembre 2009, le tribunal de première instance de Conakry invalide le transfert des parts du complexe Friguia à Rusal. Le gouvernement annonce qu’il pourrait chercher un nouveau partenaire pour le projet. Rusal fait appel de cette décision et sollicite un arbitrage international à Paris, l’accord de privatisation conclu en 2006 étant régi par la loi française.

En aout 2009, Camara a annoncé que les élections présidentielles et législatives auraient lieu respectivement en janvier et mars 2010. En septembre 2009, un rassemblement de l’opposition pour protester contre la candidature potentielle de Camara est réprimé par l’armée. Camara finit en exil. Le Conseil National de Transition (CNT), un organe de type législatif, est créé en février 2010. L’une des tâches du CNT est de rédiger une nouvelle constitution, qui a été promulguée en mai 2010. À l’issue d’élections tenues en novembre 2010 Alpha Condé est désigné comme président.

En juillet 2014 UC Rusal annonce que la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale (ICC, Paris, France) a reconnu la validité du contrat d’achat-vente d’avril 2006 entre Rusal et la République de Guinée par lequel Rusal a acquis les actions de la société Friguia S.A.[7].

gisement de Kindia[8]

En 1969 est créé l’Office des Bauxites de Kindia (OBK) en vue de l’exploitation de la bauxite à partir des gisements de Débélé et Balandougou, situés dans la préfecture de Kindia, à environ 110 km de Conakry.

Au début des années 1970 la Guinée conclut un accord avec l’URSS qui devient responsable de la construction de la mine, du chemin de fer et des aménagements du port. En échange de son aide, l’URSS obtiendra 2,5 millions de tonnes de bauxite par an pendant trente ans, les ventes des douze premières années constituant le remboursement d’une ligne de crédit de 92 millions de dollars US[9]. La production de la mine a commencé en 1974.

En 1992, l’OBK est transformée en Société des Bauxites de Guinée (SBK). En 2000, l’État a mis en location gérance l’usine à Rusal en vue de la réhabilitation, l’extension des installations et l’exploitation des gisements de bauxite de Kindia[10]. La SBK change de nom et devient Compagnie des Bauxites de Kindia (CBK).

La CBK produit entre 2 à 2,5 millions de tonnes de bauxite par an, qui est transportée par chemin de fer jusqu’au port de Conakry d’où elle est expédiée exclusivement à la raffinerie d’alumine de Rusal à Nikolaïev en Ukraine, près de l’embouchure du fleuve Boug dans la mer Noire.

gisement de Dian Dian

Les réserves de Boké, réputées d’excellente qualité grâce à sa teneur moyenne de 55 % en Alumine, estimées à 23 milliards de tonnes, constituent plus du tiers des réserves mondiales de bauxites[11].

En 2001 est signé une convention de concession minière entre la Guinée et la Russie, portant sur l’exploitation de ces mines, et à cette fin est constituée la Compagnie de bauxite et d’alumine de Dian Dian (Cobad), filiale de Rusal[12], cependant la production de bauxite n’a débuté qu’en 2018.

Rusal au Nigeria

Alscon

Au Nigéria est constituée en 1989 la société Aluminium Smelting Company of Nigeria (Alscon), par le gouvernement qui se réserve 70 %, avec une participation de deux sociétés privées, une allemande et une US [13]. Le site qu’elle gère débute la production d’aluminium en 1997. Alscon comprend une fonderie d’aluminium, une centrale électrique au gaz et un port sur le fleuve Imo[14]. Des désaccords apparaissent entre les deux sociétés privées, en 2002 le gouvernement relance une nouvelle procédure de privatisation. Parmi les candidats figure Rusal qui est sélectionné par le gouvernement (en 2007, avec une participation de 85 %), mais cette décision est contestée par un autre candidat. Néanmoins, Rusal débute la production en 2008. En 2012 la Cour suprême annule l’attribution de la concession à Rusal. La dispute est finalement réglée par une transaction renouvelée entre le gouvernement et Rusal qui est confirmé comme actionnaire principal d’Alscon. Alscon a produit 22.000 tonnes d’aluminium en 2012, soit 11 % de sa capacité de production annuelle, avant que Rusal ne la suspende début 2013 en raison du manque d’approvisionnement fiable en gaz et des bas prix de l’aluminium[15]. En 2023 des discussions ont été entamées en vue d’un éventuel redémarrage de la fonderie.

Présence internationale globale de Rusal

Rusal comprend les unités suivantes[16] : fonderies d’Aluminium : Russie, Suède, Nigéria; raffineries d’alumine : Russie, Guinée, Australie, Italie, Ireland, Jamaïque, Ukraine; mines de bauxite : Guinée, Guyane, Jamaïque.

En Ireland, Rusal opère une installation de raffinement, la plus grande de Rusal pour la production d’alumine et la plus grande en Europe. La Guyana Bauxite Company a été créée en décembre 2004 dans le cadre d’un accord entre Rusal et le gouvernement du Guyana, Rusal détient 90 % de la société, le gouvernement de Guyane 10 %[17]. En Australie, Rusal possède 20 % du capital d’une installation de raffinement, Queensland Alumina Ltd, le reste du capital est détenu par Rio Tinto.

Voici un tableau récapitulatif des six plus grandes producteurs d’aluminium primaire, selon la capacité annuelle en milliers de tonnes (tableau provenant d’un document de janvier 2019 [18] :

société

kt

pays parent

China Hongqiao Group

7.802

Chine

UC Rusal

4.402

Russie

Xinfa Group

4.322

Chine

Aluminium Corp. of China

3.987

Chine

Alcoa

3.402

USA

Rio Tinto

3.389

Grande-Bretagne

Sual

En 1996 est créée la Siberian-Urals Aluminium Company (Sual). En 2007 Sual est intégré dans le groupe UC Rusal (voir plus haut).

Norilsk Nickel (Nornickel)

Norilsk a commencé à opérer en Russie dans les années 1930. En 1989, l’industrie minière russe a été restructurée et Norilsk Nickel a été créée[19]. En 1994, intervient la privatisation de cette société. En 2008 Rusal (voir ci-dessus) acquiert 25 % plus 1 action de Nornickel.

En Afrique du Sud en 2007, Norilsk a obtenu (indirectement par l’acquisition de LionsOre) une participation de 50 % de l’exploitation de la mine de Nkomati, les autres 50 % appartenant à African Rainbow Minerals (ARM). La production concerne le concentré de chrome, ainsi que le concentré de nickel lequel contient également du cuivre, du cobalt et des platinoïdes. Cependant en 2023, sur la base d’un choix de stratégie, Norilsk a transféré sa participation à ARM[20]. Dans un communiqué, Norilsk a déclaré : "Avec cet accord, Nornickel souligne son engagement stratégique à développer sa base de ressources unique et son portefeuille d’actifs de premier niveau en Russie ainsi que sa stratégie à long terme visant à se retirer des actifs non de premier niveau."

En 2003 Norilsk a acquis une participation de 55,5 % dans Stillwater Mining, unique producteur de platine et de palladium aux USA[21]. Puis en 2010, Norilsk a vendu la totalité de sa participation dans Stillwater (51,3 % à l’époque) dans le cadre d’une offre auprès du public.

Almaazi Rossi Sahka (Alrosa)

Les actionnaires d’Alrosa sont[22] : la Fédération de Russie (33,0256 %); la République de Sakha (Iakoutie) (25,0002 %); des administrations des districts municipaux (ulus) de la République de Sakha (Iakoutie) où se situent les activités d’Alrosa (8,0003 %); d’autres personnes morales et personnes physiques (capital flottant) (33,9739 %).

L’engagement de la Russie dans l’industrie diamantaire angolaise remonte au début des années 1980, par l’intermédiaire du prédécesseur soviétique d’Alrosa, la société nationale de diamants Yakutalmaz, lorsqu’celle‑ci avait mené une étude géologique et une étude de faisabilité de la mine de Catoca pour le gouvernement angolais[23]. En 1992, sous la tutelle de la Russie, Yakutalmaz a été regroupée avec deux autres agences gouvernementales pour donner naissance à Alrosa. Pour exploiter la mine de Catoca en Angola, a été créé en 1993 un consortium (Sociedade Mineira do Catoca, ou SMC), comprenant la société nationale d’extraction de diamants de l’Angola, Endiama (40 %); la branche minière du groupe de construction brésilien Odebrecht (20 %); et Alrosa (40 %).

Plus tard, Lev Leviev, un négociant de diamants israélien, a acquis une participation dans la SMC par le biais de la société Daumonty Financing. La répartition du capital de la SMC devient alors : Endiama et Alrosa 33 % chacune, Odebrecht 16 %, Daumonty Financing 18 %. En 2011, Leviev a vendu sa participation à la China Sonangol, une entreprise opérant dans l’exploitation des ressources naturelles en Angola détenue à hauteur de 50% par des investisseurs chinois[24]. En 2013, la composition de l’actionnariat est la suivante : Endiama et Alrosa 32,8 % chacune, Odebrecht 16,4 %, LL (Lev Leviev) International Holding (filiale de China Sonangol) 18 %.

En 2021 Odebrecht Angola a cédé sa participation, à parts égales à Endiama et Alrosa. La même année le bureau du procureur général de la République d’Angola a bloqué la participation de LLI et a transféré le contrôle de cette participation à l’organisme public IGAPE, qui gère les actions de l’État dans les entreprises. Par conséquent, l’Angola détient 59 % des actions de Catoca et Alrosa 41 %.

Renova

Renova, créée en 1991, est une société d’investissement couvrant une série d’industries en Russie et en dehors[25]. Elle détient des participations indirectes dans UC Rusal (voir plus haut).

En Russie durant la phase de privatisations 1992‑1994, le gouvernement a créé dans le secteur pétrolier sept sociétés holdings : Lukoil, Sidanko, Sibneft, Rosneft, Tyumen Oil, Yukos, et VNK (Vostochnaya Neftyanaya Companiya). La totalité du capital de Tyumen Oil a été acquis en deux étapes entre 1997 et 1999 par un consortium Alfa-Access-Renova (AAR). En 2003 AAR a participé à la constitution d’une coentreprise avec BP, dénommée TNK‑BP; en 2013 AAR a cédé sa participation dans TNK‑BP à la société d’État Rosneft.

Renova a investi en Suisse dans la société Oerlikon (d’abord 14 %, puis passé à 44 %) ainsi que dans la société Sulzer (d’abord 21,7 % puis passé à 62,86)[26].

Trois grands capitalistes russes

Oleg Deripaska

Deripaska est le fondateur de En+ et de Rusal (voir plus haut). Il gère en outre des investissements divers par l’intermédiaire d’une société holding, Basic Element (BasEl). Parmi les principaux investissements en Russie on peut citer le fabricant de voitures GAZ (Gorkovsky Avtomobilny Zavod) et la compagnie d’assurances Ingosstrakh. Quant aux investissements internationaux, les participations détenues sont soumises à des fluctuations dans le temps, notamment durant la période de crise de 2007‑2009 sous l’effet de difficultés causées par des endettements lourds.

Dans le domaine des investissements internationaux, l’Autriche est le pays qui joue le rôle de principal point de liaison entre la Russie et l’Europe. En 2007 BasEl a pris des participations dans deux sociétés de travaux publics : 30 % du capital de Strabag (Strassenbau und Beton AG), 9,99 % de Hochtief (Hochtief AG für Hoch- und Tiefbauten)[27]. En octobre 2008 BasEl cède sa participation dans Hochtief. Lorsque Deripaska a dû vendre également ses actions de Strabag, il a obtenu une option de rachat pour 25 % des actions par le biais d’un accord d’option d’achat avec les autres groupes d’actionnaires. En juillet 2014, au bout de l’échéance finale de l’option de rachat par tranches, la société holding de Deripaska, Rasperia, rétablit sa participation à 25 % plus 1 action. À cette époque, Strabag envisageait d’établir une coentreprise avec les entités contrôlées par BasEl dans le secteur de la construction, Glavstroy[28] et Transstroy[29]. Cependant l’actionnaire principal de Strabag était lucide[30]. Son raisonnement souligne que Strabag n’a "aucune idée des chiffres et de la situation des deux sociétés", et au sujet de Transstroy que "les Russes eux-mêmes ne savaient pas exactement ce qu’ils possèdent et comment cela est organisé".

En 2022 les droits associés à Rasperia en tant qu’actionnaire de Strabag ont été suspendus en rapport avec des sanctions déclarées par les USA. En mars 2024 Deripaska a cédé la totalité de la participation de Rasperia dans le capital de Strabag. Ce même mois, le régime ukrainien déclare la nationalisation d’un certain nombre d’entreprises liées à Deripaska, notamment LLC Company Aluminii Ukrainy[31].

Voici un résumé de la structure de En+ Holdings, point central des investissements de Deripaska[32]. Deripaska détient approximativement 44,95 % des actions de En+. En+ détient approximativement 56,88 % des actions de UC Rusal. En février 2020, En+ a acquis 21,37 % de ses propres actions auprès de Vnechtorgbank (VTB). VTB est un groupe financier dont le principal actionnaire est la Fédération russe avec 45,01 % du capital et 60,9348 % des actions avec droit de vote. La participation de VTB dans UC Rusal tenait son origine dans un crédit accordé à En+ en 2009. Les intérêts financiers effectifs de Deripaska dans En+ ont ainsi atteint 54,56 % et ses intérêts financiers effectifs dans UC Rusal 31,03%. Comme autres actionnaires Glencore détient 10,55 % des actions de En+ et UC Rusal détient 21,37 %.

Victor Vekselberg

En 1988 Vekselberg fonde avec des amis mathématiciens une société baptisée KomVek (Kompanie Vekselberg), active dans le développement de logiciels et l’importation d’ordinateurs usagés[33]. En 1990, avec Leonard Blavatnik, il fond Renova (voir plus haut). Deux tiers des actions sont détenues par KomVek et le reste est détenu par le fonds d’investissement Access Industries appartenant à Blavatnik. En 1996, Vekselberg participe à la fondation de la Siberian-Urals Aluminium Company (Sual) (voir plus haut).

Voici un résumé de la structure de Renova Group, point central des investissements de Vekselberg[34].

Vekselberg détient des intérêts indirects substantiels dans Sual, qui détient approximativement 25,52 % des actions de UC Rusal.

À travers Renova Group, Vekselberg détient :

a) directement ou indirectement la totalité des actions de New Aluminium Investments ILLC, qui détient approximativement 36,39 % des actions de Sual; et

b) approximativement 42,28 % des actions de EMP Group LLC, qui détient la totalité des actions de Aluminvest Holding ILLC, qui à son tour détient approximativement 30,56 % des actions de Sual.

Les intérêts financiers effectifs de Vekselberg dans UC Rusal atteignent ainsi approximativement 12,58 %.

En Afrique du Sud la société Transalloys a été créée en 2007 lorsque le groupe Renova a acquis une usine construite au milieu des années 1960. Transalloys est le seul producteur de silicomanganèse du pays. L’usine de production est située à 14 km à l’ouest d’eMalahleni (désignation officielle de Witbank) et à environ 90 km à l’est de Pretoria, dans la province de Mpumalanga. Le minerai de manganèse utilisé dans le processus de production provient de la province du Cap Nord en Afrique du Sud, connue pour contenir 75 % des réserves mondiales identifiées de minerai de manganèse. En 2018, Renova a cédé 51 % de sa participation dans Transalloys à des investisseurs israéliens et suisses. Renova a également réduit sa participation dans Sulzer à 48,83 %[35].

Vekselberg fournit aussi un exemple de l’interconnexion entre la sphère économique et la sphère politique : par certains de ses investissements, il fait bénéficier indirectement le parti au gouvernement en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC selon les initiales en anglais), de subventions financières. La filière passe par une société minière et mène vers une fondation accordant des dons à l’ANC. Voici comment.

En 2005 a été créée la société United Manganese of Kalahari (UMK). La production a débutée en 2011. Initialement le capital était réparti entre deux consortiums, Majestic Silver Trading 40 (MST) (51 %) et Renova Manganese Investments (RMI) (49 %). MST comprend Chancellor House Holdings, Pitsa Ya Setshaba Holdings (PST) et le Kalahari Community Trust. L’unique actionnaire de Chancellor House Holdings est une fondation dénommée Chancellor House Trust dont l’ANC est bénéficiaire. Mogopodi Mokoena, directeur général de Chancellor House Holdings est également président du conseil d’administration de l’UMK.

Initialement Chancellor House Holdings détenait 27 % de MST. Suite à des sanctions déclarées en 2018 par les USA à l’encontre de Vekselberg, des restructurations ont été opérées. Chancellor House Holdings a augmenté sa participation dans MST à 43,5 %. À RMI s’est substitué North African Mining Industries (NAMI), reprenant la participation de 49 % dans UMK. NAMI est quant à elle détenue à 100 % par une société chypriote appelée Mineral Mining Consulting (MMC). MMC compte trois actionnaires. Le plus grand avec 48,8 % est Renova Innovation Technologies aux Bahamas, une société de Vekselberg ‑ précisément ce qui est nécessaire pour éviter des sanctions à ce niveau.

Vladimir Potanine

En 1990 Vladimir Potanine crée l’association économique extérieure "Interros" après avoir quitté le poste qu’il occupait au ministère des Relations économiques extérieures de l’URSS. Le champ d’activité d’Interros est alors la fourniture de services de conseil financier et le soutien aux transactions économiques extérieures. Par la suite Interros s’est développé en tant que société privée d’investissement.

Voici quelques-unes des sociétés composant Interros[36] :

Norilsk Nickel (voir plus haut);

Polyus Gold : une société aurifère;

Power Machines : un consortium de fabricants d’équipements de production d’énergie et d’entreprises d’ingénierie énergétique;

Rosbank : ses activités comprennent la banque de financement, d’investissement, de détail et privée;

Agros : un fonds de capital-risque dans le secteur agricole;

Prof-Media : une maison d’éditions possédant plusieurs quotidiens nationaux;

Soglassye : un ensemble de compagnies d’assurance;

Interros-Dostoinstvo : un fonds de pension;

Fonds d’investissement ouvert : il vise des projets de développement immobilier

Société Novogor : elle gère des projets dans le secteur des services publics

 

 



[1]https://www1.hkexnews.hk/listedco/listconews/sehk/2023/0816/2023081601419.pdf

https://www.annualreports.com/HostedData/AnnualReportArchive/r/rusal_2010.pdf

[2]https://www.reuters.com/article/us-usa-sanctions-rusal-operations-detail/factbox-rusals-overseas-operations-key-to-supply-chain-idUSKBN1HO2E3

http://www.e-mj.com/news/africa/rusal-guinea-sign-bauxite-alumina-production-agreements/

[3]https://www.persee.fr/doc/tiers_0040-7356_1993_num_34_133_4833

https://ceim.uqam.ca/db/IMG/pdf/Guinee1995.pdf

https://icsid.worldbank.org/sites/default/files/parties_publications/C3765/Respondent%27s%20Counter-Memorial/Pi%C3%A8ces%20factuelles/R-0363.pdf (2011)

[4]https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1964_num_73_396_16608

[5]. Olin Industries et Mathieson Chemical Company ont fusionné en 1954 pour former Olin Mathieson Chemical Corporation, qui a adopté le nom d’Olin Corporation en 1969.

[6]https://archive.kyivpost.com/article/content/eastern-europe/guinea-rusal-forming-commission-to-foster-cooperat-60011.html

[7]https://www.africaguinee.com/rusal-gagne-devant-le-tribunal-international-de-paris-le-proces-de-l-usine-d/

[8]https://icsid.worldbank.org/sites/default/files/parties_publications/C3765/Respondent%27s%20Counter-Memorial/Pi%C3%A8ces%20factuelles/R-0363.pdf (2011)

[9]http://kora.matrix.msu.edu/files/50/304/32-130-E79-84-32-130-E79-84-al.sff.document.af000009.pdf

[10]https://www.resourcecontracts.org/contract/ocds-591adf-9112931197

[11]https://mines.gov.gn/potentiel-mineral/

[12]https://www.resourcecontracts.org/contract/ocds-591adf-7212601903

[13]https://www.vanguardngr.com/2018/01/alscon-fg-signs-renewed-share-purchase-agreement-uc-rusal/

https://www.thecable.ng/alscon-tortuous-journey-privatisation

https://businessday.ng/real-sector/article/when-will-alscon-resume-the-production-of-aluminium/

[14]https://rusal.ru/en/press-center/press-releases/uc_rusal_launches_alscon_aluminium_smelter_in_nigeria/

[15]https://www.reuters.com/markets/commodities/rusal-considers-restart-aluminium-smelter-nigeria-2023-07-28/

[16]https://enplusgroup.com/upload/uf/913/nkpge8rce3z950dw703ts021g8kh8t9g/En_-Consolidated-report-2022_eng.pdf

[17]https://rusal.ru/en/about/geography/kompaniya-boksitov-gayany/

[18]. Estimations de l’OCDE sur la base des informations les plus récentes provenant de l’US Geological Survey, de sources industrielles, d’images satellite et d’informations au niveau des entreprises (par exemple, sites Web des entreprises et rapports annuels)

https://one.oecd.org/document/TAD/TC(2018)5/FINAL/En/pdf

[19]https://nornickel.com/company/history/

https://www.usinenouvelle.com/article/rusal-prend-25-de-norilsk.N23952

https://www.theglobeandmail.com/report-on-business/lionore-to-acquire-botswana-nickel-assets/article1023010/

https://www.agenceecofin.com/nickel/2711-114033-le-russe-nornickel-quitte-l-afrique-du-sud-en-cedant-ses-parts-dans-la-mine-de-nickel-nkomati

https://www.bus-ex.com/article/nkomati-mining

https://www.mining-technology.com/news/arm-nornickels-south-africa/

https://nornickel.com/news-and-media/press-releases-and-news/norilsk-nickel-and-bcl-ltd-entered-into-definitive-agreements-for-the-sale-of-its-african-operations-to-bcl/

https://www.bus-ex.com/article/nkomati-mining

[20]https://www.miningweekly.com/article/nornickel-settles-dispute-with-botswana-and-bcl-2021-11-18

https://www.zonebourse.com/cours/indice/DOW-JONES-AFRICA-TITANS-5-3966403/actualite/Nornickel-paiera-18-millions-de-dollars-pour-ceder-sa-participation-dans-l-entreprise-commune-de-ni-45435626/

[21]https://www.sec.gov/Archives/edgar/data/1093691/000119312506077291/dex995.htm

https://www.mining-technology.com/uncategorized/news103644-html/

https://www.e-mj.com/news/us-and-canada/norilsk-sells-stillwater-stake/

[22]https://www.alrosa.ru/en/investors/shareholders/shareholders-structure/

(Situation en juillet 2024.)

[23]https://www.researchgate.net/publication/257761414_Russia_and_Angola_The_Rebirth_of_a_Strategic_Partnership

https://www.agenceecofin.com/diamant/2901-115667-face-aux-sanctions-imposees-a-la-russie-l-angola-negocie-le-retrait-d-alrosa-de-la-plus-grande-mine-de-diamants-du-pays

https://www.agenceecofin.com/diamant/2811-114097-l-angola-inaugure-sa-plus-grande-mine-de-diamants-pour-un-cout-total-superieur-a-600-millions

https://www.ft.com/content/69651ee4-6855-48eb-af1c-65a4e1f96e78

[24]https://www.agenceecofin.com/diamant/1606-98809-l-angola-saisit-la-participation-d-une-societe-chinoise-dans-la-principale-mine-de-diamants-du-pays

[25]https://www.reuters.com/article/idUSJOE72L0MC/

http://metalpedia.asianmetal.com/organization/umk/history&mission.shtml

https://amabhungane.org/220510-the-ancs-manganese-gold-mine/

https://www.manganese.org/tech_tours/transalloys/

[26]https://www.swissinfo.ch/eng/banking-fintech/sulzer-stakes-bought-by-russian-billionaire/5846212

https://limes-8.com/de/unternehmen/renova/

https://www.reuters.com/article/markets/companies/renova-does-not-want-to-take-over-swiss-sulzer-paper-idUSL16074741/

https://www.reuters.com/article/markets/europe/after-mandatory-tender-offer-renova-will-own-62-86-pct-of-sulzer-ag-idUSFWN124002/

(Informations de 2007, 2015 et 2016.)

[27]https://www.batiactu.com/edito/milliardaire-russe-oleg-deripaska-monte-a-999-hochtief-6153.php

https://www.n-tv.de/wirtschaft/meldungen/Deripaska-verlaesst-Hochtief-article28086.html

https://www.juve.de/deals/strabag-schonherr-macht-deripaska-zum-ankeraktionar-2/

https://www.strabag.com/databases/internet/_public/content.nsf/web/EN-STRABAG.COM-aktionaersstruktur.html

https://www.constructionbriefing.com/news/sanctioned-russian-oligarch-finally-sells-stake-in-strabag/8036239.article

[28]. Glavstroy LLC est une branche de développement de Glavmosstroy Corp.

[29]. Transstroy est une société basée en Bulgarie, principalement active dans le secteur de l’ingénierie et de la construction.

[30]https://www.wiwo.de/unternehmen/industrie/strabag-russland-joint-venture-mit-oligarch-deripaska-steht-auf-der-kippe/8314438.html

[31]https://open4business.com.ua/en/ukraine-has-nationalized-assets-of-russian-oligarch-deripaska/

[32]https://polixis.com/news-and-press-releases/russian-sanctions-beneficial-ownership–control-implications-of-a-key-decision-by-australias-federal-court/

(Février 2024.)

[33]https://www.zonebourse.com/insider/VIKTOR-VEKSELBERG-A01F8W/

[34]https://polixis.com/news-and-press-releases/russian-sanctions-beneficial-ownership–control-implications-of-a-key-decision-by-australias-federal-court/

(Février 2024.)

[35]https://www.sulzer.com/en/shared/news/sulzer-free-from-us-sanctions

[36]https://www.sec.gov/Archives/edgar/data/1093691/000119312506077291/dex995.htm